François Olivier Raoul PERRIN (1841-1910)

Polytechnique (promotion 1859, entré classé 10 et sorti classé 3 sur 114 élèves), Ecole des Mines de Paris (entré classé 3 sur 5 élèves). Corps des mines.

Fils de Paul PERRIN (X 1822, officier du génie) et de Antoinette Ange Désirée ROCHETTE. Petit-fils de Olivier Stanislas PERRIN, Maître de dessin, et de Hélène Julienne BARON.
Marié à Claire Adélaïde Blanche LEBON.
Père de André Georges Louis PERRIN (1882-1971 ; X 1903)


DISCOURS PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES
DE M. RAOUL PERRIN
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES
Par M. Nivoit, Inspecteur général des Mines.


le 24 mai 1910

Publié dans Annales des Mines, 10 e série tome 17, 1910.

MESSIEURS,

C'est un douloureux devoir que je viens remplir au bord de cette tombe en adressant un suprême hommage à un de mes amis les plus chers, Raoul Perrin, et me faisant l'interprète de ses camarades de promotion de l'École Polytechnique, de ses collègues du Corps des Mines et de tous ceux qui ont eu le bonheur de connaître cette âme d'élite.

Raoul Perrin est né le 2 décembre 1941 d'une vieille famille dont plusieurs membres se sont signalés dans les arts et les sciences. Après de brillantes études classiques, couronnées par un prix d'honneur au Concours général des lycées de Paris, il entra en 1859 à l'Ecole Polytechnique et en sortit le troisième, en 1861, comme Élève Ingénieur des Mines.

Il fit ses débuts d'ingénieur à Chambéry, où il joignait au service ordinaire des Mines celui du contrôle des chemins de fer. Il eut à s'occuper spécialement dans cette résidence de l'aménagement des eaux thermales d'Aix et de l'étude des anthracites des Alpes.

En 1872, il fut appelé à la résidence de Paris au service des appareils à vapeur de la Seine; puis, en 1883, il fut placé à la tête de l'arrondissement minéralogique du Mans et nommé peu de temps après Ingénieur en chef.

En 1896, il revint à Paris occuper les fonctions d'Ingénieur en chef du Contrôle de l'exploitation technique, d'abord au réseau d'Orléans, ensuite au réseau de l'Est.

Enfin, en 1903, il reçut le grade d'Inspecteur général et fut chargé en cette qualité de la direction du Contrôle de la Compagnie de l'Ouest. C'est là que la retraite vint l'atteindre en 1906, après quarante-deux ans de services administratifs.

La croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1882 et celle d'officier en 1903 étaient venues auparavant récompenser ses travaux.

Telles sont les principales étapes de la carrière de notre ami. Si elle n'a pas été marquée par une de ces actions éclatantes qui frappent l'esprit des foules, c'est que l'occasion lui a manqué ; mais cette vie si simple a été celle d'un bon serviteur du pays, qui mettait son devoir professionnel au-dessus de tout.

Raoul Perrin était d'ailleurs un modeste et un réservé; il était de ceux qui ne savent pas se faire valoir et qui ne se livrent pas du premier coup. Mais quand on avait pénétré dans son intimité, on ne pouvait se défendre de l'aimer pour sa droiture et sa bonté, de l'estimer pour sa conscience, de l'admirer pour sa merveilleuse intelligence et le parfait équilibre de ses facultés. Il était capable de tout aborder et de réussir en tout.

Sa puissance d'assimilation était véritablement surprenante ; son jugement était sûr et clairvoyant; ses avis étaient toujours frappés au coin du bon sens, cette qualité si rare.

Dans les loisirs que lui laissaient ses fonctions administratives, puis plus tard quand il fut en retraite, Perrin aimait à s'occuper de travaux scientifiques. Il avait une prédilection marquée et une aptitude spéciale pour les hautes spéculations mathématiques. Plusieurs de ses mémoires, qui révèlent une grande profondeur d'esprit, ont fait l'objet de communications très appréciées à l'Académie des sciences ou à d'autres sociétés savantes et lui ont valu de flatteuses distinctions. C'est ainsi que la société mathématique de France l'éleva a sa présidence en 1908 et que la société philomathique de Paris lui décerna le même honneur en 1909.

En dehors de la science et de son service d'ingénieur, Perrin ne cherchait d'autre joie que dans son intérieur, au milieu des siens, pour lesquels il avait la plus tendre affection et dont il était adoré.

Puisse le souvenir de cette vie honorable et dignement remplie, puissent les nombreuses sympathies dont ce cercueil est entouré apporter un adoucissement à la douleur d'une famille si durement éprouvée.