Pierre-Gustave BILLION du ROUSSET (1842-1906)


Billion du Rousset, élève de Polytechnique
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Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1862 ; entré classé 113 et sorti classé 114 sur 128 élèves) et de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1864). Ingénieur civil des Mines.

Fils de Alexis BILLION du ROUSSET, percepteur des contributions directes, et de Paulette Anaïse DÉJOUX.


Bulletin de l'Association des Anciens Elèves de l'Ecole des Mines de Paris, 1906 :

Un de nos plus distingués camarades a été enlevé en trois jours à l'affection des siens : M. Pierre-Gustave Billion du Rousset, ancien élève de l'École polytechnique et de l'École Supérieure des Mines, directeur de la Société anonyme des Mines de la Loire, membre de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne, président du Comité des Houillères de la Loire.

Nous ne saurions mieux faire, pour retracer la brillante carrière de ce camarade, que de reproduire les discours prononcés à ses obsèques par MM. Tranchant, de Montgolfier, Tauzin et Murgue.

DISCOURS de M. CHARLES TRANCHANT
Ancien Conseiller d'État, Président du Conseil d'Administration de la Société des Mines de la Loire.

Je viens, au nom du Conseil et de la Société des Mines de la Loire, payer un tribut de regrets et de reconnaissance à l'aimé et méritant Directeur dont nous déplorons la perte. Dans toute la force de l'âge et la plénitude de l'intelligence, il a été terrassé tout à coup, par un mal impitoyable qui l'a arraché, à l'improviste, à ses travaux, à l'amour des siens, à l'affection de ceux qui l'entouraient.

M. Gustave du Rousset nous appartenait depuis de longues années. Nous pouvons dire que nous avons eu toute sa carrière d'homme. Élève de l'École polytechnique, il en était sorti officier d'artillerie, mais ses goûts le portaient plutôt vers l'industrie ; il remit l'épaulette et suivit, comme élève externe, les cours de l'École Nationale Supérieure des Mines. En l'année 1867, il arrivait, jeune ingénieur, dans les services de notre Société ; son mérite lui fit gravir jusqu'au sommet les degrés de la hiérarchie. Devenu ingénieur principal, puis sous-directeur, il remplaçait, en 1887, comme directeur, un homme qui a laissé un souvenir considérable, M. Houpeurt, ancien directeur de la grande Société civile des Mines de la Loire.

Chargé seul, d'abord, du lourd fardeau du service, M. du Rousset le vit ensuite se dégager, pour la partie technique, par le concours précieux d'un ingénieur distingué et expérimenté, M. Michalowski, nommé chef des exploitations ; mais il lui restait une forte tâche, qu'agrandit singulièrement la présidence du Comité des Houillères de la Loire, héritage de M. Houpeurt.

Je n'ai pas à rappeler comment M. du Rousset s'acquitta de ses doubles fonctions : - sur le terrain de notre Société, ses efforts incessants pour la défense des intérêts que nous lui avions confiés, sa sollicitude pour un personnel varié, mais formant une grande famille ; - sur un terrain plus étendu, son attention vigilante aux intérêts communs des Mines du bassin de la Loire, en particulier pour tout ce qui pouvait conserver ou étendre leur champ d'action, le sang-froid et la sagesse d'inspiration qui, dans des moments difficiles, valurent au Président du Comité la reconnaissance des Sociétés groupées autour de lui.

La maladie cruelle à laquelle a succombé notre Directeur l'a saisi au milieu d'une activité généreuse, qui paraissait devoir se prolonger longtemps encore. Bien que, dès le début, elle eût porté une atleinte grave à ses forces, elle l'a trouvé jusqu'au bout intrépide, luttant avec une ténacité indomptable pour se maintenir au travail, n'abandonnant strictement à son dévoué collaborateur que ce qu'une fatale défaillance l'empêchait absolument de faire lui-même, préparant, ces derniers temps, pour servir aux délibérations prochaines de notre Assemblée générale, l'énorme résumé de fin d'année et allant ainsi jusqu'à la mort avec la conscience d'être resté jusqu'au dernier jour sur la brèche.

Une récompense nationale, depuis longtemps méritée, attendait, au premier moment, M. du Rousset qui en eût été fier; elle n'est pas arrivée à temps, mais de plus hautes récompenses sont réservées dans une vie meilleure à ceux qui, au cours laborieux de la vie terrestre, ont tout sacrifié à l'accomplissement de leurs devoirs. C'est la suprême consolalion d'une famille éplorée et des témoins de l'existence exemplaire qui vient de s'éteindre.

DISCOURS DE M. DE MONTGOLFIER
Président de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne, Directeur général de la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt.

MESSIEURS,

Nous sommes réunis autour du cercueil d'un des ingénieurs qui, dans notre pays, a le plus honoré la science des mines, le plus fait pour le progrès de nos industries et le mieux travaillé avec un dévouement sans relâche au développement des intérêts généraux de la région. Aussi est-ce le coeur navré que je viens, au nom de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne, dont du Rousset était le secrétaire, au nom de ses camarades de l'École polytechnique et de ses nombreux amis, apporter à mon tour, sur sa tombe si soudainement ouverte, l'hommage qui est dû à sa vie toute de labeur, de devoir et d'honneur.

La mort nous a enlevé notre ami dans sa soixante-quatrième année, au moment où nous avions tous le droit de compter sur les services que ses incomparables facultés et son grand savoir assuraient encore à notre pays.

Dans son éloquent discours, l'honorable M. Tranchant, l'éminent président du Conseil des Mines de la Loire, a retracé avec beaucoup de clarté les principaux traits de sa brillante carrière, trop tôt interrompue. Je n'ai pas à y revenir. Je me contente de dire que pendant les trente-neuf années que du Rousset a passées au service de la Loire, il a toujours fait preuve d'un esprit large, conciliant, d'une compétence incontestée, qui lui ont permis de résoudre avec un égal bonheur les questions techniques et litigieuses les plus difficiles ; on peut dire qu'il a été l'âme de sa Compagnie, qu'il laisse en pleine prospérité, agrandie avec une extraction de charbon doublée.

Malgré sa grande modestie, ces succès ne pouvaient manquer d'attirer sur sa personnalité l'attention de tous ceux de nos compatriotes qui ont à coeur les progrès de notre région. Aussi, en 1900, fut-il appelé, par l'unanimité des suffrages de ses pairs, à remplacer l'honorable et regretté M. Villiers à la présidence du Comité des Houillères de la Loire et à la Chambre de Commerce, dont il était bientôt nommé secrétaire. Ses collègues lui témoignaient ainsi combien ils appréciaient sa collaboration si utile dans toutes les questions de mines, de transports et de législation qui lui étaient absolument familières.

Au Comité des Houillères, son rôle a été plus marquant encore. Nous nous souvenons tous, en effet, des grandes qualités de modération et de fermeté dont il fit preuve pendant la grève de 1902, et tout le monde sait que ce fut grâce à ses efforts que prit fin un conflit qui menaçait la prospérité du pays. Toujours en sa qualité de président du Comité des Houillères, c'est lui qui fut placé à la tête de l'organisation de l'exposition des Mines de la Loire, à Saint-Louis en 1904, et à Liège en 1905. Il avait été, un an avant, sur la demande unanime des exposants, président du Jury de l'Exposition de Saint-Étienne. Il était depuis longtemps administrateur de la Banque de France.

Tels sont, Messieurs, les titres principaux de du Rousset à la reconnaissance de ses concitoyens. Ils allaient, dans quelques mois, lui valoir la croix de la Légion d'honneur, qui eût été la juste récompense de ses importants travaux.

Mais, pour nous qui le connaissions plus intimement, ce qui fera vivre sa mémoire autant que ses éminents et distingués services, c'est la nature d'élite dont Dieu l'avait doué et qui a laissé comme une empreinte ineffaçable sur tous les actes de sa vie. Je veux parler de sa bonté, de son affabilité pour tous et de son esprit de justice et d'équité qui a toujours été la règle immuable de sa conduite. Aussi, que d'attachements sincères ne s'est-il pas attirés et quels profonds regrets sa mort n'a-t-elle pas causés dans tous les rangs de la Société !

Notre ami, qui avait déjà depuis quelque temps conscience de son état, a vu venir sa fin avec un courage et une énergie qui arrachaient l'admiration et les larmes à ceux qui l'approchaient. Il a reçu avec une grande foi les consolations de la religion et il est mort dans les bras de sa femme, de son fils et de sa fille, avec la sérénité du chrétien qui a bien rempli sa tâche. Puissent cette pensée et le concours de sympathie qu'elle reçoit de toutes parts apporter un peu d'adoucissement à la douleur de sa chère famille, au milieu de laquelle nous espérions qu'il avait encore à passer bien des années de joie et de bonheur.

Mon cher du Rousset, vous avez été, pendant toute votre existence, bon, aimable, dévoué, profondément loyal et juste. Nous nous souviendrons toujours de vous et de vos éminentes qualités.

Quant à votre vieux camarade, qui vous connaît et vous apprécie depuis plus de trente ans, en vous adressant son dernier salut, il ne vous dit pas adieu, mais au revoir dans la bienheureuse Êternité.

DISCOURS DE M. TAUZIN
Ingénieur en chef des Mines, Directeur de l'École Nationale des Mines de Saint-Etienne, Président de la Société de l'Industrie Minérale.

MESSIEURS,

Je n'ai pas assurément la prétention d'ajouter quelque chose aux éloquentes paroles que vous venez d'entendre, et cependant il me semble impossible de laisser s'éloigner de Saint-Étienne la dépouille mortelle du président du Comité des Houillères de la Loire sans que je la salue, au nom de la Société de l'Industrie Minérale, dont M. du Rousset était administrateur depuis 1880 ; au nom de l'École des Mines, dont le Comité est, grâce à lui, l'un des plus généreux protecteurs ; au nom enfin du service des mines qui n'a jamais fait vainement appel à son obligeante collaboration.

Aussi bien nos regrets sont-ils accrus par la soudaineté du coup qui nous frappe ; et qui donc aurait pu croire que la mort était si proche, quand, il y a quelques mois, quelques semaines à peine, notre collègue portait si vaillamment l'écrasant fardeau que la confiance de tous ceux qui le connaissaient avait accumulé sur ses épaules, quand il faisait face à tout, aux Mines de la Loire, au Comité des Houillères, à la Chambre de Commerce, à l'Industrie Minérale, quand il acceptait même, par dévouement à l'intérêt général, un peu aussi par obligeance pour celui qui vous parle, des fonctions aussi absorbantes que celles de juré à l'Exposition internationale de Liège?

Dès sa sortie de l'École des Mines de Paris, M. du Rousset entrait au service de la Compagnie des Mines de la Loire, qu'il ne devait plus quitter. Directeur de la Compagnie à la mort de M. Houpeurt, il a su lui assurer, malgré la moindre richesse de ses gisements, une réelle prospérité, triplant presque sa production de 1888 à 1905, grâce à l'heureuse acquisition de Beaubrun, lui évitant surtout ces épouvantables catastrophes qui, jusqu'à ces derniers jours, semblaient le peu enviable monopole de notre vieux bassin stéphanois.

Toutes les occasions lui étaient d'ailleurs bonnes pour se dévouer; aux heures sombres de 1870, nous le trouvons chef d'escadron d'artillerie; à la grande catastrophe de Jabin, en 1876, il se fait remarquer par la part importante qu'il prend aux travaux de sauvetage et mérite les félicitations de M. le Ministre des Travaux publics.

Mais c'est depuis qu'il avait été appelé à la présidence du Comité des Houillères que, plus puissant pour faire le bien, il se dépensait davantage : il organise la brillante participation des Mines de la Loire aux grandes expositions de Saint-Louis et de Liège ; il prend une part capitale à la constitution du fonds de concours de notre École des Mines ; il plaide surtout en toute circonstance la cause de la conciliation et de l'entente et est assez heureux pour terminer par un arbitrage la longue grève de 1902. Ah! Messieurs, ceux-là seuls qui se sont essayés à ce rôle ingrat de conciliateur en temps de grève savent ce qu'il y faut dépenser d'énergie, d'intelligence et de coeur !

Aussi, n'étaient-ce pas seulement ses collègues qui lui avaient gardé une profonde reconnaissance de la générosité de ses efforts; l'Administration partageait leurs sentiments à cet égard, et je puis bien dire que des circonstances indépendantes de sa volonté l'ont seules empêché de les témoigner ainsi que nous le désirions. Dieu, Messieurs, n'a pas permis que nos projets s'achèvent: sans doute la récompense qu'il réservait à ce bon et fidèle serviteur n'en est-elle que plus belle !

Et maintenant dormez en paix, cher collègue, cher camarade, cher ami ; les idées généreuses que vous avez servies ne seront pas perdues, et un jour viendra où tout le monde du travail que vous aimiez tant jouira enfin des bienfaits de cette paix sociale que nous appelons comme vous du meilleur de notre coeur.

DISCOURS DE M. MURGUE
Membre du Comité des Houillères de la Loire
Directeur de la Société des Mines de Montrambert et de la Béraudière.

MESSIEURS,

Je viens, au nom de mes collègues du Comité des Houillères de la Loire, apporter à notre très aimé Président les paroles d'adieu, de regret et d'affliction profonde qu'éveille en nos coeurs sa mort prématurée. Il y a trois mois à peine, il nous semblait, en lui voyant diriger nos débats avec autant d'autorité, de sagesse et d'intelligence, que de longues années encore nous serait réservée la bonne fortune de l'avoir pour guide, au milieu des difficultés sans cesse renaissantes où s'agite l'industrie minière. Le 13 février, il avait encore la force de présider une de nos séances ; mais, depuis, la maladie n'a cessé de progresser par échelons implacables, l'arrachant bien avant terme à l'oeuvre d'administrateur et d'ingénieur qui a occupé toute sa vie, à sa famille, à ses collaborateurs et à notre Comité où il ne comptait que des amis.

C'est à la fin de 1900 que Gustave du Rousset a été appelé par notre vote unanime à la présidence du Comité des Houillères. Il en prenait aussitôt les rênes avec une activité, un dévouement, une connaissance approfondie de toutes choses qui excitaient toujours notre surprise et parfois notre admiration. Appelé souvent à Paris pour défendre devant les pouvoirs publics les intérêts de notre bassin houiller, il s'y consacrait avec un zèle infatigable. Mais c'est surtout au cours de la longue grève de 1902 que nous avons pu apprécier ses éminents services ; face à face avec les représentants des ouvriers, nous l'avons vu défendre sans fléchir, pendant d'interminables séances, les intérêts dont il avait la charge. On peut lui attribuer, pour une bonne part, l'heureuse issue de l'arbitrage qui a mis fin à ce périlleux conflit et qui semble bien être une des solutions de l'avenir pour les luttes inévitables entre le capital et le travail.

Avec cette même persévérance, Gustave du Rousset s'appliquait à obtenir pour notre bassin houiller l'amélioration des tarifs de transport qui pèsent si lourdement sur son essor. Combien ne s'est-il pas dévoué pour obtenir, en particulier, la revision de ce tarif 107 qui permettait aux charbons du Nord de pénétrer si aisément sur notre propre marché. Ces derniers temps, au moment même où ses forces commençaient à faiblir, il avait donné tous ses soins à une nouvelle campagne en vue d'obtenir des tarifs plus équitables que ceux en vigueur ; peut-être un avenir prochain nous en apprendra-t-il le succès? Nous le devrons surtout à son initiative et à ses efforts.

Ce n'est pas sans une vive douleur et aussi une réelle inquiétude que nous songeons au vide que la mort de notre ami va laisser dans nos rangs. Que de Ibis nous regretterons son absence, sa vue si nette des initiatives possibles et des solutions heureuses, ses avis toujours empreints de cette sage modération que lui avait enseignée l'expérience. Aussi la mort de notre cher Président nous inspire t-elle une affliction profonde. Nous prions très respectueusement Madame du Rousset et ses enfants d'en agréer l'expression sincère. Ils peuvent être assurés que si la couronne la plus digne qu'on puisse envier en quittant la terre est celle tressée par les oeuvres, nul plus que Gustave du Rousset n'a pu, en jetant un dernier regard sur sa noble vie, emporter aux cieux plus de sérénité, d'allégement et d'espoir.

Au nom de vos collègues bien grandement attristés, accueillez, cher Président, avec notre adieu suprême, l'hommage de notre reconnaissance et de notre impérissable souvenir.

L'inhumation a eu lieu le 31 mars 1906 à Pont-Saint-Esprit, où M. Devun, ingénieur de la Compagnie des Mines de la Loire, a pris la parole en ces termes :

Le personnel des Mines de la Loire, au nom duquel nous venons de remplir la douloureuse mission d'accompagner jusqu'ici notre cher et regretté Directeur, nous reprocherait de laisser s'accomplir la séparation définitive sans dire un suprême adieu.

Des voix plus autorisées et plus éloquentes que la mienne ont dit, hier, à la foule émue qui assistait aux funérailles de M. du Roussel, les mérites de l'ingénieur et les qualités de l'administrateur.

Elles ont exprimé le vif regret que la mort ait devancé la remise de la récompense officielle due à ces mérites et à ces qualités.

Le personnel tout entier de la Compagnie s'est associé à ces regrets.

Ma voix, bien insuffisante, affirmera ici les sentiments de gratitude et de reconnaissance qu'il laisse dans le souvenir de ceux dont il était le chef.

Parmi eux, et c'est là plus encore l'éloge du directeur que du personnel, nombreux sont ceux qui ont été pendant de longues années ses fidèles collaborateurs.

C'est surtout au nom de ceux-là qui, le connaissant mieux, l'appréciaient davantage, que j'apporte l'expression de la profonde tristesse qu'ils ont ressentie lorsque la maladie vint l'arracher au travail qu'il aimait tant et dont il avait toujours donné l'exemple.

Tous, nous avons suivi, avec anxiété, les progrès du mal cruel qui devait l'emporter, et tous nous avons été saisis d'une douloureuse émotion en apprenant que, malgré les soins assidus et le dévouement incomparable des siens, tout était fini.....

Mais il ne disparaîtra pas entièrement et nous conserverons au fond du coeur le souvenir impérissable de sa justice et plus encore de sa bonté.

Adieu, cher et aimé Directeur, dormez en paix, les soucis d'ici-bas ne vous atteindront plus.

Puissent ces quelques paroles, venues du coeur, atténuer un peu le cruel chagrin apporté à votre famille par cette perte irréparable .


Ces discours résument très exactement la carrière de l'ingénieur distingué, de l'administrateur éminent et de l'homme de coeur qu'a été le camarade du Roussel.

Il était né au Mans, le 29 décembre 1842. Il entra, en 1862, à l'École polytechnique, d'où il sortit dans l'artillerie ; il démissionna en décembre 1864, pour entrer comme élève externe à l'École Supérieure des Mines ; à sa sortie de l'École, en 1867, il débuta aux Mines de la Loire; ses brillantes qualités lui firent rapidement franchir les divers échelons de la hiérarchie. Il fut promu successivement divisionnaire en 1872, ingénieur principal en 1875, sous-directeur en 1881 et directeur de la Compagnie en 1887. On sait l'essor qu'il donna aux pratiques, encore discutées, dans le bassin de la Loire, relativement à la sécurité, et on connaît sa belle conduite lors de la grande catastrophe du puits Jabin, à la suite d'une explosion de grisou. Il reçut, à ce sujet, du Ministre des Travaux publics d'alors, M. Paris, la lettre suivante :

Versailles, le 18 août 1877.

« MONSIEUR,

» Dans leurs rapports sur la catastrophe dont le puits Jabin a été le théâtre le 4 février 1876, les ingénieurs des Mines ont signalé la part que vous avez prise dans les travaux de sauvetage qui ont suivi ce douloureux accident. Le Conseil général des Mines, saisi de ces rapports, a reconnu que votre conduite avait été digne d'éloges.

» Je suis heureux, Monsieur, de vous transmettre cette appréciation, en joignant mes félicitations à celles du Conseil.

» Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération.

» Le Ministre des Travaux publics, » PARIS. »

Les occupations de M. du Rousset se multiplièrent rapidement pendant les dernières années de sa vie. Mais c'est assurément comme président de la Société des Houillères de la Loire qu'il donna véritablenent sa mesure, et tous ses collègues ont été unanimes à lui rendre hommage.

On sait sa compétence et son autorité dès qu'il s'agissait, soit des si délicates questions de tarifs de transport, soit des passionnantes questions ouvrières, et on n'a pas oublié à Saint-Etienne que c'est à son initiative éclairée que le bassin doit d'avoir vu s'acclimater les idées d'arbitrage, à la suite de la longue grève de 1902.

Que de services n'eût-il pas rendus encore, n'étant pas de ceux qui se contentent de gémir devant les difficultés croissantes de la vie industrielle ! Aussi que dire des regrets des camarades, et particulièrement de ceux qui avaient eu l'heureuse chance de pouvoir considérer sa maison si hospitalière comme un second foyer de famille.