Louis MERLE (1862-1936)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1883) : il entre aux cours préparatoires le 21/8/1882, classé 10 ; admis comme externe le 19/9/1883, classé 20, il démissionne en 1884. Il a suivi le cycle d'ingénieur civil des mines.


Revue de l'Aluminium et de ses Applications, n° 84, 1936 :

UN AMI ET COLLABORATEUR D'HÉROULT : LOUIS MERLE

UN des premiers, un des meilleurs et des plus fidèles amis d'Héroult, auquel il apporta, dès les premiers essais de Gentilly, une aide financière et une collaboration technique et matérielle qui furent alors précieuses au jeune inventeur, Louis Merle est mort, le 17 mars 1936. Il était administrateur de la Compagnie de Produits chimiques et Electrométallurgiques Alais, Froges et Camargue où il représentait la double tradition de l'ancienne production chimique de l'aluminium au moyen des procédés de Sainte-Claire Deville, par l'œuvre de son père Henry Merle à Salindres, et la fabrication électrolytique moderne du métal, par son amitié et sa collaboration avec Héroult. C'est assez dire combien un hommage est dû à sa mémoire.

Louis Merle naquit à Ales, le 9 décembre 1862. Son père, Henry Merle, ancien élève de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures, s'était marié en 1857 et dirigeait l'usine de produits chimiques de Salindres, qu'il avait fondée avec l'aide de capitaux lyonnais. On conserve encore, dans la maison familiale Merle, à Ales, une statue d'un mètre de haut de la Vénus de Milo exécutée à l'époque avec l'aluminium de l'usine de Salindres, valant alors 80 francs le kilo. Les productions d'Henry Merle lui valurent plusieurs médailles d'or aux expositions, notamment à celle de 1867. Lorsqu'il mourut en 1876, à l'âge de 52 ans, il eut pour successeur Péchiney.

Louis Merle, après ses études au lycée de Nîmes et un temps de préparation à l'Ecole Polytechnique, passa un an au Polytechnicum de Zurich et suivit enfin les cours de l'Ecole des Mines de Paris. Ce fut là qu'il fit la connaissance d'Héroult et qu'il réunit, avec Kerguistel et Longuet, les premiers milliers de francs qui constituèrent le capital des essais de Gentilly. On a lu d'autre part qu'il prit une part effective aux laborieux travaux des premiers essais.

Ce fut encore Louis Merle qui tenta de mettre Héroult en rapport avec Péchiney et qui, quelque temps après, participa aux pourparlers d'Héroult avec Dreyfus, Munerel et Viard pour la fondation de la Société Electro-métallurgique Française.

Le 18 mars 1890, Louis Merle épousa la fille de M. Albert Massé, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, venu prendre la direction de l'usine de Froges, où Louis Merle venait lui-même fréquemment retrouver son ami Héroult. [Albert Massé, né en 1840 à Reims ; X 1858, sorti classé 14 sur 91 élèves de Polytechnique, est le fils de Pierre Massé et de Adélaïde Eugénie WENCELIUS]

Louis Merle, d'une modestie naturelle et d'une nature peu communicative, avait des qualités remarquables d'intelligence, de jugement droit et sûr, appuyées d'un grand bon sens et agrémentées d'une extrême bonté qui le rendaient sympathique à tous ceux qui l'ont approché. Son érudition était très étendue et il la devait non seulement à ses études et à ses lectures, mais pour une bonne part à sa connaissance des multiples pays où il eut l'occasion de voyager à diverses reprises avec sa femme. Il était un fidèle habitué des Croisières de la «Revue des Sciences», il avait effectué en 1899 un voyage autour du monde avec Héroult et avait séjourné aux Indes en 1913-1914.

Malade depuis plusieurs années, mais entouré de soins vigilants par sa femme qui fut pour lui une compagne parfaite et dévouée pendant 46 ans, Louis Merle fut emporté par une crise d'urémie le 17 mars 1936, en laissant autour de lui les regrets les plus sincères.

Avec lui disparaissait le plus fidèle compagnon d'Héroult et le témoin le plus qualifié de l'évolution de la fabrication de l'aluminium.

J. Bally