Fernand Georges ROBELLAZ (1858-1934)


Robellaz, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Né le 14/10/1858 à Vérone (Italie). Décédé à Paris, le 24 juin 1934.
Epoux (puis veuf) de Elisabeth Blanche Mathilde ESTANOVE.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1881) : il entre au cours préparatoire le 19/8/1878 classé 4 ; il est admis comme externe le 23/8/1880 classé 2 sur 17 élèves ; il effectue un service militaire volontaire en 1882-1883 ; il est breveté le 4/6/1884, classé 6 sur 12 élèves. Ingénieur civil des mines.

Chevalier de la Légion d'honneur (1928).

Il occupa les fonctions suivantes :

Il alla au Calorado et en Californie à 4 reprises entre 1898 et 1902, ainsi qu'au Mexique, Brésil, Chili, en Afrique australe et en Nouvelle Calédonie.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1934 :

Discours prononcé sur sa tombe par M. H. Lafond, ingénieur au Corps des Mines (1919), le 27 juin 1934.

Mon cher Président,

Au seuil de ce tombeau où vous retrouverez des êtres qui vous étaient chers, vos amis tiennent à vous adresser un dernier adieu. La grande affection que j'avais pour vous, et une déjà longue collaboration me donnent le privilège d'être leur interprète.

Nous pleurons en vous, mon cher Président, un beau cerveau et un grand cœur : un ingénieur et un homme.

La carrière de l'Ingénieur a été particulièrement brillante. Sorti de l'Ecole des Mines de Paris en 1884, avec la médaille d'or, M. Robellaz devient le collaborateur de M. FUCHS, Ingénieur au Corps des Mines. La première étape de sa vie est une préparation minutieuse à son activité future; elle va compléter par la pratique l'enseignement de l'école. L'exploitation de l'or en Transylvanie, du cuivre en Nouvelle-Calédonie, lui montrent de près les difficultés qu'ont à vaincre les ingénieurs dans l'exercice de leur art.

Puis vient l'époque des missions d'étude, dont le cadre s'élargit de plus en plus et qui font rapidement de lui un Ingénieur-Conseil apprécié et écouté. L'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, l'Afrique du Sud, la Sibérie, tous les coins du monde le voient tour à tour surgir auprès d'un gisement minier. Le diagnostic qu'il en rapporte est souvent sévère, toujours juste. Sa grande indépendance d'esprit, sa haute probité intellectuelle, jointes aux connaissances approfondies qu'il a accumulées lui permettent de prononcer des avis éclairés dont la qualité devient vite indiscutable.

A ces études innombrables, M. Robellaz acquiert une grande expérience des gîtes miniers et de leur exploitation; les conseils qu'il pourra donner, les succès qu'il a obtenus le désignent bientôt pour les fonctions d'Administrateur de Sociétés minières, et c'est là le troisième tableau du triptyque de sa vie.

Pendant de longues années il apportera le concours de son activité et de sa compétence à de nombreux conseils d'administration, dont beaucoup l'appellent à la présidence.

La liste de ces conseils est trop longue pour trouver sa place ici. Je ferai cependant une exception en faveur de deux Sociétés pour lesquelles il avait une affection particulière : la Compagnie des Mines de Bor, dont la création a été en grande partie son œuvre, et l'Association Minière, qui s'apprêtait à célébrer cette année le vingt-cinquième anniversaire de la présidence de M. Robellaz.

Il y a une dizaine d'années déjà, la Croix de la Légion d'honneur était venue consacrer une existence de labeur et de dignité. Au milieu de ses préoccupations techniques, M. Robellaz avait su conserver une curiosité intellectuelle à l'affût de tous les développements scientifiques : que ce soit en mathématiques, en physique, en médecine même, aucun grand courant ne le laissait étranger.

Toutes ces belles qualités de l'intelligence étaient heureusement complétées par un noble cœur, sans quoi rien n'est vraiment beau. Votre existence entière, mon cher Président, s'est écoulée dans un rare souci du devoir. En voyant se dérouler devant nos yeux le film de votre vie, on ne peut qu'admirer ce sentiment de la droiture et de l'honneur que vous avez toujours et si facilement pu faire passer avant tout. Puisse cette admiration unanime vous être douce.

Vous avez, de votre vivant, trouvé le fruit de votre discipline dans l'estime totale de votre entourage et dans cette récompense suprême du sage : la sérénité d'esprit. Des souvenirs de votre existence laborieuse que vous aimiez tellement rappeler, ne ressortait aucune amertume, aucune désillusion. Chacun des épisodes venait à son heure dans un tout harmonieux où la méchanceté humaine n'avait pas sa place. C'est qu'en effet votre connaissance des hommes, votre expérience de la vie, vous avait conduit à un scepticisme aimable et bienveillant. Jamais je ne vous ai entendu prononcer une condamnation sans rechercher et même susciter toutes les excuses possibles. C'est le signe d'une âme singulièrement forte que cette sévérité extrême pour soi-même alliée à une douce bienveillance pour les autres.

De votre contact fréquent avec les hommes de toutes classes et de toutes races, vous avez rapporté une pitié profonde pour les misères du corps et de l'âme. Aucune douleur, aucune souffrance ne vous étaient étrangères, et jamais prière ne vous fut adressée en vain. La bonté était une de vos qualités essentielles dont vous aimiez peu qu'on vous loue, tellement vous la trouviez éminemment humaine.

Vous avez été arraché à l'affection d'une famille étroitement unie autour de vous, brusquement, dans la plénitude de votre activité, au moment où encore vous veniez d'accepter des tâches nouvelles.

Mesdames, Mademoiselle, nous nous inclinons devant votre douleur. Si ce sentiment peut vous être un secours en ce triste moment, soyez assurées que tous les amis de votre père communient avec vous dans l'affection pour la grande figure qui vient de disparaître.