François MATHET (1823-1908)

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1849 ; sorti en 1852 classé 2ème). Ingénieur civil des mines.

Né le 18/12/1823 à Lyon. Décédé le 16/1/1908 à Paris.

Entré comme ingénieur aux Mines de la Grand'Combe en juin 1852. En août 1856, il quitte la Compagnie pour aller comme ingénieur principal aux Mines de Ronchamp (Hte Saône), qu'il dirige jusqu'en 1875. Il devient alors ingénieur en chef et directeur de l'exploitation des Mines de Blanzy. Il devient président du district de Bourgogne de la SIM.


Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des Mines (janvier 1908)

Paroles prononcées sur la tombe de M. François Mathet par Ed. Gruner, le 19 janvier 1908.

Je viens, au nom de l'École des Mines de Paris et de la Société de l'Industrie minérale, saluer la mémoire de notre doyen aimé et vénéré.

Depuis bien des années, nous aimions à retrouver à nos réunions cet ancien si alerte, si aimable, si bienveillant pour tous, dont la verte vieillesse semblait défier les atteintes de l'âge.

Il n'y a guère qu'un an, le 8 décembre 1906, tous les jeunes camarades applaudissaient avec enthousiasme les réminiscences d'un lointain passé que notre doyen était venu leur apporter en leur disant ce qu'était la « Mine au moyen âge ». Quelle jeunesse, quel entrain il avait conservé, ce camarade qui comptait pourtant après lui près de soixante générations de jeunes ingénieurs.

Elle est lointaine, en effet, cette année 1852 où François Mathet débutait aux Mines de la Grand'Combe, où l'avait appelé Paulin Talabot, le créateur des chemins de fer dans le Gard, le futur organisateur du réseau P.-L.-M.

Quatre années ne s'étaient pas écoulées que déjà Callon venait le chercher pour lui confier le poste d'ingénieur principal aux Mines de Ronchamp, où Mathet devait passer dix-neuf années de sa vie, groupant, jour par jour, les multiples éléments d'une magistrale étude que publiait l'Industrie minérale en 1881.

Entre temps, Mathet avait été appelé à exercer son activité sur un théâtre autrement vaste. MM. Chapot lui avaient confié, en 1875, le poste d'ingénieur en chef de la Grande Compagnie de Blanzy.

Pendant vingt-et-une années, Mathet occupa avec distinction ces difficiles fonctions, ayant à lutter contre les feux dans un gisement irrégulier, imprudemment attaqué jadis à des niveaux les plus divers.

C'est à l'air comprimé, d'un emploi encore peu courant, que Mathet eut recours sur une grande échelle dans ce combat journalier. Le nom de Mathet restera toujours attaché à cette belle installation des Allouettes qui a été pendant bien des années le modèle des usines productives d'air comprimé.

Quand, à l'âge de soixante-treize ans, en 1896, Mathet résigna ses fonctions actives et quitta Blanzy, après quarante-quatre années de service dans les houillères, ce ne fut point encore pour prendre un repos pourtant bien mérité, ce fut pour aller porter, aux entreprises françaises à l'étranger, en Espagne, en Pologne, les lumières de son expérience.

Infatigable au travail, Mathet ne s'était point laissé absorber par les obligations journalières du métier, il avait su trouver le temps de grouper les résultats de ses études sur Ronchamp, les observations recueillies au cours d'un voyage en Angleterre, les conclusions de ses recherches sur l'emploi de l'air comprimé, soit comme outil de travail, soit comme auxiliaire dans la lutte contre le grisou.

Tous ces travaux avaient à juste titre attiré sur Mathet l'attention du gouvernement, et tous ses collaborateurs furent heureux de le voir décoré de la Légion d'honneur. Ce fut une fête pour tous, car par tous Mathet avait su se faire estimer et aimer.

Il eut la joie de voir grandir autour de lui une nombreuse famille.

C'est à tous ses membres si profondément affligés que nous venons, nous, camarades et collègues de l'Ecole des Mines et de l'Industrie minérale, exprimer notre cordiale sympathie au milieu de leur grande douleur.

Celui qui a achevé sa course ici-bas vous a quittés pour un monde meilleur, et c'est dans cette foi qui vous a toujours soutenus dans les épreuves de la vie que vous trouverez la force pour supporter la séparation momentanée avec cet époux, ce père, cet aïeul aimé.