Benoît Charles Antoine CHATELUS (1813-1866)

Fils de Jean CHATELUS, notaire, et de Catherine GIRARD. Marié et veuf en 1845.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1830, entré classé 94 et sorti classé 5), et de l'Ecole des mines de Paris (entré classé 2 sur 2 admis, l'autre étant le célèbre chimiste REGNAULT). Corps des mines.

Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III

CHATELUS (promotion de 1830 de Polytechnique), est né à Job (Puy-de-Dôme) le 13 juillet 1813, mort le 2 mars 1866, Ingénieur en chef en congé illimité.

Aux débuts de sa carrière, Chatelus, comme tant d'autres Ingénieurs des Mines de cette époque, avait pris et quitté à diverses reprises le service de l'Etat pour celui de l'Industrie privée et inversement. C'est ainsi que, de 1838 à 1840, il dirigea les travaux de la Compagnie de l'Union, à Rive-de-Gier, une de ces associations de mines par lesquelles commença, dans cette région, le mouvement de fusions successives qui devait aboutir, à la fin de 1845, à la création de la grande Compagnie civile des Mines de la Loire, dont la dislocation, en 1854, entre les quatre Sociétés actuelles bien connues, devait tant préoccuper les pouvoirs publics et l'Administration. Dès la constitution à peu près de cette vaste entreprise, en 1846, Chatelus en avait pris la direction technique qu'il garda jusqu'en 1848; il en resta l'ingénieur-conseil, lorsqu'il eut cédé la direction à Houpeurt, un autre Ingénieur des Mines. Chatelus était retourné au service de l'État après la Révolution de 1848; des Mines il passait aux chemins de fer; à la fin de 1849, il était nommé, au Ministère des Travaux publics, chef de la Division des chemins de fer, en remplacement de de Boureuille, devenu chef de la Division des Mines. De 1849 à la fin de 1853, où il résilia ces fonctions, Chatelus prit, à ce titre, une part importante à la réorganisation du réseau français qui se poursuivait à cette époque; sa Division résumait toute l'Administration centrale des chemins de fer.

En 1853, il abandonna définitivement l'Administration pour de vastes entreprises de chemins de fer en Espagne et en Portugal; il s'est spécialement occupé de la ligne de Madrid à Sarragosse, dont il a été le fondateur et le créateur.


Allié aux frères Pereire, Chatelus devient en octobre 1953 vice-président de la Compagnie du Grand Central qui devient propriétaire de 150 km de chemins de fer entre lme Rhone et la Loire. En 1855, ce réseau est apporté au Syndicat du Bourbonnais, qui concerne la ligne Paris-Lyon et ses extensions. En 1856, l'Etat arrête d'autoriser le Grand Central à se financer par emprunt, ce sui oblige une redistribution des rôles parmi les compagnies ferroviaires. Le Frand Central est liquidé en juin 1857.

Pressentant la disparition du Grand Central, Chatelus reste allié aux frères Pereire pour développer les chemins de fer du Nord de l'Espagne. L'histoire des adjudications de lignes espagnoles est marquée par des alliances secrètes ou officielles et des trahisons en cascade.

Une compétition eut lieu en Espagne pour l'adjudication de lignes de chemin de fer, essentiellement entre le duc de Morny et le banquier James de Rothschild.
Les frères Pereire et Rothschild essayaient tous deux de développer leurs positions en Espagne.
Une ordonnance royale espagnole du 11 mars 1856 approuva la vente aux enchères tenue le 8 mars, octroyant la concession ferroviaire de Madrid à Saragosse au comte de Morny, président de la Compagnie des chemins de fer du Grand Central de France, à Chatelus, à Gustave Delahante et au comte Léopold Le Hon. Cette ligne fut inaugurée par le roi le 16 mai 1863.

Chatelus s'allia en 1857 avec José de Salamanca, et avec Gustave Delahante, pour construire le chemin de fer de Saragosse à Pampelune.