Raoul COSTEAU (1847-1886)

Polytechnique (promotion 1867, sorti classé 108ème sur 124 élèves), Ecole des Mines (promotion 1869). Ingénieur civil des mines.

Né le 18 avril 1867 à Melun (77). Décédé le 5 octobre 1886.
Fils de Jacques Alexis COSTEAU, notaire, et de Céline RIGUET. Beau-père de Robert Emile François Marie PEYNAUD (1871-1957 ; X 1890).


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, Novembre-décembre 1886

Notre camarade Costeau vient d'être subitement enlevé à l'affection de sa famille et de ses amis, et notre Association perd en lui un de ses membres les plus dévoués ; les occupations de Costeau ne lui permettaient pas d'être aussi assidu à nos réunions qu'il l'eût souhaité, mais tous ceux qui l'y ont rencontré se rappellent l'entrain et la franche cordialité qu'il y apportait.

Costeau était passé par l'Ecole polytechnique lorsqu'il entra à l'Ecole des mines ; à sa sortie, il fut envoyé à l'étranger dans une usine de constructions métalliques pour surveiller l'exécution d'une importante commande de matériel; il y passa plusieurs mois. Il mit ce temps à profit non seulement pour compléter son éducation technique, mais aussi pour vivre auprès des ouvriers, qu'il voulait apprendre à connaître, et à côté desquels il se mit à travailler, prenant résolument sa part de leurs plus rudes labeurs. Il y a quelques mois, un de nos camarades que ses affaires appelaient dans cette usine, constatait combien tous, ouvriers et patrons, aimaient à se souvenir de Costeau. A la suite de ce stage, qu'il avait su rendre si fécond en enseignements de toutes sortes, il eut à diriger, dans les Pyrénées, l'exploitation d'une mine de manganèse ; il y resta plusieurs années, toujours actif et infatigable, communiquant à tous ceux qui l'entouraient cette bonne humeur et cet entrain qui étaient le fond de son caractère. C'est de là qu'en vue d'importants travaux à exécuter, il fut appelé à la direction du matériel de la Compagnie des eaux de Vichy; après avoir mené son oeuvre à bonne fin, il vint se fixer à Paris, où l'attiraient des raisons de famille ; il y resta, pendant de longues années, l'ingénieur conseil de la Compagnie. Il fut chargé, à l'Exposition universelle de 1878, de l'installation d'une partie des machines outils, puis devenu le conseil de plusieurs grandes Sociétés industrielles, il eut à remplir de nombreuses missions à l'étranger; pendant ces longs et pénibles voyages, ni la maladie, ni les accidents, ni les difficultés d'aucune sorte ne purent rebuter sa prodigieuse activité; au moment où la mort l'a surpris, il songeait à se rendre en Amérique, à peine remis d'une chute de cheval, en Algérie, dans laquelle il s'était cassé un bras.

Nommé, depuis plusieurs années, expert près le Tribunal de commerce, il avait été promptement remarqué par ses collègues pour la netteté et la justesse de ses appréciations, en même temps que pour sa grande compétence technique ; et que d'arrangements amiables sa bonne humeur savait amener !

Malgré ses occupations si multiples, Costeau n'avait jamais cessé de penser aux questions de théorie pure ; on le trouvait toujours s'y intéressant; tel nous le montre un savant mémoire que couronnait l'an dernier la Société des Ingénieurs Civils ; combien de fois n'a-t-il pas manifesté à ceux qui l'entouraient son regret de ne pouvoir exclusivement se consacrer aux recherches théoriques.

La vie trop courte de Costeau a été toute de travail ; il vient de tomber, dans la force de l'âge, victime d'un mal implacable et soudain; il laissera le souvenir d'un ingénieur distingué, au coup d'oeil sûr et au jugement droit, dans la mémoire de tous ceux qui ont pu le voir à l'oeuvre.

F. FABRE.



Costeau, élève de Polytechnique
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