La biographie de Jean-François de la Rocque de Roberval est donnée sur le site web du dictionnaire biographique du Canada. Pour résumer, ce seigneur protestant arrive assez facilement à persuader le roi François 1er de le nommer, le 15 janvier 1941, lieutenant général chargé de la colonisation du Canada. Cette aventure fut un échec, probablement parce qu'elle était motivée principalement par la recherche d'or et de pierres précieuses. Roberval avait engagé ses biens personnels dans le financement de l'expédition, ce qui le mena au bord de la ruine. L'attribution ultérieure de l'exploitation des mines françaises par Henri II en 1548 ne semble pas avoir davantage enrichi Roberval, bien au contraire. Roberval fut victime de la haine des catholiques contre les calvinistes, et assassiné en 1560.
D'après D'Héphaistos à Sophia Antipolis, Mineurs et Forgerons, tome I par Gabriel Arlet :
En 1548, moins d'une année après son sacre à Reims, Henri II promulgue un arrêt : « Portant confirmation des privilèges des maîtres de mines et forges à fer dans ce royaume » - de façon - « qu 'ils puissent continuer leur ouvrage au profit de nous et de la chose publique du royaume, et bien avertis du devoir qu'ils y font, espérant qu 'ils continueront ci-après de bien en mieux... ».
Mais aussi, l'arrêt fait le constat que jusqu'alors :
« Par la faute du dit gouverneur qui, par aventure, n'était pas expérimenté, ou pour n'avoir recouvert de l'étranger gens de cet art ou bien pour n'avoir fourni aux frais à ce nécessaires, peu de profits et avancement en étaient provenus ».
Ce n'était pas tout que de renouveler les privilèges, il fallait aussi donner au dit art une nouvelle impulsion. En date du 30 septembre de la même année, sont octroyées à un certain Jean-François de la Roque, seigneur de Roberval, des lettres de permission pour :
« Ouvrir, chercher toutes mines dans le royaume et ce, pour le temps de neuf ans (...), bâtir et édifier toutes usines, moulins, fourneaux, affineries et maisonnages convenables », (...) - pour - « l'augmentation du bien, profit et utilité de la république de notre royaume ».
Un dédommagement est prévu en faveur des propriétaires concernés par ces créations nouvelles :
« Pour le regard de la valeur des dites terres seulement, non des mines y étant ».
ce qui marque bien que la propriété du sol ne s'étend pas au tréfonds.
Ces lettres affranchissent Roberval du paiement du droit de décime royal pour les neuf premières années à compter de l'ouverture de chaque exploitation nouvelle. Elles l'autorisent à s'associer :
« Telles gens et personnes que bon lui semblera, tant étrangers que autres de notre dit royaume », - sans que lui-même - « ses associés, connus et entremetteurs puissent déroger à leurs droits et privilèges de noblesse, dignité et état ».
Les activités minière et sidérurgique sont ainsi reconnues,' au même titre que celle de la fabrication du verre, comme n'entraînant pas déchéance de noblesse : tout gentilhomme peut s'y livrer.
Roberval, toujours fort bien en cour, se fait octroyer, en octobre 1552, de nouvelles lettres patentes portant amplification de ses premiers privilèges. Ceux-ci n'auraient pas été suffisants, en effet, pour attirer les étrangers soit comme techniciens, soit comme associés, à plus forte raison les sujets français. Pourtant ce ne sont pas les mines qui manquent pour « apporter un profit incroyable au royaume » mais les hommes expérimentés. Il est donc indispensable de « poursuivre l'ouvrage des mines pour l'augmentation, profit et utilité du royaume » et d'accorder de nouveaux avantages. En particulier, ceux qui travaillent aux mines seront affranchis, tant leurs personnes que leurs biens, de tous droits et impôts ; les villes et villages proches des exploitations ne seront pas imposées sur les ressources supplémentaires apportées par celles-ci. Le bois nécessaire pourra être pris partout où cela sera le plus commode, à prix raisonnable, sinon sans débours s'il provient de régions peu fertiles. La durée d'exemption du paiement du dixième est ramenée à trois années à partir de la première coulée de métal. Les seigneurs justiciers et fonciers, s'ils apportent appui à Roberval, recevront un quarantième du bénéfice net de l'exploitation ; de plus, ils seront dédommagés pour les travaux entrepris sur leurs fonds.
Roberval - et ses représentants - aura, en outre, puissance et autorité pour faire rendre toute justice et exercer juridiction, tant en matière civile que criminelle au fait des dites mines. Il dispose ainsi de pouvoirs véritablement exorbitants : aussi l'enregistrement des lettres les lui accordant ne va pas sans difficultés car, aux dires des contemporains, il se conduit en "petit tyran" ; les gens du roi protestent en effet, ne voulant pas que l'on puisse faire « fouille en leurs maisons ou héritages, pour voir s'il y a mines ». Ce n'est qu'en juillet 1555, seulement, que la Chambre des Monnaies se décidera, après une première annulation, à enregistrer l'ordonnance royale. Entre temps, au vu des abus constatés, Henri II a été conduit à révoquer les privilèges particuliers des maîtres de forges. Nonobstant ces résistances, Roberval poursuit son ascension. Une ordonnance de 1557 le qualifie de:
« Maître, Gouverneur général et Superintendant des Mines et Minières de France, terres et seigneuries de l'obéissance de sa Majesté ».
La réticence de l'administration des Monnaies était compréhensible et tout à fait logique. L'attribution de juridiction accordée, à titre personnel, à Roberval ne pouvait qu'être cause de conflits nombreux avec elle, sinon avec les Parlements. De plus l'intéressé, seul exploitant officiellement reconnu, avait toute liberté pour mener une politique personnelle, n'ayant pratiquement de compte à rendre, à qui que ce soit, sauf au Roi "mal informé". Cette indépendance ne présentait guère d'inconvénients pour la houille tirée de quelques grattages ou pour le fer extrait des minières dont il fallait stimuler la production. Par contre, elle pouvait s'avérer dangereuse, touchant les métaux monnayables, or, argent et cuivre, tant en ce qui concerne l'extraction de leurs minerais que, plus encore, leur transformation. Dans ce domaine, la liberté laissée à Roberval pouvait susciter, a priori, quelque inquiétude, étant donné la situation financière du royaume obérée par la poursuite des hostilités avec l'Espagne et l'Autriche.
En juillet 1560, son successeur est désigné par François II : Claude de GRIPPON, seigneur de SAINT-JULIEN.