Quelle économie numérique,
quelle société numérique en 2030 ?

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RESUME DES INTERVENTIONS


Technologies : nouvelles potentialités, nouveaux risques

Intervenants : François CHOLLEY et Laurent GOUZENES
Discutant : Bernard CHEVASSUS-AU-LOUIS

En 1990 qui parlait de GPS ou de téléphone portable pour n’importe quel habitant de la planète ? Ce n’était qu’il y 20 ans ! Dans le domaine du « numérique », les innovations de rupture se produisent aussi inéluctablement que l’amélioration continue des performances.

Les progrès potentiels à l’horizon 2030 pourraient même conduire à bouleverser beaucoup de schémas sociaux actuels. La puissance de traitement, la mémoire seront partout et immenses à coût infime, assimilables à des ressources inépuisables. Les objets et les hommes seront tous interconnectés en permanence.

Dans ces conditions, il est inévitable que notre vie quotidienne, notre santé, nos déplacements soient suivis, optimisés, améliorés. Facteur de progrès d’un côté, facteur de dépendance collective à la technologie de l’autre. Mais que subsistera-t-il de la dimension humaine si l’existence de l’homme est réduite à ce que le réseau connait de lui ? Comment pourra-t-on maîtriser ce réseau soumis aux cyberattaques, aux cyberbugs, aux « orages » magnétiques ? Que faut-il imaginer ?



Nouveaux rapports sociaux

Intervenants : Dr Dan VELEA, Michel BERRY et Christophe DESHAYES
Discutant : Isabelle FALQUE-PIERROTIN

Dans la société numérique, on vivra plus vieux, plus épanoui, plus autonome et mieux inséré socialement. Utopie ? On voit pourtant chaque jour davantage de personnes, en mal de reconnaissance sociale, utiliser leur temps libre et s’investir avec passion dans le numérique afin de se distraire, de s'instruire et communiquer mais aussi pour s'associer, agir et exercer un (contre)-pouvoir. Les exclus reviennent ainsi dans le jeu social sans que les inclus ne s'en rendent bien compte. La culture, l’économie, la politique et même la psychologie pourraient ainsi être reconfigurés en 2030, sous l'effet de technologies pas toujours innovantes mais en revanche massivement déployées et utilisées.

Le numérique sera-t-il le meilleur des mondes ? On peut voir au moins deux difficultés :

- si des exclus trouvent de nouvelles raisons de vivre en construisant leur monde numérique à la marge de celui des inclus, que se passera-t-il quand les deux mondes se rejoindront aux alentours de 2030 ?

- si les technologies numériques trouvent une utilisation pour capter l’attention et influencer les individus, quel rôle la maîtrise des données représentera-t-elle en 2030 ? Un rôle capital ? Qui contrôlera cette nouvelle source de richesse et comment sera placée la France ? Quels problèmes de liberté et d'éthique seront soulevés ?


Nouveaux modèles économiques dans les réseaux et services

Intervenants : Jean-Charles HOURCADE et Jean-Michel YOLIN
Discutant : Elie COHEN

La société numérique va voir évoluer nos modes de vie, nos loisirs, la façon de nous soigner : mais qu’en est-il pour notre économie ? Gratuité des contenus, mais alors quid du modèle économique des medias ? De la production d’œuvres culturelles ? Un financement exclusif par la publicité comme TF1 est-il possible ? Souhaitable ? Les réseaux sociaux qui se développent de façon explosive ont-ils un modèle économique en dehors de la commercialisation des données privées ? Sont-ils durables (Second Life après une phase d’engouement a disparu du paysage …) ? Comment financer les infrastructures quand ceux qui en tirent bénéfice ne sont pas ceux qui les financent ? La « net neutralité » ?

Mais au delà du « monde du numérique », de l’efficacité apportée à chacune des entreprises prise isolément, Internet ne va-t-il pas profondément bouleverser la compétitivité et la structure de notre « tissu industriel » ? Pour fabriquer un avion c’est plus de 5 000 entreprises qui y concourent. Internet fournit le « système nerveux » de cette immense entreprise virtuelle,

- permettant à des dizaines ou centaines d’entre elles de travailler simultanément à la conception sur des plateformes virtuelles en écrasant les coûts et les délais d’un facteur deux, les « erreurs de conception » d’un facteur 10 ; de supprimer la profession des ajusteurs, de vendre le premier exemplaire produit, …

- puis à des milliers d’entre elles de travailler en flux tendus sur la production, puis la maintenance, améliorant réactivité et flexibilité, réduisant ainsi les stocks et donc les besoins de capitaux.

Ceci permet de « dé-intégrer » les grandes entreprises en les recentrant sur leur cœur de métier, celle d’innovateur et d’architecte d’ensemble, en réduisant le nombre d’interlocuteurs de premier rang mais en rallongeant une chaîne de sous-traitance mondialisée.

Une profonde mutation qui remet en cause l’organisation du pouvoir, où les exécutants deviennent des partenaires, où le réseau prend le pas sur l’empire et qui se heurte parfois, de ce fait, à des blocages dans nos pays latins.
 

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