Pierre-Louis dit Emile BURELLE (1848-1926)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1869). Ingénieur civil des mines.


Publié dans le Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, juin 1926

Burelle Pierre-Louis, dit Emile, est né à Moulins (Allier), le 25 novembre 1848 ; il était l'aîné d'une famille de cinq enfants (deux garçons et trois filles).

Il fut élevé au collège d'Yseure, près Moulins, tenu par les Pères Jésuites, puis au Lycée de Moulins. Ensuite, il alla à Paris, à l'institution Massin, en 1867-1868, pour préparer l'Ecole des Mines. Il fut, — dans cette institution, qui conduisait ses élèves aux cours des lycées de Paris, — condisciple du futur maréchal Joffre. Il fut admis, comme élève externe, à l'Ecole des Mines, en 1869, et en suivit les cours.

Pendant la guerre de 1870, il fut appelé comme mobile du département de l'Allier, et envoyé avec sa formation en Algérie.

En 1871, il entra à la Compagnie Générale de Bellegarde, société ayant son siège à Genève, et dont un des buts était l'utilisation de la Force Motrice de la perte du Rhône ; il fut placé dans cette société, à la tête d'une fabrique d'acide sulfurique à l'aide de pyrites exploités dans la région. Il y resta jusqu'en 1875.

En 1870, il alla à Rouen comme ingénieur dans la Société de Produits Chimiques Duchemin et Chouillon, où il dirigea la fabrique de cristaux de soude jusqu'en 1877.

En Octobre 1877, il entra comme directeur à l'Union Mutuelle des Propriétaires Lyonnais (U. M. D. P.).

Une société concurrente, La Départementale, beaucoup plus importante, ayant fait de mauvaises affaires, fut mise en vente au Tribunal Civil de Paris. L'U. M. D. P., grâce à des concours financiers, se rendit acquéreur du fonds de la Départementale, le 6 octobre 1884, et s'installa dans les bureaux de cette Société, 20, rue Gasparin, où elle est encore.

M. Burelle s'attela à la réorganisation et au développement de l'U. M. D. P. : il installa le dépôt de la rue Sébastien-Gryphe où sont les écuries et les postes d'aspiration (dans les fosses, par l'air comprimé), l'usine de l'avenue Leclerc, à la Mouche, ainsi que les canalisations souterraines reliant cette usine avec la rue Sébastien-Gryphe.

Il installa à la Mouche la fabrication du sulfate d'ammoniaque, à l'aide des eaux de vidanges, par un procédé qu'il fit breveter ; il fit établir les deux canalisations qui, partant de l'usine, vont jusqu'à Heyrieux d'une part, et a Janeyras d'autre part, afin de permettre la distribution des eaux de vidanges à l'agriculture.

En dehors de l'affaire de l'U. M. D. P. qu'il dirigeait, M. Burelle s'intéressa à beaucoup d'autres questions, parmi lesquelles celles touchant à l'assurance et à l'agriculture.

En avril 1887, il entrait au Conseil d'Administration de l'Union Industrielle, société d'assurances mutuelles contre les accidents, fondée treize ans auparavant par les Industriels lyonnais — dont M. Gigodot, de la maison Gigodot et Laprevote, fabricants de colles, — dans le but d'assurer des indemnités aux ouvriers à leur service victimes d'accidents du travail. En 1888, M. Burelle devient Président du Conseil de cette Société et le resta jusqu'à sa mort.

En décembre 1887, M. Burelle fondait, avec des amis, l'Assurance générale des Eaux et Accidents, dont il devint vice-président, puis Président en 1897, poste qu'il conserva également jusqu'à sa mort.

Pendant quinze ans, M. Burelle fit partie du Comité de Perfectionnement de l'Ecole d'Agriculture, Sciences et Industries de Lyon, et, en 1893, devint Président du Syndicat des Produits Chimiques.

Il n'écrivit pas d'ouvrages, mais à plusieurs reprises fit des communications à la Société d'Agriculture, ou à la Société d'Economie politique, dont il était un membre assidu.

Il fut atteint le dix avril des premiers symptômes de l'hémorragie cérébrale qui devait l'emporter et s'éteignit dans la nuit du 18 au 19 avril, entouré de ses enfants et petits-enfants, ayant gardé pendant sa maladie sa pleine connaissance et l'usage de la parole et de ses mouvements.

Sur sa tombe, M. le Sénateur Coignet, dont il fut un des collaborateurs, prononça les paroles suivantes :

« Messieurs,

« Nous avons eu le regret de perdre, cette année notre Vice-Président, M. Burelle, enlevé à l'affection des siens après une courte maladie. Ancien élève de l'Ecole Nationale des Mines, Directeur, depuis 1877, de l'Union Mutuelle de Propriétaires Lyonnais, pour laquelle il établit à Lyon une usine de sulfate d'ammoniaque, M. Burelle conquit rapidement à Lyon, dans le monde industriel et agricole, la réputation d'un homme à la fois au courant de tous les progrès techniques de l'industrie des engrais et doué du plus ferme bon sens dans toutes les questions d'ordre économique et social, et notamment dans celles d'assurances. Comme Président de la Société d'Agriculture, Sciences et Industries de Lyon, puis comme Président du Syndicat des Produits Chimiques et membre de la Chambre de Commerce de Lyon, M. Burelle rendit les plus grands services à notre cité.

« Entré le 2 mai 1901 dans le Conseil de Surveillance de notre Société, alors qu'elle était sous la forme de Société en commandite par actions, il fut nommé Administrateur lors de sa transformation en Société anonyme en 1914, et Vice-Président de notre Conseil le 28 juillet 1920, M. Burelle a toujours donné le concours le plus éclairé et le plus dévoué à notre Société. Il nous laisse le souvenir d'un collègue aimable, conciliant, et nous serons votre interprète en envoyant à sa famille l'expression de vos plus sympathiques condoléances. »