Salvador de MADARIAGA Y ROJO (1886-1978)

Né le 23/7/1886 à La Corogne (Espagne).

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1906, à titre étranger) et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1908). Ingénieur civil des mines étranger.

Grand-croix de la Légion d'honneur.


Publié dans La Jaune et la Rouge, 1979 et extrait du journal ABC (de Madrid) du 7 janvier 1979.

SALVADOR DE MADARIAGA (06)
Un aperçu sur sa vie et son oeuvre

De la même génération que Ortega, Azaña, Eugenio D'Ors, Madariaga naît à La Coruña en 1886. Il fait ses études secondaires à Madrid et à Paris, puis obtient à Paris le diplôme d'ingénieur des Mines, profession qu'il n'exerça qu'entre 1912 et 1916. Au cours de ces années, il écrit sous un pseudonyme dans la presse, sur des sujets français et anglais principalement. En 1912, il se marie avec Constance Archibald, à Glasgow ; de cette union naquirent trois filles.

En 1913, il souscrit au manifeste qui crée la Liga de Educacion Politica, ainsi que Ortega, Azafia, Azcàrate, Américo Castro, Luis Araquistàin. Ce manifeste, au début du siècle, représente un dépassement de la pensée individualiste qui caractérisait la génération de 98. En 1916, il décide de suivre sa vocation littéraire et se rend à Londres où il collabore au Times.

En 1921, il entre au Secrétariat de la Société des Nations, et un an plus tard est nommé directeur de la section Désarmement, poste auquel il renonce en 1928 pour prendre possession de la chaire de littérature espagnole nouvellement créée à l'Université d'Oxford, chaire qu'il occupe pendant 4 ans.

Pendant la République espagnole, il est successivement ambassadeur à Washington (1931) et à Paris (1932), Ministre de l'Instruction publique et de la justice en 1934, pendant cinq semaines. En 1935-36, il est délégué de l'Espagne à la Société des Nations.

Il part pour l'étranger dès le début de la guerre civile, fait de fréquents voyages en Amérique Latine, réside en Angleterre (où il enseigne la littérature espagnole à Oxford), et actuellement, il vivait à Locarno, en Suisse.

La personnalité de Salvador de Madariaga est peut-être plus reconnue à l'étranger qu'en Espagne. Libéral, de tempérament modéré, intellectuel lié à la culture du monde anglo-saxon et européen, écrivant indifféremment en espagnol, en français ou en anglais, son oeuvre a été bien souvent une inconnue pour la majorité des critiques espagnols.

D'autre part, il est difficile de cataloguer Salvador de Madariaga, étant donné qu'il a abordé des genres aussi variés que l'essai, l'histoire, le roman ou le théâtre.

Salvador de Madariaga fut un auteur particulièrement fécond ; nous pouvons relever parmi ses livres les plus importants : Shelley and Caldéron (1920), Romances de Ciego (1922), La fuente serena (1928), Rosa de cieno y ceniza (recueil de poésie), The Genius of Spain (en anglais en 1923, et en espagnol : Semblanzas literarias contemporâneas, 1924), Guîa del lector del Quijote (1926), Englishmen, Frenchmen, Spaniards (1928) ; en espagnol : Ingleses, franceses y espanioles, (1929), Anarquia o jerarquia (1935), Bosquejo de Europa (1951). Dans le genre biographie et histoire : Espana, ensayo de historia contemporanea (1930), Vida del muy magnifico señor don Cristobal Colon (1940), Hernan Cortés (1941), Cuadro historico de las Indias (1945) ; en anglais : The Rise and The Fall of the Spain American Empire, Bolivar (1949). Dans le domaine du théâtre : Campos Eliseos (1939), El toisôn de oro y Don Juan (1950), La muerte de Carmen, Mio Cid, Don Carmen. Romans : La jirafa sagrada (1924), Arceval y los ingleses (1925), El enemigo de Dios (1936), Ramo de errores (1952), La camarada Ana (1954) ; La série romanesque « Equiveles y Manriques », qui comprend El corazôn de piedra verde (1942), Guerra en la sangre (1957) et El semental negro (1961). On peut aussi relever, en relation avec l'histoire de la colonisation américaine (Los Pizarros en el Peru), Una gota de tiempo (1958), Sanco Panco (1964).

Parmi ses dernières oeuvres figurent América Latina, entre el àguila y el oro ; Espanioles de mi tiempo, Dios y los espanioles.

En novembre 1963, Salvador de Madariaga obtint le prix Han Deutsh ; en août 1967, le prix Goethe de la Fondation FVS de Hambourg ; en 1968, il obtint en Espagne le prix Mariano de Cavia ; en 1973, il reçut le prix Charlemagne de la ville d'Aix-la-Chapelle (Allemagne) ; ce prix est décerné par la ville d'Aix-la-Chapelle à la personnalité la plus illustre d'Europe occidentale.

Madariaga était doctor « honoris causa » de sept universités américaines et européennes, parmi lesquelles celle d'Oxford.

Elu académicien en 1936 [à Madrid], ce n'est que quarante ans plus tard qu'il prononce son discours de réception à l'Académie, discours intitulé « De la belleza en la ciencia » (De la beauté en matière de sciences). Il collabore depuis 1968 à la presse périodique espagnole. Souffrant d'une maladie cardiaque, il meurt à Locarno le 14 décembre 1978.


Publié dans d'Hephaistos à Sophia Antipolis, Gabriel Arlet, éditions GEDIM, 1991 :

La promotion admise en novembre à l'Ecole de Paris comprend six élèves-ingénieurs dont Léon Daum et Georges Painvin, plus trente-deux externes dont Salvador de Madariaga.

Salvador de Madariaga honore l'Ecole. Galicien d'origine, il termine ses études secondaires au collège Chaptal. Reçu à Polytechnique, il suit ensuite les cours à l'hôtel de Vendôme, de 1908 à 1910. Les cinq années suivantes, ingénieur au Corps des Mines espagnol, il est affecté aux chemins de Fer du Nord de l'Espagne. En 1921, il entre au secrétariat de la Société des Nations et commence une carrière diplomatique. En 1931, il est ambassadeur à Washington et trois ans plus tard à Paris. Peu après, il sera ministre de la Justice et de l'Instruction publique du gouvernement espagnol puis occupera ensuite de très nombreuses et importantes responsabilités au sein des mouvements européens. Auteur d'un grand nombre d'ouvrages en espagnol, anglais et français, docteur honoris causa de plusieurs universités, médaille d'or de l'Université de Yale, membre de l'Académie espagnole des sciences morales et politiques de Madrid, il sera en 1929 élu membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques) à titre étranger.