Maxime-Eugène BROSSARD de CORBIGNY (1837-1884)

Polytechnique (promotion 1854 ; entré classé 4ème, sorti classé 10ème sur 135 élèves), Ecole des Mines de Paris (entré classé 6ème sur 6 élèves). Corps des mines.
Fils de Charles BROSSARD de CORBIGNY, Conseiller à la Cour royale, et de Charlotte CHICOILET de CORBIGNY. Frère de Charles Paul BROSSARD de CORBIGNY (1822-1900 ; X 1842).

NOTICE NÉCROLOGIQUE
SUR
M. BROSSARD DE CORBIGNY
INGÉNIEUR EN CHEF DES MINES
Par M. E. LORIEUX, ingénieur en chef des mines.

Publié dans Annales des Mines, 8e série, vol. 6, 1884.

Une mort imprévue vient d'enlever au Corps des mines, dans la force de l'âge, un ingénieur qui, pendant vingt-cinq années, l'a dignement représenté dans les départements de l'Ouest. Nos relations communes avec l'Anjou m'ont permis d'apprécier le mérite distingué de notre regretté camarade, et je remplis une mission sympathique en rendant un dernier hommage à sa mémoire.

Maxime-Eugène Brossard de Corbigny est né à Orléans, le 29 mars 1837. Son père, conseiller à la Cour d'appel de cette ville, y a laissé les plus honorables souvenirs. Sa mère, qui vit encore, était fille d'un préfet du premier Empire. Elle a élevé cinq fils, un contre-amiral, un conservateur des forêts, un ingénieur des mines et deux capitaines de frégate. La noble femme, aujourd'hui si éprouvée, a le droit d'être fière !

Notre camarade entrait à 17 ans à l'École polytechnique ; il en avait 22 à peine quand il débutait dans sous-arrondissement minéralogique d'Angers. Avec son activité naturelle et sa vive intelligence, il ne tardait pas à se mettre au courant de toutes les questions relatives à l'exploitation des grandes ardoisières, des mines de houille profondes et irrégulières de Maine-et-Loire, de la Vendée et des Deux-Sèvres. Pour les mesures concernant la sécurité des ouvriers, il faisait preuve, vis-à-vis des exploitants, d'un tact judicieux et d'une réelle compétence.

Durant toute sa carrière d'ingénieur ordinaire, il a professé avec distinction un cours de chimie à l'école instituée par la ville d'Angers, pour préparer les jeunes gens à l'enseignement supérieur. Un auditoire nombreux et assidu se pressait pour entendre sa parole, toujours claire et facile.

Il fut décoré au mois d'août 1870, à la suite d'un sauvetage qu'il avait dirigé avec autant d'habileté que d'énergie. En 1873, les services du professeur étaient récompensés, à leur tour, par les palmes d'officier d'Académie.

Lors de la guerre, il appliqua son intelligente initiative aux travaux de la défense nationale, et contribua notamment à l'installation d'une capsulerie.

Nommé ingénieur en chef en 1879, il était depuis lors chargé du contrôle de la partie la plus importante des chemins de fer de l'État. Il y a maintes fois fait preuve, dans des circonstances délicates, d'un excellent jugement et de connaissances techniques approfondies.

En 1862, il était entré dans une des familles les plus honorables d'Angers, par son mariage avec la seconde fille d'un conseiller à la Cour d'appel, nièce, par sa mère, du premier président à la même Cour.

Dans la société, son esprit naturel et son instruction variée le faisaient rechercher pour l'attrait de sa conversation. Aimé, considéré, entouré d'une famille charmante, il semblait avoir devant lui un long et heureux avenir.

Le 22 septembre, il part avec sa femme et ses deux jeunes filles, pour une excursion de quelques jours Bretagne; à la première étape, au milieu de la nuit, dans une chambre d'hôtel, il est pris d'un subit malaise ; au bout d'une heure, il avait cessé de vivre.

Son souvenir restera cher et honoré parmi nous. Sur sa tombe prématurément ouverte, en quelques paroles émues, devant une assistance sympathique, notre camarade Orsel, dont il avait été le collaborateur, s'est fait l'interprète de nos affectueux regrets.

11 octobre 1884.