Sylvain STEVENARD (1908-1957)

Publié dans les Annales des Mines, septembre 1957 :

Le service des Mines vient d'être douloureusement éprouvé par la perte prématurée de Sylvain STEVENARD, ingénieur en chef des Mines, nommé en 1955 chef de l'Arrondissement minéralogique de Clermont-Ferrand.

En hommage à sa mémoire, les Annales des Mines publient ci-après l'allocution prononcée par M. ALBY, directeur des Mines, le 31 juillet 1957 à Clermont-Ferrand, aux obsèques de ce très regretté collègue.

Madame,

C'est avec une émotion profonde que nous venons dire aujourd'hui un dernier adieu à votre mari.

Sylvain STEVENARD c'est surtout, pour ceux qui l'ont connu, un sourire, un bon sourire éclairé par un regard de loyauté, de force et de bonté. C'est aussi un homme chez qui le sens le plus élevé du devoir s'alliait, en toute circonstance, à des qualités profondément humaines. Pour ceux qui travaillèrent avec lui, c'est enfin l'ami fidèle et le coéquipier de tout premier plan, qui disparaît à un moment où l'on était fondé à compter encore sur lui pour longtemps.

Travailleur infatigable, consacré tout entier à son foyer et à sa carrière, éléments indissociables chez lui, il voit le jour, voici à peine plus d'un demi-siècle, dans le pays minier du Pas-de-Calais. Il y fait ses études. Passionné de la mine, il choisit l'École des maîtres mineurs de Douai où ses qualités le classent major et lui permettent d'entrer dans l'Administration des Mines dans laquelle il devait faire une si brillante carrière. Ingénieur subdivisionnaire en 1928, il gravit rapidement les échelons de son grade dans ses postes successifs de Mulhouse, Thionville, Briey et Lille où je l'ai connu pour la première fois. En 1945, ses qualités professionnelles conduisent à le charger des fonctions d'Ingénieur des Mines à Châlons-sur-Marne, puis à Marseille. Fin 1945, il est intégré dans le Corps des Mines où, pendant près de douze ans, il se classe parmi les meilleurs grâce a sa parfaite connaissance des règles administratives et à sa compétence en matière de technique et de pratique minières.

Ses dix années de présence à Marseille ont laissé une heureuse trace, continue et profonde. En matière d'exploitation minière notamment, il était le conseil éclairé et écouté de son chef dont il devint l'adjoint, comme ingénieur en chef des Mines, en 1952. Nommé, voici un peu plus de deux ans, à la tête de l'arrondissement de Clermont-Ferrand, il y a fait la preuve, comme le dira tout à l'heure le représentant du Préfet du Puy-de-Dôme, qu'il était aussi un chef de Service de classe.

Dans sa famille, Sylvain STEVENARD était un bon époux et un bon père. Il se souciait en permanence de l'avenir des siens. Il suivait de près les éludes de ses enfants, gardant un contact personnel étroit avec leurs professeurs. Sur ce plan, il était près de recevoir la récompense de ses fructueux efforts puisque sa fille a terminé ses études de pharmacie et son fils se présente aux concours des Grandes Ecoles.

Tout récemment, profondément atteint par son mal, il a, avec vous Madame, béni le mariage de sa fille auquel il pensait depuis plusieurs années. Il était, certes, fondé à attendre bien d'autres futures joies familiales.

Nous garderons de lui son exemple d'humilité, d'humanité, de force et de droiture.

Il faut maintenant faire silence et laisser éternellement à la terre d'Auvergne ce fils du Pas-de-Calais.

Mon cher STEVENARD, au nom de tous vos camarades, nous vous disons adieu !


Le directeur des mines Alby décida alors de remplacer Stévenard par Daunesse, ce qui fit l'objet d'un poème de Claude Daunesse intitulé La girafe (juin 1958).