Patrick Stéphane KRON (né en 1953)

Polytechnique (promotion 1973, major de sortie). Corps des mines

Il commence sa carrière au ministère de l'Industrie en 1979 : d'abord à la DRIRE des Pays de la Loire (1979-1983), où il est chargé de mission à la mission régionale et auprès du président de Région, ensuite à la Direction générale de l'Industrie du ministère (1983-1984).

Entré en 1984 dans le groupe Pechiney, il y occupe diverses fonctions. Il est affecté à l'usine de Saint-Nicolas de la société Aluminium de Grèce, dont il devient le directeur général de 1985 à 1988. De retour en France, il est successivement directeur du département spécialités métalliques, poste qu'il cumule avec la direction du contrôle de gestion du groupe et directeur du département électrométallurgie. Appelé au comité exécutif de Pechiney en 1993, il supervise diverses activités industrielles : composants et systèmes, électrométallurgie et produits carbonés, puis emballage pour alimentaire, hygiène-beauté. Parallèlement, entre entre 1993 et 1997, il occupe le poste de président du groupe Carbone Lorraine, spécialisé dans les composants électriques.

En 1998, il est nommé président du directoire d'Imétal (matériaux de construction, minerais, transformation des métaux). Le 21 septembre 1999, Imétal change de nom et devient Imerys, pour affirmer son recentrage sur la valorisation des métaux et son abandon des métaux non-ferreux (vente des sociétés Copperweld en Amérique du Nord).

Membre du conseil d'administration d'Alstom à partir de juillet 2001, il devient directeur général d'Alstom en janvier 2003, puis président-directeur général en mars 2003. Dans une interview aux Echos, publiée le 8 octobre 2008, il déclare que Alstom va bien, a pour plus de 2 ans de carnet de commandes, une bonne trésorerie et de bonnes perspectives de croissance à moyen terme.


L'article suivant est paru dans LES ECHOS, 6 novembre 2002

Patrick Kron, un X-Mines plein d'humour mais rigoureux

Difficile d'imaginer contraste plus grand entre l'inspecteur des finances empreint d'une réserve toute britannique qu'est Pierre Bilger et son successeur aux commandes d'Alstom. Volubile et décontracté, Patrick Kron, 49 ans, a gardé de sa formation d'ingénieur (X, Mines) le goût de comprendre et d'expliquer "comment ca marche" aux néophytes. Une propension qu'il a mise à profit à la tête d'Imerys lorsqu'il s'agissait d'expliquer à ceux qui ne les connaissaient pas encore les métiers du groupe industriel inconnu du grand public, mais dont le savoir-faire dans les pigments, additifs et autres minéraux pour réfractaires entrent dans la fabrication de produits de tous les jours : peinture, dentifrice, papiers, carrelages, matériaux de construction, mais aussi l'acier ou les téléphones portables. En plus de ses qualités (un peu convenues mais de rigueur dans sa position) de travailleur infatigable et rigoureux « pigeant » tout au quart de tour, un ancien collaborateur, comme Claude Cocozza, aujourd'hui patron de Carbone Lorraine, parle à son sujet d'humour et de drôlerie ainsi que d'une « grande capacité à convaincre, indispensable au travail en équipe ».

Après un passage obligé au ministère de l'Industrie, Patrick Kron entre en 1984 chez Pechiney pour diriger un an plus tard la filiale Aluminium de Grèce. Un début faussement dilettante qui ne l'empêchera pas de faire très vite ses preuves de manager. Chargé du contrôle de gestion du groupe, il acquiert une large expérience industrielle en supervisant plusieurs des activités hors aluminium du groupe : composants et systèmes, électrométallurgie, emballages pour l'agroalimentaire, dont il sera chargé de redresser la filiale américaine.

Appelé au comité exécutif de Pechiney en 1993, il préside parallèlement, jusqu'en 1997, son ancienne filiale spécialisée dans les composants électriques, Carbone Lorraine. Un an plus tard, il prend les rênes d'Imetal, très vite rebaptisé « Imerys ». Un changement de nom symptomatique du virage stratégique négocié au début des années 90 par les principaux actionnaires du groupe, Albert Frères et Paul Desmarais.

Le groupe abandonne alors l'univers des métaux non ferreux - trop cyclique et pas assez lucratif - pour se développer dans la valorisation des minéraux et des matériaux. Des métiers où, à condition d'occuper une place de leader implanté mondialement et en proposant à ses clients une réelle valeur ajoutée et des services, les prix peuvent se négocier à la hausse, même en période de basses eaux. Patrick Kron accélérera encore le processus en rachetant English China Clay, qui fera notamment d'Imerys le numéro un mondial des pigments blancs (kaolin).

V.L.