Arthur GAMBARO (1836-1911)

Né le 13/3/1836 à Paris.

Il fut admissible à Polytechnique.
Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1857) : admis à suivre les cours préparatoires le 8/9/1856, classé 16 ; admis comme élève externe le 1/8/1857, classé 7 ; breveté le 2/6/1860, classé 17. Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, Septembre-Octobre 1911

Nous venons d'avoir la douleur de perdre notre camarade M. GAMBARO, ingénieur honoraire de la Compagnie de l'Est, qui, pendant les trente-quatre années qu'il a dirigé le service des combustibles de cette Compagnie, a rendu, à cette Compagnie comme à l'industrie des chemins de fer en général, des services qui méritent d'être signalés.

M. GAMBARO, né le 12 juillet 1836, est entré à l'École des Mines en 1857. Admis à la Compagnie de l'Est en 1862, il a été, attaché à l'ingénieur en chef du matériel et de la traction pendant neuf années, au cours desquelles il s'est occupé indifféremment de toutes les parties du service. C'est ainsi que le 6 août 1870, il se trouvait à Forbach et effectuait en présence de l'ennemi, pendant la bataille, l'évacuation de convois de poudre, de munitions et de vivres, dans des conditions qui lui valurent les félicitations et de ses chefs et du général Frossard, commandant le 2° corps d'armée.

Après la guerre, en décembre 1871, M. GAMBARO fut chargé de créer le service des combustibles de la Compagnie de l'Est ; il mit ce service sur pied dans des conditions particulièrement difficiles et resta à sa tête jusqu'au moment où il prit sa retraite, au mois d'avril 1905.

Jusqu'à la guerre, la Compagnie de l'Est avait consommé en majeure partie des combustibles du bassin de Sarrebruck ; après l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine à l'Allemagne, il fallut recourir à d'autres sources ; or à ce moment, les bassins du Nord et du Pas-de-Calais ne produisaient guère plus de 4 millions de tonnes de houille et il convient d'ajouter que les menus, c'est-à-dire 6O à 80 % de la production des mines, étaient considérés comme inutilisables tout particulièrement par les chemins de fer, dont les machines étaient construites pour brûler du coke ou de la grosse houille.

M. GAMBARO, toujours très renseigné et habile négociateur, réussit à faire face à toutes les difficultés ; il sut favoriser l'initiative des industriels qui cherchaient le moyen d'utiliser les menus sous forme d'agglomérés en faisant brûler des briquettes dans les machines du réseau de l'Est, dès l'apparition de ce genre de combustible et, finalement, s'inspirant de l'exemple des chemins de fer belges, qui, sous l'impulsion de Belpaire, étaient arrivés à brûler une notable proportion de menus dans leurs locomotives, il sut acclimater l'emploi des poussiers sur le réseau de l'Est, malgré la résistance due à la routine du personnel et malgré les difficultés résultant d'un matériel qui n'avait pas été construit en vue de l'emploi de ce combustible.

En 1877, le réseau de l'Est avait consommé moins de 1.000 tonnes de menus, c'est-à-dire une quantité absolument insignifiante ; en 1885, il en consommait 200.000 tonnes, soit 43 % de sa consommation totale et l'économie réalisée au cours de ces huit années était évaluée à 5 millions. Si l'on tient compte que l'exemple du réseau de l'Est a été rapidement suivi par tous les autres réseaux, que la consommation annuelle des chemins de fer va sans cesse en augmentant et que la proportion de menus consommée a atteint à un moment donné 80 %, on peut dire que l'initiative prise par M. GAMBARO a orienté les chemins de fer français vers une voie qui leur a permis de réaliser des économies considérables.

Il convient de dire que les résultats remarquables auxquels était arrivé M. GAMBARO, grâce à sa ténacité, lui valurent en 1885 des félicitations toutes spéciales du Conseil d'administration de la Compagnie de l'Est.

M. GAMBARO ne s'occupait pas seulement des questions de combustibles, il avait inventé un frein ingénieux, s'appliquant sur le moyeu des roues, qui a été employé sur les omnibus de la Compagnie de l'Est et dont le brevet lui a été acheté par une Société de construction.