Luc Oursel (1959-2014)


Cette photo de Luc Oursel a été prise lors de son allocution, le 14 novembre 2011, dans le grand amphi de MINES ParisTech, à l'occasion du colloque relatif à l'oeuvre de Georges Besse. Luc Oursel s'exprimait alors à la fois en qualité de Président de la Fondation Georges Besse et de président du directoire d'AREVA.
Photo R. Mahl, libre de droits

Né le 7 septembre 1959 à Boulogne-Billancourt. Décédé le 3 décembre 2014.
Fils de Bernard Oursel, colonel des troupes de marine. Marié à Sylvie Delorme, biologiste, fille de Louis Delorme. Père de quatre enfants (Damien, Valentine, Benjamin et Martin) (HEC, médecin, ingénieur, Sciences-Po)

Après avoir étudié au lycée Janson-de-Sailly à Paris, Luc Oursel est admis à l'Ecole des mines de Paris dont il sort avec 2 diplômes : Ingénieur civil des mines (promotion 1978 de l'Ecole des mines de Paris diplômé en 1981) et ingénieur des mines (promotion 1981 diplômé en 1984).

Il débute ses activités industrielles par un stage comme ingénieur du fond à la Compagnie des mines d'uranium de Franceville (Comuf) au Gabon entre 1982 et 1983. En 1984, il obtient son premier poste dans l'Administration à la direction régionale de l'industrie et de la recherche (DRIRE) de Rhône-Alpes comme chef de la division Énergie et sous-sol (son patron est alors Yves MARTIN). À cette époque, il enseigne aussi l'économie des ressources naturelles à l'École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne.

En 1988, il rejoint la direction du gaz, de l'électricité et du charbon, au ministère français de l'Industrie, où il exerce les fonctions de chef du service électricité, puis d'adjoint au directeur du gaz, de l'électricité et du charbon.

En 1991, il intègre le cabinet du ministre de la Défense Pierre Joxe comme conseiller technique, chargé des affaires industrielles, des programmes d'armement et de la recherche, où il côtoie François Roussely qui devient ensuite PDG d'EDF.

À partir de 1993, il rejoint Schneider Electric en qualité de directeur général de la Société d'Appareillage Electrique Gardy, filiale spécialisée dans la production de disjoncteurs et d'appareillages électriques. Puis Luc Oursel est nommé directeur général de Schneider Shanghai Industrial Control, et s'installe à Shangai avec femme et enfants.

En 1998, il devient président-directeur général de Schneider Electric Italia, puis, en 2001, directeur industriel de Schneider Electric. Le PDG Didier Pineau-Valencienne veut en faire son dauphin chez Schneider, mais nomme finalement Henri Lachmann. Luc Oursel quitte le groupe Schneider en 2001 en raison d'un désaccord avec Henri Lachmann.

Il intègre en 2002 le groupe Sidel comme directeur général adjoint responsable de Sidel Solutions (ventes, services, ingénierie). Directeur des filiales internationales de Geodis depuis septembre 2004, il en est devenu directeur général en 2006.

En janvier 2007, Luc Oursel est nommé président d'Areva NP, membre du comité exécutif d'Areva et du comité exécutif nucléaire d'Areva. En mars 2007, il est nommé membre du directoire d'Areva. Puis il s'est occupé du chantier de l'EPR finlandais de Olkiluoto. En 2009, il devient directeur général adjoint chargé des opérations du nucléaire.

Le 31 décembre 2010, Luc Oursel est promu Chevalier de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy et se fait remettre sa décoration par Didier Pineau-Valencienne.

AREVA est en graves difficultés dès la catastrophe de Fukushima (mars 2011), et les déficits liés à la construction de l'EPR finlandais pèsent déjà lourdement sur les comptes. Les relations entre dirigeants d'AREVA et d'EDF sont franchement mauvaises, et il est reproché à Anne Lauvergeon de s'être fait duper dans l'achat de mines d'uranium. Le 16 juin 2011, Luc Oursel est désigné pour succéder à Anne Lauvergeon à la tête d'Areva par décision présidentielle. Cette décision est validée le 21 juin 2011 par le Conseil de surveillance du groupe. Président du groupe, ses objectifs furent, parmi les nombreux dossiers en cours, de créer une filiale pour les mines d'Areva et de vendre des centrales nucléaires à l'étranger. Il est surnommé en interne « Kung Fu Panda » en raison de colères mémorables. L'arrivée des socialistes au gouvernement crée une polémique sur le salaire des patrons de groupes industriels appartenant à l'Etat français, et il est décidé de réduire le salaire annuel de base du PDG d'AREVA (680.000 Euros en 2011) à 450.000 Euros, indépendamment de sa performance. Cette décision à caractère dogmatique ne put évidemment pas être appliquée.

La situation de AREVA au terme de la présidence de Luc Oursel apparaît mauvaise, pour les mêmes raisons qu'en juin 2011 : les difficultés relatives au réacteur EPR en Finlande et l'accident nucléaire de Fukushima incitent les décideurs à chercher leur énergie électrique en dehors du nucléaire. En outre, le contexte politique français où les politiciens socialistes cherchent l'alliance des écologistes, mène le gouvernement à réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité. Sans imputer directement la faute à Luc Oursel, Philippe VARIN qui lui succède à la tête d'AREVA parlera de « décisions malheureuses », d'une « déficience » dans la gestion de ses grands projets et d'un « manque d'adaptation » après l'accident de Fukushima, le tout se soldant par une perte nette du groupe affichée en 2014 de 4,8 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 8,3 milliards d'euros, et une dette nette du groupe de 5,8 milliards d'euros fin 2014.

Luc Oursel a été un amateur d'opéra, de natation, de lecture, de sports de montagne et de cyclisme.
Il était catholique pratiquant.


Luc OURSEL (P78/CM81)

par Jean-Pierre Clamadieu (P78/CM81) et François Lefebvre (P80)

Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #477, Janvier/Février 2015.

Notre camarade et ami, Luc Oursel, nous a quittés le 3 décembre 2014 après un combat courageux contre une implacable maladie qui l'avait obligé à se mettre en congé de la direction du groupe Areva, quelques semaines auparavant.

Nous lui avions rendu hommage, dès le lendemain, à l'occasion de notre célébration annuelle de la Sainte Barbe.

Luc Oursel était rentré chez Areva il y a sept ans et en avait pris la direction en 2012. Il a assumé jusqu'au bout la direction d'un groupe soumis à une pression considérable, notamment depuis la catastrophe de Fukushima qui a eu des conséquences majeures sur le développement de l'industrie nucléaire mondiale.

Ingénieur Civil (P78) puis au Corps des Mines (CM81), sa carrière a été marquée par une double passion : le service de l'État et le secteur de l'énergie. Dans l'administration d'abord en tant que responsable de la division énergie de la DRIRE Rhône-Alpes et chargé de cours d'économie des ressources naturelles à l'École des Mines de Saint-Étienne puis chef du Service de l'électricité et du charbon à la Direction Générale de l'énergie et des matières premières. Il termina sa carrière dans l'administration en tant que conseiller technique de Pierre Joxe, ministre de la Défense, en charge des affaires industrielles.

Sa carrière le conduisit ensuite chez Schneider où il dirigea des filiales en Chine et en Italie notamment, puis chez Sidel, Geodis et enfin Areva qui lui offrit une opportunité remarquable de servir son pays dans un secteur pour lequel il avait une véritable passion et une légitimité incontestable. À côté de cet engagement professionnel au plus haut niveau, il était aussi membre du Conseil français de l'énergie et président de la Fondation Georges Besse ainsi que de l'Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT).

Et Luc trouvait aussi le temps d'être un membre très actif de la communauté des mineurs. Il avait impressionné par la profondeur de son discours lors de l'accueil d'une promotion de notre École (le texte est disponible sur le site de l'association) puis avait apporté son enthousiasme et son énergie à la campagne de développement menée par la fondation au bénéfice de l'École.

À ceux qui le côtoyaient, il offrait un visage souriant et courtois, tout en manifestant en toute circonstance une soif d'action et une opiniâtreté remarquables. Sa carrière fut comme sa vie, pleine, engagée et dédiée à l'énergie sous toutes ses formes.

Lors de ses obsèques, plusieurs témoignages ont rappelé le caractère bien trempé de cette personnalité d'exception. Engagé dans la vie associative dès ses jeunes années, il a consacré beaucoup d'énergie à l'écoute et au service des autres avant de décliner cet engagement au service de son pays. Il y mettait toute son intelligence, sa capacité de travail et un infatigable optimisme. Autour de Sylvie, son épouse, Damien, Valentine, Benjamin et Martin, ses enfants, de sa famille et de ses amis, une foule nombreuse s'était rassemblée avec les acteurs de l'économie et les représentants de l'administration de notre pays que Luc a si bien servi. Selon la tradition italienne et le souhait de Luc, la sortie du cercueil s'est faite sous des applaudissements nourris d'émotion et de gratitude ... une vie faite d'engagement, bien remplie, arrêtée bien trop tôt.

Jean-Pierre Clamadieu (P78/CM81)
François Lefebvre (P80)

[Note du webmaître : ] D'après certains journaux, l'un des auteurs de cette biographie, Jean-Pierre Clamadieu, se serait vu proposer la présidence d'AREVA en remplacement de Anne Lauvergeon. Il se serait désisté et aurait proposé de nommer Luc Oursel à ce poste.


Voir aussi sur ce site : Allocution de Luc Oursel le 14 novembre 2011