Les Mines dans la Deuxime Guerre mondiale

Par Gilles Thomas

Ç Aux Mineurs de Lutce, Salut ! È

(incipit de La Mine noire)

 

Ë la mŽmoire de (Salomon) RenŽ LŽvy qui fut Inspecteur gŽnŽral des carrires de 1939 ˆ 1940, mais qui fut obligŽ de quitter son poste pour les raisons que lĠon imagine *.

 

gilles.thomas@paris.fr

 

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On sĠaccordait pour dŽclarer, aprs vives discussions, que le temps nĠŽtait plus ce quĠil avait ŽtŽ. Les hivers nĠŽtaient-ils pas moins neigeux, et les ŽtŽs, plus secs ? Ë moins que ce ne fžt le contraireÉ Notre mŽmoire est une passoire qui retient plus dĠerreurs que de vŽritŽs et qui nous arrange avec complaisance des passŽs fictifs.                                                                       Hubert Monteilhet Ç Sans prŽmŽditation È (İ Žditions de Fallois 2005)

 

LĠidŽe de ce qui suit mĠest venue trs prŽcisŽment le mercredi 4 mai, lors dĠune interview avec Anne Weber, alors nouvellement nommŽe ˆ la tte du fonds ancien de lĠƒcole des Mines-Paristech, pour un documentaire en prŽparation par France 5, sur lĠaspect patrimonial des sous-sols parisiens sĠŽtageant des anciennes carrires souterraines jusquĠaux abris de la Seconde Guerre mondiale. Il mĠest alors apparu Žvident, venant de rŽdiger mon nouveau livre consacrŽ cette fois entirement aux trs nombreux abris de la DŽfense Passive qui subsistent de nos jours ˆ Paris, que trop de fausses informations Žtaient encore colportŽes ˆ ce sujet. Celles-ci relvent davantage du domaine du fantasme que de la rŽalitŽ historique, dŽformŽe de plus en plus quĠelle est par le temps qui passe inexorablement provoquant ˆ la fois lĠusure et la dŽformation des souvenirs, deux phŽnomnes inŽluctables associŽs ˆ la disparition des derniers tŽmoins et dont lĠeffet pernicieux est un dŽlitement dramatique des connaissances quant ˆ cette pŽriode pourtant pas si lointaine, car il nĠy a mme pas soixante-quinze ans !

 

De quelques prŽcautions oratoires pas forcŽment inutiles

Posons un principe qui devrait tre considŽrŽ comme acquis et qui a du mal ˆ pŽnŽtrer dans le cr‰ne des plus rŽfractaires : Non, le rŽseau des carrires tel quĠon le conna”t nĠa jamais  ŽtŽ indemne de visites clandestines depuis quĠil existe. Ce qui fait accroire cette chose est le monde ultra-mŽdiatisŽ dans lequel nous vivons aujourdĠhui, et qui fait que le moindre battement dĠaile de papillon sur une des roses du jardin du Luxembourg peut tre suivi en direct et en simultanŽ au fin fonds de la Papouasie Nouvelle-GuinŽe par les reprŽsentants des peuplades les plus reculŽes pour peu quĠelles soient ˆ la pointe du progrs informatique. Mme les faits les plus anodins circulent dŽsormais via les autoroutes de lĠinformation dŽmatŽrialisŽes ˆ la vitesse dĠun cheval fou lancŽ au galop et dopŽ aux anabolisants stŽro•diens. Dans les annŽes 80Ġs, la frŽquentation clandestine des carrires souterraines de la Ville de Paris nĠest pas apparue de novo ; cĠest tout simplement que cette pŽriode correspond aux dŽbuts dĠune mŽdiatisation outrancire, et cĠest donc en rŽalitŽ la connaissance par un public autre que ceux qui pratiquaient la chose qui fut ainsi mise en exergue. Pour mŽmoire, rappelons ce que lĠon peut lire aux Archives Nationales, dans une lettre signŽe par Antoine Dupont [1] le 9 mai 1777 : Ç Nous avons des gens qui viennent la nuit et les ftes dans nos carrires. Ils nous dŽbouchent les puits. JĠai le nom de trois et la demeure de deux que je viens de donner ˆ Mr le lieutenant de police [2] È. Ensuite, que ce soit pendant la RŽvolution et sa pŽriode sombre la Terreur, en 1870 pendant la guerre franco-prussienne [3] ou son corollaire de 1871 la Commune de Paris [4]É et mme la Seconde Guerre mondiale, il y eut toujours des arpenteurs discrets et de manire Žpisodique ou rŽgulire de ces sombres arcanes souterrains, ce ne sont pas les Mines qui me dŽmentiront ! Mais il nĠest pire aveugle que celui qui ne veut point voir.

 

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Essayer dĠŽvoquer le monde obscur des carrires de Paris en cette pŽriode troublŽe que fut lĠOccupation cĠest Žgalement Ç voir se reconstituer dans la PompŽi de nos mŽmoires le temps des versions latines, lĠodeur de vieux parchemin des dictionnaires Gaffiot, les voluptŽs de lĠablatif absolu [5] È, tout un monde qui semble aujourdĠhui pas seulement dŽsuet, mais bien disparu. SĠil ežt ŽtŽ important de pouvoir recueillir des informations de tŽmoins directs, il ne faut pas omettre que celles-ci eussent certainement ŽtŽ entachŽes dĠerreurs et de dŽformations involontaires, sauf si cette source de souvenirs a ŽtŽ rassemblŽe ˆ lĠŽpoque des faits dans lequel cas elle en devient infiniment prŽcieuse. Car comme le fit remarquer Marcel PrŽvost (X1882 et accessoirement de lĠAcadŽmie franaise) dans Ç Nos grandes Žcoles : Polytechnique È (İ 1931) :

Ç Notre mŽmoire vit sa vie propre ˆ mesure que nous avanons en ‰ge. Tandis quĠelle sĠexerce sur nos souvenirs du passŽ, nous ne la surveillons point ; elle a ses caprices, ses erreurs dĠoptique, ses dŽfaillances. Telle trace topographique sĠefface totalement ; telle autre se confond avec une plus rŽcente. Tous les souvenirs Žcrits des gens cŽlbres sont plein de graves erreurs de lieux et de dates, pour la torture et pour la joie des commentateurs.

Que de fois, bien que pourvu moi-mme dĠune mŽmoire mieux que moyenne, jĠai fait lĠŽpreuve de son infidŽlitŽ : trahison serait mme le mot, car au lieu dĠavouer : Òje ne me rappelle pasÓ notre mŽmoire nous prŽsente des mirages avec la mme assurance que des rŽalitŽs. È

 

Nous allons donc essayer de reconstituer les choses telles quĠelles durent se produire, ˆ lĠŽclairage des sources documentaires diverses et variŽes. Et comme Jean-Jacques Rousseau, jĠoserai dire que Ç Je le sais parce que je le sens È. Et nĠoublions pas que lĠhistorien est ˆ lĠŽgal de lĠarchŽologue ŽvoquŽ par Didier Busson de la Commission du Vieux Paris : Ç Le travail dĠarchŽologue consiste ˆ se raconter une histoire en espŽrant que cĠest la bonne. [6] È

Aprs ces prŽcautions oratoires et littŽraires, venons-en aux faits, sachant quĠÇ une vŽritŽ nouvelle, en sciences, nĠarrive jamais ˆ triompher en convainquant ses adversaires et en les amenant ˆ voir la lumire, mais plut™t parce que finalement ces adversaires meurent et quĠune nouvelle gŽnŽration grandit, ˆ qui cette vŽritŽ est familire. [7] È

 

Divers rappels sur Paris, la DŽfense Passive et lĠOccupation

Nous allons donc traiter dĠune pŽriode pas si lointaine, pas trs glorieuse non plus, et que lĠon sĠempressa pour cette raison, ˆ dŽfaut de lĠocculter dans les manuels dĠhistoire, de tenter de lĠŽradiquer effacer de la mŽmoire collective de diffŽrentes manires, bien que de trs nombreux vestiges en subsistent encore de nos jours mais que lĠon ne veut surtout pas voir.

Il y eut donc une Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle nos voisins allemands prirent ˆ la fois leurs quartiers et leurs aises ˆ Paris. Mais sĠil y eut un second conflit, cĠest bien parce quĠil y en eut dĠabord un premier. Et tout comme la Ç Der des Ders È ne le fut finalement pas contrairement ˆ ce que lĠon pensait, cette seconde guerre mondiale (qualificatif qui indique la fin dĠune sŽrie) sĠest transformŽe en deuxime puisque une guerre mondiale fait rŽfŽrence ˆ une coalition internationale, et quĠeffectivement depuis il y eut le Koweit, lĠAfghanistan, lĠIrak, ainsi que tout dernirement Daesch.

 

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La Petite Illustration, numŽro spŽcial de 1939 sur la DŽfense Passive. Protection des populations civiles contre les attaques aŽriennes (collection de lĠauteur).

 

Le 11 novembre 1918 fut signŽ lĠArmistice, mais au cours de cette premire guerre mondiale on dŽcouvrit ˆ la fois le pouvoir (encore limitŽe il est vrai) de lĠaviation, et on inventa les gaz de combat qui firent leur cohorte de victimes, sans parler du traumatisme parmi la population civile dŽplorant des morts parmi leurs proches ou ayant eu ˆ c™toyer des blessŽs. On estime a minima ˆ 130 000 le nombre dĠintoxiquŽs et 6300 dŽcs par gaz pour la France (1 ˆ 7 millions de victimes dans lĠensemble des nations, avec 17 000 ˆ 27 000 morts). De plus ds le 30 aožt 1914, Paris avait dŽjˆ eu ˆ conna”tre des bombardements par avions, puis par la suite aussi par ballons et par canons, causant la perte dĠau moins 527 personnes (plus 1261 blessŽs). Ds 1923, on prit conscience que les conditions de lĠarmistice que lĠon avait imposŽe aux Allemands Žtaient tellement draconiennes et pŽnalisantes, tant dĠun point de vue financier que sociŽtal, quĠil semblait totalement exclu et inimaginable que ceux-ci ne veuillent pas se venger un jour ou lĠautre.  On en a dŽduit en toute logique que la mme chose risquait de se reproduire, mais avec un potentiel meurtrier accru de manire exponentielle, car en trs peu dĠannŽes lĠaviation avait fait un bond prodigieux, et les chimistes jouant aux apprentis sorciers ne cessrent de dŽvelopper de nouvelles substances toxiques. Aussi, en ce dŽbut des annŽes 20Ġs, on commena par lŽgifŽrer dans lĠhypothse dĠune telle revanche, et ˆ rŽflŽchir ˆ comment mettre la population ˆ lĠabri de telles nouvelles exactions auxquelles seraient soumis non plus les militaires mais bien la population civile. Le ministre de la Guerre AndrŽ Maginot (lĠhomme de la ligne de fortifications Žponyme imaginŽe ˆ la mme pŽriode) publia alors une instruction provisoire sur la DŽfense Passive. Le processus lŽgislatif Žtant enclenchŽ, cela ne cessa alors plus et de 1922 au 1er  septembre 1939, le gouvernement franais fut ˆ lĠorigine de Ç deux lois, quatre dŽcrets-lois, 34 dŽcrets, 109 circulaires, 29 instructions, 18 arrtŽs ministŽriels et onze notices relatifs ˆ la DŽfense Passive È [8]. Puis, ˆ partir de lĠentrŽe en guerre du pays jusquĠˆ la dŽb‰cle de juin 1940, vinrent sĠy ajouter Ç quatre nouveaux dŽcrets-lois, ainsi que treize dŽcrets, neuf circulaires et deux instructions. È [9]

Mais la lŽgislation concernant la DŽfense Passive modifia rŽgulirement ses ordonnances dĠapplication pour sĠadapter continžment aux ŽvŽnements liŽs ˆ lĠOccupation du territoire (comme par exemple des bombardements de plus en plus redoutŽs ˆ cause dĠusines travaillant pour lĠennemi, ou ciblant des nÏuds ferroviaires pour dŽsorganiser les dŽplacements allemands en prŽparation du DŽbarquement tant attendu), ainsi que pour rŽpondre aux exigences imposŽes par des dŽcisions Žmanant de Berlin.

 

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Au milieu des annŽes 30Ġs, on prit conscience que, lĠaviation ayant fait un tel bond technologique, plus aucun point du territoire franais nĠŽtait ˆ lĠabri. Les avions pouvaient en effet dŽsormais arriver depuis Berlin sans escale et atteindre nĠimporte quelle ville, de plus  les charges quĠils pouvaient transporter Žtaient dŽsormais considŽrables. Il fut alors crŽŽ une Commission SupŽrieure de DŽfense Passive, dŽpendant du ministre de lĠIntŽrieur, rŽorganisŽe par dŽcret du 2 avril 1939, qui fut appelŽe ˆ procŽder ˆ lĠŽtude et la coordination des plans dĠensemble de la DŽfense Passive. En exŽcution de la loi du 8 avril 1935 et du dŽcret du 20 dŽcembre 1935, son r™le Žtait de faire procŽder au recensement des caves et sous-sols dĠimmeubles pouvant tre utilisŽs en lĠŽtat ou aprs des travaux confortatifs nŽcessaires, et Žvaluer leur contenance. Pendant le premier conflit, qui resta aux portes de Paris, la population avait alors naturellement pris lĠhabitude de chercher refuge dans les caves et les stations de mŽtro, pour ceux qui ne regardaient pas depuis leurs fentres ou allant se poster sur les points hauts de la capitale comme au spectacle, habitude qui sera reprise au moment de bombardements spectaculaires lors du conflit suivant.

Aux caves et autres sous-sols pressentis, il convint dĠajouter les constructions de b‰timents nouveaux pour lesquels un abri pouvait tre crŽŽ de novo, et les grosses transformations dĠimmeubles publics et privŽs facilitant dans ce cas lĠintŽgration dĠun abri. LĠamŽnagement dĠabris nĠŽtait alors obligatoire que pour les immeubles des Services publics, les sociŽtŽs concessionnaires, les industries classŽes dans la premire catŽgorie au titre de la DP, les Žtablissements industriels et commerciaux. Cette commission devait aussi faire recenser les espaces libres, gŽnŽralement dans les parcs, jardins et espaces verts de la Ville de Paris, en ce qui concerne la capitale, o des tranchŽes-abris pourraient tre creusŽes [10], mais la banlieue ainsi que tous les centres urbains Žtaient bien Žvidemment soumis ˆ cette mme obligation. La France Žtait dĠailleurs en retard par rapport aux autres pays, Angleterre, Italie, Allemagne par exemple et prenait en rŽfŽrence ce qui avait dŽjˆ ŽtŽ rŽalisŽ ailleurs. LĠintŽrt des caves est principalement quĠelles constituent un abri de proximitŽ, ce qui rŽduit la durŽe de cheminement pour y accŽder, et leur multiplication assure le fractionnement et la dispersion de la population, ce qui est aussi un gage de sŽcuritŽ en cas dĠatteinte du site par une bombe, le nombre de personnes potentiellement atteintes Žtant alors limitŽ. En revanche, il est plus difficile de les Žquiper pour les rendre Žtanches aux gaz, de lˆ la possession dĠun masque ˆ gaz (ce symbole dŽfinitivement associŽ avec raison ˆ la DŽfense Passive) qui devint obligatoire, ainsi que le devoir de se dŽplacer en toutes circonstances avec [11].

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Les publicitŽs de lĠŽpoque (qui Žtaient des  rŽclames), nĠoublient pas dĠinclure dans la plupart de leurs visuels les fameux Žtuis montrant ainsi que jamais on ne devait sĠen sŽparer.

Ë droite, extrait du catalogue du Bon MarchŽ  de fŽvrier 1940, montrant que le masque ˆ gaz est dŽsormais inclus dans la mode du printemps-ŽtŽ de cette annŽe-lˆ.

 

Au milieu des annŽes 30Ġs se dŽvelopprent des cours thŽoriques donnŽs ˆ la population sur la DŽfense Passive (quels sont les risques encourus lors dĠun bombardement ? que faire en cas dĠalerte ? etc.), enseignement bient™t suivi par des exercices pratiques, dĠabord en salle, puis ˆ grande Žchelle affectant alors toute la population aux jours / soirs et heures donnŽs. Par chance les Allemands nĠeurent pas besoin de bombarder Paris car aprs une pŽriode baptisŽe de Ç Dr™le de Guerre [12] È par Roland Dorgels dans un article rŽdigŽ en octobre 1939 lors de son retour des avant-postes de Lorraine, ils entrrent ˆ Paris dŽclarŽe ville ouverte le 14 juin 1940. Au final, en simplifiant mais en Žtant relativement proche de la rŽalitŽ vŽcue par les habitants, les abris ne servirent que trs peu, principalement au cours des premires alertes [13] qui suivirent la dŽclaration de lĠentrŽe en guerre de la France le 3 septembre 1939, puis les alertes firent partie intŽgrante de la vie quotidienne, jusquĠˆ la nŽfaste nuit du 3 au 4 mars 1942 lorsque furent bombardŽes les usines Renault de Boulogne qui travaillaient alors pour lĠindustrie militaire allemande. Ensuite, ˆ partir du dŽbut de lĠannŽe 1944, de nouveaux textes furent diffusŽs pour rappeler ˆ la population lĠimportance de gagner les abris en cas dĠalerte ; il faut dire quĠen prŽparation du futur dŽbarquement, il Žtait prŽvu de dŽsorganiser au maximum les Allemands dans leur logistique et leurs dŽplacements en bombardant principalement les sites majeurs quĠils occupaient ou qui collaboraient ˆ leur industrie, ainsi que les faisceaux ferrŽs quĠils auraient pu tre amenŽs ˆ emprunter.

 

De cette Occupation il nous subsiste une foultitude de lois, recensŽes par CŽcile Desprairies [14], dont deux concernent particulirement les amateurs des sous-sols anthropiques que sont certains Žlves passŽs, prŽsents et espŽrons futurs des Mines de Paris : la Petite Ceinture (pour une raison que je rappellerai pas ici, mais liŽe plus particulirement aux anciennes carrires souterraines des 13e, 14e et 15e arrondissements) et le mŽtro parisien. Mais ce sont ces abris de DŽfense Passive qui constituent la partie immergŽe de lĠiceberg des vestiges que nous ont lŽguŽs les prŽparatifs de la Deuxime Guerre mondiale et lĠoccupation de la France qui sĠensuivit ; toutefois, comme ils sont par nature sous terre, personne nĠen a conscience, ne les voit ou ne veut les voir. En effet, outre Ç quelques È kilomtres de tranchŽes-abris, il fut crŽŽ ˆ cette occasion plusieurs dizaines de Postes de Secours Sanitaires [15] (des h™pitaux souterrains dit Z comme tout ce qui touchait alors ˆ la guerre des gaz, et avec lesquels la salle dite Z sous le Val-de-Gr‰ce nĠa rien ˆ voir), mais surtout plus de 40 000 abris civils rien que pour Paris, et prs de 50 000 en banlieueÉ une broutille quoi !

 

RATP dŽcret 22mars42 (1)    RATP dŽcret mars 42 ret

 

Ci-dessus, une affiche dĠŽpoque dŽcouverte lors du dŽcarrossage de la station TrinitŽ en 2016.

Pour qui prend le temps de lire la lŽgislation affichŽe sur les quais du mŽtro, rien nĠavait vraiment changŽ" !

 

Mais les voyageurs du mŽtro ne sont plus, depuis trs peu, soumis ˆ cette loi VichysteÉ car seulement depuis le mois de mai 2016. En effet, le dŽcret du 22 mars 1942 a ŽtŽ abrogŽ et remplacŽ par un nouveau dŽcret pris le 3 mai 2016, et publiŽ au Journal officiel du 5 mai.

 

Pendant ce temps-lˆ ˆ lĠƒcole nationale supŽrieure des Mines

Il fut bien Žvidemment envisagŽ, comme pour toute institution, la crŽation dĠun abri, dont on trouve trace dans le fonds archivistique de lĠŽcole. Et comme celle-ci se trouve construite au-dessus dĠanciennes carrires, ce qui permit la crŽation et le dŽveloppement un sicle auparavant [16] des exercices de travaux pratique in situ associŽs au cours de topographie souterraine, il fut logique dĠenvisager lĠemploi des galeries de carrires comme abri profond. Par rapport au projet initial qui envisageait deux escaliers, un droit (accs principal) et un circulaire (plut™t sortie de secours), cĠest au final un escalier en colimaon qui fut creusŽ, ˆ proximitŽ et ˆ la place de lĠescalier droit envisagŽ.

 

Ci-dessous, plan issu des archives de lĠŽcole montrant :

- en bas ˆ gauche lĠescalier en colimaon quĠil Žtait prŽvu de crŽer pour accŽder aux carrires (point mauve rond sur la planche ˆ droite numŽrotŽe 26-47 de lĠInspection des carrires – Ždition 1981)

- ˆ droite lĠescalier droit (rectangle mauve et trait linŽaire) pour aboutir dans la mme galerie.

 

 

 

  Abri des Mines ret  Plan 26-47 carrires avec accs abri

 

Concernant le fonctionnement de lĠƒcole des Mines, certains renseignements nous sont fournis par la publication des Žlves en cette pŽriode. Ç La Mine noire È (acronymisŽ en LMN dans ce qui suit), qui succŽda ˆ celle sĠintitulant Ç Le puits qui parle (qui exista entre 1880 et 1912), parut entre 1942 et 1968.

Tous les ans se dŽroulait un Ç banquet de la Sainte-Barbe È, organisŽ par lĠAssociation amicale de lĠENSMP dont le but Žtait dĠalimenter la Caisse de Secours. En plus de ce Ç D”ner de la Sainte-Barbe È (ˆ Paris et dans le Nord), se dŽroulait dŽjˆ la Revue de la Sainte-Barbe, dite aussi Petite Revue, qui accompagne le baptme de la nouvelle promotion.

 

Devise annuaire Mines 1  Devise annuaire Mines 2

 

Notons les recommandations sur la couverture et la premire page de lĠAnnuaire des Mines de 1940 : Ç Se taire et travailler, cĠest bien servir È, Ç LĠennemi mentÉ restez sourd ! LĠennemi ŽcouteÉ soyez muet ! Il vous ŽpieÉ veillez !... È (Collection de lĠauteur).

La promotion 42 a vu son entrŽe ˆ lĠƒcole retardŽe, alors que certains Žlves reus en 1939 nĠont toujours pas intŽgrŽ (LMN nĦ3 de la 2e annŽe, datŽ de juillet 1943). Les Žtudes permettent dĠoublier le temps des cours, cette pŽriode noire comme la mine : Ç Mais nĠas-tu donc pas suivi, oh ! mineur dont la constante assiduitŽ aux amphis a rempli les feuilles dĠappel du Mandant È (LMN nĦ4 de la 2e annŽe – aožt 43)

En 1943, on eut lĠidŽe dĠeffectuer pour la premire fois ce baptme en prŽsence de la promotion antŽrieure de vingt ans sur les bancs de lĠƒcole, alors quĠil semblerait que pour cette mme annŽe il nĠy ait pas eu de vŽritable marraine vedette (lĠorganisateur en aurait ŽtŽ Franois Budin), tandis que la Petite Revue de cette annŽe est attribuŽe au tandem PŽan / Deniau. DĠautres cŽrŽmonies traditionnelles avaient alors lieu : la CŽrŽmonie de la Flamme, la Messe annuelle pour les Camarades morts dans lĠannŽe, la Messe pascale commune aux trois ƒcoles des Mines.

 

 

Il Žtait prŽvu que les Žlves reus aux Mines de Paris ˆ lĠŽtŽ 1943 aillent faire leur Service du Travail Obligatoire (avec lĠalibi de remplacer des prisonniers de guerre libŽrŽs en compensation, selon un procŽdŽ dŽsignŽ par le vocable de la Ç relve È) avant la premire annŽe dĠŽtude de lĠŽcole. Cependant, le directeur adjoint de lĠƒcole des Mines, M. Friedel, avait obtenu que le STO soit effectuŽ dans une mine en France, ce qui satisfaisait lĠAllemagne car elle pouvait ainsi espŽrer obtenir davantage de charbon puisquĠune main-dĠÏuvre spŽcialisŽe Žtait utilisŽe ˆ bon escient. Mais pour trouver des postes libres, il fallait lĠentregent et la complicitŽ active de Michel Duhameaux, IngŽnieur en chef des Mines du Nord-Pas-de-Calais, car il Žtait seul habilitŽ pour signer les embauches. Il recrutait ainsi non seulement les Žlves des Žcoles des Mines, mais Žgalement des jeunes Žtudiants particulirement exposŽs, dont une partie non nŽgligeable Žtait de confession juive. [17]

 

En 1943, les amphis reprirent en septembre, et la Sainte-Barbe cŽlŽbrŽe fut le 1er dŽcembre (LMN nĦ1 de la 3e annŽe, datable probablement du mois de novembre). On y apprend Žgalement concernant les Ç T.P.  de topo : 20 gniasz qui, par un froid ˆ fendre lĠ‰me, pleurent dĠŽmotion devant des appareils ultra-sensibles. Quant au mandant, il a abandonnŽ les Žtudes graphologiques quĠil avait entreprises au dŽbut de lĠannŽe È.

 

       Mine de rienÉ

Cela sĠest fait sans bruit ; on nĠen a point parlŽ,

La radio nĠa rien dit ; mais la chose est certaine :

Dans Paris qui nĠa plus sans ticket que la Seine,

Depuis bient™t un mois, les Mineurs sont rentrŽs.

 

Lorsque la FacultŽ nĠŽtait pas encor prte,

Leur foule a rŽveillŽ le vieux Quartier Latin ;

Ë huit heures vingt-cinq, on voit chaque matin

Le BoulĠMich se peupler dĠh‰tives silhouettes.

 

DŽjˆ dans les amphis, le Mandant, chaque jour,

Vient compter des dormeurs le nombre hypothŽtique ;

Mais avant que pour le contre-appĠ il ne rapplique

Les mineurs sont partis palabrer dans la cour.

 

Vignal aime toujours la thermodynamique ;

Dans lĠArdche, dit-on, il lĠalla promener

Et Bouligand a profitŽ de ce congŽ

Pour pondre un nouveau fasciculeÉ bordŽlique

 

Chez le Nablat, Courbis est toujours ma”tre-queux

Le menu bien souvent comporte des carottesÉ

Le charbon fait dŽfaut, cĠest dire quĠon grelotte,

Mas on prŽtend quĠil va nous arriver sous peu.

 

En somme, je nĠai plus grand chose ˆ vous apprendre,

Les absents ne sont pas oubliŽs, jĠen rŽponds :

Et, ˆ moins dĠimprŽvu, tous nous les attendons

Pour un mŽga-boulal, vers le premier dŽcembre.

                                                                                                                                                              PÉ (2e annŽe)

 

Le 2 fŽvrier 1944, les jeunes taupins qui avaient intŽgrŽ quatre annŽes et cinq mois auparavant, en sont ˆ leur dernier examen. (LMN nĦ7 de dŽcembre 1943).

Ce numŽro comprend le compte-rendu intŽgral et dŽtaillŽ de la journŽe du mercredi 1er dŽcembre (o lĠon cŽlbre alors la Sainte-Barbe). LĠaprs-midi les parodies eurent lieu ˆ lĠAmphi X, et le soir se dŽroula ˆ la salle dĠIŽna. Lors du Baptme proprement dit de la promotion reprŽsentŽe par Pecqueur et NoŽ, Perroy inaugura une nouvelle formule de double parrainage, par la promotion de vingt ans plus ‰gŽe et celle de lĠannŽe prŽcŽdente. La P23, reprŽsentŽe par Jean Caillot, remet ˆ la nouvelle promo la lampe, symbole de la voie tracŽe, et la barrette protectrice, tandis que la P42, reprŽsentŽe par Lombard et Brall, leur transmet sa science sous la forme dĠun rŽsumŽ du cours de Chimie et dĠun cours Friedel. CĠest en quelque sorte une passation de pouvoir par le trisa•eul, et un engagement dĠaccompagnement sur le chemin des Žtudes par le parrain.

 

En janvier 1944 sortit un nĦ7bis de LMN dans lequel est reproduit le texte de la chanson du mŽga-boulal :

Quand tu reverras ton ƒcole

Quand tu reverras tes Amphis

Son Mandant, ses contrĠapps, tu diras Ç ma parole !

On est tout de mme mieux ici ! È

Quand tu reverras lĠescalier,

Ses petites tables en haut

Les lavabos de chimie, la Biblio, lĠAtelier

Les pĠtites btes, les lŽgumes, les cristaux

Plus besoins de lampe ˆ pŽtrole

Il fera soleil ˆ Paris

Quand tu reverras ton ƒcole

Quand tu reverras tes Amphis

La maison ce jour-lˆ prendra ses airs de fte,

Son visage rieur dĠautre fois

Et la nuit et le jour un orchestre musette

Chantera ton retour et ta joie

Mes amis diras-tu, rŽpŽtons tous en chÏur

Vive la Mine et vive les Mineurs !

 

Le nĦ8 de LMN (datŽ de janvier 1944), nous apprend quĠen octobre 43 une centaine de Mineurs ont pu rŽintŽgrer lĠŽcole. La Revue Žtait prŽvue le 30 avril (LMN nĦ9 de fŽvrier 1944), date anniversaire de la dŽcouverte du corps de Philibert Aspairt dans une galerie de carrire quasiment ˆ lĠaplomb de lĠŽcole cent-quarante annŽes auparavant, mais est-ce quĠil Žtait envisagŽ de lĠŽvoquer dĠune manire ou dĠune autre dans cette revue ? En juin 44 parait le numŽro 13 de la revue ; il est presque exclusivement consacrŽ ˆ la Revue qui eut lieu finalement un mois auparavant, le 7 mai ˆ 17h30 et qui fut suivie dĠun bal. Il y a un dessin caricaturŽ de BŽzard. Accessoirement un dŽbarquement vient de se dŽrouler !

 

Paris le 14 juillet 1944  Dates alertes

 

Photo de gauche, lĠinscription qui Žtait la plus remarquable de toutes celles que lĠon pouvait lire dans lĠabri sous le lycŽe Montaigne : Ç Paris, le 14 juillet 1944 È surmontant deux drapeaux entrecroisŽs, un franais et un anglais. Le dŽbarquement a eu lieu, cĠest la fte nationale, lĠespoir rena”t ! EspŽrons que ce sera bien le dernier 14 juillet dĠOccupation ?

De trs nombreuses autres dates dĠalerte entouraient celle-ci, malheureusement elles ont toutes ŽtŽ recouvertes dĠun immense badigeon noir et blanc rŽalisŽ par un cataclaste. Toutes ces dates dĠalertes Žtaient notifiŽs sur ces murs en franais, car il ne faut pas oublier que pour toutes sortes de travaux, les Allemands faisaient intervenir des entreprises franaises, aussi lorsque la sirne dĠalerte retentissait, tout le monde descendait dans lĠabri, les Occupants, le personnel travaillant pour eux, tout comme les ouvriers qui Žtaient sur place ˆ ce moment-lˆ.

 

La rentrŽe 1944 se fit au mois de novembre (LMN nouvelle sŽrie – 3e annŽe, nĦ1 datŽ de novembre). Le parrainage par la promotion de vingt annŽes antŽrieure se fait en bloc et est surtout effectif ˆ la sortie de lĠŽcole. Le parrainage par la promotion immŽdiatement prŽcŽdente est au contraire individuel. Ç En entrant ˆ lĠƒcole, vous faites partie dĠune communautŽ, qui a pour devise ÒSans failleÓ. [É] Chacun de vous aura bient™t un pre È quĠil choisit parmi les Žlves de deuxime annŽe pour le guider et le former dans lĠesprit des traditions de lĠƒcole, dŽclare le DŽlŽguŽ gŽnŽral lors de la cŽrŽmonie dĠintronisation. Les mineurs de deuxime annŽe ont presque tous un filleul Ç pour une influence intellectuelle et une aide matŽrielle. Influence intellectuelle pour lui inculquer les principes bien compris de lĠesprit de lĠƒcole, une aide matŽrielle pour appuyer notre influence. È

Le nĦ2 de LMN (de dŽcembre 1944), nous fournit un exemple concret de cursus interrompu Ç pour fait de guerre È. Edmond Baratchart (1921-1944), fut reu ˆ la Mine en 1942, fit dĠabord une annŽe aux chantiers, avant dĠtre mineur ˆ Graissessac, et ce nĠest quĠen dŽcembre 1943 quĠil entrait ˆ lĠƒcole.

 

Mais les habitudes reprennent vite car voici ˆ nouveau un baptme souterrain dans les Catacombes, une vŽritable renaissance :

Ç BAPTĉME DE LA PROMO 44

Nous sommes ˆ peine rentrŽs depuis huit jours que nos anciens parlent de notre baptme (peut-tre sera-t-il pour eux lĠoccasion dĠun divertissement) et ds le lundi 11, ˆ 20 heures, anciens et bizuths sont rŽunis dans la Bibliothque.

ÒTiens, ce sympathique chamal [18] serait-il notre marraine ?Ó

Mlle Denise vient en effet dĠarriver et nous voilˆ partis en file indienne pour la visite des catacombes : ÒInitiation de fondÓ. Aprs une descente de 30 m. par une bouche dĠŽgout, nous sommes vite, aprs lĠaspersion baptismale au milieu des cr‰nes et des tibias, les yeux fixŽs sur des visions tragiques, les oreilles ˆ lĠŽcoute des bruits Òtout a fait insolitesÓÉ Puis cĠest un magnan et des chants, et malheureusement trop t™t, le retour ˆ la surface. Nous nĠinsisterons pas sur la nuit qui devait nous procurer le repos nŽcessaire pour la cŽrŽmonie officielle du baptme du lendemainÉ..

Aprs un splendide magnan signŽ Courbis, nous nous rŽunissons ˆ 3h½ ˆ lĠamphi X sous la PrŽsidence de monsieur Friedel [pour Žcouter plusieurs discours : du DŽlŽguŽ GŽnŽral, du secrŽtaire de lĠAssociation des Anciens ƒlves, de deux reprŽsentants de la promotion 24, marraine de la nouvelle promal qui prŽsentent ce quĠest la vie ˆ la Mine, et les rapports qui lient les Žlves, anciens et actuels, tant ˆ lĠƒcole quĠˆ la sortie]. Aprs la prŽsentation des commissaires Hasse (42) et Espinasse (44), cĠest le baptme de la promotion, suivi dĠune magnifique revue organisŽe par les gnass de 2me annŽe, et dont le but ne pouvait tre que de mettre en Žvidence les talents de nos Ma”tres distinguŽs.

Enfin un apŽral gŽnŽ confirmera la note de sympathie qui a planŽ sur toutes les cŽrŽmonies.

                                                          CHIC ˆ la Mine-sans-Faille

A. Espinasse È

 

En 1944, cĠest la fille de la libraire de lĠƒcole des Mines qui fut retenue comme marraine, et qui Žpousa dĠailleurs Žgalement un Žlve de la P44. Lise Topart intervint lors du baptme qui eut lieu pour la revue de lĠannŽe 1947, avec les Žlves de la Promotion 44 assimilŽs au retour de leur mobilisation. Puis en 1945, ce fut Jacqueline Duc, qui entra ˆ la ComŽdie Franaise lĠannŽe suivante, qui fut la marraine. Il se produisit alors un fait cette annŽe-lˆ, dont le Landerneau des carrires bruisse encore et que les cataphiles nĠimaginent mme pas : Jean Rives, alors dŽlŽguŽ gŽnŽral de la P45, eut lĠidŽe de laisser une trace de ce baptme sur les parois de la rue Saint-Jacques, au nord de ce qui sera beaucoup plus tard connu sous la dŽsignation de Ç galerie des promos È ; cette matŽrialisation fut rŽalisŽe sous la forme dĠun simple encadrŽ accompagnŽ du nom de la marraine associŽ ˆ celui des organisateurs. Cet emplacement fut certainement choisi ˆ cause du Cabinet minŽralogique dans lequel se retrouvaient les Žlves lors de rŽunions souvent nocturnes.

 

Entre-temps, dans le jardin du Luxembourg et ses dŽpendances

Lors de lĠOccupation, le jardin du Luxembourg devint le Haut Quartier GŽnŽral de la 3e flotte aŽrienne allemande (= Luftwaffe). Le jardin fut totalement interdit au public quelque temps car rŽservŽ ˆ lĠartillerie allemande, Žtant converti en parking pour y garer des vŽhicules. Deux blockhaus furent alors construits dans le jardin de part et dĠautre du Palais, qui vinrent en complŽment des abris construits auparavant en prŽparation de la guerre.

 

Ds 1934, le SŽnat avait commencŽ ˆ envisager sŽrieusement la rŽalisation dĠabris pour protŽger les parlementaires et son plŽthorique personnel, sans omettre dans ses Žtudes la possibilitŽ dĠamŽnager les carrires dans les sous-sols du jardin du Luxembourg. Si quatre abris furent initialement prŽvus, un seul fut finalement rŽalisŽ dans le jardin de la PrŽsidence ˆ partir de 1937, la livraison ayant eu lieu en 1939 aprs des essais techniques effectuŽs au printemps. Comme le prŽconisaient les Žtudes de la DŽfense Passive, ce fut une vŽritable construction de bŽton Žtanche au gaz qui avait ŽtŽ ŽrigŽe sur deux Žtages, le tout intŽgralement foncŽ dans le sous-sol du jardin. En parallle, deux tranchŽes-abris furent Žtablies dans le jardin en 1939 (une, allŽe de lĠOdŽon ; la seconde, allŽe des Platanes, devenue depuis Delacroix), dans lesquelles le public devait tre dirigŽ par les jardiniers en cas dĠalerte de jour. Ces Ç tranchŽes de circonstance È furent en rŽalitŽ dŽsaffectŽes en janvier 1941 et alors en partie comblŽes ; ce fut lĠabri en carrires sous la rue de Tournon qui devait sĠy substituer. Ce nouvel abri, accessible ˆ partir de la caserne des Gardes rŽpublicains, mais Žgalement en ouvrant une trappe depuis la voie publique face ˆ lĠentrŽe du SŽnat, Žtait restreint ˆ une simple galerie confortŽe pour cet usage et considŽrŽe comme ne pouvant recevoir au maximum que 150 personnes.

 

Ci-dessous, dans le cercle vert rue de Vaugirard, lĠentrŽe de lĠabri rue de Tournon face au SŽnat, via une trappe ˆ ouvrir donnant sur un escalier en colimaon.

Dans lĠovale vert, lĠescalier de secours (mais pouvant aussi servir dĠaccs) dans les caves de la caserne des Gardes rŽpublicains.

(Plan schŽmatique des carrires dessinŽ par Robert Chardon http://www.lutecia.fr/ et amŽliorŽ par Laurent Antoine http://www.lemog.fr/)

 

           Tournon avec rues ret

Bien que les Allemands fussent maintenant attributaires de lĠabri du SŽnat, mais aussi de la partie des tranchŽes-abris qui nĠavait pas ŽtŽ comblŽes, le Ç surplus Žtant rŽservŽ par lĠautoritŽ occupante È, ils exigent de nouvelles structures renforcŽes pour sĠabriter en cas dĠalerte. Fin 1943 est ainsi dŽcidŽe la construction dĠun abri souterrain ˆ 14 mtres de profondeur, sous le jardin au niveau de la faade est du b‰timent du SŽnat. ConstituŽ dĠune galerie axiale orientŽe nord-sud devant desservir 10 galeries perpendiculaires, lorsque la construction fut stoppŽe pour les raisons que lĠon sait le 18 aožt 1944, seulement sept de ces galeries Žtaient achevŽes. En outre, en avril 1944 il avait mme ŽtŽ envisagŽ un nouvel abri du c™tŽ du musŽe restreint ˆ trois galeries en surŽlŽvation, mais protŽgŽ par une dalle en bŽton armŽ de deux mtres dĠŽpaisseur.

 

Bunker

Blockhaus construit ˆ la demande des Allemands, occupants alors du lieu (İ site Internet du SŽnat)

 

En face, ds le 23 septembre 1940, le lycŽe Montaigne avait ŽtŽ rŽquisitionnŽ par les autoritŽs dĠoccupation essentiellement pour y loger les soldats de la Luftwaffe [19], qui se trouvaient ainsi ˆ deux pas du QG que le MarŽchal Goering avait Žtabli au SŽnat. Le jardin du Luxembourg, dĠabord interdit, finit par tre partiellement ouvert au public, ce que rappelle Marc AugŽ [20] : Ç Enfant, jĠallais souvent au Luxembourg. Je pourrais rŽcapituler mon existence en ne parlant que de ce jardin et des images quĠil mĠŽvoque. Images de la guerre : des secteurs entiers rŽservŽs aux Allemands, et les Žclats dĠobus de la D.C.A. que nous ramassions avec les marrons dĠInde dans les allŽes parce quĠils faisaient dĠexcellents aimants ; hivers de guerre, forteresses neigeuses, parcours plus rŽguliers aprs la guerre ou parfois plus haletants, les matins o jĠŽtais en retard et me h‰tais vers le lycŽe Montaigne que les Allemands nĠoccupaient plus (quand ils Žtaient encore lˆ ils donnaient des concerts sous le kiosque et jĠentendais dire : Ò Quand mme ils sont bon musiciens... Ó). È

Les Žlves du lycŽe sont alors transfŽrŽs dans lĠŽcole communale de la rue des Feuillantines pour les petites classes et les siximes [21], ainsi quĠˆ lĠAlliance franaise (101, boulevard Raspail). Au dŽbut 1944, en prŽvision dĠŽvŽnements que lĠOccupant sentait nŽfastes pour son avenir, les locaux de la rue des Feuillantines sont ˆ leur tour rŽquisitionnŽs par le gouvernement qui souhaite faire convertir lĠabri sous lĠŽcole en un abri gouvernemental pour 60 personnes. Les Žlves de ce qui Žtait devenu le Ç Petit lycŽe Montaigne È doivent ˆ nouveau dŽmŽnager pour gagner lĠŽcole de la rue de lĠArbalte. Afin dĠassurer la protection de la population civile qui avait le droit dĠaccŽder ˆ lĠabri sous lĠŽcole, un nouveau site dŽdiŽ va alors tre construit sous la maison de la GŽologie (77, rue Claude Bernard), espace de carrires qui va tre vidŽ des remblais au sol, entirement vožtŽ et que lĠon connait aujourdĠhui sous le nom de salle [22].

Bunker par Bruno Lapeyre      BL  bunker  avr85 (2) Ret

 

La lŽgende des flŽchages des trois sorties de secours. Ailleurs, dans cet abri sont uniquement reproduites ces flches sur toutes les encoignures, et parfois en plusieurs exemplaires au mme carrefour. Elles sont alors identifiŽes ˆ la fois par leur couleur et leur numŽro. La trs grande majoritŽ de ce flŽchage est maintenant recouvert de tags, y compris celles-ci matŽrialisant le point de dŽpart, car ˆ la base de lĠescalier dĠaccs.

Tandis que, si sur cette porte Žtanche isolant le poste de secours pour soigner les intoxiquŽs par les gaz de combats, lĠinscription pochŽe en allemand a aujourdĠhui totalement disparu, cela est dž uniquement ˆ la propagation inexorable de la rouille. (Deux photos prises par Bruno Lapeyre en avril 1985.)

 

Le lycŽe Montaigne, devenu suite ˆ un nouveau nom de baptme davantage germanique Florian Geyer Burg, subit de nombreux travaux pour sa nouvelle affectation : Ç dans les sous-sols un stand dĠexercice de tir ; les cuisines avaient ŽtŽ ŽquipŽes pour fabriquer des conserves destinŽes ˆ lĠarmŽe ; rue dĠAssas, ˆ proximitŽ du lycŽe, avait ŽtŽ amŽnagŽ un garage pour les camions militaires et dans les derniers mois de lĠoccupation, toute une salle se trouvait remplie de grenades. Les Allemands avaient aussi organisŽ une prison avec plusieurs cellules. Toutefois, la distraction des troupes nĠŽtait pas oubliŽe, puisque les occupants avaient reconstituŽ une taverne bavaroise, avaient Žtabli dans le prŽau de la cour de droite une salle de cinŽma (qui fut conservŽe jusquĠen 1979), remplacŽ la chapelle par une salle de thŽ‰tre bien ŽquipŽe, qui fut totalement dŽmontŽe ˆ la LibŽration [23] È. Tandis quĠau niveau des carrires [24] existe un abri anti-aŽrien qui porte encore aujourdĠhui les stigmates de cette occupation militaire, ayant ŽtŽ amŽnagŽ en 1940-1943 par les Allemands avec tout un systme de flŽchage menant vers quatre sorties de secours.

Mais cet abri Žtant devenu stratŽgique de par lĠimportance de la force dĠOccupation qui avait Žtabli ses quartiers au-dessus, cela induisit pour des raisons de sŽcuritŽ, un isolement infranchissable de pratiquement tout le secteur nord de lĠactuel Ç Grand RŽseau Sud È. Pourtant il c™toie lĠabri civil sous la facultŽ de Pharmacie car situŽ dans les carrires immŽdiatement mitoyennes. La sŽparation entre les deux Žtait matŽrialisŽe par une porte blindŽe ˆ volant identifiŽe par lĠinscription Ç Notausgang 4 È, alors que les flches pochŽes pour sĠorienter dans lĠabri ne dŽsignent que les sorties de secours 1 ˆ 3, la troisime Žtant double car menant soit vers la servitude de la rue Notre-Dame des Champs, soit vers celle de la rue Bonaparte.

 

Traduction du document archivistique prŽsentŽ ci-dessous :

Instructions / Mode dĠemploi

Tout dĠabord repousser la plaque de bŽton. Puis sortir par le trou de la grille. Ensuite soulever tous les ŽlŽments de bŽton, relever la grille et la fixer avec les barres transversales.

Cet escalier fut dŽsormais interdit aux seules personnes auparavant autorisŽesÉ ˆ savoir le personnel de lĠInspection !

 

Ausgang mode d'emploi   Paris100Villages ret

 

Malheureusement, la plupart des marquages allemands ont dŽsormais disparu sous les injures du temps et les rŽcentes dŽgradations de visiteurs irrespectueux et sans connaissances historiques, parmi ceux qui frŽquentent les carrires souterraines de la capitale. Si lĠon peut effectivement atteindre cet abri ˆ partir des carrires / catacombes de Paris, ce que firent en leur temps de relevŽs les docteurs Suttel et Talairach [25], les Allemands Žtaient parfaitement conscients de cette permŽabilitŽ gŽnŽrant une faiblesse intrinsque. Aussi le cheminement des trois sorties de secours (73 rue Notre-Dame-des-Champs, face au 92 rue Bonaparte, et 86 boulevard Saint-Michel) depuis les portes de lĠabri, avait ŽtŽ isolŽ du rŽseau gŽnŽral des galeries par des fermetures ˆ lĠaide de panneaux fixes en bois ou mobiles. Ce que nous confirme un rapport du 23 fŽvrier 1942 rŽdigŽ par lĠingŽnieur en chef des bureaux Ç ˆ la suite de tournŽes de surveillance des anciennes carrires existant sous certaines voies publiques du VIe arrondissement È, qui Žtablit ˆ ce sujet un compte rendu dŽtaillŽ et nous donne les prŽcisions suivantes : les deux accs aux carrires du lycŽe Montaigne (par la rue dĠAssas et par la rue Auguste-Comte) sont dŽsormais fermŽs par des portes mobiles avec serrure, alors que la serrure fermant la trappe de lĠescalier du 64 boulevard Saint-Michel a ŽtŽ changŽe et ne peut plus tre utilisŽe avec les clefs du Service des Carrires. Au pied de cet escalier, fut dĠailleurs trouvŽe une inscription allemande qui expliquait comment ouvrir depuis lĠintŽrieur cette trappe de sortie (et dont la transcription est donnŽe ci-dessus).

Si ce mode dĠemploi en allemand se trouvait apposŽ ˆ la base de lĠescalier, cĠest bien que dŽsormais les seuls utilisateurs possibles ne pouvaient tre que les Allemands pour lesquels tout le secteur du Luxembourg, aussi bien en surface quĠen dessous (dŽlimitŽ par le quadrilatre rue de Vaugirard, rue dĠAssas, rue Michelet et lĠŽcole des Mines) avait ŽtŽ sanctuarisŽ. Mais combien parmi les rares reprŽsentants de lĠarmŽe dĠOccupation qui eurent le privilge de sĠy dŽplacer (ne serait-ce que pour vŽrifier lĠemplacement des travaux de cloisonnement dŽcidŽs ˆ partir de lĠŽtude des plans de lĠInspection, ou superviser les dits travaux) remarqurent que les marches de lĠescalier du boulevard Saint-Michel, construit peu de temps auparavant, avaient ŽtŽ coffrŽes en utilisant des journaux dont lĠencre avait ŽtŽ absorbŽe par le ciment, rendant le texte toujours visible sur les contre-marches lorsque lĠon lve la tte ? Notons que cette sanctuarisation du secteur mŽnageait par lˆ-mme un accs ˆ partir du garage des officiers au 86, de la rue dĠAssas.

 

Exemple dĠune publicitŽ pour la Quintonine, une boisson fortifiante ˆ base de quinquina alors en vogue ˆ lĠŽpoque, qui Ç excite lĠappŽtit et combat la fatigue È. Parue dans un journal, elle se retrouve aujourdĠhui transfŽrŽe sur le dessous dĠune marche par migration de lĠencre lors de sa prŽfabrication.

 

 

Sortie Anglais (6)  EscalierStMichel (3) ret Pub Quintonine 1930

 

On ne peut que constater que le Ç plan des communications souterraines allemandes autour du jardin du Luxembourg trouvŽ ˆ lĠŽcole des Mines aprs le combat du 25 aožt 1944 È et dŽposŽ ˆ lĠŽcole des Mines le 26 aožt 44 (et sĠy trouvant heureusement toujours), a ŽtŽ rŽalisŽ par les Allemands ˆ partir des plans de lĠInspection des carrires, ce qui Žtait le plus simple. Ce plan, rŽalisŽ sur calque, se superpose dĠailleurs parfaitement avec le plan du Service des Carrires, ˆ lĠexception il est vrai de la galerie menant depuis la rue dĠAssas jusquĠˆ la sortie de secours 73, rue Notre-Dame-des-Champs, qui rŽutilise un escalier de service de lĠInspection datant du XVIIIe sicle car crŽŽ sous Charles-Axel Guillaumot, le premier Inspecteur des carrires [26]. Alors que dans la rŽalitŽ ce parcours fait les trois cotŽs dĠun parallŽlŽpipde, sur le plan il a ŽtŽ schŽmatisŽ en une simple ligne droite, ondulant lŽgrement ; cĠest lˆ le seul cas o le plan de lĠInspection nĠa pas ŽtŽ respectŽ.

 

Sortie simplifiŽe NDdC  NDdC rŽel

 

Sur le plan allemand rŽcupŽrŽ en 1944, ceux-ci nĠy ont fait figurer que les galeries de servitude Žtablies au niveau des anciennes carrires, en faisant abstraction de la galerie technique PTT ˆ lĠaplomb du boulevard Saint-Michel indiquŽe sur le plan Suttel premire version comme Ç couloir c‰bles tŽlŽphoniques / relais Paris-Bordeaux È. Cela aurait pu para”tre une lacune rendant Žventuellement permŽable leur systme de galeries de repli dans le cas o ils auraient dž sĠŽchapper du Luxembourg au sens gŽnŽral par les sous-sols. Mais, mme si cette galerie ne transpara”t pas sur leur plan, ils en avaient bien conscience et avait sŽcurisŽ le lieu en consŽquence, en y installant des fils de fer barbelŽs comme le montrent les deux versions du plan du docteur Suttel.

 

 

Plan Suttel barbelŽs

 

SoulignŽs en marron, les fils de fer barbelŽs signalŽs sur leur plan par les docteurs Suttel et Talairach.

SoulignŽs de vert : la Ç porte blindŽe avec grille et mouchard Žlectrique È sŽparant lĠabri civil de la facultŽ de Pharmacie de lĠabri allemand, ainsi que la Ç porte de fer de sžretŽ È empchant dĠentrer par la sortie de secours sur la rue Notre-Dame-des-Champs (indiquŽ sur le plan de construction Ç vers la galerie municipale È) de lĠabri amŽnagŽ par la sociŽtŽ Botte au 115 de cette rue (aujourdĠhui FacultŽ Libre de Droit, dĠƒconomie et de Gestion).

 

Sur le plan ci-dessous, levŽ par le docteur Suttel, les pastilles rouges, positionnŽes dans lĠabri de la facultŽ de Pharmacie, reprŽsentaient trois sorties potentielles par escalier, lesquelles lors de la crŽation de cet abri Žtaient des accs sŽparŽs rŽservŽs :

A : aux militaires ;

B : aux Žtudiants conduits par leurs chefs de travaux, et aux civils surpris par une alerte ;

C : aux enfants du lycŽe sous la conduite de leurs professeurs.

Une quatrime sortie (D) fut au final agrŽŽe, bien que par puits ˆ Žchelons.

 

Plan DP Pharma ret avec D

 

Deux dates sur ce pilier ˆ encorbellements au bas de lĠescalier de secours Bonaparte, avec  cette prŽcision Occupation  par les Allemands : janvier 1941 – 2 fŽvrier 1944.

 

 

                                                                      IMG_0084

 

 

 

 Quant aux quelques dates dĠalerte ci-aprs (30 dŽcembre 43 2 fois ; 31 dŽcembre 43 midi ; 21 janvier 44 ; 2 fŽvrier 44), ce ne sont que quelques-unes parmi les trs nombreuses qui vont se succŽder et qui sont liŽes aux premiers prŽparatifs du futur DŽbarquement.

 

   Dates bombardement ˆ dŽtagguer ret    Alertes 2 rŽduit


Le r™le des sous-sols lors du dernier des 5 jours de lĠInsurrection

Les Allemands avaient une telle connaissance des galeries de carrires au voisinage des abris du lycŽe Montaigne et du SŽnat, quĠils avaient donc installŽ des fils de fers barbelŽs dans la galerie technique, mais il aurait fallu les surveiller pour que les Ç cataphiles de lĠŽpoque [27] È ne les franchissent pas comme purent le faire Suttel et consort.

Cette connaissance des carrires par les Allemands nĠŽtait pas limitŽe ˆ Paris et Žventuellement la proche rŽgion parisienne, mais au contraire ˆ toute la France. Le service gŽologique de la Wehrmacht procŽda en effet ˆ partir de 1942 ˆ un inventaire sur tout le territoire franais de ces sous-sols artificiels, avec lĠobjectif Žventuel dĠy installer des usines ou dĠautres structures quĠil fallait abriter de bombardements redoutŽs, Žtude effectuŽe ˆ partir de documents possŽdŽs en diffŽrents ministres et autres administrations[28].

 

Le 25 aožt 1944 fut signŽ la reddition des Allemands par le gŽnŽral von Choltitz en dŽbut dĠaprs-midi [29], mais le secteur du jardin du Luxembourg va se transformer en bastion retranchŽ, les Allemands qui occupent le SŽnat refusant de se rendre. Depuis la semaine prŽcŽdente, lĠŽtat-major de la Luftwaffe avait quittŽ le Palais du Luxembourg, remplacŽ par les 600 hommes du colonel von Berg qui Žtait cantonnŽs au lycŽe Montaigne, garnison renforcŽe par une colonne de SS de retour du front de Normandie et une compagnie de Schutzpolizei (une police de protection particulirement virulente). LĠƒcole des Mines, de par sa localisation, nĠŽchappe pas au sige tenu par les derniers combattants allemands ; ils sĠy barricadent Žgalement, mettant ˆ la porte le personnel encore prŽsent, ˆ lĠexception du concierge [30]. Les soldats se mettent alors ˆ miner le site du Luxembourg en entreposant dĠimportantes quantitŽs de cheddite dans les abris du SŽnat. Le colonel CrŽpin de la 2e DB entre alors dans la cour dĠhonneur pour y entreprendre, avec son homologue von Berg, des nŽgociations qui vont sĠŽterniser jusquĠˆ 18h45. Les rŽsistants avaient bien envisagŽ dĠessayer dĠinvestir les lieux par les sous-sols, mais ne passrent pas ˆ la pratique rŽalisant que la sortie dans ce camp retranchŽ se serait effectuŽe un par un, formant ainsi des cibles idŽales et vouant leur tentative quasiment ˆ lĠŽchec. Pourtant, Ç une attaque par les carrires immŽdiatement envisagŽe sĠŽtait avŽrŽe impossible bien que lĠaccs par les abris souterrains nĠait plus prŽsentŽ de difficultŽ. LĠarmement Žtait [aussi] insuffisant pour une attaque surprise [31] È nous signale le docteur Suttel qui a parcouru les carrires souterraines pendant toute la guerre. Bien que le cheminement par les carrires nĠaurait effectivement alors pas posŽ de difficultŽ, suite au plan quĠavaient Žtabli les deux docteurs de Sainte-Anne, Suttel et Talairach, ˆ la suite de nombreuses nuits blanches passŽes ˆ arpenter les centaines de kilomtres souterrains, il ne fut donc pas question dĠattaquer cette troupe par les sous-sols.

La 2e DB appelŽe en consŽquence ˆ la rescousse, se positionna place Louis-Marin afin de prendre lĠŽcole en enfilade, b‰timent qui en porte encore des traces (mlŽes ˆ celles de bombardements que subit lĠŽcole pendant la Premire Guerre mondiale). DĠautres impacts de ces combats sont encore parfaitement visibles sur le b‰timent des serres c™tŽ rue Auguste-Comte. CĠest en forant lĠentrŽe donnant sur cette rue, aujourdĠhui place AndrŽ-Honnorat, que les chars de Leclerc pŽnŽtrrent dans le jardin du Luxembourg, ce qui mit un terme dŽfinitif ˆ lĠOccupation de Paris.

 

Attaque Luxembourg    Carte des combats au Luco

 

Plan extrait de Ç La 2e DB dans la libŽration de Paris et de sa rŽgion È par Laurent Fournier  et Alain Eymard ; 

La carte des combats ˆ droite est extraite de Ç La libŽration de Paris È dĠƒdith Thomas

(voir : http://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/la-prise-du-senat).

 

Ce ne fut que le 31 aožt que les pompiers [32], associŽs ˆ des soldats du GŽnie de la Division Leclerc, Žvacurent le stock de cheddite accumulŽ dans le central tŽlŽphonique construit sous les pelouses du SŽnat, plusieurs centaines de caisses semble-t-il. Deux des participants ˆ la neutralisation de ce dernier pige tendu par lĠOccupant eurent une surprise totalement inattendue, mais qui peut sĠexpliquer avec le recul et ˆ la lueur de ce document inŽdit et insouponnŽ : le plan allemand dŽcouvert en aožt 1944 et trouvŽ dans le fonds cartographique ancien de lĠƒcole des Mines. OccupŽs ˆ leur travail qui demande une attention soutenue et des mouvements parfaitement ma”trisŽs et contr™lŽs, ils entendirent tout ˆ coup Ç Kamerad, Kamerad ! Sortant de lĠombre, deux soldats allemands sĠavancent vers [eux], hirsutes, famŽliques, ne tenant plus debout !... È. En se rendant aprs avoir jetŽ leurs fusils ˆ terre, ils expliqurent avoir errŽ depuis huit jours en sĠenfuyant par les Ç Žgouts [33] È, mais nĠayant pas trouvŽ de voies de sortie les ramenant ˆ la surface, ŽpuisŽs ils auraient dŽcidŽ de faire demi-tour pour revenir ˆ leur point de dŽpart. En cette date tardive, ces deux prisonniers peuvent de fait tre considŽrŽs comme les deux derniers Allemands ayant occupŽ Paris.

Ds octobre 1944, aprs des rŽamŽnagements rendus nŽcessaires par quatre annŽes dĠoccupation par une troupe militaire, le lycŽe Montaigne put accueillir de nouveau les Žlves. Il est ˆ noter quĠau sein de ce lycŽe, un tableau Žlectrique porta jusquĠaux annŽes 80Ġs des indications en allemand, et que lors de la rŽfection du gymnase rŽapparut cette inscription flŽchŽe : Zum LuftschutzraumÉ mais dĠautres lycŽes portent encore des telles indications !

LibŽration Luxembourg (1)  LibŽration Luxembourg (2)

 

Deux photos issues du MusŽe de Sainte-Anne, montrant des prisonniers allemands aprs leur reddition.

 

LĠanecdote peu connue ŽvoquŽe ci-dessus peut tre rapprochŽe de celle racontŽe par le docteur Suttel dans son livre consacrŽ aux carrires et catacombes de Paris. Quelques jours aprs la LibŽration de Paris, Suttel et Talairach dŽcouvrirent au pied de lĠescalier de sortie de la rue Bonaparte (une des sorties de secours que sĠŽtaient donc mŽnagŽes les Allemands ˆ partir du lycŽe Montaigne, lĠune des deux numŽrotŽes 3 et flŽchŽes de noir dans lĠabri)É un petit tas dĠuniformes SS. On peut supposer des soldats sortis par cet accs aprs avoir revtu des habits civils, profitant de la confusion gŽnŽrale rŽgnant alors autour du jardin du Luxembourg ; ce dernier bastion luttant contre les libŽrateurs attirait sa foultitude de curieux au dŽtriment des plus ŽlŽmentaires rgles de sŽcuritŽ auxquelles il aurait mieux valu se tenir. Ce nĠŽtait pas la premire fois quĠil avait ŽtŽ envisagŽ de passer par les galeries de carrires pour surprendre les Allemands dans un de leurs derniers retranchements. Une autre opŽration dĠenvergure fut imaginŽe quelque temps auparavant pendant lĠInsurrection : prendre dĠassaut la prison de la SantŽ pour y faire Žvader les prisonniers, ce qui aurait pu tre rŽalisŽ sans peine, un court puits ˆ Žchelons dŽbouchant ˆ lĠintŽrieur du large pŽrimtre de sŽcuritŽ dŽployŽ tout autour du lieu de rŽtention, mais cela ne dŽpassa pas non plus le stade de la rŽflexion car lĠŽtroitesse des galeries et lĠexigu•tŽ de la sortie rendaient les actions de sortie et dĠŽvacuation irrŽalisables sans pertes considŽrables. Les RŽsistants avaient dŽjˆ finalement admis alors que Ç les carrires sont utilisables uniquement comme refuge clandestin, dŽp™ts dĠarmes et de matŽriel ou moyens de communication pour de petits groupes ou des individus isolŽs È.

 

Le plan de circulation des carrires en possession des RŽsistants

Si les RŽsistants avaient envisagŽ un temps dĠinvestir le nid allemand du Luxembourg cĠest parce que gr‰ce aux docteurs Suttel et Talairach ils Žtaient en possession dĠun plan levŽ ˆ la main de lĠensemble des carrires qui ne sĠappelait pas encore le Grand RŽseau Sud, dŽmarrŽ ˆ partir de lĠh™pital Sainte-Anne o ils Žtaient affectŽs durant lĠOccupation. Ils en dressrent un plan ˆ double trait de 1943 ˆ 1945, en espŽrant quĠil pourrait servir ˆ la RŽsistance. Ils avaient fait lĠabstraction des plans de lĠInspection qui existaient et quĠils auraient pu calquer (autre mŽthode possible), mais il aurait nŽanmoins fallu complŽter le travail en allant sur le terrain pour y apporter des informations pratiques absentes de la cartographie officielle.

Ce plan connu depuis sous ce simple nom Ç Suttel È nĠest pas trs juste au niveau reprŽsentation des galeries, surtout dans certains secteurs (par exemple sous le cimetire Montparnasse), mais il est strictement isomorphe cĠest-ˆ-dire que les nÏuds du rŽseau sont parfaitement corrects. Cela tient aux conditions et ˆ la mŽthode de relevŽ, commencŽ ˆ partir dĠÇ une grille chre ˆ [leurs] souvenirsÉ È, celle isolant du rŽseau gŽnŽral les carrires sous le groupe hospitalier Sainte-Anne. De toute manire, il rŽpondait avant tout ˆ un usage pressenti et donc une nŽcessitŽ : Ç la possibilitŽ pour un lecteur de se diriger facilement dans le rŽseau des carrires, de se rendre dĠune issue ˆ une autre sans sĠŽgarer en connaissant les modes et les facilitŽs Žventuels de sortie È. DĠo aussi le report sur ce plan dĠinscriptions gravŽes dues ˆ lĠInspection (informations absentes des planches officielles car leur usage nĠest pas le mme), ou dĠautres repres visuels telles que des graffitis. Mais il comporte aussi des indications telles que : Ç Puits de sortie par Žchelle et trappe circulaire devant la Laiterie parisienne 42 bd Pasteur È, avec indication du nombre de marches pour les escaliers. Ç Ce travail, fait dans la clandestinitŽ pendant de longues nuits, ayant pour but essentiel le passage aisŽ et rapide dĠun point ˆ un autre, avait exclu volontairement tout rapport avec lĠadministration des carrires È, ce qui est la Ç norme È pour tous les plans Ç clandestins È des carrires de Paris jusquĠˆ nos jours.

 

Plan Suttel Rol (1)  Plan Suttel St-Michel Bunker Philibert

 

Sur la premire version de son plan, quĠil remit au colonel Rol-Tanguy, le pourtour de lĠabri allemand du lycŽe Montaigne nĠest pas encore dessinŽ, mais les deux grilles en fer en donnant accs sont reprŽsentŽes, lĠune indiquŽe avec un Ç signal Žlectrique È. Tandis quĠau niveau de ce qui va tre transformŽ en abri pour le gouvernement Laval, il est Žcrit quĠil y a une Ç porte de fer È, qui a donc momentanŽment empchŽ de pŽnŽtrer dans le site, puisque sur la version finale le pourtour de lĠabri est figurŽ avec deux pastilles figurant les deux escaliers dĠaccs et donc de sorties potentielles.

 

Sur le Ç Suttel È, les dissimilitudes les plus grandes, par rapport aux plans (filaires ou non) calquŽs viennent du mode de repŽrage topographique : Ç Le tracŽ de chaque galerie a ŽtŽ rŽalisŽ en comptant les distances en nombre de pas, chaque changement important dĠorientation ayant ŽtŽ notŽ ˆ la boussole. Le repŽrage en surface nĠa ŽtŽ possible quĠen utilisant, soit des escaliers, soit des puits ˆ crampons par lesquels nous accŽdions aux trappons circulaires en fonte [par en dessous], traant ˆ la peinture une marque, chaque fois diffŽrente, dans lĠŽpaisseur de lĠorifice mŽdian. Le contr™le en surface se faisait ensuite de jour, en se dŽplaant ˆ bicyclette È, restrictions de guerre obligent ! Par lĠintermŽdiaire dĠun rŽseau de rŽsistance de la Presse, Suttel et son comparse rencontrrent un beau jour un groupe intŽressŽ par lĠutilisation des carrires. Ensuite, ils furent mis en relation avec le colonel Rol-Tanguy sans savoir que cĠŽtait lui, car il se prŽsenta sous lĠalias [34] de Morel. Ils firent une reconnaissance ensemble sous Paris, visite clandestine comme il se devait, mais qui leur laissa un souvenir spŽcial car elle fut marquŽe par un incident particulier : Ç ˆ un carrefour, sous la rue Humboldt, une lampe lointaine brillait dans les tŽnbres. Aprs un instant dĠimmobilisation, notre fanal et celui de lĠinconnu sĠŽloignrent dĠun commun accord tacite, chacun ignorant qui pouvait tre lĠautre. Morel, malgrŽ tout satisfait, nous demanda de lui confier notre plan. È

Nous pouvons affirmer quĠil est quasiment exclu que cet autre visiteur de lĠombre ait ŽtŽ un Allemand. Il nĠaurait certainement pas ŽtŽ seul sous terre, encore moins dans ce secteur, mais de plus il est avŽrŽ que dĠautres personnes ˆ cette Žpoque connaissaient et parcouraient illŽgalement ces galeries sous Paris, et parmi eux certains noms nous sont parvenus par des membres actuels de leur famille : par exemple le sapeur-pompier RenŽ Legruiec [35], ou Pol le CÏur. Mais une telle activitŽ illicite, et a fortiori devant rester secrte dans le cas dĠun rŽsistant cherchant ˆ repŽrer un lieu, fait que la plus ŽlŽmentaire prudence recommandait de ne pas vouloir savoir ˆ tout prix qui pouvait tre en face. De plus, les Allemands avaient sanctuarisŽ le secteur autour du jardin du Luxembourg, donc les rares endroits o ils durent circuler sont dans ces parages, ainsi que dans lĠOssuaire quĠils pouvaient se faire ouvrir ˆ volontŽ, Žtant chez eux en France et donc ˆ Paris, bien que ce site touristique fžt officiellement fermŽ [36].

 

 

Ci-dessous ˆ droite, inscription manuscrite allemande de 1942 dans lĠossuaire. Ci-dessous autres inscriptions de 1940 ˆ 1943 dans lĠabri du lycŽe Montaigne dont un dŽnommŽ Rudi qui laissa son prŽnom en 1940, en 1941-42, et pour la dernire fois en 1943. Que lui arriva-t-il en 1944 : retour en Allemagne, dŽpart zur Normandie front ?

 

     Rudi ret         OssOff Marina162 ret

Une autre anecdote similaire nous est rapportŽe par le docteur Suttel concernant le secteur de lĠabri allemand. Ç Les investigations autour des abris allemands, pour en dŽfinir les contours et les issues, ne sĠeffectuaient Žvidemment pas sans tension. Mais rien de f‰cheux ne se produisit. Une seule fois cependant lors de lĠexploration nocturne dĠun abri en construction, toutes les ampoules sĠallumrent soudainement. Bien quĠarmŽs, nous Žtions peut-tre pris au pige. Aprs une longue attente, cachŽs dans un recoin, tout sĠŽteignit. ƒtait-ce une erreur dĠinterrupteur, un garde prudent ? È

Une version initiale de ce plan fut remise ˆ Rol-Tanguy, et il Žtait jusquĠˆ rŽcemment encore en possession de CŽcile Rol-Tanguy sa veuve, avant quĠelle ne le remette au MusŽe de la LibŽration de Paris. La progression dans le relevŽ du plan souterrain de Paris est manifeste en plusieurs endroit : par exemple sous le Val-de-Gr‰ce o apparaissent davantage de dŽtails, mais aussi et surtout au niveau de lĠabri allemand du lycŽe Montaigne. On y voit Žgalement appara”tre lĠabri dit Laval, qui est alors seulement en construction sur la version finale du plan Suttel qui nous est parvenu. Cela veut Žgalement dire quĠil ne semble pas que le docteur Suttel ait pŽnŽtrŽ dans cet abri lorsquĠil nĠŽtait quĠun abri destinŽ aux Žlves de lĠŽcole sise au-dessus. Ce nĠest quĠˆ partir de fŽvrier 1944, suite ˆ une rŽunion entre le SecrŽtaire gŽnŽral du Gouvernement, le PrŽfet de la Seine, le directeur de la DŽfense Passive, des reprŽsentants ministŽriels et de services techniques de la Ville de Paris quĠil fut dŽcidŽ la conversion de lĠabri scolaire en un abri gouvernemental pour 60 membres de lĠŽquipe de Pierre Laval, abri qui ne sera finalement jamais terminŽ. Il est par ailleurs intŽressant de noter quĠaprs la LibŽration de Paris, Rol-Tanguy prendra possession des locaux de la rue des Feuillantines pour sĠy Žtablir ds le 28 aožt, nĠayant plus aucune raison de se cacher.

Si auparavant il dirigea lĠInsurrection ˆ partir de lĠabri de la place Denfert-Rochereau, dont la construction avait ŽtŽ envisagŽe et diffusŽe dans la presse ds 1936 dans un article de la revue La Nature [37], cĠest pour plusieurs raisons. Le site avait ŽtŽ indiquŽ ˆ Rol par lĠingŽnieur Tavs, chef du Bureau des projets de la Ville et RŽsistant depuis fin 1942, et mis ˆ sa disposition par le gŽnŽral Bloch-Dassault qui Žtait alors au ComitŽ directeur du Front national. Cet abri Žtait relativement bien positionnŽ sur la route que les alliŽs Žtaient susceptibles dĠemprunter pour entrer dans Paris, mais surtout il possŽdait son propre central tŽlŽphonique reliŽ au rŽseau des Žgouts, ce qui le rendait indŽpendant et permettait de doubler le standard de surface des PTT. De plus, gr‰ce ˆ un ingŽnieur du mŽtro, le capitaine RŽa, ce standard tŽlŽphonique souterrain fut Žgalement reliŽ au rŽseau mŽtropolitain, le mettant en communication avec 250 postes dans Paris et la rŽgion parisienne, dont la PrŽfecture de Police. Avantage non nŽgligeable, son positionnement au niveau des carrires (et donc en liaison avec lĠossuaire des CatacombesÉ mais aprs seulement plusieurs centaines de mtres de marche souterraine [38]) faisait quĠil Žtait tout le contraire dĠune nasse car il offrait un certain nombre de voies de repli et dĠinnombrables sorties de secours. Cet abri Žtant primitivement dŽvolu aux Services techniques de la Ville de Paris (service du MŽtropolitain, de lĠŽclairage, du nettoiement, de lĠeau, de lĠassainissement, etc.), lors de la prŽsence de Rol et ses hommes il continuait de fonctionner en parallle pour les besoins de la ville [39].

 

Lorsque lĠon compare les trois annŽes successives de la planche 25-50 (ex.281) de lĠInspection des carrires, en 1896 lĠemplacement prŽcis du futur abri est encore ˆ lĠŽtat dĠanciennes carrires par hagues et bourrages, tandis que la ligne de Sceaux y est bien reprŽsentŽe (son terminus ˆ lĠŽpoque est la gare du Luxembourg depuis ˆ peine une annŽe [40]). Puis sur la version provisoire de 1937, les consolidations du mŽtro L4 et L6 ont fait leur apparition, mais il nĠy a toujours rien au niveau de lĠabri. Il faut attendre la version de 1943 pour voir cet abri enfin dessinŽ trs prŽcisŽment. Les Allemands ne pouvaient a fortiori pas ne pas tre au courant de son existence. DĠailleurs Rol-Tanguy, le dŽclare lui mme dans ses mŽmoires : Ç Le lieu Žtait connu de la Kommandantur allemande, mais le contr™le Žtait limitŽ ˆ un coup de tŽlŽphone quotidien au gardien de service, qui appartenait ˆ lĠŽquipe de Tavs. Il se tenait toujours ˆ proximitŽ du standard. Il rŽpondait chaque matin – cĠŽtait toujours vers dix heures – au major allemand chargŽ de la surveillance, Otto Dummler, par un laconique Ç RAS È – rien ˆ signaler. CĠŽtait lĠhabitude. Mais ˆ ma connaissance, cette surveillance, de toute faon lointaine, nĠa pas continuŽ au-delˆ du 23 aožt. Cela nĠempchait pas de prendre toutes prŽcautions pour tre ˆ lĠabri. LĠentrŽe principale par le laboratoire dĠessais Žtait gardŽe par les hommes de lĠingŽnieur Tavs. Son accs Žtait limitŽ au strict nŽcessaire – cĠest par lˆ quĠarrivait Massiet, le chef dĠŽtat-major de LizŽ, ou que le gŽnŽral de gendarmerie Hary est passŽ le 22 aožt, lorsque Chaban lĠa mis sous mes ordres. Il fallait donner un mot de passe qui changeait tous les jours. Mon chauffeur et mes gardes du corps ne descendaient pas dans le PC. Les agents de liaison non plus : comme je lĠai dit, ils entraient par la gare de Sceaux. Leurs messages Žtaient transmis au PC par les soins dĠun officier du 3e bureau qui faisait la navette, puis ils ressortaient par la cour de la rue SchÏlcher. È

Le cheminement inverse fut effectuŽ par Rol le 20 aožt pour venir sĠy installer depuis lĠimmeuble de la rue SchÏlcher o il Žtait arrivŽ la veille : descendant lĠescalier il nĠeut quĠˆ suivre non seulement une galerie clairement reconnaissable par la prŽsence dĠun c‰ble tŽlŽphonique, mais surtout celle-ci Žtait ŽclairŽe. Ceci nous est Žgalement confirmŽ par la soumission du 7 aožt 1939 pour les travaux dĠŽlectricitŽ [41], qui stipule que les globes lumineux devaient tre commandŽs Ç ˆ lĠaide de 9 boutons-poussoirs rŽpartis tout le long de la galerie È, interrupteurs dont sont encore parfaitement identifiables les emplacements ainsi que ceux des globes lumineux. Mais tout ce matŽriel, de mme que toutes les gaines et les fils Žlectriques, ont disparu, trs certainement au cours des rŽemplois qui ont cannibalisŽ de trs nombreux sites de cette nature suite ˆ leur dŽsaffectation aprs-guerre, quand le pays Žtait encore en manque de tout et soumis aux restrictions (rappelons que les tickets de rationnement perdurrent pendant quelques annŽes aprs la LibŽration).

 

En guise de non-conclusionÉ compltement ouverte :

Signalons que parmi les premiers explorateurs Ç clandestins È aprs-guerre du site souterrain allemand du lycŽe Montaigne, autrement dit qui sont passŽs par les carrires, on compte ds janvier 1945 bien Žvidemment des Žlves des Mines. Parmi eux, Franois Budin, Henri Carpentier et Jean Fumet, tous trois de la promotion P43, ce que le deuxime me raconta aprs que je lui eus envoyŽ la photo ci-dessous ˆ droite.

 

Traces Balles Bd St-Michel (1)   BudinFumet

 

Ë gauche, une des traces les plus emblŽmatiques des combats de la LibŽration, prs du porche dĠentrŽe de lĠŽcole. Mais tous les Žclats ici ne sont pas de cette Žpoque car ils sont mlŽs aux traces du bombardement de Paris le 20 janvier 1918. CĠest par exemple le cas de la grosse tra”nŽe horizontale au ras du sol qui est une des cicatrices de la Premire Guerre mondiale toujours visible ˆ Paris (voir les photos de ce mur juste aprs, en 1918, sur le site Gallica de la BNF, en particulier : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53003932s)

Photo prise dans le cheminement souterrain permettant de passer de lĠabri de la facultŽ de Pharmacie ˆ lĠescalier de sortie boulevard Saint-Michel, donc ˆ proximitŽ de lĠŽcole. Le Nablat, dont il est fait rŽfŽrence ˆ droite des noms des trois Žlves de la promotion 43, en lui demandant de se dŽvtir, Žtait le cuisinier dans lĠargot de lĠƒcole des Mines. Il est Žgalement citŽ premire ligne de lĠavant dernier couplet dans la chanson de 1943 reproduite ci-dessus. Malheureusement cette inscription est aujourdĠhui recouverte dĠun tag.

 

Dernire minute : le 3 mai 2016 Žtait signalŽe (au moins par Ouest-France dans son Ždition du soir) la dŽcouverte par les forces kurdes dĠŽtonnants rŽseaux de souterrains mŽconnus de lĠƒtat islamique. Ces tunnels Žtaient utilisŽs par les djihadistes pour circuler librement, en toute discrŽtion, mais surtout se protŽger des raids aŽriens de la coalition. Ce que les Allemands avaient eux aussi imaginŽ au cours de lĠOccupation, pouvoir se mettre ˆ lĠabri des bombardements alliŽs et sĠŽchapper par la mme occasion dĠune attaque des LibŽrateurs en utilisant les galeries souterraines de Paris, dĠautres venaient donc de montrer la pertinence de sa mise en application.

 

Ç Chic ˆ la Mine È gilles.thomas@paris.fr

Ci-dessous, extrait similaire du plan Suttel dans sa version finale.

 

 

plan_allemand retournŽ   Plan Suttel 2me version

 

 

Bibliographie sommaireÉ tout Žtant encore ˆ Žcrire :

Ç Les carrires souterraines peuvent-elles tre amŽnagŽes en abris ? È, par Pierre Devaux, dans La Nature du 1er avril 1936 nĦ2974 T1 p.299-307 ;

Ç Proposition tendant ˆ lĠutilisation des anciennes carrires souterraines pour la protection de la population parisienne contre les attaques aŽriennes È, dŽposŽe en 1936 (sous le numŽro 152) par M. [Ludovic] Calmels, conseiller municipal [du 13e arrondissement / mŽdecin / PRS] ; sept pages et trois plans dont deux dŽpliants (un de situation, celui de lĠabri envisagŽ place Pinel, et celui des garages-abris souterrains) ;

Ç La DŽfense Passive. Protection des populations civiles contre les attaques aŽriennes È, par Robert Chenevier, La petite Illustration, nĦ927, 15 juillet 1939 ;

Ç Paris pendant la guerre, (juin 1940 – aožt 1944) È, par Pierre Audiat (Librairie Hachette, 1946) ;

Ç Catacombes et Carrires de Paris. Promenade sous la capitale È, par le docteur RenŽ Suttel, prŽface du docteur Jean Talairach (Sehdacs 1986, puis Žditions du Treuil 1993) ;

Ç LibŽration de Paris. Les cent documents È, par le Colonel Rol-Tanguy & Roger Bourderon, avec un avant-propos de Jacques Chaban-Delmas) (chez Hachette, dans la collection Pluriel, 1994) ;

Ç Atlas du Paris souterrain È, sous la direction dĠAlain ClŽment et Gilles Thomas (Parigramme, 2001 ; Ždition actualisŽe et complŽtŽe en 2016 et rŽcompensŽe par le prix Haussmann pour son apport ˆ la connaissance du Ç Grand Paris souterrain È) ;

Ç Rol-Tanguy È, par Roger Bourderon (chez Tallandier, 2004) ;

Ç Les catacombes. Histoire du Paris souterrain È, par Gilles Thomas (Le Passage / diffusion Le Seuil, 2015 ; ouvrage ayant reu en 2016 le prix éve Delacroix de lĠAcadŽmie franaise, destinŽ Ç ˆ lĠauteur dĠun ouvrage (essai ou roman) alliant ˆ des qualitŽs littŽraires le sens de la dignitŽ de lĠhomme et des responsabilitŽs de lĠŽcrivain È ;

Ç Un monde oubliŽ È, par Agns CanavŽlis, p.38-41 de Liaisons (le magazine de la PrŽfecture de Police) nĦ113, numŽro hors-sŽrie Ç Les lieux secrets de la PrŽfecture de Police (chapitre Mystres en sous-sol) È paru en dŽcembre 2015 ;

Ç LĠabri de DŽfense Passive du sige de la CPDE (immeuble Vienne-Rocher) È, par Gilles Thomas, p.56-65, dans Liaison-Sehdacs nĦ22 (2016) ;

Ç Abris souterrains de Paris. Refuges oubliŽs de la Seconde Guerre mondiale È, par Gilles Thomas (Parigramme, mars 2017) ;

Ç La DŽfense Passive et les abris allemands dans le 16e È, page 5 de La lettre de XVIe demain (Urbanisme, Environnement et QualitŽ de vie), nĦ162 (juillet 2017) ;

Ç Tous aux abris È, par Gilles Thomas, p.10-12  du Bulletin dĠinformation de la Seadacc (septembre 2017) ;

Ç Petite Žtude dĠinscriptions trouvŽes dans les sous-sols dĠun lycŽe parisien È, par  Gilles Thomas, p.13-16 du Bulletin dĠinformation de la Seadacc (septembre 2017) ;

Ç LĠabri des FeuillantinesÉ dit de ÒLavalÓ (dans les ÒCatacombesÓ de Paris) È, par Gilles Thomas pour le Blog du ComitŽ de Quartier Latin (2017).

 

Sitographie indicative, pour aller plus loin (en attendant la suite) :

http://www.occupation-de-paris.com/2012/07/la-defense-passive.html

http://quotidien-parisiens-sous-occupation.paris.fr/

http://occupation-paris.blogspot.fr/p/le-paris-allemand.html

http://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/

http://ktakafka.free.fr/F_2GM.htm (les photos prises des dates dĠalertes lĠont ŽtŽ sur mes conseils, et bien mĠen a pris, car elles nĠexistent plus aujourdĠhui, le mur ayant ŽtŽ entirement recouvert de peinture sous un gigantesque tag)

+ lĠincontournable site Internet du SŽnat pour lĠhistoire de cette institution, dont la pŽriode entre 1940 et 1944.

 

Escalier Schoelcher (8) Escalier Schoelcher (5)Latil

 

Le dessous de lĠescalier de la rue SchÏlcher est tellement sec quĠil nĠest pas Žtonnant dĠy retrouver des papiers de coffrage encore en place. Ici des pages du bulletin municipal du 6 octobre 1935, faisant la publicitŽ pour un camion Latil, ou annonant la future exposition internationale de 1937.

 

Remerciements :

Pierre-Alain Tilliette, conservateur en chef ˆ la Bibliothque de lĠH™tel de Ville pour son soutien, ses conseils et son amitiŽ ;

Jean-Michel Wahart pour mĠavoir fait part de lĠexistence du plan allemand de 1944 ;

Philippe Chauvin et Patrick Sougne du SŽnat pour les Žchanges dĠinformations et Pierre Toury pour mĠavoir mis en contact avec eux ;

Philippe Walliser, directeur de gare ˆ Paris Est, pour une visite amicale de Ç son È abri possŽdant Žgalement des inscriptions en allemand, et quĠil va ouvrir au public ;

Guilhem Touratier pour sa connaissance du Ç dossier È Seconde Guerre mondiale ;

Sans oublier Anne Ç Kaito È pour des traductions lors de Ç cours du soir È, et Albert Meige [42] pour une cartographie de qualitŽ devenue indispensable.

É et Bienvenue ˆ Clarisse Pradel (responsable de la bibliothque de Paris de lĠƒcole des Mines-Paristech, politique documentaire, acquisitions) et ˆ Sylvie Zaidman (Conservateur du Patrimoine, Directrice du Ç musŽe du gŽnŽral Leclerc de Hauteclocque et de la LibŽration de Paris – musŽe Jean Moulin È) dans leurs nouvelles affectations !

 

Sortie Secours 1944 lŽgendŽ

 

Ci-dessous :

Plan allemand des carrires aux alentours de lĠŽcole, document exceptionnel trouvŽ aprs le combat du 25 aožt 1944 (Collection de lĠŽcole des Mines-ParisTech).

 


plan_allemand lŽgendŽ

 

=== Unterirdische GŠnge (galeries souterraines)                                                              X : murage (Abmauerung)

=== KabelkanŠle (galerie technique)                                                                                       I : porte blindŽe (EisengittertŸr)

----- UmzŠunung des Luxembourg Gartens (grille du jardin du Luxembourg)            I : porte (TŸr)

 

O : Accs de lĠabri anti-aŽrien (Zugang zum Luftschutzkeller)

1 : logement de la troupe (Stabsunterkunft)

2 : garage du Quartier GŽnŽral (Garagen des Stabsquart[iers])

3 : caserne des gardes rŽpublicains (Franz[šsisch]-Polizeikaserne)

B : bassin du Luxembourg Garten     M : ƒcole des Mines     P : Palais du SŽnat     O : ThŽ‰tre de lĠOdŽon

A : accs (Einstieg)

AĠ : autre accs pour lĠabri en carrires de la rue de Tournon, non positionnŽ sur le plan.

E : entrŽe par escalier en colimaon (Eingang Wendeltreppe)

S2, S3a, S3b, S4 : Sortie par escalier (Treppe Ausgang)

Ss : Sortie de secours par trappe (Notausstieg)

LSR43 : abri allemand construit en 1943

Quelques photos en supplŽment :

Photo de droite, entourŽ de bleu un support de lampe, soulignŽ de vert le D (couleur brune) du flŽchage vers NDdC, tandis que les quatre cercles rouges montrent les fixations encore en place pour clore de manire pŽrenne la galerie en face.

 

 

IMG_0061      IMG_0060 ret

 

Les parcours menant aux sorties de secours sont encore flŽchŽs dĠocre (photo Jean-Franois Weiss). On peut donc y voir aussi des insertions rŽgulires de morceaux de bois pour y fixer des supports dĠŽclairage (ci-dessous ˆ gauche), et y lire par endroit des noms manuscrits dĠorigine allemande. Les emplacements o se trouvaient les cloisonnements pour isoler le secteur afin de sĠassurer que nĠy circulent que les Allemands sont aussi toujours identifiables ˆ diffŽrents carrefours de galeries.

 

IMG_0093            GRS Nord (22)

 

Carte postale publicitaire de 1935, faisant une parfaite synthse des deux illustrations de cette Žpoque visibles sur le dessous des marches des deux escaliers en bŽton prŽfabriquŽ qui sont ŽvoquŽs prŽcŽdemment. CĠest la mme Ç nouvelle camionnette Latil È de 1200 kg,  qui de plus porte une publicitŽ pour la Quintonine !

 

Latil 1200kg (1)                                        Camion tour de France 1935 CP ret   



* Aucune information sur ce que cet Inspecteur gŽnŽral des carrires Žtait devenu pendant lĠOccupation ne nous Žtait parvenue, aussi cela pouvait-il nous laisser augurer le pire, jusquĠˆ ce que lĠon reconstitue une partie de son parcours gr‰ce aux Archives de lĠƒcole Polytechnique et ˆ celles de lĠƒcole des Mines. NŽ le 24 juillet 1892 ˆ Paris, il fut reu ƒlve IngŽnieur le 1er octobre 1915, et fut nommŽ ˆ la tte de lĠInspection en 1939, dĠo il fut ŽcartŽ en 1940 ˆ cause de ses origines malvenues en ces temps troubles. Sa situation professionnelle sera rŽgularisŽe au sortir des hostilitŽs par lĠarrtŽ du 9 avril 1945 avec effet rŽtroactif. Il dŽcŽda le 13 avril 1966 dans le 17e arrondissement. Mais comment traversa-t-il exactement la guerre et lĠOccupation ? Nous ne le savons pour lĠinstant pas encore.

[1] Qui nĠest pas un simple quidam, malgrŽ son nom assez commun, car ce Dupont Ç ma”tre de mathŽmatiques È, et donc capable de tracer des plans car enseignant aussi la gŽomŽtrie, avait ŽtŽ chargŽ lĠannŽe prŽcŽdente dĠŽtudier le problme causŽ par les carrires souterraines du point de vue de la sŽcuritŽ publique.

[2] Ç Recueil de pices manuscrites relatives ˆ lĠhistoire des carrires de Paris aux XVIIe et XVIIIe sicles È, par le Groupe Parisien de Recherche sur les Souterrains Paris (İ GPRS 1986).

[3] Voir ce que raconte Pierre-LŽonce Imbert dans ses deux opus : Les catacombes de Paris, paru en 1867, et Paris souterrain, chapitre XI dans Ë travers Paris inconnu (publiŽ en 1876). Cela Žtant corroborŽ par une lettre du mme, dans le fonds manuscrit de la Bibliothque historique de la Ville de Paris et datŽe de fin 1870 dŽbut 1871.

[4] La Commune, par Paul et Victor Margueritte (fils du gŽnŽral de division de cavalerie Margueritte), Žcrit entre VŽtheuil et Paris (1903-1904), et dont la dŽdicace est : Aux vainqueurs et aux vaincus de la Commune dont la bataille sacrilge acheva sous les yeux de lĠŽtranger de dŽchirer la France. Ë ces frres ennemis pacifiŽs dans la mort et lĠoubli nous dŽdions ces pages en horreur et en haine de la plus odieuse des guerres.

[5] Ç LĠami du Latium È, par Marc Lambron, publiŽ le 11/10/1997 dans Le Point http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/2007-01-25/l-ami-du-latium/1038/0/86041.

[6] Aphorisme lors dĠun entretien avec Marie-Douce Albert pour le Figaro du 24 octobre 2002.

[7] Max Planck, physicien, prix Nobel de physique en 1918, dans Autobiographie scientifique, Albin Michel - 1960, p.84

[8] Voir http://blogs.reading.ac.uk/france-under-allied-air-attack/?page_id=392 : France under Allied Air Attack, 1940-1945. Preparing for Bombing : France 1922-1940.

[9] Ibidem (La ÒlŽgifŽriteÓ aigu‘ nĠest pas une maladie gouvernementale rŽcente !)

[10] En janvier 1939, dŽjˆ 23 km de tranchŽes-abris avaient ŽtŽ creusŽes dans Paris intra-muros.

[11] Notons que parmi la population prioritaire lors des premires distributions de cet impedimenta, se trouvaient les boulangers.

[12] Phoney war (pour guerre bidon, et non funny war !) ou sitzkrieg (= guerre assise).

[13] La population ayant finalement ŽtŽ formatŽe pour une telle rŽaction car parfaitement conditionnŽe avec tous ces cours, exercices et travaux pratiques.

[14] L'hŽritage de Vichy - Ces 100 mesures toujours en vigueur, prŽface dĠEmmanuel Le Roy Ladurie (Armand Colin, 2012).

[15] En janvier 1939 cĠŽtait 28 tels PSS qui avaient ŽtŽ construits, dans lesquels les malades devaient tre isolŽs et soignŽs en fonction du type de gaz qui aurait ŽtŽ utilisŽ et donc des atteintes dont ils souffriraient (asphyxiŽs, suffoquŽs, vŽsiquŽs / ypŽritŽs), en attendant leurs transferts aprs le retour au calme dans des h™pitaux dŽdiŽs en fonction de la localisation du PSS.

[16] Voir dans la bibliothque de lĠŽcole : Ç Contribution ˆ lĠinventaire des inscriptions dĠintŽrt historique relevŽes dans les anciennes carrires sous Paris. De la frŽquentation des carrires de Paris par les Žlves de lĠƒcole des Mines lors de la seconde moitiŽ du XIXe sicle È, rapport rŽdigŽ en 1994 par Jean-Luc Largier, Jean Laurent et Gilles Thomas (50 pages). Les dessous de Paris Ç Cartes sur table È, par Gilles Thomas, 1re partie dans Ç XYZ È, nĦ107 (2e trimestre 2006 / rubrique histoire), p.57-63 ; 2e partie dans le nĦ108 (3e trimestre 2006 / rubrique histoire), p.55-62 ; Quand les carrires de la RŽgion parisienne avaient (dŽjˆ) une vocation pŽdagogique, par Gilles Thomas dans Ç SAGA information È (bulletin de la SociŽtŽ Amicale des GŽologues Amateurs), nĦ282, dŽcembre 2008, p.9-24.

[17] Ç TŽmoignage sur la vie de Georges Lipietz aux mines dĠAnzin et le r™le de lĠIngŽnieur en chef Michel Duhameaux È http://lipietz.net/IMG/doc/Te_moignage_sur_la_vie_de_Georges_Lipietz.doc  par Alain Lipietz, DŽputŽ europŽen (honoraire),

[18] Un chamal est, comme chacun sait, le singulier de cet animal ˆ deux bosses que sont les chameaux !

[19] Il a peut-tre aussi ŽtŽ utilisŽ comme h™pital et semble avoir accueil des services dĠintendance.

[20] Ç La TraversŽe du Luxembourg. Ethnoroman dĠune journŽe franaise considŽrŽe sous lĠangle des mÏurs, de la thŽorie et du bonheur È, par Marc AugŽ (Hachette, 1985).

[21] Ë cette Žpoque un lycŽe comprenait Žgalement les classes qui sont de nos jours regroupŽes dans ce que lĠon appelle un collge.

[22] Il est ˆ noter que cette initiale nĠa dŽfinitivement rien ˆ voir avec le service Z mis en place ˆ la veille de la Seconde Guerre mondiale, identifiant tout ce qui Žtait en rapport avec le pŽril aŽrochimique.

[23] Ç LycŽe Montaigne 1885-1985 È, plaquette de 32 pages rŽalisŽe sous la direction de Michel Hano pour le centenaire de lĠŽtablissement.

[24] Ces anciennes carrires souterraines sont fameuses par leurs premiers occupants, les Chartreux, et ce ds quĠon leur attribua le site ˆ partir de 1257.

[25] Dans ses mŽmoires, Suttel signale que si pendant lĠOccupation la progression vers le SŽnat et ses abris Žtait parfois stoppŽe par une porte blindŽe agrŽmentŽe dĠun signal dĠalarme, dans les annŽes 80Ġs les abris des sŽnateurs sont devenus impossibles, mieux sŽcurisŽs que ne lĠŽtaient ceux de lĠƒtat-Major allemand. Ç Ë cette Žpoque, le franchissement de la porte dĠacier provoquait en nous la stimulation angoissante due au danger. È CĠest Gaston Monnerville, prŽsident du SŽnat, qui fit installer au dŽbut des annŽes 60Ġs, devant la tournure des Ç ŽvŽnements algŽriens È, de nouvelles portes blindŽes plus efficaces et doublŽes par des rondes, tandis que le ministre de lĠintŽrieur, Roger Frey, fit murer certains passages et supprimer divers accs.

[26] Notons que lĠusage de cet escalier a ŽtŽ de nos jours ˆ nouveau privatisŽ, en dŽpossŽdant lĠInspection des carrires.

[27] DĠavant le nom et surtout dĠavant la mode !

[28] Ç Inventaire des souterrains et carrires souterraines de France (Quartier gŽnŽral rŽgional de lĠair de lĠOuest franais / Commissariat BIII 12b, Žtabli par lĠarmŽe allemande (Service de gŽologie de la Wehrmacht) 1942-1944 È, traduction par Jean-Paul Delacruz (Recueil par ville et par rŽgion. Traduction de documents dĠarchives allemandes).

[29] Vers 15h45 ˆ la PrŽfecture de Police.

[30] Souvenirs narrŽs par Jacques Friedel, fils du sous-directeur de lĠŽcole en cette pŽriode troublŽe, dans Ç Graine de Mandarin È (Odile Jacob – 1994).

[31] Ç Catacombes et carrires de Paris. Promenade sous la Capitale È, par le docteur RenŽ Suttel, avec une prŽface de Jean Talairach (Žditions SEHDACS 1986 ; puis Žditions du Treuil 1993).

[32] La brigade de Paris, par GŽrard Gauroy (Žditions Fernand Lanore 1981).

[33] CĠest le terme transcrit par lĠauteur, mais il sĠagit certainement dĠautres sous-sols, et plus prŽcisŽment des galeries de carrires sous-minant le secteur.

[34] LĠusage de pseudonymes est un point commun que partagent beaucoup de cataphiles, sŽparant ainsi leur vie civile de surfacien de leur vie souterraine. Il est intŽressant ˆ ce sujet de remarquer que RŽsistance en anglais peut aussi se traduire par Underground !

[35] Sapeur-pompier de Paris de la 14e Compagnie, il fut arrtŽ par la Gestapo ˆ Veretz le 9 novembre 1943 pour ses activitŽs de RŽsistance utilisant les sous-sols de Paris ; il aurait fait passer des personnes par les rŽseaux souterrains parisiens (Žgouts et carrires). DŽportŽ en Allemagne en janvier 1944, il y mourut le 26 dŽcembre 1944, exŽcutŽ dans le camp de concentration de FlossenbŸrg.

[36] Le Bottin mondain de 1942 nous donne cet avertissement succinct concernant le musŽe des Catacombes : Ç Visites provisoirement suspendues È.

[37] Ç Les carrires souterraines peuvent-elles tre amŽnagŽes en abris ? È, par Pierre Devaux, dans La Nature du 1er avril 1936 nĦ2974 T1 p.299-307.

[38] Le raccourci habituel fait que certains parlent de lĠabri utilisŽ par Rol-Tanguy comme Žtant dans les Catacombes, ce qui fait quĠon pourrait lĠimaginer comme Žtant effectivement au milieu des ossementsÉ ce qui se retrouve aussi dans des souvenirs de personnes y Žtant descendus pendant lĠInsurrection, comme quoi !

[39] Communication personnelle de lĠingŽnieur du Service des eaux ƒmile Martin, ce qui donna lĠidŽe de son interview et naissance ˆ un documentaire dans le cadre du Festival du Jeune Reporter en 1994, manifestation parrainŽe par la Mairie de Paris / sous la double direction des Affaires culturelles et de celle de la Jeunesse et des Sports. Ce documentaire (http://www.youtube.com/watch?v=Y_gvOgyKxqc) fut titrŽ Ç De dessous la LibertŽ È.

[40] Lorsque cette ligne de chemin de fer fut ouverte en 1846, son terminus initial Žtait lĠembarcadre de Denfert, future gare du RER de Denfert-Rochereau.. Elle fut Žtendue de deux stations supplŽmentaires en 1895, jusquĠˆ Luxembourg donc, mais les travaux eurent des incidences climatiques en carrires jusquĠˆ lĠObservatoire plus au nord, ˆ cause du percement de puits pour les travaux confortatifs nŽcessitŽs par les changements dans la voie (cf. le Ç Rapport annuel sur lĠŽtat de lĠObservatoire de Paris È pour lĠannŽe 1892 (paru en 1893), rubrique MŽtŽorologie, Astronomie physique, Service de lĠheure, par Wolf (chef du service), p.18-20.

[41] Tandis que pour la fourniture des portes Žtanches la soumission est datŽe du 2 juin 1938, et pour les portes anti-souffles et Žtanches elle est du 6 juillet 1938. Ces trois archives sont conservŽes dans les fonds manuscrits de la Bibliothque de lĠH™tel de Ville.

[42] Fondateur et DG de Presans, il est aussi directeur de lĠExecutive MBA Ç Leading Innovation in a Digital World È de TŽlŽcom Ecole de Management (Institut Mines-TŽlŽcom). DŽtenteur dĠun MBA dĠHEC et dĠun PhD en Physique de lĠAustralian National University, il a remportŽ le Prix de lĠInnovation de lĠƒcole Polytechnique en 2008. PassionnŽ de magie, il rŽsout le RubikĠs Cube en 50 secondesÉ et est fan des carrires et Catacombes de Paris.