Les ingénieurs des télécommunications

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RESUME DES INTERVENTIONS


ATTEN Michel - De l’enseignement à la R&D et à la gestion : deux siècles d’ingénieurs des Télécoms

Avec la naissance des systèmes de communication à distance, émergent une nouvelle catégorie d’experts (inventeurs, ingénieurs, savants, entrepreneurs) : un phénomène qui se généralise dans les pays développés au XIXe siècle mais qui prend des formes diverses en fonction des configurations nationales. En France, les réseaux sont gérés par des administrations peuplées d’ingénieurs issus du système polytechnicien.  Cette forme stable sera  présentée en trois périodes :
- La difficile constitution d’un groupe d’ingénieurs télégraphistes d’État autour de l’École supérieure et en quête d’un « corps » (1845-1900).
- Réanimation de l’Ecole supérieure et création d’un vrai corps d’État mais en miniature pour des technologies d’importation (1902-1945). 
- Un corps et une Ecole des télécommunications en croissance forte pour la recherche, l’innovation et le management du premier investisseur public (1945-1996)

 

BOUVIER Yves - Voir Charles Rozmaryn (intervention commune).

 

BUTRICA Andrew J. - Recrutement et démographie du corps des télégraphes, 1845-1900

La transformation des inspecteurs du sémaphore Chappe en ingénieurs du télégraphe électrique et en ingénieurs-électriciens au fil de l’évolution des technologies et systèmes de communication au xixe siècle.  L’introduction des appareils électriques sur les lignes sémaphoriques introduit du chômage technologique.  L’administration des télégraphes recrute des polytechniciens et introduit l’avancement des manipulateurs des appareils aux cadres supérieurs.  Les lignes télégraphiques électriques lient les centres départementaux à Paris, pénètrent le paysage français et franchissent des frontières.  Sous la troisième république, la fusion des télégraphes et des postes, la nationalisation des téléphones et l’arrivée de la lumière électrique posent des défis et des opportunités de nouveau.

 

CARRE Patrice - Une modernisation manquée : les télécommunications, le rétablissement de la légalité républicaine et le premier plan

 

CERUZZI Paul - The Cultural and Social Roots of the Internet

The rapid development and spread of the Internet renders attempts to tell its history difficult.  Many have written of its Cold War origins in the “ARPANET”: funded by the United States Defense Department and the source of the Internet’s most technical features. This study looks at the social and cultural ancestors of the Internet, which historians have yet to appreciate.  Drawing on the work of Patrice Flichy (The Internet Imaginaire) and others, I argue that although the technical parameters of the Internet did indeed come from the U.S. Defense Department, the social and business model, which established norms about who uses the Internet and what they do there, owes nothing to Cold War defense and came from an entirely different and unexpected source.

 

DUPUIS Philippe - GSM, un projet européen au retentissement mondial

L’élaboration de la norme GSM a été un incontestable succès européen puisqu’elle compte maintenant plus de trois milliards d’utilisateurs dans 219 pays. On présentera l’état des télécommunications mobiles au début des années 1980, le rôle des différents acteurs concernés tant en Europe qu’en France, les défis techniques relevés et les étapes de la formation du consensus obtenu en 1987 dans le domaine-clé des technologies radio. On décrira ensuite brièvement les actions entreprises pour favoriser l’adoption de la norme par le marché ainsi que la maintenance et l’évolution de la norme, puis son adoption hors d’Europe. On s’attachera enfin à montrer l’importance de la contribution française qui fut capitale dans le domaine technique, notamment parce qu’elle a apporté au GSM la capacité de résister à la concurrence de normes apparues plus tard.

 

FENEYROL Michel - Du monopole public aux oligopoles restreints privés

La présentation portera sur :
- La séparation de la réglementation au sein du Ministère des PTT, des directions opérationnelles Télécommunications (DGT) et Postes (DGP) (1986).
- La création de la Direction de la stratégie et de la réglementation qui deviendra la Direction Générale de la Réglementation.
- Le processus de débat qui conduisit aux deux lois de 1990 dites "lois Quilès"; l'une définissant les principes de régulation et l'autre transformant la DGT en Etablissement public industriel et commercial.
- La nouvelle loi de 1996 sur la réglementation qui ouvre l'ensemble des marchés à la concurrence et crée l'Autorité de régulation des télécommunications (ART).Parallélement France Télécom devient société anonyme dont une partie du capital est placé en Bourse.

- Enfin les évolutions récentes avec la construction des réseaux haut débit, la convergence Télécommunication-Audiovisuel et le phénomène des services télématiques en ligne, la nébuleuse Internet.

 

FLICHY Patrice - Internet pendant la décennie 2000. Un cas de dépendance du chemin

Les choix techniques, mais aussi les premiers choix d'usages faits dans les années 1970 et 1980 ont profondément marqué les formes prises par l'internet de masse aujourd'hui. Ainsi, le Web 2.0 est profondément marqué par ces choix initiaux.

 

GUILLOU Michel - Les débuts des télécommunications par satellite

Dans les années 1960 et 1970, la France fut l’un des acteurs les plus dynamiques dans les premiers développements des télécommunications par satellites, un domaine fortement marqué par la suprématie technologique des États-Unis. Dès 1959, les ingénieurs du CNET s’investirent dans la construction des stations pour participer aux expérimentations avec les satellites américains. En 1961, le centre de Pierre Marzin installa une grande station à Pleumeur-Bodou qui réalisa la première réception de télévision transatlantique en juillet 1962. Rapidement, les Français proposèrent à l’organisation Intelsat et aux Européens des projets de réseaux de satellites qui furent innovants. L’investissement et l’audace des ingénieurs du CNET, dès les premières expériences constituèrent une étape importante sur la voie de l’autonomie menant plus tard aux projets des satellites franco-allemand Symphonie et des programmes nationaux des satellites Telecom 1 et 2 en collaboration avec le CNES.

 

HEADRICK Daniel - Le rôle stratégique des câbles sous-marins intercontinentaux (1858-1945)

Dès leur début en 1858, la plupart des câbles sous-marins intercontinentaux furent posés à travers l’Océan atlantique pour des raisons commerciales. Pourtant les grandes puissances – surtout la Grande-Bretagne – reconnurent très tôt la valeur stratégique des câbles. Ainsi le gouvernement britannique subventionna son réseau de câbles pour pouvoir communiquer avec toutes ses colonies et bases navales. La France et l’Allemagne posèrent aussi des câbles intercontinentaux, mais sans le degré de sécurité stratégique qu’avaient les britanniques. Pendant la Guerre de 14-18, les Anglais coupa les câbles ennemis et forca les Allemands à utiliser la radio, vulnérable au déchiffrage. L’avènement des ondes courtes après la guerre multiplia les moyens de communications à un prix bien inférieur à celui des câbles ou de la radio à ondes-longues. Face à la concurrence des ondes courtes, la gouvernement britannique sacrifia ses intérêts commerciaux pour préserver la sécurité stratégique de ses câbles.

 

JUTAND Francis - Le nouveau paysage des Télécoms

Le nouveau paysage des télécoms. Le déploiement de la société numérique se fait au travers du développement combiné des communications, des systèmes d'information et des contenus et connaissances multimedia. L'ubiquite est le premier moteur avec la montée en débit et la pervasivité des réseaux et terminaux. La virtualisation  est un 2ème moteur pour le developpement des services de communication et de données dans tous les secteurs d'activité. Le 3ème moteur est le développement des usages avec les réseaux sociaux et les équipement croissant des enfants et personnes agées. L'apparition d'entreprises majeures sur de nouveaux marchés comme google, et Face book, et d'entreprises issus de nouveaux acteurs comme Huawei, bouleverse le paysage mondial en terme d'usage, de chaine de valeur et  business model. Un 3ème élément à prendre en compte est la diffusion des systèmes de communication et de données dans tous les secteurs utilisateurs contribuant à étendre et diversifier le secteur.

 

LABORIE Léonard - Les chemins du verre. Entre recherche, industrie et politique : l'essor des télécommunications optiques en France depuis les années 1970

Lancée dans les années 1970, la révolution optique des télécommunications court encore. Ce qui fait long pour une révolution. Tout sauf linéaire, la progressive "vitrification" du réseau français trouve ses origines dans les laboratoires du CNET et chez les industriels partenaires. Centrée sur cette phase amont de recherche et de développement, notre communication montre que les chemins du verre ont été dès le départ sinueux. Grandis à l'ombre du guide d'ondes dans la première moitié des années 1970, la fibre et le laser associés ont ensuite fait l'objet de projets audacieux (Biarritz) avant d'entrer au début des années 1980 dans des montages industriels assez complexes (Fibres optiques industrie), soumis aux aléas de la conjoncture économique et politique. Et bientôt arriverait le Plan câble.

 

MUSSO Pierre - Le choc des acteurs de l'internet, de l'audiovisuel et des opérateurs de télécommunications

 

NORA Hervé - Télécommunications et aménagement du territoire

La politique conduite dans les années 60 -70 par la DATAR dans le domaine de ce que l’on appelait pas encore les TIC  reposait sur le credo que l’impact du développement simultané de l’informatique et des télécommunications allait être considérable : outre la rentabilité des entreprises, la structure des secteurs économiques, les relations administrations - administrés, le développement urbain ou la localisation des activités sur le territoire allaient être profondément modifiés.
Les éléments de la politique mise en œuvre étaient multiples mais la DATAR n’était jamais pilote. Elle travaillait avec les administrations motivées (DGT, IRIA, Agence de l’informatique, Cadastre, DGI, …), avec de grandes entreprises, avec des collectivités locales. Elle apportait une aide financière qui servait de levain. Elle contribuait à la décision gouvernementale via les CIAT (Comités interministériels d’aménagement du territoire) grâce auxquels nombre de projets furent décidés, facilités ou simplement tolérés.

 

PARINAUD Marie-Hélène  - Chappe, à l'origine du progrès technique dans la communication

 

PICARD Philippe - La vie du Corps Télécom au travers de son Amicale

La vie du corps des Ingénieurs des Télécom est illustrée au travers de son Amicale Après la 2ème guerre mondiale, le Corps jouait dans « la 2ème division ». Il était divisé en services qui s'ignoraient (CNET, Services radio, LGD, régions; la radio télévision avait été sortie des PTT) avec  des rivalités personnelles. Le sous-développement du téléphone était un mal chronique dont on ne voyait pas la fin. Une bataille animée par l'AIT a été de faire prendre conscience des moyens de sortir du sous-développement: financement et gestion séparée de celle la Poste. La création de la FITCE (association européenne) a permis de trouver des références internationales. L'arrivée de Pierre Marzin à la tête de la DGT a ouvert les diverses cultures internes, entre l'exploitation et les équipes du CNET. L'image du Corps a atteint son apogée dans les années 80 avec le rattrapage téléphonique, les grands projets télématiques, etc.. L'essaimage est devenu un objectif majeur.

 

ROZMARYN Charles - Petite histoire de la commutation électronique

En faisant très tôt (fin des années 60)le choix visionnaire du tout numérique, le CNET a permis non seulement de bâtir en France le  réseau de télécom le plus moderne du monde dans les années 80, mais aussi à Alcatel, héritière de la "petite" CIT, de devenir à la fin des années 80 l'industriel n°1 dans le monde. Il aura fallu pour cela convaincre les exploitants de la justesse de ces choix : ce n'est qu'en 1978 que le Directeur Général des Télécom, à Atlanta, a officiellement annoncé la généralisation de la commutation temporelle en France.Il aura aussi fallu finaliser les choix techniques qui opposaient quelque peu les équipes du CNET-Lannion et celles du CNET_Issy :commutation spatiale/commutation temporelle, commande centralisée/commande décentralisée, calculateur spécialisé/ calculateur universel.Il aura fallu aussi réorienter le travail du CNET , en le faisant passer du "faire"  au "faire faire", et transférer des équipes et des cadres vers les industriels et les exploitants.

 

SCHAFER Valérie - Permanences et mutations dans le développement des réseaux de données (années 60-90).

De Caducée au RNIS, de la convergence balbutiante au « réseau du futur » numérique, de l’infrastructure limitée utilisée par les « grands comptes » au grand public (Transpac), l'offre des télécommunications françaises en matière de réseaux de données a connu en 30 ans une diversification et une évolution remarquables. A travers ce parcours seront retracés les enjeux de l'insertion des télécommunications dans ce champ (après-rattrapage téléphonique, monopole, convergence …) et les permanences et mutations induites par ces initiatives (évolutions techniques, politiques, économiques, articulation offre/demande, acteurs ...). Ceci permettra de dégager les grandes lignes qui fondent la « culture » des Télécommunications françaises au moment de l’arrivée d’Internet, une « culture » certes différente, mais solide et pragmatique, qui a su s’adapter et adapter ses structures.

 

THIERRY Benjamin - De Tic-Tac au Minitel. La télématique, une réussite française.

Popularisée par le rapport Nora-Minc, la télématique est déjà en 1978 une réalité. En effet, au sein du CNET et du CCETT se préparent dès la première moitié de la décennie 1970 les services et matériels qui assurent à la France la possession d’un réseau rentable, fiable et largement utilisé des années 1980 à aujourd’hui. Les six millions de terminaux utilisés au début de la décennie 1990 soulignent le succès qu’est la télématique française auprès du grand public ; succès que l’on peut analyser sous trois ordres. D’abord, un succès technique et de management de la recherche autour des équipes du CNET et du CCETT travaillant en étroite collaboration. Ensuite, un succès marketing par les tarifs, condition importante d’acceptabilité et de multiplication rapide des services dès 1984-1985. Enfin, un succès relevant de l’anticipation des usages par la mise en place d’une ergonomie de la communication homme-machine particulièrement étudiée et testée en amont de l’introduction du Minitel durant la période 1980-1982 avec les expériences bretonnes et franciliennes en « vraie grandeur ».

 

 

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