Il leur en a fallu de la persévérance aux dirigeants d'Otis pour gérer le changement ! Et sans qu'aucune crise ne les y oblige ! Simplement parce que les hauts et les bas du marché du bâtiment et les humeurs des clients ne pouvaient plus s'accomoder de la gestion routinière du premier fabricant mondial d'ascenseurs. Alors c'est le dépanneur, sauveteur providentiel du malheureux usager prisonnier de cabines récalcitrantes, qui a fait les frais du changement. Obligé de se changer en technicien d'une prévention prévue par contrat, plus personne désormais ne le voit et il regrette le temps béni d'avant le changement, quand il y avait encore des pannes.

Les consultants, eux, s'y entendent pour être visibles : dépanneurs d'entreprises coincées dans leur ascension vers la qualité, le profit ou l'excellence, c'est grâce à eux, prétendent-ils, qu'elles repartiront dans leur quête de ces zénith. Alors les consultants adorent les pannes. Au besoin, même, certains sauraient les susciter, nous explique Bertrand Venard !

Et quand tel courant d'idée dont parle Hervé Joly, tel homme politique, ou tel organe de presse, au mépris de toute rationnalité scientifique, brandissent le spectre d'un pays asphyxié par ses propres déchets, ils jouent, à leur plus grand profit croient-ils, sur les fantasmes archaïques d'une société repue, craignant plus que tout la panne, le noir, l'enfermement.

Il y a décidément du pompier pyromane chez tous ces hommes providentiels !

Ce numéro serait alors bien pessimiste, n'étaient deux articles plus roboratifs. Pour Bernard Girard, le chômage a amené les entreprises à trouver des solutions nouvelles en matière salariale. Une poignée de main invisible semble desormais régir les politiques sociales de ces entreprises : le contrat comme base de la relation sociale, voilà qui nous éloigne des peurs irraisonnées.

Et dans cette Allemagne qui se rêve à l'abri des pannes, Michèle Dupré nous montre que le changement n'a pas tout changé, que l'ancien contrat social de est encore bien vivant sous la prétendue modernité qui déferle sur l'ex-RDA.

Pour conclure cet éditorial, rien ne me paraît alors mieux convenir que l'ironie de l'austère Pascal, grinçant : "J'ai connu que notre nature n'était qu'un continuel changement et je n'ai plus changé depuis ; et si je changeais, je confirmerais mon opinion." (Pensées, VI, 375).

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

"Le temps est venu de rencontres réelles, sans suspicion ni a priori réciproques", lira-t-on dans l'introduction du dossier informatique, coeur de ce numéro de fin d'année, qui parle de la nécessité du dialogue entre chercheurs et managers, acteurs pluriels de l'informatisation, confrontés à l'hégémonie des technologies et des croyances.

Ces rencontres réelles, que Francis Pavé appelle de ses voeux, on en trouvera trace dans les autres articles de cette parution : dans le travail au long cours, analysé par les regards croisés de Bertrand Ciavaldini et de Jean-Louis Loubet, que les industriels de l'automobile, confrontés à l'épineuse question de la diversité, ont mené pour concilier fabricants et revendeurs ; dans les processus d'apprentissages de l'entreprise, élaborés dans le creuset des projets et de leur gestion, dont parlent Henri Rouilleault et Marie-Claire Villeval ; sans doute aussi, sous des abords plus théoriques, dans la recherche de gestions des ressources humaines accordées aux stratégies de l'entreprise, analysée par Michel Ferrary. Quant à l'article de Ramdame Mostefaoui, il illustre le manque cruel de ces rencontres et son effet dévastateur sur les hommes et les structures.

Mais dans un numéro qui marque également pour Gérer et Comprendre le terme de sa première décennie, ces rencontres réelles, sont aussi celles qui se sont produites, au fil des articles et des trimestres, entre chercheurs et praticiens de tous les horizons de la gestion, entre ingénieurs et sociologues, entre économistes et spécialistes des sciences sociales. Ce sont ces rencontres réelles qui ont donné à Gérer et Comprendre son caractère spécifique, qui allie le souci de rigueur scientifique à la vérité de la vie des affaires.

Alors pour nous, et avec vous, le temps continue de rencontres réelles, sans suspicion ni a priori réciproques

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

REGARDS CROISÉS DE L’HISTORIEN ET DU GESTIONNAIRE

PAR BERTRAND CIAVALDINI

Ingénieur Doctorant CGS Ecole des Mines. PSA Peugeot Citroën

ET JEAN-LOUIS LOUBET

Université d’Evry-Val d’Essonne

La diversité est-elle l’une des conditions fondatrices du succès d’une entreprise automobile ? La question n'est certes pas nouvelle et, dès les origines, elle a suscité d'âpres débats. Parvenus à concilier fabricants et revendeurs, les constructeurs ont maintenant acquis la capacité à modifier leur produit tout au long de son cycle de vie pour répondre à une demande de plus en plus diversifiée, à des coûts enfin intéressants..

PAR HENRI ROUILLEAULT

Directeur général de l'ANACT

ET MARIE-CLAIRE VILLEVAL

Chargée de recherche CNRS à ECT, Université Lumière Lyon

Les travaux sur la gestion par projets, qui suppose non seulement la mise en place de nouvelles structures mais la redéfinition des règles qui sous-tendent la coopération, donnent parfois l'impression que son développement constituerait la "fin de l'histoire" des organisations. Pourtant, si l'entreprise ne se réduit jamais au management de projets, ce dernier apparaît en revanche comme le vecteur d'un processus permanent d'apprentissage.

PAR FRANCIS PAVE

PAR LINDA AGRO, ANNIE CORNET ET FRANÇOIS PICHAULT

Lentic, Université de Liège, Belgique

L'implication de l'utilisateur dans le développement et la mise en oeuvre des systèmes d'information fait aujourd'hui partie de l'arsenal des outils et méthodes de tout responsable de projet. Mais, très souvent, les critères quantitatifs ne suffisent pas à garantir le succès et il est alors indispensable de prendre en compte des critères d'ordre psychosociologique et organisationnel.

PAR BERNARD COMMERE

Ingénieur du génie rural et des eaux et forêts

De la recherche de l'efficacité dans les investissements en informatique sont nées diverses méthodes de conduite de projet et de conception de systèmes d'information La plus connue et la plus utilisée en France, la méthode MERISE, a été développée sous l'impulsion du ministère de l'Industrie et consiste à la fois en une méthode de conduite de projet et en un formalisme pour représenter le système d'information.

PAR NICOLAS MOTTIS

Professeur à l'ESSEC

Les services informatiques internes sont souvent jugés coûteux et inefficaces. Faut-il alors tout casser et décentraliser brutalement ou jouer avec les offres du marché ? ou bien encore, forcer la rédaction de contrats internes pour verrouiller les relations ? Rénover le pilotage en intégrant les caractéristiques de l'activité permet pourtant d'actionner des leviers majeurs d'efficacité.

A propos du livre de Bernard Colasse : "L'analyse financière de l'entreprise" Editions La Découvertepar Frédérique Pallez, Centre de gestion scientifique

A propos du rapport de fin d'études de M. H. Davy et A. Paquot, intitulé : "La conception des colles ; forme des molécules et procédures de gestion" - juillet 94 par Frédérique PALLEZ

A propos du livre de Raymond Guidot "Histoire du design de 1940 à 1990" Editions Hazan, 1994, 367 p.par Marie-Josèphe Carrieu Costa (ACER Consultants)

A propos du livre Experts et faussaires : Pour une sociologie de la perception, de C. Bessy et F. Chateaureynaud, Ed Metailié, 1995, 364 pages. par Vincent Mangematin (INRA/SERD)

PAR RAMDANE MOSTEFAOUI

Université de Picardie Jules Verne

L'aimable incompréhension du saltimbanque et du géomètre tourne parfois au tragique : qu'une équipe d'enseignants décidés à faire fi des difficultés se heurte aux zélotes de la légalité et c'est la survie même de l'université qui est en jeu. Pire, c'est dans leur identité même que ces acteurs sont touchés par ces règles kafkaiennes, d'une façon qui sera insupportable pour certains.

PAR HENRY HOUBEN ET MARC INGHAM

Université Catholique de Louvain

Le fordisme est mort, le taylorisme ne serait plus qu'un mauvais souvenir. En lisant certaines contributions de management, c'est l'impression que le lecteur pourrait en retirer. Mais qu'en est-il réellement ? Et quel système de production pourrait alors succéder au fordisme, en particulier dans l'industrie automobile ?

PAR MICHEL FERRARY

Groupe HEC Département Management et Ressources Humaines

Si avec les économistes classiques on admet que les mécanismes de marché tendent à égaliser la valeur d'usage et la valeur d'échange du travail, il apparaît alors que les déséquilibres entre ces deux termes favorisent des stratégies diamétralement opposées entre salariés et firmes. Le problème est alors de savoir, entre flexibilité interne et recours au marché, quel principe de gestion des ressources humaines est le plus pertinent dans le cadre de la stratégie de l'entreprise.

DIVERSIFIZIERUNG IN DER FRANZÖSISCHEN AUTOMOBILINDUSTRIE

UNKLARHEITEN UND BEDEUTUNG.GEGENÜBERSTELLUNG DER

STANDPUNKTE DES HISTORIKERS UND DES GESCHÄZFTSFÜHRERS

VON BERTRAND CIAVALDINI

UND JEAN-LOUIS LOUBET

Ist Diversifizierung die Voraussetzung für den Erfolg eines Automobilherstellers? Die Frage ist gewiß nicht neu und hat von Anfang an zu heftigen Auseinandersetzungen gefuhrt. Nachdem eine Übereinstimmung von Herstellern und Händlern erzielt werden konnte, hat sich die Industrie jetzt darauf eingestellt, ein Produkt im Laufe seines Lebenszyklus der immer breitgefächerteren Nachfrage anzupassen - und dies endlich zu akzeptierbaren Kosten.

UNTERNEHMEN UND PROJEKTE :: EIN WECHSELSEITIGER

LERNPROZESS

VON HENRI ROUILLEAULT

UND MARIE-CLAIRE VILLEVAL

Die Arbeiten über das Projekt-Management, das nicht nur eine Umstrukturiering, sondern zugieich eine Neudefinierung der Regeln für die Zusammenarbeit voraussetzt, vermitteln bisweilen den Eindruck, daß die Weiterentwicklung dieses Prinzips der "Geschichte" der Organisationen ein Ende setzen wird. Wenn auch das Unternehmen niemals allein auf Projekt-Management zu reduzieren sein wird, ist dieses jedoch als Vektor eines stetigen Lernprozesses anzusehen.

EINLEITUNG

FRANCIS PAVE

EINBEZIEHUNG DER BENUTZER IN EDV-PROJEKTE: AUF DER SUCHE NACH AKTEUREN

LINDA AGRO, ANNIE CORNET UND FRANÇOIS PICHAULT

Mitentscheidung der Benutzer über Entwicklung und Einsatz von EDV-Systemen gehört heute für jeden ProJektleiter zu den Mitteln und Methoden, über die er verfügt. Sehr haufig allerdlngs genügen quantitative Kriterien nicht, um den Erfolg zu gewährleisten. Es wird daher erforderlich, psychosoziologische sowie organisatorische Kriterien mit in Betracht zu ziehen.

KANN MANAGEMENT ZUM MODELL GEMACHT WERDEN ?

BERNARD COMMERE

Das Bemühen um effiziente Investitionen im EDV-Bereich war Ausgangspunkt für die Entwicklung verschiedenartiger Methoden zur Durchführung von Projekten und Konzipierung von EDV-Systemen. Die in Frankreich bekannteste und meistverbreitete ist die Methode MERISE, die auf Initiative des Industrieministeriums entwickelt wurde und die beides zugleich bietet : eine Methode zur Projektdurchführung sowie formale Kriterien zur Darstellung des EDV-Systems.

BESSERE KOORDINIERUNG OHNE VERTRAGLICHE RE6ELUNG: EINE MÖGLICHE ALTERNATIVE ZUR STEUERUNG DER EDV-AKTIVITÄTEN ?

NICOLAS MOTTIS

Betriebsinterne EDV-Abteilungen gelten oft als kostspielig und wenig effizient. Muß folglich alles zerschlagen und radikal dezentralisiert werden oder sollte man das Angebot auf dem Markt ins Spiel bringen ? Oder konnte die Abfassung interner Verträge die Beziehunten genau festlegen ? Ein Umdenken im Bereich der Koordinierung unter Einbezlehung der Besonderheiten des Tätigkeitsbereichs bietet die Möglichkeit, vielversprechende Ergebnisse zu erzielen.

KRITISCHE UND ÜBERARBEITETES BESTANDSAUFNAHME DER MODIBRNEN FINANZANALYSE

Zum Buch von Bernard Colasse:"Finanzanalyse des Unternehmens" von Frédérique Pallez

"SIND CHEMIKER ERFORDERLICH, UM GUTES MANAGEMENT ZU BETREIBEN ?"

Zur Examensarbeit (Studienabschluß) von M. H. Davy und A. Paquot unter dem Titel:"Das Konzept des Klebens ; Form der Moleküle und Verfahren der Geschäftsführung"

ALS GESCHENK AN EINEN INGENIEUR

Zum Buch von Raymond Guidot "Geschichte des Designs von 1940 bis 1990"

VOM ECHT FALSCHEN 200-FRANC-SCHEIN IN DER KNEIPE BIS ZUM AUKTIONATOR IM "HOTEL DROUOT"

Zum Buch "Experten und Fälscher: Für eine Soziologie der Wahrnehmung" von C. Bessy und F. Chateaureynaud

WIE KANN LEGALE MISSWIRTSCHAFT ÜBERWUNDEN WERDEN ?

RAMDANE MOSTEFAOUI

Die liebenswerte Unkenntnis des Gauklers und Geometers wird manchmal zur Tragik : eine Gruppe kühner Lehrkräfte, die die Schwierigkeiten nicht fürchten, stößt auf übereifrige Gesetzeshüter - und das Überleben der Universitäten steht auf dem Spiel. Schlimmer noch : durch kafkaeske Regeln sind diese Akteure in ihrer eigenen Indentität bedroht - auf eine für manche unerträgliche Weise.

DURCH WELCHES SYSTEM KANN DER FORDISMUS ERSETZT WERDEN ?

HENRY HOUBEN UND MARC INGHAM

Der Fordismus ist tot, der Taylorismus nur noch eine schlechte Erinnerung. Diesen Eindruck kann der Leser haben, wenn er gewisse Beiträge zum Management liest. Aber wie steht es wirklich darum ? Welches Produktionssystem könnte künftig -vor all em in der Automobilindustrie- die Nachfolge des Fordismus antreten ?

PERSONALPLANUNG GEMESSEN AM PRINZIP DER WIRTSCHAFTLICHKEIT DER UNTERNEHMUNGEN

MICHEL FERRARY

Wenn in Übereinstimmung mit den klassischen Wirtschaftswissenschaftlern angenommen wird, daß die Marktmechanismen zu einer zunehmenden Gleichsetzung des Gebrauchs-und Tauschwertes der Arbeit führen, ist jedoch festzustellen, daß die Gegensätzlichkeiten zwischen diesen beiden Begriffen bei Arbeitnehmern und Unternehmen einander diametral entgegengesetzte Strategien begunstigen. Das Problem besteht darin, zwischen interner Flexibilität und dem Rückgriff auf den Markt abzuwägen und zu entscheiden, welches Prinzip der Personalplanung im Rahmen der Unternehmensstrategie am geeignetsten ist.

Is diversity one of the fundamental conditions underlying an automobile company's success? This is not a new question; it has always aroused bitter debate. Finally having reconciled manufacturers and dealers, automobile construction firms are now able to modify their product throughout its life cycle so as to respond to an ever more diversified demand - while keeping costs reasonable.

Project management supposes not only setting up new structures but also redefining rules of cooperation. Research in this field sometimes gives the impression that the development of project management would signal the "end of history" in organizations. Although a firm can never be reduced to project management, thus method apparently conveys a permanent learning process.

The implication of users in developing and operating information systems is now part of the tools of the trade available to project leaders. Very often however, quantitative criteria do not suffice to ensure success. It then becomes indispensable to take psychosociological and organizational criteria into account.

Various methods for conducting projects and designing information systems have emerged out of research on the efficiency of investments in computerization. In France, MERISE is the best known and most widely used. Its development stimulated by the Ministry of Industry, MERISE is both a method for conducting a project and a formalized means for portraying an information system.

Inhouse computer services are often thought to be costly and inefficient. Should all existing structures be torn down or suddenly decentralized? Should the market be tapped for such services? Or should inhouse contracts be written so as to "seal" relationships? Renovating the leadership of computer services is a way to operate major levers of efficiency.

Frédérique Pallez: A critical inventory and blueprint for modern financial analysis: On L'analyse financière de l'entreprise by B. Colasse

Frédérique Pallez: Do you have to be a chemist to be a good manager? On La conception des colles. Forme des molécules et procédures de gestion by M.H. Davy and A. Paquot

Marie-Josèphe Carrieu: A gift for an engineer: On Histoire du design de 1940 à 1990 by R. Guidot

Vincent Mangematin: About the real counterfeit 200 FF bill at the Drouot Smoking Lounge: On Experts et faussaires: Pour une sociologie de la perception by C. Bessy and F. Chateaureynaud

The friendly lack of understanding between a juggler and a geometer may sometimes lead to tragedy: when a team of teachers decides to scorn difficulties but runs up against the zealous advocates of legality, the university's survival is put up at stake. Even worse, these actors' very identities have been marked by kafkaesque rules, and some of them cannot bear this.

Fordism is over and done with. Taylorism is but a bad memory. Reading articles on management often leaves one with this impression. But is this really so? What production system might replace Fordism, especially in the automobile industry?

If, in agreement with classical economists, we admit that market mechanisms tend to make the use and exchange values of labor equal, then the disequilibrium between these two leads wage-earners and firms to adopt diametrically opposite strategies. Out of internal flexibility and recourse to the marketplace, which principle for managing human resources is most relevant to a firm's strategy?

Michel BERRY

Président du Comité de rédaction

par Lars Åke Kverning

En 1628, les vaisseaux doivent s'adapter à une innovation dans la guerre navale : le combat à distance, en escadre de vaisseaux de ligne, fortement armés de canons. Les deux maîtres-charpentiers hollandais, chargés de concevoir et construire le Vasa, vont être confrontés à un ensemble contradictoire de difficultés techniques - les moyens de calculer l'équilibre des navires, non seulement n'existent pas, mais encore sont inconcevables pour les physiciens de l'époque - et d'exigences politiques.

par Hervé Dumez

Le colbertisme, mythe fondateur de la politique industrielle française, est toujours vivace dans la mémoire collective des Français . Volonté étatique imposant aux intérêts privés -et au monde- l’ardente obligation du développement économique national, l’action de Colbert demeure comme le modèle d’une réussite. Le cas de la Compagnie du Nord peut être l'occasion de faire retour sur ce mythe, et d’en analyser les aspects les moins connus.

par Hélène Vérin

Dans les années 1670, Colbert s'engage dans la reconstitution de la flotte française et dans la mise en place des infrastructures administratives et techniques d'une gestion efficace de sa production et de son entretien sur le sol français. En 1679, le spectaculaire montage d'un vaisseau en sept heures témoigne de l'apparition d'une conception fonctionnelle de la gestion et des pouvoirs d'une organisation du travail conçue selon une autre "idée", comme l'exigeait inlassablement Colbert.

par le Sr Delacroix, commissaire de la Marine à Toulon.

par Hélène Vérin

Au XVIIe et au XVIIIe siècle, deux modes de production des vaisseaux de guerre coexistaient sur les chantiers royaux : en régie ou à l'entreprise, dans des proportions variables. On peut suivre, tout au long du XVIIIe siècle un débat indéfiniment repris sur ce thème : peut-on concilier une bonne gestion des ressources humaines indispensables à la marine, avec le système de production à l'entreprise ? Le mémoire de Delacroix pose les données du problème et propose des solutions.

par E. Stevelinck

Les techniques pénitentiaires imaginées à la fin du XVIIIe siècle, dont la maison de force de Gand fut un modèle, permettaient tout à la fois de régler les conduites individuelles selon le travail et d'équilibrer les comptes de l'Etat en traitant le prisonnier comme un homo oeconomicus. La minutie des techniques comptables comme exercice précisément détaillé des règles d'une bonne conduite économique, devient alors le garant de la légitimité sociale et politique de l'emprisonnement.

par Marcel Capet

Surtout connu comme bâtisseur de forteresses, Sébastien Le Prestre, seigneur de Vauban, est également célèbre par ses écrits. Homme aux compétences étendues, ses décisions qui révèlent une rationalité appliquée, en font un maître à penser et, aujourd'hui encore, étonnent par leur modernité et leur pragmatisme.

par Yannick Lemarchand.

Publié en 1675, ce classique de la littérature destinée aux marchands s'intéresse à de multiples aspects de la gestion. Cela va de la formation de l'apprenti marchand, aux choix de production du manufacturier dans le monde de l'industrie naissante, en passant par les techniques comptables, les instruments de crédit, les problèmes de change, ou encore les sociétés commerciales et leur fonctionnement. Les extraits présentés ici témoignent de cette multiplicité de préoccupations.

par Daniel Fixari

En 1774, un Edit autorise l'exportation des grains et supprime toutes les entraves réglementaires à leur circulation entre les provinces. Le but est de régler l'éternel problème des disettes qui frappent encore certaines provinces d'un royaume pourtant prospère. Dans ce contexte, les "Dialogues" de l'abbé Galiani ont un grand retentissement et lui valent des réactions violentes de la part du clan des partisans de la liberté du commerce des blés, parmi lesquels on comptait en particulier Turgot."

Lars Åke Kverning

In 1628, ships had to be adapted to an innovation in naval warfare : combat at a longer range in squadrons heavily armed with cannons. The two Dutch engineers responsible for designing and building the Vasa had to cope with a contradictory set of technical difficulties. The means for calculating a ship’s stability did not yet exist, and scientists could not even imagine solving such a problem. Furthermore, political authorities had strict requirements.

Hervé Dumez

Colbertism is still much alive in the French collective memory. Under this doctrine, the government forced private interests _ and the world _ to pursue a policy of national economic development. Colbert’s actions still serve as a model of success. The case of the Compagnie du Nord can be used to look back at this myth and examine its lesser known aspects.

Hélène Vérin

In the 1670s, Colbert decided to set up the administrative and technical infrastructures for efficiently managing the production and maintenance of a navy in France. In 1679, a ship was built in seven hours in Toulon : this was proof of a new functional conception of management and also of the effectiveness of organizing labor in line with another idea, as Colbert tirelessly demanded.

Sr. Delacroix, naval commissary at Toulon, France

Hélène Vérin

In the 17th and 18th centuries, warships were built under government control or under contract. In the royal naval yards, these two ways coexisted in variable proportions. Throughout the 18th century, controversy constantly arose about whether a sound _management of human resources_ in the navy was compatible with the production system under contract. Delacroix’s dissertation discusses the facts and proposes solutions.

Ernest Stevelinck

Techniques for penitentiaries in the late 18th century, when the Ghent prison served as a model, were intended to both regulate the comportment of individuals through work and balance the books by treating prisoners like homo oeconomicus. Meticulous bookkeeping techniques, which represented a finely detailed exercise in the rules of good economic comportment, became a way to vouchsafe the social and political legitimacy of incarceration.

Marcel Capet

Sébastien Le Prestre, lord of Vauban, is famous mainly for building fortresses. But he is also known for his writings. This man of many qualities made decisions based on practical reason that prove he was a great thinker. Even today, the modernity and pragmatism of these decisions still amaze us.

Yannick Lemarchand

Published in 1675, this literary classic for merchants dealt with the many aspects of management _ ranging from the training of trader apprentices through bookkeeping techniques, instruments of credit, currency problems, and the operation of commercial companies, to manufacturer’s choices in still infant industries. The excerpts presented herein shed light on these preoccupations.

Daniel Fixari

In 1774, an edict authorized exporting cereals and abolished regulations hindering the cereal trade between the provinces. The goal was to put an end to the food shortages that had long plagued certain provinces in a quite prosperous realm. In this context, Abbot Galiani’s Dialogues stirred up violent reactions from among those who supported doing away with restrictions on the wheat trade. Among the latter was Turgot.

Lars Åke Kverning

En 1628, los buques deben adaptarse a una innovación en la guerra naval : el combate a distancia, en escuadra de barcos de línea, fuertemente armados de cañones. Los dos maestros contratistas holandeses encargados de concebir y construir el Vasa se encuentran ante un conjunto contradictorio de dificultades técnicas (no sólo los medios para calcular el equilibrio de las naves todavía no existen, sino que, además, son inconcebibles para los físicos de la época) y de exigencias políticas.

Hervé Dumez

El colbertismo, mito fundador de la política industrial francesa, sigue vivo en la memoria colectiva de los franceses. La acción de Colbert, voluntad estatal que impone a los intereses privados -y al mundo- la ardiente obligación del desarrollo económico nacional, ha quedado como el modelo de un acierto. El caso de la Compagnie du Nord puede ser la ocasión de reconsiderar este mito y de analizar sus aspectos menos conocidos.

Hélène Vérin

En los años 1670, Colbert emprende la reconstitución de la flota francesa y la creación de las infraestructuras administrativas y técnicas de una gestión eficaz de su producción y de su mantenimiento en suelo francés. En 1679, el espectacular montaje de un barco en siete horas muestra la aparición de una concepción funcional de la gestión y los poderes de una organización del trabajo concebida con arreglo a otra "idea", como lo exigía infatigablemente Colbert.

por el Sr. Delacroix, comisario de la Marina en Tolón

Hélène Vérin

En los siglos XVII y XVIII coexistían en los astilleros reales dos modos de producción de naves de guerra : en administración o por empresa, en proporciones variables. Podemos seguir, a lo largo del siglo XVIII, un debate incesantemente reanudado sobre este tema : ¿es posible conciliar una buena gestión de los recursos humanos indispensables para la marina con el sistema de producción por empresa? La memoria de Delacroix presenta los datos del problema y propone soluciones.

E. Stevelinck

Las técnicas penitenciarias imaginadas a fines del siglo XVIII, de las cuales ofrece un modelo el establecimiento penal de trabajos forzosos de Gante, permitían a la vez regular las conductas individuales mediante el trabajo y equilibrar las cuentas del Estado, tratando al preso como homo oeconomicus. La minucia de las técnicas de contabilidad, como ejercicio precisamente detallado de las reglas de una buena conducta económica, se convierte entonces en garante de la legitimidad social y política del encarcelamiento.

Marcel Capet

Conocido principalmente como constructor de fortalezas, Sébastien Le Prestre, señor de Vauban, es también célebre por sus escritos. Las decisiones de este hombre de extensas competencias, que revelan una racionalidad aplicada, hacen de él un maestro del pensamiento y aún hoy sorprenden por su modernidad y su pragmatismo.

Yannick Lemarchand

Este clásico de la literatura destinada a los comerciantes, publicado en 1675, se interesa en múltiples aspectos de la gestión : desde la formación del aprendiz de negociante hasta las decisiones de producción del manufacturero en el mundo de la industria naciente, pasando por las técnicas contables, los instrumentos de crédito, los problemas de cambio o las sociedades comerciales y su funcionamiento. Los extractos presentados aquí dan fe de este multiplicidad de preocupaciones.

Daniel Fixari

En 1774, un edicto autoriza la exportación de granos y suprime todas las trabas reglamentarias a su circulación entre las provincias. Su objetivo es resolver el eterno problema de la carestía, que a pesar de la prosperidad del reino sigue afectando a ciertas provincias. En este contexto, los Diálogos del abate Galiani tienen gran repercusión y le valen violentas reacciones del clan de los partidarios de la libertad del libre comercio del trigo, entre los cuales figuraba, en particular, Turgot.

Ce matin, les mêmes images, encore. Hier, elles venaient de Jérusalem, déjà, mais aussi de Londres. Avant hier, c'était de Paris ou d'Oklahoma City, ou d'ailleurs, je ne sais plus. Spectateur effaré des convulsions de ce temps, alors que la gestion des peuples s'affronte à des périls qui n'ont jamais été aussi imprévisibles, il me vient l'idée que, loin du souverain puissant doublé d'un tendre père évoqué par Claude Riveline, c'est un roi au coeur violent qui règne aujourd'hui, en maître des idées simples et des intégrismes.

En d'autres temps, Zeus, averti par l'oracle qu'un de ses fils à venir serait un tel monarque, plutôt que de risquer de perdre son trône, en dévora la mère. L'humour des anciens Grecs voulût que celle-ci fût Mètis, déesse - pour une fois malheureuse - des ruses de l'intelligence, que les Latins nommèrent, sans grâce, Prudence. Dans les pas d'Aristote qui en fit une vertu - la phronésis - et sous la férule de Michel Villette, ce numéro de Gérer & Comprendre choisit résolument le parti de la déesse à l'intelligence souple et rusée.

Ce qui est beau est-il bon ? Ce qui est logique est-il solide ? Hervé Dumez et Christian Morel nous emmènent sur les traces des bâtisseurs du Dôme de Milan, du Pont Neuf et de la cathédrale de Beauvais. Ils nous parlent de ce qui distingue l'habileté de l'expérience, le savoir de la prudence, l'éthique de l'esthétique. Leurs articles sont passionnants et éclairent d'un jour neuf les débats sur ce qu'on nomme aujourd'hui le design ...

Lassée de les voir appliquer sans succès de vagues lois générales, une vaste organisation fait appel à la sociologie pour former ses cadres gestionnaires. Modernes phronimos, ceux-ci font l'expérience de la délibération appliquée à la singularité des individus et des circonstances. Ils affinent alors leur adaptation à une situation unique et Ehrard Friedberg les accompagne.

Face à un monde mouvant et incertain, où les dieux sont devenus fous, il faut délibérer, nous dit le mythe grec. Et pourquoi pas ? La lecture de ce numéro vous montrera, je l'espère, que l'exercice ne manque pas d'attraits.

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

PAR CLAUDE RIVELINE

Le lien social, dans un pays donné, est fait de patriotisme, autour de l’idée de Nation, de réglementation, autour de l’idée d’Etat, et d’habitudes locales englobées dans l’expression de "phénomènes de société". Il semble qu’aujourd’hui, en France, Nation et Etat perdent leur prestige, sans que les phénomènes de société prennent suffisamment le relais.

PAR ERHARD FRIEDBERG

Alors que les organisations sont, depuis de nombreuses années déjà, le théâtre de réorganisations profondes et répétées de leurs modes de conception et de production, la formation de la plupart des responsables opérationnels ne les prépare guère à prendre en compte la réalité complexe du fonctionnement des systèmes humains concernés. La sociologie des organisations peut y contribuer en relativisant la vision managériale classique et son volontarisme aveugle.

PAR JEAN-MARC LE GALL

Un accord paritaire de branche qui instaure une nouvelle classification des emplois, intégrant un dispositif de développement de compétences, peut-il contribuer à moderniser les entreprises dans lesquelles il est mis en oeuvre ? L’analyse du processus de changement engagé à la CNAV, l’une des caisses de Sécurité Sociale concernées, apporte une réponse nuancée mais optimiste.

PAR ODILE JOIN LAMBERT et FRÉDÉRIQUE PALLEZ

Mélange de hautes technologies et d’un taylorisme désuet, royaume des droits acquis mais structure capable de traiter quinze milliards d’objets par an avec une fiabilité étonnante, la Poste fut un des modèles du service public "à la française". Des hommes, depuis des années, l’ont préparée aux mutations économiques, technologiques et sociales qui l’ont amenée aujourd’hui à affronter les lois du marché. Émile Simon témoigne.

PAR FRANCIS GINSBOURGER

Quel rôle l’entreprise peut-elle jouer en matière d’emploi et de lutte contre l’exclusion ? Comment les actions allant en ce sens sont-elles instrumentées dans la gestion courante ? Les dirigeants sont-ils alors conduits à renoncer à des investissements de productivité, voire à remettre en cause les critères sur la base desquels ceux-ci sont justifiés ? Trois P.D.G. engagés contre l’exclusion montrent que les critères adaptés restent encore à trouver.

Michel Berry : LA BATAILLE POUR L'EMPLOI : FAUT-IL CROIRE LES ÉCONOMISTES ? A propos du livre de Bernard Perret  : "L'avenir du travail. Les démocraties face au chômage"

Valérie Reicher Brouard : LA METAMORPHOSE D'UN SERVICE PUBLIC A propos du livre d'Albert David "RATP, la métamorphose Réalités et théorie du pilotage du changement "

Marc Blangy : L'AVOCAT, ENTRE ANIMAL POLITIQUE ET ÊTRE SOCIABLE A propos du livre de L. Karpik : "Les avocats. Entre l'Etat, le public, et le marché (XIIIè-XXè siècle)"

Michel Villette : LA SOLIDARITÉ TECHNIQUE DANS LES RÉSEAUX HOMMES-MACHINES ET LA CONDITION "D'OPÉRATEUR"A propos du livre de Nicolas Dodier :"Les hommes et les machines".

PAR HERVÉ DUMEZ

Se pourrait-il que, par son mode d'apprentissage, par son style d'approche des problèmes, et malgré l'appareil scientifique qui la recouvre souvent, la gestion soit davantage un art qu’une science ? En 1400, l’aventure d’un expert français, appelé sur le chantier de leur cathédrale par les maçons de Milan, illustre les rapports, toujours ambigus à ce jour, de l’art et de la science.

PAR CHRISTIAN MOREL

L’image technique d’un produit et son image esthétique sont intimement mêlées. L’exemple de la cathédrale de Milan, développé dans l’article d’Hervé Dumez, et d’autres cas, développés ici, confirment la subtilité des relations entre pratique et théorie, art et science, conception architecturale et design. Peut-être est-ce là le sens de "Ars sine scientia nihil est" ?

PAR MICHEL VILLETTE

Pour Aristote, la prudence (phronésis) n'est pas une vertu morale mais une faculté intellectuelle, un mode de connaissance distinct de la science des vérités éternelles (sophia) d'une part et de l'habileté technique de l'artisan ou du sophiste d'autre part. Cet article met en rapport la notion aristotélicienne de phronésis avec certains courants actuels de la gestion. Il discute sa pertinence comme catégorie unificatrice, définissant un mode de connaissance pratique pour l'homme d'affaires d'aujourd'hui.

Claude RIVELINE

Der soziale Zusammenhalt in einem Land setzt sich zusammen aus Patriotismus im Hinblick auf den Begriff der Nation, aus Regelungen im Hinblick auf den Staatsgedanken und aus regionalen Bräuchen, die generell als "gesellschaftliche Phänomene" bezeichnet werden können. Offensichtlich verlieren gegenwärtig in Frankreich "Nation" und "Staat" an Ansehen - und zwar ohne ausreichendes Gegengewicht, was die "gesellschaftlichen Phänomene" betrifft.

Erhard FRIEDBERG

Während die Organisationen seit Jahren bereits Schauplatz mehrfacher tiefgreifender Umstrukturierungen sind, ist festzustellen, daß die Ausbildung der meisten Verantwortlichen ihnen kaum ermöglicht, ihr methodisches Vorgehen den jeweiligen komplexen Gegebenheiten menschlicher Beziehungen anzupassen. Diesbezüglich kann die Soziologie der Organisationen einen bedeutenden Beitrag leisten, indem sie die klassische Auffassung vom Management und ihren blinden Voluntarismus relativiert.

Jean-Marc LE GALL

Kann eine paritärische, auf eine Branche bezogene Absprache, durch die eine Neuklassifizierung der Arbeitsplätze eingeführt wird und Vorkehrungen zur Entwicklung neuer Aufgabenbereiche festgelegt werden, zur Modernisierung der betreffenden Unternehmen beitragen ? Die Analyse des Veränderungsprozesses, der bei der CNAV ("nationale Altersversorgungskasse", eine der Kassen der französischen Sozialversicherung) in Gang gekommen ist, ergibt eine nuancierte, aber zuversichtliche Antwort.

Odile JOIN LAMBERT u. Frédérique PALLEZ

Eine Mischung zwischen Hochtechnologie und überholtem Taylorismus, ein Paradies für soziale Vorteile, aber mit einer Kapazität zur Bearbeitung von 15 Milliarden Objekten pro Jahr - und das alles mit erstaunlicher Zuverlässigkeit : die Post war eines der Modelle für den öffentlichen Dienst "à la française". Seit Jahren wurde sie auf den wirtschaftlichen, technologischen und sozialen Strukturwandel vorbereitet, um sich nun dem freien Wettbewerb stellen zu können. Emile Simon ist einer der handelnden Akteure und berichtet.

Francis GINSBOURGER

Welche Rolle kann das Unternehmen im Hinblick auf Arbeitsplatzsicherung und den Kampf gegen die soziale Ausgrenzung spielen ? Welche Mittel stehen der üblichen Geschäftsführung für Maßnahmen in diesen Bereichen zur Verfügung ? Muß nunmehr auf Investitionen zur Produktivitätssteigerung verzichtet werden oder müssen gar die grundlegenden Kriterien ihrer Rechtfertigung in Frage gestellt werden ? Drei Generaldirektoren, die sich den Kampf gegen die soziale Ausgrenzung als Ziel gesetzt haben, nehmen zu diesen Fragen Stellung und legen dar, daß Kriterien einer Produktivitätsfördernden Geschäftsführung, die zugleich Arbeitsplätze sichert und soziale Ausgrenzung vermeidet, noch nicht gefunden wurden.

Michel Berry : DER KAMPF UM ARBEITSPLÄTZE - IST DEN WIRTSCHAFTLERN GLAUBEN ZU SCHENKEN ?

Zum Buch von Bernard Perret : Die Zukunft der Arbeit. Die Demokratien gegenüber der Arbeitslosigkeit.

Valérie Reicher Brouard : DIE METAMORPHOSE EINES ÖFFENTLICHEN DIENSTLEISTUNGSBETRIEBES. Zum Buch von Albert David RATP (autonome Regie der Pariser Verkehrsbetriebe), die Metamorphose - Realität und Theorie der Steuerung des Wandels

Marc Blangy : DER ANWALT - TIERISCHER POLITIKER ODER GEMEINSCHAFTSFÄHIGES WESEN ? Zum Buch von L. Karpik Die Anwälte. Zwischen Staat, Öffentlichkeit und Markt (XIII. - XX Jahrhundert)

Michel Villette : TECHNISCHE SOLIDARITÄT IM NETZWERK MENSCH - MASCHINE UND DIE STELLUNG DES "OPERATORS". Zum Buch von Nicolas Dodier Die Menschen und die Maschinen

Hervé DUMEZ

Ist es möglich, daß die Geschäftsführung durch die Art, wie sie erlernt wird, wie sie Probleme angeht, und trotz des wissenschaftlichen Rahmens, der sie oft umgibt, eher eine Kunst als eine Wissenschaft ist ? Die Erfahrung eines französichen Experten im Jahre 1400, den die Mailänder Maurer auf die Baustelle ihrer Kathedrale gerufen hatten, veranschaulicht die bis heute zwiespältigen Verbindungen zwischen Kunst und Wissenschaft.

Christian MOREL

Die technische Beschaffenheit eines Produkts und sein ästhetischer Aspekt sind eng miteinander verbunden. Das im Artikel von Hervé Dumez angeführte Beispiel der Kathedrale von Mailand sowie weitere hier erwähnte Fälle bezeugen die subtilen Beziehungen zwischen Praxis und Theorie, Kunst und Wissenschaft, Architektur und Design. "Ars sine scientia nihil est" - vielleicht ist der Satz in diesem Sinne zu verstehen.

Michel VILLETTE

Für Aristoteles ist die Vorsicht (Phronesis) keine moralische Tugend, sondern eine intellektuelle Fähigkeit, eine von der ewigen Wahrheiten (Sofia) einerseits und vom technischen Geschick des Handwerkers oder Sophisten anderseits zu unterscheidende Erkenntnisweise. Dieser Artikel erläutert den aristotelischen Begriff der Phronesis und stellt ihn in Bezug zu bestimmten gegenwärtigen Strömungen im Bereich der Forschung, der Lehre sowie der Praxis der Geschäftsführung. Er wird als vereinheitlichende Kategorie untersucht und als praktische, dem Bedarf der heutigen Geschäftswelt angemessene Erkenntnisweise definiert.

Claude Riveline

In any given country, social bonds are made up of a patriotism that is based on the idea of the Nation, of regulations that evoke the idea of the State and of local habits to which the global category of society phenomena refers. In France, it now seems as though the Nation and State have lost prestige while society phenomena have not sufficiently taken up the slack.

Erhard Friedberg

Although, for several years now, organizations have undergone repeated, in-depth reforms of development and production, most persons in charge of operations do not have adequate training for adapting their methods of action to the complex workings of human systems. In this respect, the sociology of organizations can be particularly useful by relativizing the classical managerial vision and its blind voluntarism.

Jean-Marc Le Gall

Can an industry-wide collective agreement that sets up new job classifications and lays down provisions for developing qualifications help modernize the establishments where it will be applied ? An analysis of changes at the CNAV, one of the Social Security funds covered by the agreement, provides an optimistic answer but one full of nuances.

An interview with Emile Simon conducted by Odile Join-Lambert and Frédérique Pallez

The French postal system is a mixture of state-of-the-art technology and outdated Taylorism where, despite vested rights, 15 billion objects a year are conveyed with amazing reliability. The PTT used to be a model of a French-style public service. For years now, it has been prepared for social, technological and economic changes so as to bear up under the laws of the marketplace. Emile Simon, a participant in this process, testifies.

Francis Ginsbourger

What role can firms play in employment and the effort to put an end to exclusion ? How can actions of this sort be operationalized in everyday management ? Are company directors thus led to give up investments in productivity or even forsake the criteria for justifying such investments ? From the answers to these three questions provided by three CEOs who are committed to the struggle against exclusion, we see that the ways to manage productivity so as to favor employment and fight against exclusion are yet to be found.

Michel Berry, The battle for jobs : Do we have to believe economists? On L'avenir du travail. Les démocraties face au chômage by B. Perret

Valérie Reicher Brouard, The metamorphosis of a public service : On RATP, la métamorphose. Réalités et théorie du pilotage du changement by A. David

Marc Blangy, The lawyer : Between a political species and a sociable being. On Les avocats. Entre l'Etat, le public et le marché (XIIIe-XXe siècle) by L. Karpik

Michel Villette, Technical solidarity in people-machine networks and the condition of operators : On Les hommes et les machines by N. Dodier

Hervé Dumez

Could it be that, given the way management is learned, given its approach to problems and despite the scientific coating on top it, that management is more an art than a science ? In 1400, the adventures of a French expert, whose help masons working on the Milan cathedral requested, illustrate the relations still ambiguous even today between art and science.

Christian Morel

A product's technical and aesthetic images are intermingled. The example, among others, of Milan's cathedral is worked out to show the subtle interplay between practice and theory, art and science, in architectural design. Is that what ars sine scientia nihil est means ?

Michel Villette

For Aristotle, prudence (phronesis) was not a moral virtue but an intellectual faculty, a form of knowledge distinct from both the science of eternal truths (sophia) and from the technical skills of craftsmen or sophists. This Aristotelian notion of prudence is relevant to certain currents in contemporary research, teaching and managerial practices. Is prudence pertinent as a unifying

"Comme si tout grand progrès de l'humanité n'était pas dû à de l'utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l'utopie d'hier et d'aujourd'hui !" s'écriait, le XIXe siècle finissant, André Gide dans ses Nourritures terrestres. Le XXe siècle s'achève, lui aussi, et Gérer & Comprendre, ce mois-ci, interroge quelques utopies d'hier et d'aujourd'hui.

Utopie d'avant-hier : Taylor voulait d'un monde d'où seraient bannis, grâce à la science, à l'organisation et à l'abondance, les antagonismes des hommes. L'a-t-on bien entendu et le taylorisme a-t-il réellement été ce qu'en rêvait Taylor ?

Utopie d'hier, à peine : Renault crée une usine virtuelle dont les maîtres-mots sont rationalité, productivité et coordination entre acteurs. L'utopie peut-elle se réaliser sans en être dénaturée ? Le projet Twingo, qui en est issu, donne aujourd'hui quelques réponses.

Utopies d'hier, mais d'aujourd'hui aussi : la bonne gestion, celle du praticien avisé que fut Courcelle Seneuil ou celle qu'on enseigne à Harvard, créera la richesse. Mais le désir d'enrichissement à court terme - pour légitime qu'on le tienne - de l'actionnaire ne met-il pas en péril la bonne gestion de l'entreprise ? Bertrand Collomb s'interroge.

Utopie au quotidien : c'est par la qualité des hommes et de leur travail que l'entreprise prospérera. Mais que faire des hommes sans Qualité ? Quand les utopistes se cognent au réel, les hommes politiques tâtonnent et les entreprises atermoient.

Utopie pour demain : le travail salarié n'est pas tout, quatre jours y suffiraient bien ! Depuis que Gide a reposé sa plume, nous n'avons cessé d'y consacrer de moins en moins de notre vie. Comme honteux de cela pourtant, nous refusons cette évidence et glorifions, entêtés, les vertus du labeur. Vraiment, nos nourritures terrestres sont-elles toujours à ce prix ?

Gageons que ce débat est loin d'être clos et que Gérer & Comprendre, après un repos estival bien mérité, saura vous proposer de nouvelles pistes de réflexion en convoquant dans ses pages, pour la rentrée, quelques nouveaux utopistes de talent.

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

par Bertrand COLLOMB

En théorie, les actionnaires français ont beaucoup de pouvoir, plus même que leurs homologues anglo-saxons, mais dans les faits, le PDG est une sorte de monarque, peu menacé par le contrôle de l’assemblée des actionnaires, ce qui étonne souvent les étrangers. Cependant la logique des marchés financiers fait émerger de nouvelles modalités de relations des entreprises françaises avec leurs actionnaires et c’est la voie dans laquelle s’est engagé le Groupe Lafarge.

HISTOIRE D’IRIS, L’USINE DU FUTUR

par Eric POURCHIER

En 1986, Renault lance un projet de prospective industrielle, le projet IRIS, qui va faire date. Il s’agit en effet de la première collaboration entre ingénieurs d’études et ingénieurs de méthodes sur un projet réaliste à orientation industrielle. Avec IRIS Renault va apprendre à investir tout à la fois dans la compétence technique et dans la compétence organisationnelle. Avec le succès que l’on connaît.

par Bénédicte VIDAILLET et Olivier LLUANSI

Alors que la réduction du temps de travail a été quasi-permanente depuis l’instauration du monde industriel, ce n’est que dans le contexte économique difficile des années 70 qu’elle a été envisagée comme moyen de lutte contre le chômage. Pourtant, depuis 1982, le processus de réduction effective du temps de travail s’est interrompu malgré l’irrésistible aggravation du chômage. Derrière ce paradoxe, quels sont les enjeux que cache, pour l'ensemble des acteurs concernés, une proposition concrète : la semaine de quatre jours à la carte ?

par Marie-Alice MERLE

La lutte contre l'exclusion, qui recouvre des phénomènes socio-économiques souvent dramatiques pour les personnes, est devenue, dès le début des années 90, une action à part entière des pouvoirs publics. Si aucun remède miracle n'a été trouvé, les idées ne manquent pas. Mais que peut-on faire pour que ces idées soient reprises dans les pratiques ?

par Georges RIBEILL

Pédagogue et vulgarisateur de la comptabilité, publiciste, militant du libéralisme économique et animateur de la Société d’économie politique, Jean-Gustave Courcelle-Seneuil n’a cessé d’écrire de multiples ouvrages et articles. Parmi eux, le Manuel des affaires, publié dès le milieu du siècle dernier et dont le succès ne s’estompera qu’au début du suivant, peut véritablement être qualifié de premier traité pratique de gestion des entreprises.

par Gérard WARNOTTE

L’approche du rôle de la gestion des ressources humaines face aux changements débouche inévitablement sur le dévoilement de positions idéologiques dont il est nécessaire de montrer le caractère pernicieux. Ne faudrait-il pas lui opposer une autre approche construite à partir de la réalité sociale de l’entreprise selon laquelle l’enjeu serait de changer notre manière de concevoir et de pratiquer la gestion des ressources humaines ?

RÉFORME ET INSTITUTION

A propos du livre de Nils Brunsson, Johan P. Olsen : "The reforming organization",

par Philippe Bezes

A propos du livre de François Lacasse : "Mythes, savoirs et décisions politiques" par Raphaël Spira

LES CONTES DE LA RAISON ORDINAIRE

A propos du livre de Massimo Piattelli Palmarini : "La réforme du jugement", et du livre de J. Edward Russo & Paul J.H. Shoemaker "Les chausse-trappes de la prise de décision", par Hervé Laroche

A propos de l’ouvrage collectif sous la direction de Bernard Barraqué : "Les politiques publiques de l’eau en Europe" par Chantal Schmitz,

A propos de l’ouvrage collectif sous la direction de Florence Charue-Duboc : "Des savoirs en action" par A. P. Nobre de Morais

Entretien mené par Bernard Colasse et Francis Pavé

Agrégé de Sciences économiques, Pierre Tabatoni découvre aux États-Unis l’enseignement de la gestion et se consacre, dans les années 50, à son implantation dans les universités françaises. A l’origine, notamment, des Instituts d’Administration des Entreprises, de l’Université de Paris-Dauphine et de l’Institut Européen de Recherche et d’Etudes supérieures en Management, il milite pour que l’enseignement supérieur de la gestion se développe en symbiose avec la recherche. Il vient d’être reçu à l’Académie des Sciences morales et politiques.

par Dominique CENTLIVRE et Benoit JOURNÉ

Des idées de Taylor, tout a été dit. Leurs vertus et limites ont été largement développées par les disciplines scientifiques dont l’objet est le travail et son organisation et tout un chacun connaît - ou croit connaître - des idées qui font désormais partie du patrimoine de la gestion. Mais le taylorisme est-il vraiment le reflet fidèle du personnage de Taylor et de ses idées ? Retour sur quelques textes fondateurs...

von Bertrand Collomb

Der Theorie nach haben die Aktionäre in Frankreich viel Macht, sogar mehr als die in den angelsächsischen Ländern, in der Praxis aber ist der Generaldirektor eine Art Monarch, dem kaum Kontrolle seitens der Hauptversammlung der Aktionäre droht, was die Ausländer oft erstaunt. Trotzdem führt die den Finanzmärkten inhärente Logik zu neuen Formen in den Beziehungen der französischen Unternehmer zu ihren Aktionären. Diesen neuen Kurs verfolgt auch der Konzern Lafarge. Duales Ausbildungssystem und Kampf gegen die soziale Ausgrenzung.

von Eric Pourchier

1986 startet Renault ein Projekt für industrielle Vorausplanung, das Projekt IRIS, das zum Modell wird. Es handelt sich nämlich zum ersten Mal um die Zusammenarbeit zwischen Ingenieuren aus dem Forschungsbereich und Ingenieuren aus dem methodischen Bereich an einem realistischen Industrieprojekt. Mit Iris lernte Renault, zugleich in technische und organisationelle Kompetenz zu investieren. Der Erfolg blieb, wie man weiß, nicht aus.

von Bénédicte Vidaillet und Olivier Lluansi

Seit der Industrielle Revolution wurde die Arbeitszeitverkürzung in fast regelmäßigen Abständen durchgesetzt, aber erst angesichts der Wirtschaftskrisen der 70er Jahre galt Mittel im Kampf gegen die Arbeitslosigkeit. Seit 1982 wurde jedoch der Prozeß effektiver Arbeitszeitverkürzung unterbrochen - und zwar trotz ständiger Zunahme der Arbeitslosigkeit. Hinter diesem Paradox verbirgt sich konkreter Vorschlag : die flexible 4-Tage-Woche. Was beinhaltet sie für sämtliche betroffenen Akteure ?

von Marie-Alice Merle

Der Kampf gegen die soziale Ausgrenzung, ein sozio-ökonomisches Phänomen mit oft dramatischen Konsequenzen für die betroffenen Menschen, ist seit Anfang der 90er Jahre vollwertiger Bestandteil des Aktionsprogramms der Öffentlichen Hand. Aber wie können die Ideen in die Praxis umgesetzt werden ?

von Georges Ribeill

Pädagoge, Autor populärwissenschaftlicher Werke über das Rechnungswesen, Herausgeber, militanter Vertreter des Wirtschaftsliberalismus, Triebkraft in der Gesellschaft für politische Wirtschaft : unermündlich arbeitete Jean-Gustave Courcelle-Seneuil an seinen zahlreichen Büchern und Artikeln. Darunter das Handbuch der Geschäftswelt, das ab Mitte des letzten Jahrhunderts erschien und dessen Erfolg sich erst am Anfang unseres Jahrhunderts abschwächte - es kann tatsächlich als erste praktische Abhandlung über die Unternehmensführung angesehen werden.

von Gérard Warnotte

Die Art und Weise, nach der bisher die Rolle der Personalplanung im Hinblick auf den Wandel, vor dem wir stehen, bestimmt wurde, führt unvermeidlich zum Aufdecken ideologischer Positionen, deren Gefahren unbedingt bewußt gemacht werden müssen. Sollte man dem nicht eine neue Betrachtungsweise entgegensetzen - und zwar ausgehend von der sozialen Realität des Unternehmens, wobei es darauf ankäme, unsere bisherigen Gewohnheiten in Theorie und Praxus der Personalplanung zu verändern ?

Zum Buch von Nils Brunsson, Johan P. Olsen : "The Reforming Organization", von Philippe Bezes

Zum Buch von François Lacasse : "Mythen, Kenntnisse und politische Entscheidungen", von Raphaël Spira

Zum Buch von Massimo Piatelli Palmarini: "Die Reform des Urteils" und dem von J. Edward Russo & Paul J.H. Shoemaker : "Fallen bei der Beschlußfassung" von Hervé Laroche

Zum Sammelband unter der Leitung von Bernard Barraqué : "Wasser in Europa : politische Strategien der öffentlichen Hand" von Hervé Laroche

Zum Sammelband unter der Leitung von Florence Charue-Duboc : "Wissen in Aktion" von A. P. Nobre de Morais

Gespräch geführt mit Bernard Colasse und Francis Pavé

Nachdem er die Agrégation im Bereich der Wirtsschaftswissenschaften mit Erfolg abgelegt hatte, entdeckte Pierre Tabatoni den Unterricht in Geschäftsführung in den Vereinigten Staaten und bemühte sich in den 50er Jahren um seine Einführung in den französischen Universitäten. Die Gründung vor allem der Institute für Verwaltung der Unternehmen, der Universität Paris-Dauphine, des Europäischen Instituts für Forschung und höhere Studien im Management geht auf ihn zurück. Er kämpft dafür, daß der Unterricht im Hochschulfach Betriebsführung sich dem Forschungsstand entsprechend entwickelt. Er wurde jetzt zum Mitglied der Akademie für ethische und politische Wissenschaften ernannt.

von Dominique Centlivre und Benoît Journé

Über Taylors Ideen ist alles gesagt worden. In den Wissenschaftsbereichen zum Thema Arbeit und Arbeitsorganisation wurden ihre Vorteile und Grenzen ausführlich dargelegt, und jeder kennt die Ideen - oder glaubt sie zu kennen - die bereits Teil unseres Kulturerbes im Bereich der Unternehmensführung sind. Ist aber der Taylorismus wirklich das treue Abbild Taylors selbst und seiner Ideen ? Rückgriff auf einige grundlegende Texte...

In theory, shareholders have more powers in France than in English-speaking lands. But in reality, the president of the board is a sort of monarch, who seldom feels threatened by the control shareholders exercise during their general meeting. This surprises foreigners. However the rationale of the money markets has given rise to new forms of relations between French firms and their shareholders. The Lafarge Group has headed in this direction.

In 1986, Renault launched IRIS, a futurological study of the automobile industry. This is the first time R&D engineers and methods engineers have worked together on a realistic project for orienting the industry. Through IRIS, Renault is going to learn to invest in both technical and organizational competence.

The time spent working has continually decreased since the start of the industrial age. Only in the recession since the 1970s, has such a reduction come to be seen as a way to lessen unemployment. Since 1982 however, the process of reducing the time spent working has stalled despite worsening joblessness. What lurks behind this paradox? What is really at stake, for all actors, in the concrete proposal to adopt a tailor-made 4-day workweek?

Since the early 1990s, the fight against "social exclusion" - a phrase referring to a wide range of oft dramatic personal situations - has become a full-fledged objective for public authorities. Although no miracle cure has been found, ideas abound. How to translate them into practice?

As a teacher who popularized bookkeeping techniques, as an advocate of free enterprise, and as a leader of the Société d'Économie Politique, Jean-Gustave Courcelle- Seneuil tirelessly wrote books and articles. Published in the mid-19th century, his Manuel des affaires remained popular till the early 20th century. It can truly be said to be the first handbook of industrial management.

The way human resource management handles change sheds light on ideological positions whose pernicious effects must be exposed. Should we not propose another approach based on a firm's social reality - an approach with the objective of changing our conception and practice of human resource management?

Philippe Bezes: Reform and institutions: On The reforming organization by N. Brunsson and J.P. Olsen

Raphaël Spira: Knowledge in governmental actions: On Mythes, savoirs et décisions politiques by F. Lacasse

Hervé Laroche: The tales of ordinary reason: On La réforme du jugement by M.P. Palmarini and Les chausse-trappes de la prise de décision by J.E. Russo and P. Shoemaker

Chantal Schmitz, What future for water? On Les politiques publiques de l'eau en Europe edited by B. Barraqué

A.P. Nobre de Morais, Toward a theory of the intelligent firm? On Des savoirs en action edited by F. Charue-Duboc

Pierre Tabatoni discovered that management was being taught in colleges in the United States. In the 1950s, he devoted himself to introducing this discipline in French universities. He helped found the Institut d'Administration des Entreprises at the University of Paris-Dauphine and the Institut Européen de Recherche et d'Études Supérieures en Management. For him, the teaching of management in higher education must develop in symbiosis with research. He has just been admitted to the Académie des Sciences Morales et Politiques.

Everything has been said about Taylor's ideas. Their advantages and limits have been widely discussed in the sciences that study labor and the organization of work. Everyone knows (or thinks he does) these ideas, which are now part of management's heritage. But does Taylorism faithfully reflect Taylor, the man and his ideas? Going back to the sources by looking at a few original texts

Bertrand Collomb

En teoría, los accionistas franceses tienen mucho poder, incluso más que sus homólogos anglosajones ; pero en la práctica, el director-gerente es una especie de monarca, poco amenazado por el control de la asamblea de accionistas, lo cual suele sorprender a los extranjeros. Sin embargo, la lógica de los mercados financieros hace surgir nuevas modalidades de relaciones de las empresas francesas con sus accionistas : este es el camino que ha tomado el grupo Lafarge.

Eric Pourchier

En 1986, Renault acomete un proyecto de prospectiva industrial : el proyecto IRIS, que hará época. En efecto, se trata de la primera colaboración entre ingenieros de estudios e ingenieros de métodos en un proyecto realista de orientación industrial. Con IRIS, Renault aprenderá a invertir a la vez en la competencia técnica y en la competencia organizativa, con el éxito que sabemos.

Bénédicte Vidaillet y Olivier Lluansi

Aunque la reducción del tiempo de trabajo ha sido casi continua desde la instauración del mundo industrial, sólo en el contexto económico difícil de los años 70 se la ha considerado coo un medio de lucha contra el desempleo. Sin embargo, desde 1982 el proceso de reducción efectiva del tiempo de trabajo quedó interrumpido, pese a la irresistible agravación del desempleo. Tras esta paradoja ¿cuáles son las implicaciones, para todos los actores concernidos, que oculta una proposición concreta : la semana de cuatro días "a la carta"?

Marie-Alice Merle

Desde comienzos de los años 90, la lucha contra la exclusión, que recubre fenómenos socioeconómicos a menudo dramáticos para las personas, se ha convertido en una rúbrica mayor de la acción de los poderes públicos. Aunque no se ha descubierto ninguna receta milagrosa, no faltan las ideas. Pero ¿qué puede hacerse para que estas ideas sean puestas en práctica?

Georges Ribeill

Pedagogo y divulgador de la contabilidad, publicista, militante del liberalismo económico y animador de la Sociedad de Economía Política, Jean-Gustave Courcelle-Seneuil escribió múltiples obras y artículos. Entre éstos, el Manuel des Affaires (Manual de los Negocios), publicado a mediados del siglo pasado y cuyo éxito sólo se desvanecerá a comienzos del siguiente, puede justamente calificarse de primer tratado práctico de gestión de empresas.

Gérard Warnotte

El examen del papel de la gestión de los recursos humanos frente a los cambios desemboca inevitablemente en el descubrimiento de posiciones ideológicas cuyo carácter pernicioso es necesario mostrar. ¿No habría que oponerle otro enfoque, construido a partir de la realidad social de la empresa, según el cual lo que cuenta es cambiar nuestra manera de concebir y de practicar la gestión de los recursos humanos?

Acerca del libro de Nils Brunsson & Johan P. Olsen "The reforming organization"

Philippe Bezes

Acerca del libro de françois Lacasse "Mythes, savoirs et décisions politiques"

Raphaël Spira

Acerca del libro de Massimo Piattelli Palmarini "La réforme du jugememnt" y del libro de J. Edward Russo & Paul J.H. Shoemaker "Les chausse-trappes de la prise de décision"

Hervé Labiche

Acerca de la obra colectiva bajo la dirección de Bernard Barraqué "Les politiques publiques de l'eau en Europe"

Chantal Schmitz

Acerca de la obra colectiva dirigida por Florence Charue-Duboc "Des savoirs en action"

A.P. Nobre de Morais

Conversación animada por Bernard Colasse y Francis Pavé

Pierre Tabatoni, catedrático de ciencias económicas, descubre en Estados Unidos la enseñanza de la gestión y se dedica, en los años 50, a su implantación en las universidades francesas. Iniciador, entre otros, de los Institutos de Administración de Empresas, de la universidad de París-Dauphine y de l Instituto Europeo de Investigación y de Estudios Superiores de Management, milita para que la enseñanza superior de la gestión se desarrolle en simbiosis con la investigación, y acaba de incorporarse en la Academia de Ciencias Morales y Políticas.

Dominique Centlivre y Benoit Journé

Todo se ha dicho de las ideas de Taylor. Sus virtudes y sus límites han sido ampliamente desarrollados por las disciplinas científicas cuyo objeto es el trabajo y su organización, y todos conocemos -o creemos conocer- ideas que ya forman parte del patrimonio de la gestión. Pero ¿es realmente el taylorismo el reflejo fiel del personaje de Taylor y de sus ideas? Retorno a algunos textos fundadores ...

Elie Faure, critique d'art, écrivait : "Les analogies apparentielles évidentes suffisent à celui qui emploie ses yeux à découvrir dans le monde des formes une architecture générale empruntant à la logique fonctionnelle sa plus puissante poésie" *. Des formes ? Gérer & Comprendre ce mois-ci en est plein !

Nouvelles formes de désignation du patron : un chef élu, ce serait formidable, non ? Voire... Nouvelles formes de l'Etat dans une Espagne nouvelle qui, économiquement au moins, tient la forme. Nouvelles formes d'action des services publics de santé, désormais formés aux stratégies concurrentielles. Nouvelles formes de travail en commun (mais la formule magique existe-t-elle ?) dans les équipes multiculturelles. Nouvelles formes de formation (qu'on souhaiterait moins formelle) des élites administratives. Nouvelles formes d'aide des pays riches à leurs nouveaux pauvres de l'Est. Nouvelles formes économiques, enfin, de coordination et d'information, qui suppléent la division du travail des firmes intégrées, conformistes et obsolètes. Nouvelle forme d'éditorial, alors ? Si j'y parvenais, qui s'en formaliserait ?

Mais revenons au fond. Dans son remarquable article, Frédéric Fréry suggère que ces nouvelles architectures générales, dans un monde économique virtuellement rendu aux dimensions d’une région médiévale, marqueraient la résurgence de types d’organisation anciens, le retour, après les rigueurs organisationnelles du jardin à la française, à la trame relationnelle, mouvante, du jardin à l’anglaise. En ce retour de congés, avec la reprise du débat sur le travail dont Gérer & Comprendre se fait régulièrement l'écho, nous allons effectivement entendre beaucoup parler de ces nouveaux liens sociaux à inventer, mais aussi des trames relationnelles rompues ; de l'ouverture des marchés, mais aussi de l'exclusion des individus ; du libéralisme triomphant, mais aussi des inquiétudes quotidiennes. Les logiques fonctionnelles seront à l'honneur, leur poésie sous- jacente sans doute moins.

Peintre optimiste du monde du travail, primitif des temps modernes, Fernand Léger en portait les contradictions dans la forme de son oeuvre. "L'artiste, le poète, le créateur de beauté sont voués à cette fatalité héroïque : agir dans la liberté ! Cette liberté chérie, ce jour de gloire, cela se paye très cher, dans un risque incessant et journalier. C'est debout, en état de guerre avec la société, que ces oeuvres vivantes ont été conçues et forgées" proclamait-il. Le monde économique et ses créateurs de formes nouvelles seraient-ils eux aussi, comme l'artiste, en état de guerre contre la société ?

* Elie Faure, L'esprit des formes , Gallimard, Paris, 1992, 2 vol.

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

PAR JEAN-CLAUDE SEYS

PDG de la MAAF

Une entreprise au bord de la faillite, un directeur général appelé en renfort, un conseil d’administration "démissionné", une prise de contrôle extérieure menaçante, des manoeuvres inédites pour contrer l’ennemi, le triomphe du sauveur, à la suite de manoeuvres électorales rocambolesques encore qu’impeccablement légales. Ce pourrait être le scénario d’une fiction intitulée : "Le rodéo du président" ! C’est en fait le début du redressement de la MAAF.

Administrateur civil de l’État en Espagne

MENÉ PAR FRÉDÉRIQUE PALLEZ ET FRANCIS PAVÉ

En 1975, le général Franco meurt. Au sortir du carcan d’une longue dictature, l’Espagne est chancelante, son avenir incertain, ses institutions mal assurées. Vingt ans plus tard, l’Espagne est démocratique, résolument européenne et son évolution économique a fait parler de miracle espagnol. Pour susciter et accompagner ces bouleversements politiques et économiques, ce sont toutes ses structures que l’État espagnol a dû moderniser, dans un patient cheminement vers une organisation régionale exemplaire.

PAR ANNICK VALETTE

Université Pierre Mendes France -Grenoble

CRG - École Polytechnique-Paris

La loi du 31 juillet 1991 a réformé en profondeur le fonctionnement des hôpitaux en leur imposant désormais de s’adapter à leur environnement sanitaire, démographique, géographique et concurrentiel. Mais l’hôpital des années 80 était-il totalement contraint par les règles administratives ? La nouvelle loi a-t-elle réellement fait émerger un hôpital stratège ? Et, plus largement, qu’en est-il de la conduite stratégique des organisations évoluant dans un environnement régulé ?

PAR SYLVIE CHEVRIER

Consultante FVA Management

Chargée de cours ESSEC

Gérer des projets interculturels fait aujourd'hui partie du quotidien des grandes entreprises. L'analyse empirique de plusieurs équipes internationales suggère que ces projets interculturels se situent quelque part entre le rêve du melting pot et le cauchemar de la Tour de Babel. Pour mener à bien de tels projets, les managers doivent en effet surmonter des obstacles à la coopération interculturelle mais peuvent également tirer parti de certains atouts.

À propos du livre coordonné par M. Callon, Ph. Larédo et Ph. Mustar : "La gestion stratégique de la recherche et de la technologie", par Vincent Mangematin

À propos de l’ouvrage collectif dirigé par Jean-Pierre Durand : "Le syndicalisme au futur" , par Marie Hélène Gazeau

À propos du livre d’Helmut Maucher : "La stratégie Nestlé" , par Michel Villette

À propos de l’ouvrage de Philippe d’Iribarne : "Vous serez tous des maîtres, la grande illusion des temps modernes", par Michel Berry.

À propos de l’ouvrage sous la direction de A. Jacob et H. Vérin : "L’inscription sociale du marché", par Rachel Beaujolin.

PAR ASTRID FORBERG-RYAN

Promotion René Char 1993-1994

Pourquoi faire un stage à l’ENA quand on est Norvégienne ? Sans doute parce qu’à l’étranger la formation des élites administratives françaises intrigue par son prestige, par ses rites, par ses mythes. Mais il n’est pas simple pour une élèves étrangère de s’insérer dans une logique de concours où les élèves français jouent l’essentiel de leur carrière future.

PAR GODEFROY BEAUVALLET

Département d’Études des Liaisons Idéologiques

entre Réglementation, État et Société (DELIRES)

Au Café du Commerce, des esprits chagrins s’étonnent que, depuis le luxe de leurs bureaux de la City, des banquiers hautains puissent décider de faire tomber la manne sur les pays de l’Est, comme d’autres font tomber la pluie, sans rien connaître des misères quotidiennes de leurs peuples. Erreur grossière ! Pour en être banquier, on n’en est pas moins homme et, comme tel, frère en souffrance de toute l’humanité. C’est ce que démontre l’édifiante saga des carafes de la BERD.

PAR FRÉDÉRIC FRÉRY

Groupe ESCP

Les entreprises transactionnelles, organisations intermédiaires entre marché et hiérarchie, font l’objet de travaux nombreux et variés et mettent en cause le principe de l’intégration. Mais comment naissent et fonctionnent ces structures hybrides ? Et quelles répercussions ce changement de repères est-il susceptible d’entraîner ? Autant de questions qui constituent une des pistes de développement du management les plus prometteuses.

A nearly bankrupt firm, a CEO called to the rescue, a "resigned" board of directors, a threatening takeover bid, unusual ploys to fend of attacks, the savior's triumph following incredible but flawlessly legal maneuvers during electioneering - this could be the script for a fictional film with the title, The president's rodeo! In reality, that was done to put MAAF, a mutual insurance company, back on its feet.

In 1975, General Franco died. Spain staggered up from under the yoke of a long dictatorship. Its future was not clear, its institutions were uncertain. Twenty years later, the country is democratic and solidly European. Its economic development has been called a miracle. To stimulate and support these political and economic changes, the structures of the Spanish state had to be modernized as progress was gradually being made toward an exemplary regional organization.

A 31 July 1991 act forced hospitals to adapt to their health, demographic and geographical environment and to competition therein. But did the hospital of the 1980s undergo thoroughgoing changes only under pressure from administrative requirements? Did the new law really turn hospitals into strategists? More generally, how does the strategic behavior of organizations in a regulated environment evolve?

Managing intercultural projects is part of everyday business in big companies. According to the empirical analysis of several international teams, such projects lie somewhere between the dream of a Melting Pot and the nightmare of a Tower of Babel. To lead such projects to success, managers must overcome barriers to intercultural cooperation; but they can also profit from certain advantages.

Vincent Mangematin: Knowing everything about public research programs: On La gestion stratégique de la recherche et de la technologie by M. Callon, P. Larédo and P. Mustar

Marie-Hélène Gazeau: Learning to combine expertise and democracy: On Le syndicalisme au futur by J.P. Durand, ed.

Michel Villette: Is caution the boss's privilege? On La stratégie Nestlé by H. Maucher

Michel Berry: Dignity's wellspring: On Vous serez tous des maîtres, la grande illusion des temps modernes by P. d'Iribarne.

Rachel Beaujolin: Contrasting views of the market: L'inscription sociale du marché by A. Jacob and H. Vérin, eds.

Why undergo training at ÉNA (the French National School of Administration) when you are Norwegian? Undoubtedly because the training of the French administrative elite, owing to its prestige, rites and myths, intrigues foreigners. But foreign students do not have an easy time fitting into the logic of the selective exams where, for French students, careers are at stake.

Despondent barroom philosophers are surprised that bankers in high finance can, from their luxurious offices in the City, decide to rain manna down on eastern European lands without knowing anything about the hardships of everyday life there. What a big mistake! A banker is, nonetheless, a person and, as such, a brother to suffering humanity - as proven by the ERBD's carafes edifying saga.

Many and varied studies have been devoted to transactional firms, these intermediate organizations between the market and the hierarchy. Such firms raise questions about the principle of integration. But how have these hybrid structures come into being? How do they operate? What repercussions will they have? Such questions provide highly promising ways to develop management.

Jean-Claude Seys

Director-gerente de la MAAF

Una empresa al borde de la quiebra, un director general llamado para socorrerla, un consejo de administración "dimitido", la amenaza de una toma de control exterior, maniobras inéditas para oponerse al enemigo, el triunfo del salvador tras una serie de maniobras electorales fantásticas aunque de una legalidad impecable : tal podría ser el guión de una ficción titulada "El rodeo del presidente" ... En realidad, es el comienzo de la recuperación de la MAAF.

Entrevista con María José Gómez, administrador civil del Estado en España,

de Frédérique Pallez y Francis Pavé

En 1975 muere el general Franco. Al salir de la sujeción de una larga dictadura, España titubea : su porvenir es incierto, sus instituciones son poco firmes. Veinte años después, España es democrática, resueltamente europea, y su evolución económica ha hecho que se hable de un "milagro español". Para suscitar y acompañar estas profundas transformaciones políticas y económicas, el Estado español ha debido modernizar todas sus estructuras, en una progresión paciente hacia una organización regional ejemplar.

Annick Valette

Universidad Pierre Mendès-France - Grenoble CRG - Escuela Politécnica - París

La ley del 31 de julio de 1991 reformó profundamente el funcionamiento de los hospitales, imponiéndoles la obligación de adaptarse a su entorno sanitario, demográfico, geográfico y competitivo. Pero ¿el hospital de los años 80 estaba totalmente encuadrado por reglas administrativas? ¿La nueva ley ha hecho surgir realmente un hospital estratega? Y, más generalmente ¿qué pasa con la dirección estratégica de las organizaciones que operan en un entorno regulado?

Sylvie Chevrier

Consultora FVA Management Profesora adjunta en la ESSEC

Actualmente, la gestión de proyectos interculturales forma parte de la actividad cotidiana de las grandes empresas. El análisis empírico de varios equipos internacionales sugiere que tales proyectos interculturales se sitúan entre el sueño del melting pot y la pesadilla de la Torre de Babel. En efecto, para llevarlos a cabo, los directivos deben superar escollos a la cooperación intercultural, pero pueden también sacar partido de ciertas ventajas.

Acerca del libro coordinado por M. Callon, Ph. Larédo y Ph. Mustar La gestion stratégique de la recherche et de la technologie (La gestión estratégica de la investigación y de la tecnología)

Vincent Mangematin

Acerca de la obra colectiva dirigida por Jean-Pïerre Durand Le syndicalisme au futur

Marie-Hélène Gazeau

A propósito del libro de Helmut Maucher La stratégie Nestlé

Michel Villette

Acerca de la obra de PHilippe d'Iribarne Vous serez tous des maîtres : la grande illusion des temps modernes (Todos seréis amos : la gran ilusión de la época moderna)

Michel Berry

Acerca de la obra dirigida por A. Jacob y H. Vérin L'inscription sociale du marché

Rachel Beaujolin

Astrid Forberg-Ryan

Promoción René Char 1993-1994

¿Por qué una noruega seguiría un cursillo en la Escuela Nacional de Administración (ENA) de Francia? SIn duda porque en el extranjero la formación de las élites administrativas francesas intriga por su prestigio, por sus ritos y por sus mitos. Pero para un estudiante extranjero no es fácil insertarse en una lógica de concursos donde los alumnos franceses se juegan lo esencial de su futura carrera.

Godefroy Beauvallet

CDepartamento de Estudios de las Relaciones Ideológicas entre Reglamentación, Estado y Sociedad (DELIRES)

En el Café du Commerce, ciertos parroquianos proclives a la melancolía se asombran de que, desde el lujo de sus oficinas de la City, unos banqueros altaneros hacen llover el maná en los países del Este, sin haber experimentado las miserias cotidianas de sus pueblos. ¡Grosero error! No por ser banquero se deja de ser hombre y, como tal, hermano en el sufrimiento de todo ser humano. Es lo que demuestra la edificante historia de las jarras del BERD.

Frédéric Fréry

Grupo ESCP

Las empresas transaccionales, organizaciones intermedias entre el mercado y la jerarquía, son objeto de numerosos y variados estudios y ponen en tela de juicio el principio de la integración. Pero ¿cómo nacen y cómo funcionan estas estructuras híbridas? ¿Y qué repercusiones puede acarrear este cambio de referencias? Estas preguntas constituyen una de las más prometedoras pistas de desarrollo de la gestión.

"Le travail humain ! c'est l'explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps. "Rien n'est vanité ; à la Science et en avant !" crie l'Ecclésiaste moderne, c'est-à-dire Tout le monde". Du fond de sa dépression, Rimbaud clamait ainsi son espoir, aussitôt nié et perdu, de revenir au sein de son époque.

Leur saison en enfer, les blessés de la sale guerre économique la vivent aujourd'hui sous nos yeux. L'espoir de s'en sortir, perdu aussitôt qu'affronté aux décrets de la Science de l'économie, moderne Ecclésiaste à l'usage de notre temps, ne leur est plus permis. Cantonnés aux lisières de la Cité, autorisés à n'y paraître que dûment contrôlés par l'Assedic et l'ANPE, leur violence - ne fût-elle que verbale - scelle leur destin d'exclus, sans même leur laisser le rêve de cet Orient mythique qui sauva le poète. Alors, désorientées, nos sociétés le sont, dont l'unique boussole fut longtemps l'aiguille de l'horloge pointeuse aux portes des ateliers. Déprimées aussi, Keynes le prédisait, vidées de leur sens comme les usines l'ont été des hommes.

Mais qu'est-ce donc que ce travail humain pour que son absence nous fasse perdre jusqu'à notre identité ? Une valeur en voie de disparition ? Sans aucun doute, mais n'avons-nous donc rien d'autre pour donner sens, collectivement, à nos vies ? Certains s'y efforcent, pourtant ; Michel Berry les accueille dans son article et porte leur parole. La question est désormais trop importante pour persister à ne pas entendre ce qu'ils disent.

Si ce débat clôt le numéro, les prémisses en sont posées dès le début : les options scientifiques, les choix réglementaires, les décisions de gestion échappent à la prétention de rigueur de l'économisme, l'analyse fine de la rentabilité de l'informatique l'illustre à l'évidence. Les jeux d'acteurs, dictés par la recherche du sens qu'ils entendent donner à leur action, ne relèvent pas exclusivement, tant s'en faut, des orientations du marché. On le sait. On commence à le dire. Va-t-on s'en contenter ?

Et ce n'est pas parce que le marché suit des tendances que celles-ci suffiront à lui donner un sens.

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

PAR JEAN-PHILIPPE BONARDI ET MAGALI DELMAS

Groupe HEC

Les réglementations sur les déchets dangereux visent à limiter les risques de pollution en augmentant les capacités de traitement et en réduisant leur production. Mais alors que dans les années 1985 on prévoyait un déficit des moyens de traitement, on constate aujourd’hui leur surcapacité. Quel est donc l’impact réel de la réglementation sur la transaction entre le chimiste et l’opérateur de traitement de déchets ?

PAR XAVIER BERBAIN.

Groupe Image Antenne E.N.S.P.

Un sevice dont le responsable rêve d’améliorer l’organisation ; un outil informatique ad hoc, conçu dans un souci de qualité du service au patient ; des acteurs multiples, dont dépend le succès ou le rejet de la greffe : le cocktail est connu. Mais quelle interaction se noue entre l’outil informatique et l’organisation du service ? Comment les acteurs passent-ils de l’apprentissage à l’innovation ? Pour y voir plus clair, retour sur le terrain.

PAR JEAN LOUIS PEAUCELLE

Professeur - École Normale Supérieure de Cachan

Francis Pavé, dans nos pages, soulignait le décalage sensible entre la conviction des industriels de l’informatique de l’apport très positif de leurs technologies et la perception qu’en ont les économistes et les sociologues lorsqu’ils s’attachent à en mesurer les effets. Le débat se poursuit, les outils d’analyse s’affinent et la question reste posée : l’informatique est-elle rentable ?

PAR VINCENT MANGEMATIN ET MARIE SYLVIE POLI

INRA/SERD - Université Pierre Mendès France Grenoble

Le savoir s’accroît quand on le partage, dit un aphorisme à la mode. Alors, comment les scientifiques partagent-t-ils leur savoir ? Et comment ce partage fait-il progresser leur connaissance des techniques qu’ils espèrent parvenir à maîtriser ? Un détour original par la linguistique révèle les stratégies et tactiques d’acteurs soucieux de ne dire ni trop, ni trop peu.

PAR LAURENT MERMET

Professeur - ENGREF

Entre sauvegarde d’un patrimoine environnemental exceptionnel et projets d’aménagement du territoire, la préservation des zones humides constitue l’un des objectifs prioritaires des politiques de protection de la nature. Mais celles-ci sont-elles efficaces ? Se poser la question, c’est entrer dans le domaine de l’évaluation, terrain mouvant où s’affrontent experts d’une science en devenir et praticiens de la vie publique.

A propos du livre d’Omar Aktouf : "Traditional Management and Beyond. A Matter of Renewal"

PAR SYLVIE CHEVRIER

A propos du livre de Bernard Billaudot : "L’ordre économique de la société moderne : un réexamen de la théorie de la régulation",

PAR VINCENT MANGEMATIN

A propos du livre de Dominique Méda : "Le travail, une valeur en voie de disparition"

PAR FRÉDÉRIQUE PALLEZ

A propos du livre de Philippe Lorino : "Comptes et récits de la performance - Essai sur le pilotage de l’entreprise"

PAR GUY ERARD

A propos du livre de Jean-Pierre Le Goff : "Les illusions du management"

PAR XXXX METZGER

PAR LAURENT BATSCH

CEREG Université de Paris IX Dauphine

ET BERTRAND COLLOMB

Président Directeur Général de Lafarge

Dans le numéro de Juin de Gérer et Comprendre, Bertrand Collomb, Président Directeur Général de Lafarge, évoquait l’évolution de la politique de son groupe en matière de relations avec ses actionnaires et les spécificités françaises face aux pratiques anglo-saxonnes. Ouvrant le débat, un chercheur fait retour sur le droit des sociétés , s’interroge et suscite quelques précisions de la part de Bertrand Collomb.

PAR ISABELLE KNOCK

ENA Promotion H.F. d’Aguesseau

PAR ANNE PEZET

CREFIGE - PARIS - DAUPHINE

Jusqu’ici presque exclusivement anglo-saxonne, l’histoire de la lente adoption par les entreprises d’une très ancienne technique, l’actualisation, trouve sa place dans les problématiques et les concepts de l’histoire des technologies. Le cas français se révèle riche par la précocité de l’innovation, fruit d’une longue tradition de calcul économique. Il met en valeur le lien entre innovation de gestion et contexte socio-économique, lien qui s’apparente plus à un déterminisme lâche qu’à une relation de causalité rigide.

PAR MICHEL BERRY

Centre de recherche en Gestion de l’École polytechnique

La société attend de l’entreprise qu’elle résolve la crise actuelle et demande aux économistes les remèdes pour y arriver. Mais ces attentes sont déraisonnables compte tenu de la pression que fait peser la concurrence sur l’entreprise. Elles relèvent même d’une erreur de diagnostic : la société ne souffre pas seulement d’une crise de l’emploi mais d’une crise du sens. C’est en repérant les modalités de production du sens dans et hors de l’entreprise et en les renforçant qu’on peut aborder la crise du sens et créer par surcroît de l’emploi. Une mesure susceptible d’initier un tel mouvement serait de mettre des personnes aux ASSEDIC à la disposition d’associations dûment agréées.

Regulations for dangerous wastes are intended to limit the risks of pollution by reducing the production of such wastes and increasing the capacity for treating them. In the 1980s, there were predictions that the means for treating wastes would be insufficient; but nowadays, there is an overcapacity. What impact do regulations really have on transactions between chemists and waste disposal operators?

A service headed by someone who dreams of improving the organization An ad hoc collection of soft- and hardware designed out a concern for the quality of patient service A multitude of actors on whom the success or failure of the transplant depends All this is a familiar mixture. How do computer technology and the service's organization come into interaction? How do actors switch from learning to innovating? To see into all this more clearly, let's go back to the field

In issue n˚ 41, F. Pavé highlighted the significant lag between the conviction of computer industrialists about the quite positive gains stemming from their technology and the perception of economists and sociologists when they try to measure the actual effects. The debate goes on Despite the improved means of analysis, the question still remains: does computer technology do more than cover its costs?

According to a current saying, knowledge increases when it is shared. How do scientists share know-how? And how does this sharing enhance their knowledge of the techniques they hope to manage? An ingenious detour via linguistics sheds light on social actors' strategies and tactics for saying neither too much nor too little.

Between saving an exceptional environmental heritage and promoting development projects, the conservation of wetlands is one priority of policies for protecting nature. But do such policies work? This question implies making assessments, a shifting field where the experts of an emerging science face off the practitioners of public affairs.

Sylvie Chevrier: All of management! On: Traditional management and beyond: A matter of renewal by Omar Aktouf

Vincent Mangematin: For a global view of the society where we live: On L'ordre économique de la société moderne. Un réexamen de la théorie de la régulation by Bernard Billaudot

Frédérique Pallez: Societies sick of work? On: Le travail, une valeur en voie de disparition by Dominique Méda

Guy Érard: The firm's horizons: On Comptes et récits de la performance. Essai sur le pilotage de l'entreprise by Philippe Lorino

Jean-Luc Metzger: It's not easy being a manager! On Les illusions du management by Jean-Pierre Le Goff

In Gérer et comprendre's June issue, Bertrand Collomb, the Lafarge Group's president of the board and CEO, mentioned the changes in this group's policy with regard to its shareholders, and discussed differences between French and Anglo-American practices. A researcher has opened the debate. By reviewing corporate law, he raises questions and asks Bertrand Collomb for specifics.

Till now discounted cash flow has remained a nearly exclusively Anglo- American practice. The history of how firms have slowly adopted this quite old technique fits into the history of technology and its concepts. The French case turns out to be instructive given how early this innovation - which came out of a long tradition of economic calculations -arose. This case sheds light on the relation between innovation in management and the socio-economic context. This relation is more a sort of loose determinism than a rigid causality.

Society expects firms to pull it out of the current recession; and economists, to provide the appropriate remedies. But these expectations are unreasonable given the competitive pressures bearing down on companies. In fact, they even stem from a diagnostic error: society does not suffer just from a job crisis but from a crisis of meaning. By seeing the ways meaning is produced in- and outside firms and by reinforcing them, we can examine the crisis of meaning and, in addition, create jobs. To help set off such a trend, persons enrolled on unemployment could be placed in the service of certified associations.

Jean-Philippe Bonardi y Magali Delmas

Grupo HEC

Las reglamentaciones sobre desechos peligrosos aspiran a limitar los riesgos de contaminación aumentando las capacidades de tratamiento y reduciendo su producción. Pero mientras que hacia 1985 se preveía un déficit de los medios de tratamiento, hoy se observa una capacidad excedentaria de los mismos. ¿Cuál es, pues, el impacto real de la reglamentación en la transacción entre el químico y el operador de tratamiento de residuos?

Xavier Berbain

Grupo Image antenne E.N.S.P.

Un servicio cuyo responsable sueña con mejorar la organización ; un instrumento informático ad hoc, concebido con una preocupación por el servicio brindado al paciente ; múltiples actores, de quienes depende el éxito o el rechazo del injerto : ya conocemos la receta de este cóctel. Pero ¿qué interacción se crea entre el instrumento informático y la organización del servicio? ¿Cómo pasan los actores del aprendizaje a la innovación? Para ver más claro, un regreso al terreno.

Jean-Luis Peaucelle

Profesor - Escuela Normal Superior de Cachan

En estas mismas páginas, Francis Pavé hacía hincapié en la sensible discrepancia entre la convicción que tienen los industriales de la informática de un aporte muy positivo de sus tecnologías y la percepción de economistas y sociólogos cuando tratan de medir los efectos de éstas. El debate continúa, se afinan los instrumentos de análisis, y queda planteada la pregunta : ¿es rentable la informática?

Vincent Mangematin y Marie-Sylvie Poli

INRA/SERD - Universidad Pierre Mendès-France (Grenoble)

Según un aforismo de moda, el saber se acrecienta cuando se comparte. ¿Cómo comparten su saber los científicos? ¿Y cómo este compartir hacer progresar su conocimiento de las técnicas que esperan llegar a dominar? Un original rodeo por la lingüística revela las estrategias y las tácticas de actores preocupados por no decir ni demasiado ni demasiado poco.

Laurent Mermet

Profesor - ENGREF

Entre la salvaguardia de un patrimonio ecológico excepcional y los proyectos de ordenamiento territorial, la preservación de las zonas húmedas constituye uno de los objetivos prioritarios de las políticas de protección de la naturaleza. Pero ¿son eficaces éstas? Plantearse la pregunta significa entrar en el ámbito de la evaluación, terreno movedizo en el que se enfrentan los expertos de una ciencia en devenir y los técnicos de la vida pública.

Acerca del libro de Omar Aktouf "Tradicional Management and Beyond. A matter of Renewal"

Sylvie Chevrier

Acerca del libro de Bernard Billaudot "L'ordre économique de la société moderne : un réexamen de la théorie de la régulation"

Vincent Mangematin

Acerca del libro de Dominique Méda "Le travail, une valeur en voie de disparition"

Frédérique Pallez

Acerca del libro de Philippe Lorino "Comptes et récits de la performance - Essai sur le pilotage de l'entreprise"

Guy Erard

Acerca del libro de Jean-Pierre Le Goff : "Les illusiones du management"

Jean-Luc Metzger

Laurent Batsch (CEREG - Universidad de Paris IX Dauphine) y Bertrand Collomb (Director-gerente de Lafarge)

En el número de junio de Gérer et Comprendre, Bertrand Collomb, director-gerente de Lafarge, aludía a la evolución de la política de su grupo en materia de relaciones con sus accionistas y a las especificidades francesas frente a las prácticas anglosajonas. Durante el debate, un investigador se remonta vuelve a considerar el derecho de las sociedades, se interroga y suscita algunas precisiones por parte de Bertrand Collomb.

Isabelle Knock

ENA, Promoción H.F. d'Aguesseau

Anne Pezet

CREFIGE, Paris-Dauphine

La historia de la lenta adopción por las empresas de una técnica muy antigua, la actualización, exclusivamente anglosajona hasta entonces, encuentra su sitio en las problemáticas y los conceptos de la historia de las tecnologías. El caso francés resulta rico por la precocidad de la innovación, fruto de una larga tradición de cálculo económico : pone de relieve el vínculo entre la innovación de la gestión y el contexto socioeconómico, vínculo que se acerca más a un determinismo atenuado que a una causalidad rígida.

Michel Berry

Centro de investigaciones en gestión de la Escuela Politécnica

La sociedad espera de la empresa que ésta resuelva la crisis actual y pida a los economistas los remedios para lograrlo. Pero tales expectativas son poco razonables, habida cuenta de la presión a que está sometida la empresa por la competencia. Estas proceden incluso de un error de diagnóstico : la sociedad no sólo padece una crisis del empleo, sino también una crisis del sentido. Es identificando las modalidades de producción del sentido dentro y fuera de la empresa y reforzándolas como se puede abordar la crisis del sentido y, por añadidura, crear empleo. Una medida capaz de iniciar semejante movimiento sería poner a personas inscritas en las ASSEDIC (agencias a cargo del seguro de desempleo) a disposición de asociaciones debidamente autorizadas.

Et si Napoléon était chef d'entreprise ?

La question peut surprendre et paraître anecdotique : un bon début d'article ou d'édito, une accroche en couverture et rien de plus sans doute. Ce serait se méprendre. Loin de n'être qu'une pirouette rhétorique, elle interroge quelques mythes fondamentaux dans la formation des décideurs politiques ou industriels, mythes souvent épinglés dans nos pages. Parmi eux, la croyance à l'universalité de quelques "principes éternels de succès" n'est certes pas le moindre : censés avoir inspiré les stratégies du petit caporal, ils promettent à chaque dirigeant son Austerlitz, à chaque scientifique son Nobel, à chaque politique ses lendemains radieux.

Si le rêve est bien là, les résultats sont mitigés. F. Le Roy illustre ainsi, à propos des doctrines stratégiques militaires, comment un marketing des idées à usage de managers pressés amène à ignorer la complexité de théories élaborées au fil du temps, les vidant de tout sens pour n'en garder qu'une apparence séductrice et inopérante. Et il n'est pas seul : Bernard Roy témoigne du désarroi qu'il ressentit alors que, jeune chercheur formé au confort de la quête des solutions optimales, il dût admettre l'éventualité de leur absence et s'ouvrir à la prise en compte de la complexité du réel et des jeux d'acteurs ; J. Toulemonde surenchérit en s'interrogeant sur la scientificité et les enjeux de l’évaluation des politiques publiques. Et que dire de Tchernobyl où l'arrogante certitude des décideurs soviétiques de l'époque, arc-boutés sur leur dogme et leurs privilèges, fut un facteur largement aggravant de l'accident, voire sa cause même, et n'a d'égale aujourd'hui que l'ignorance des financeurs occidentaux face aux réalités socio-économiques locales.

Ignorance et arrogance. A terme, ce cocktail coûte cher aux entreprises et notre pays est loin d'être épargné. Comme les Ukrainiens et bien d'autres, les Coréens peuvent en témoigner : vue de Séoul, la privatisation manquée de Thomson laisse un goût amer. Pour "ces pays-là", nous fûmes souvent des modèles, jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent que, non seulement nous ignorions leur culture, leurs potentiels et leurs évolutions, mais que cette ignorance s'affichait dans les gros titres vexatoires de nos journaux et dans le mépris à peine voilé de certains de nos politiques ou de nos industriels. Alors, ils signent leurs contrats avec d'autres que nous. Parfois à regret. Pas toujours.

Prenons garde alors aux certitudes et aux principes éternels : l'urgence du monde bruisse à nos portes.

Pascal LEFEBVRE

Secrétaire général du Comité de rédaction

PAR XAVIER GORGE

Il y a dix ans , un réacteur nucléaire explosait à Tchernobyl. Si l’accident a révélé l’extraordinaire capacité de mobilisation de l’Armée rouge, il a permis de mesurer la faiblesse des conditions de sûreté de nombreuses centrales en activité dans les pays de l’Est. Le site, encore contaminé, menace à terme l’environnement. Cette perspective contrarie les plans de renouvellement du parc nucléaire des pays occidentaux qui se préparent donc à financer l’élimination de ce risque. Mais les incertitudes techniques, la difficile coordination des donateurs et les réactions socio-politiques de l’Ukraine sont autant de freins à cette entreprise.

ENTRETIEN AVEC BERNARD ROY

Entretien mené par Bernard Colasse et Francis Pavé

Dès lors qu’il est question d’intervenir dans le champ du management, le décideur est confronté, non pas à une réalité objective et indéniable, mais à différentes versions de celle-ci, parfois contradictoires. C’est donc dans une perspective d’aide à la décision que Bernard Roy, pionnier en France de la recherche opérationnelle, conçoit la place des mathématiques et de l’informatique, entre individus et réalités.

PAR BRUNO DEPORCQ

La réforme hospitalière en cours s’efforce de transposer dans notre contexte national le système d’accréditation des hôpitaux que les pays anglo-saxons ont développé depuis déjà longtemps sur le modèle de l’assurance qualité dans les productions industrielles. Mais implanter cette démarche à l’hôpital pose des difficultés particulières car les processus de production ne sont pas centrés sur les procédures, mais sur l’implication des personnes et sur les compétences qu’elles mettent en oeuvre. Le cas d’un service de réanimation est d’autant plus significatif que l’enjeu même de son activité est par définition la survie des patients.

PAR CHRISTOPHE EVERAERE

Si l’innovation a fait l’objet de nombreuses réflexions dans le domaine industriel, les travaux sur l’innovation dans les services sont beaucoup plus récents et se cherchent une spécificité. Mais y a-t-il une innovation spécifique aux services ? Et peut-on s’inspirer des dispositifs d’encouragement à l’innovation utilisés dans l’industrie pour encourager l’innovation dans les services ? Si oui, à quelles conditions et n’y a-t-il pas des effets pervers possibles ?

PAR JEAN-JACQUES PLUCHART

Ces dernières années, les grands groupe coréens ont affiché d’ambitieux plans de développement, engageant simultanément des processus d’innovation de procédés et de produits, de globalisation d’activités, de réorganisation et de changement culturel. Ces réactions ont surpris par leur rapidité et par leur ampleur. Elles suscitent actuellement des interrogations, tant sur le sens des nouvelles stratégies que sur leurs processus de mise en oeuvre. Elles posent en particulier la question de la portée et des limites des concepts, méthodes et instruments d’ingénierie de la performance, mis en application par les managers coréens.

PAR HERVÉ CHAVAS

Les relations entre la France et la Corée sont profondes, anciennes et dépassent de loin les grands contrats technologiques. La France fait figure de pays d’élection pour les intellectuels coréens et a valeur de modèle pour les principes qui fondent la vie démocratique et la gestion publique. Pourtant, l’affaire Daewoo-Thomson suscite suspicion et malaise vis-à-vis du "grand frère", de la part d’une Corée, fière de son expansion, certes, mais à la recherche de sa reconnaissance par les grandes puissances. Le mépris dont la France est accusée serait-il rien d’autre, au fond, que le signe d’une grande ignorance des réalités coréennes ?

à propos du livre d’Albert O. Hirschman "Un certain penchant à l’autosubversion",

PAR PHILIPPE BEZES

À propos du livre de J. Lojkine : "Le tabou de la gestion, la culture syndicale entre contestation et proposition",

PAR MARIE-HÉLENE GAZEAU

A propos du livre de Pierre-Noël Giraud : "L’inégalité du monde",

PAR THIERRY WEILL

À propos du livre de Louis-Sébastien Mercier, "Le Tableau de Paris",

PAR ELISABETH BOURGUINAT

A propos du livre de Michel Villette : "Le manager jetable : récits du management réel",

PAR YVON PEQUEUX

PAR JACQUES TOULEMONDE

Toutes les définitions du mot évaluation intègrent la notion d’efficacité. Mais l’évaluation des politiques publiques peut-elle, hormis quelques heureuses exceptions, promettre d’analyser les liens de cause à effet, en accord avec les méthodes des sciences sociales ? Comment alors diagnostiquer si un lien de causalité est susceptible d’être étudié par les méthodes des sciences sociales ? Et que faire des liens de causalité inaccessibles ?

PAR FRÉDÉRIC LE ROY,

Et si Napoléon était chef d’entreprise ? Lui suffirait-il d’appliquer les quelques "principes éternels de succès" qui, selon certains, expliqueraient ses victoires, pour rendre son entreprise performante ? Cette conception unifiée et réductrice du succès ne semble pas conforme aux évolutions historiques de la stratégie militaire. Il faut alors se demander dans quelle mesure et sous quelles conditions une interprétation d’une doctrine militaire particulière permet d’enrichir les connaissances sur un problème précis de gestion stratégique.

Ten years ago, a nuclear reactor exploded in Chernobyl. This accident revealed the army's extraordinary capability for mobilization, but it also brought to light how poor safety conditions are in several power stations operating in eastern Europe. Still contaminated, the site is an ongoing threat to the environment. These prospects have thwarted plans for replacing nuclear power stations in Western countries, which are preparing to pay to eliminate this eastern risk. But Ukraine's social and political reactions, uncertain techniques and the difficulty of coordinating donors hinder this undertaking.

When the question of intervening in management comes up, decision-makers face not an undeniable, objective reality but different, sometimes contradictory versions thereof. With the aim of providing help in decision-making, Bernard Roy, a pioneer in operations research in France, saw mathematics and computer science as having a place between individuals and reality.

The underway hospital reform tries to transpose to France the hospital accreditation system that English-speaking lands designed long ago on the model of quality control in industrial production. Transplanting this system to hospitals raises problems, since production processes there center not around procedures but around the involvement of persons and the qualifications they use. The case of an intensive care service carries all the more meaning since its activities have the patient's survival at stake.

Although several studies have focussed on innovation in industry, innovation in the service sector is a much more recent topic that is looking for a definition. Is there something specific to innovation in services? Can the arrangements for stimulating innovation in industry be applied in this sector? If so, under what conditions; and what might be the negative side-effects?

In recent year, Korean conglomerates have adopted ambitious development plans that call for innovating in processes and products, globalizing activities, re-engineering organizations and making cultural changes. Owing to its rapidity and scope, all this has come as a surprise. But questions are now cropping up about the meaning of these new strategies and the ways of implementing them. In particular, questions have come up about the scope and limits of the underlying concepts, and about the methods and means that Korean managers are applying in order to engineer performance.

The deep, longstanding relations between France and Korea reach far beyond big technology contracts. France is a favorite country for Korean intellectuals; and it serves as a model for the principles governing democracy and public administration. But the Daewoo-Thomson Affair has aroused Korea's suspicion and discontent with regard to its "big brother". Proud of its expansion, Korea is looking for recognition from the major powers. France is accused of being scornful, but is this nothing other than a sign of a major lack of knowledge about Korea?

Philippe Bezes: The art of subversion according to Hirschman: On Un certain penchant à l'autosubversion by Albert O. Hirschman

Marie-Hélène Gazeau:: About democracy in firms: On Le tabou de la gestion, la culture syndicale entre contestation et proposition by J. Lojkine

Thierry Weill: Why are there rich and poor people? On L'inégalité du monde by Pierre-Noël Giraud

Elisabeth Bourguinat: L.S. Mercier, a consultant under the monarchy: On Le tableau de Paris by Louis-Sébastien Mercier

Yvon Pequeux: The white-collar, his lives and deaths: On Le manager jetable: Récits du management réel by Michel Villette

All definitions of the word "evaluation" turn on the notion of efficiency. But can public policies - apart from a few lucky exceptions - be evaluated by analyzing cause- effect relationships with the methods used in the social sciences? How to analyze whether a given relationship can be studied with these methods? What to do with inaccessible cause-effect relationships?

What if Napoleon headed a firm? To improve efficiency there, would he merely have to apply the "eternal principles of success" that, according to some pundits, account for his military victories? This unified, reductionist conception of success seems incompatible with historical developments in military strategy. To what extent and under what conditions can a particular interpretation of a military doctrine improve knowledge about a precise problem of strategic management?

Xavier Gorge

Hace diez años un reactor nuclear explotaba en Chernobil. Este accidente, que reveló la extraordinaria capacidad de movilización del Ejército Rojo, permitió comprobar la insuficiencia de las condiciones de seguridad de numerosas centrales en servicio en los países del Este. El lugar, todavía contaminado, constituye una amenaza permanente para el entorno. Esta perspectiva contraría los planes de renovación del potencial nuclear de los países occidentales, que se preparan, en consecuencia, a financiar la eliminación de dicho riesgo. Pero las incertidumbres técnicas, la difícil coordinación entre los donantes y las reacciones sociopolíticas de Ucrania son otros tantos frenos para este empresa.

Entrevista de Bernard Roy

por Bernard Colasse y Francis Pavé

Dado que no cabe pensar en intervenir en el terreno de la gestión, el responsable llamado a tomar decisiones se encuentra, no ya ante una realidad objetiva e innegable, sino ante diferentes fersiones de ésta, a veces contradictorias. Por consiguiente, Bernard Roy, pionero de la investigación operativa en Francia, sitúa el papel de las matemáticas y de la informática en una perspectiva de ayuda a la decisión, entre los individuos y las realidades.

La reanimación: una organización centrada en el paciente

Bruno Deporcq

La reforma hospitalaria en curso intenta transponer a nuestro contexto nacional el sistema de acreditación de los hospitales que los países anglosajones han desarrollado hace largo tiempo ya según el modelo del seguro de calidad en las producciones industriales. Pero trasplantar al hospital este enfoque plantea dificultades particulares, pues los procesos de producción no están centrados en los procedimientos, sino en la implicación de las personas y en las competencias que aplican. El caso de un servicio de reanimación es tanto más significativo cuanto que el objetivo mismo de su actividad es, por definición, la supervivencia de los pacientes.

Christophe Everaere

Si la innovación ha sido objeto de numerosas reflexiones en el terreno industrial, los trabajos sobre la innovación en los servicios son mucho más recientes y se buscan una especificidad. Pero ¿existe una innovación específica de los servicios? ¿Y es posible inspirarse en los dispositivos de estímulo a la innovación aplicados en la industria para alentar la innovación en los servicios? De ser así, ¿en qué condiciones pueden evitarse los eventuales efectos perversos?

Jean-Jacques Pluchart

En estos últimos años, los grandes grupos coreanos han anunciado ambiciosos planes de desarrollo, que moviliza simultáneamente procesos de innovación de procedimientos y de productos, de mundialización de actividades, de reorganización y de cambio cultural. Estas reacciones han sorprendido por su rapidez y su amplitud. Actualmente suscitan interrogantes, tanto sobre el sentido de las nuevas estrategias como sobre sus procesos de puesta en práctica. En particular, plantean la pregunta sobre el alcance y los límites de los conceptos, métodos e instrumentos de la ingeniería de la eficacia aplicados por la dirección de las empresas coreanas.

Hervé Chavas

Las relaciones entre Francia y Corea son profundas, antiguas, y superan con mucho los grandes contratos tecnológicos. Para los intelectuales coreanos, Francia representa un país de elección, y dicho país tiene un valor de modelo para los principios fundamentales de la vida democrática y de la gestión pública. Sin embargo, el caso Daewoo-Thomson suscita suspicacia y malestar con respecto al "hermano mayor" por parte de una Corea ciertamente orgullosa de su expansión, pero en busca de su reconocimiento por las grandes potencias. El desdén de que se acusa a Francia ¿no será acaso, en el fondo, sino el signo de una gran ignorancia de las realidades coreanas?

Acerca del libro de Albert O. Hirschman "Un certain penchant à l'autosubversion"

Philippe Bezes

Acerca del libro de J. Lojkine "Le tabou de la gestion, la culture syndicale entre contestation et proposition"

Marie-Hélène Gazeau

Acerca del libro de Pierre-Noël Giraud "L'inégalité du monde"

Acerca del libro de Louis-Sébastien Mercier "Le Tableau de Paris"

Acerca del libro de Michel VIllette "Le manager jetable: récits du management réel"

Yvon Pequeux

Jacques Toulemonde

Todas las definiciones de la palabra "evaluación" integran la noción de eficacia. Pero la evaluación de las políticas públicas, aparte de ciertas felices excepciones ¿puede prometer analizar los vínculos de causa a efecto, según los métodos de las ciencias sociales? ¿Cómo diagnosticar si una relación de causalidad puede ser estudiada aplicando los métodos de las ciencias sociales? ¿Y qué hacer de los vínculos de causalidad inaccesibles?

Frédéric Le Roy

Si Napoleón fuera empresario ¿le bastaría aplicar los pocos "principios eternos del éxito" que, según algunos, explicarían sus victorias, para lograr que su empresa fuera eficiente? Esta concepción unificada y reductora del éxito no parece conforme a las evoluciones históricas de la estrategia militar. Entonces, hay que preguntarse en qué medida, y en qué condiciones, una interpretación de una doctrina militar particular permite enriquecer los conocimientos acerca de un problema preciso de gestión estratégica.