René SAMUEL LAJEUNESSE (1910-1966)

Marié à Jacqueline WEIL, filmologue. René SAMUEL LAJEUNESSE est le père de Denis Charles SAMUEL LAJEUNESSE


Biographie de René SAMUEL LAJEUNESSE, par J. Couture
Publié dans Annales des Mines, mars 1967.

M. René SAMUEL LAJEUNESSE, ingénieur général des Mines, est né en 1910.

Il a été reçu à L'Ecole Normale supérieure et à l'Ecole Polytechnique. Il a opté pour cette dernière Ecole.

Il en est sorti dans le Corps des Mines et a été affecté au Service ordinaire à Saint-Étienne puis à Douai.

Au cours de cette première partie de sa carrière, il s'était déjà distingué puisque dans un accident qui avait eu lieu dans les mines d'Anzin sa conduite lui avait valu une lettre de félicitations du ministre chargé des Mines, c'est-à-dire à l'époque le ministre des Travaux publics.

Un ingénieur aussi brillant ne pouvait manquer de passer quelque temps dans un Cabinet ministériel. C'est ce qui lui est arrivé et du 1er octobre 1938 au 28 août 1939 il a été appelé comme chef des Services techniques du Cabinet de M. de MONZIE, ministre des Travaux publics.

La guerre arrive. C'est une autre phase de sa vie qui s'ouvre et dans laquelle il montre également des qualités tout à fait exceptionnelles puisqu'il se voit confier le commandement d'une batterie de 75 motorisés dont il a fait une unité de premier ordre.

Pendant les combats de juin 1940 sa conduite a été exceptionnellement brillante. Le 12 juin il a refusé de suivre l'ordre général de repli avant d'avoir épuisé toutes les munitions de sa batterie en soutenant une lutte prolongée contre une soixantaine de blindés ennemis attaquant à courte distance. Au cours de cet engagement il a réussi à éloigner l'ennemi jusqu'à épuisement complet de ses munitions et, malgré des pertes, à sauver tout son personnel et ce qui restait de son matériel.

Le général commandant la 3e D.I.M. lui a promis la Croix de la Légion d'honneur qui lui sera remise avec quelque décalage en 1947, mais dès 1941 il a reçu la Croix de Guerre.

Fait prisonnier le 27 juin 1940 il ne peut tolérer de rester captif et il s'évade du camp de Lübeck le 1er mai 1941. Il entre immédiatement dans la Résistance, le « mouvement prisonnier de Saint-Etienne », puis différents organismes et, à partir de 1943, il assure à Lyon de multiples missions pour la Résistance.

A la fin des hostilités il abandonne sans regret bien sûr ces activités et il entre comme chef du Service des Minerais et Métaux à la Direction des Mines où il joue un rôle tout à fait brillant encore, dans un domaine particulièrement important, et d'ailleurs très vivant et intéressant, de notre administration.

Il est chef de la délégation française et vice-président du Comité des Métaux et Minerais à l'O.C.D.E.

Mais M. SAMUEL LAJEUNESSE aimait beaucoup la diversité et, quelles que fussent les satisfactions que lui donnait l'administration, il consacra une partie de sa carrière aux affaires.

Il quitte en effet en 1948 l'Administration des Mines pour entrer comme ingénieur conseil à la banque Lazard et il est directeur d'un certain nombre d'affaires qui vont depuis la papeterie jusqu'à l'alimentation et aux salines.

Mais il garde néanmoins la nostalgie de l'administration et de la fonction publique : sur sa demande, il réintègre en octobre 1961 le ministère de l'Industrie où il est affecté comme chef de l'Arrondissement mineralogique de Paris I.

Il est ensuite nommé ingénieur général et il est affecté le 1er juin 1965 au secrétariat général de l'Energie où il m'a apporté, pendant le trop court répit qui lui a été laissé par la maladie qui devait l'emporter, un soutien très précieux.

Il a montré durant cette courte période toutes les qualités qu'il avait acquises et que l'expérience avait encore accentuées. Il a surtout été dans ces derniers mois, et j'en suis le témoin personnel, d'un courage extraordinaire devant la maladie qui peu à peu grignotait sa substance vitale. A aucun moment il n'a consenti à mettre sac à terre. Quelques jours encore avant sa mort il me téléphonait pour, d'une voix à peine audible, me poser des questions de service.

Il aura été jusqu'à la fin un grand, serviteur de l'Etat. Il a été pour moi un ami cher que je pleure douloureusement.

J. COUTURE
Ingénieur général des Mines
Secrétaire général de l'Énergie


Note de R. Mahl :

René Samuel Lajeunesse a été l'auteur d'un ouvrage intitulé GRANDS MINEURS FRANCAIS (1948) dont j'ai extrait de larges citations pour reconstituer les biographies des ingénieurs des mines mises sur Internet.


 


Denis Samuel-Lajeunesse

Un fils de René, Denis SAMUEL LAJEUNESSE (né en 1948), diplômé de l'IEP de Paris et de l'ENA, administrateur civil, a fait un séjour à la Direction du Trésor où il s'occupait d'affaires financières et multilatérales. Il fut PDG de la Lyonnaise de Banque de 1992 à 2002, qu'il quitte suite à la reprise par le groupe Crédit Mutuel. De mars 2003 à août 2006, il dirige l'Agence des participations de l'Etat. Il entre en 2006 à Cushman & Wakefield France, conseil en immobilier d'entreprise, avec la persepective d'en devenir le PDG, ce qu'il devient effectivement en janvier 2007.