Pierre SOMMELET (1939-2006)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1960). Ingénieur civil des mines.


Hommage à Pierre Sommelet,
par Alain Neveu (Promotion 1960 de l'Ecole des mines de Saint-Etienne)

Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Juillet/août 2006 N° 421.

Pierre Sommelet nous a quittés le 17 mars 2006, après trois années de lutte acharnée contre une forme rarissime de cancer, celui du thymus. Né en 1939 à Langres, il y poursuivit ses études au Lycée Diderot, avant d'entrer en octobre 1957 à la Taupe Jacques de Ruty au Lycée Carnot de Dijon où nous fîmes connaissance. C'est là qu'est née notre amitié qui ne s'est jamais démentie depuis près de 50 ans.

Après trois années de prépa, nous nous sommes retrouvés en septembre 1960 à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne. Nous y avons partagé la même chambre à la Maison des Elèves de la rue Francis Baulier. Durant ces trois années à Saint-Etienne, il n'y eut jamais la moindre anicroche entre nous et nous partagions les mêmes valeurs hédonistes, même si, contrairement à moi, le sport n'était pas sa tasse de thé. Il ne ratait par contre aucun spectacle où nous avions un accès gratuit à condition d'y porter l'uniforme de l'Ecole. Il fut témoin lors de mon mariage en 1960.

Il poursuivit ensuite son cursus à Berkeley. C'est là qu'il rencontra Dianne, sa future épouse, et qu'il la séduisit grâce en particulier à ses talents culinaires. De retour en France après son service militaire dans le Génie où il participa à la construction de l'Hôpital Begin à Paris, il épousa Dianne et ils eurent deux fils, Hubert et Kevin, maintenant installés aux USA.

Il intégra ensuite le Groupe SHELL où il réalisa toute sa carrière. Après des débuts au Centre de Recherches de Rouen, il occupa différents postes à Londres, à Paris et à la raffinerie de Reichstett en Alsace, pour revenir à Rouen en tant que Directeur du Centre de Recherches, où il termina sa carrière en 1995. Il créa aussitôt une société pour développer un brevet de SHELL, puis pour promouvoir un concept innovant dans le traitement des déchets. Nos relations amicales forcément plus espacées durant ces années à l'étranger et en province, se sont définitivement ressoudées lors de son installation à Versailles puis à Bonsecours près de Rouen.

Unanimement apprécié par ses très nombreux amis et par sa famille, Pierre Sommelet était un homme rare, un ami unique. Il émanait de lui une joie de vivre et une force tranquille exceptionnelles. Il arrivait toujours au but qu'il s'était fixé sans jamais créer le moindre conflit. Il a toujours manifesté, et plus spécialement durant sa lutte contre le mal qui le rongeait, un courage surhumain associé à une retenue et une pudeur extrêmes. Personne ne l'a jamais entendu se plaindre. Nous étions même un peu gênés lorsque, jusqu'à ses derniers instants, il nous accueillait au téléphone par un : "Comment vas-tu ?", prononcé avec cette voix chaude et amicale qui n'appartenait qu'à lui. Mû par une volonté d'acier il a voulu vivre pleinement jusqu'à la dernière minute, malgré une minerve qu'il devait supporter 24 h sur 24. Il continuait de travailler, de donner des cours aux Pays Bas ou en Afrique, d'aller seul aux USA, d'assister à des concerts, de visiter des caves, de répondre à des invitations à dîner ou de cuisiner pour ses amis. Pendant les dernières semaines de son existence, alors qu'il se savait condamné, toute son énergie était concentrée vers l'objectif de tenir le plus longtemps possible pour connaître son premier petit-enfant. Le destin ne l'a pas voulu.

Animé d'une foi chrétienne sincère et discrète il a marché sur les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle et s'est investi totalement dans les actions caritatives du Rotary Club de Rouen. C'était dans tous les sens du terme un "honnête homme", amateur d'art et de musique. Avec son épouse, diplômée d'art et professeur d'encadrement, il a couru les brocantes, les foires et les antiquaires en Europe et aux USA. Il recherchait et restaurait aussi bien les coqs de clochers que les horloges anciennes.

Jardinier à la main verte, il cultivait amoureusement aussi bien des herbes aromatiques, des poires ou des plantes exotiques et rares. C'était aussi un épicurien amoureux du bon vin et spécialement de celui de Bourgogne. Toujours à la recherche de cépages méconnus ou de vignerons experts, il a créé un premier, puis un second cercle œnologique pour des groupes d'amis choisis et il était aussi membre de plusieurs confréries vineuses.

J'espère de tout cœur que, de là-haut, il continue de nous regarder avec son œil espiègle et bienveillant. Sachez Dianne, Hubert et Kevin qu'il restera toujours présent dans le cœur de ses amis.