TRAVAUX
DU
COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE
- Troisième série -
T.XI (1997)

Gabriel GOHAU
Hommage à James Hutton, à l'occasion du bicentenaire de sa mort

COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 4 juin 1997)

James Hutton est mort à Edimbourg le samedi 26 mars 1797, voici donc deux cents ans. Affaibli par une précédente attaque, il s'efforçait cependant de mettre la dernière touche à ses Principes d'agriculture, lorsqu'il fut pris de malaise, et mourut avant que son ami et chirurgien, Russel ne pût lui porter secours. Né dans la même ville le 3 juin 1726, dans une famille de négociants il n'avait donc pas soixante et onze ans.

La Geological Society of London et la Royal Society of Edinburgh, en association avec l'INHIGEO, ont décidé de tenir à l'occasion du 200e anniversaire de sa mort, qui coïncide avec celui de la naissance de son disciple Charles Lyell, une réunion à Londres, du 30 juillet au 3 août 1997, consacrée à Lyell, puis à Edimbourg, du 5 au 7 août, principalement en hommage à Hutton, avec visite des deux sites célèbres de Siccar Point et Glen Tilt. Notre Comité ne pouvait négliger cet anniversaire. Il ne m'appartient cependant pas de tracer une vue d'ensemble de son oeuvre, et d'anticiper sur ce qui doit être dit à Edimbourg. Modestement, je voudrais prendre prétexte de cette occasion pour dire quelques mots sur la révolution des sciences de la Terre dont Hutton fut l'un des protagonistes, et comparer sa démarche à celle de quelques contemporains.

La postérité aurait sans doute pu le tenir pour un philosophe. Sa théorie de la Terre ne constituait-elle pas "une simple illustration de son vaste système du Monde, aussi bien mental que physique" en une démarche de pensée parallèle à celle de Kant ? demande François Ellenberger qui connaît bien son oeuvre (1). Hutton avait en effet déjà publié des Dissertations on différents subjects in Natural Philosophy (Edinburgh : Strahan & Cadell, 1792) et An Investigation ofthe Principles of Knowledge and of the Progress of Reason from Sense to Science and Philosophy (Edinburgh : Strahan & Cadell, 1794), ouvrage monumental de plus de 2200 pages, quand il fit paraître en 1795 les deux volumes de sa Theory of the Earth. Un troisième tome était rédigé, qu'on ne retrouva qu'un siècle plus tard, dans la bibliothèque de la Société royale de Londres, et qui parut en 1899. Hutton fit paraître, aussi, dans les Transactions of the Royal Society of Edinburgh, entre 1784 (parution en 1788) et sa mort (parution en 1798) divers articles, dont le principal porte sur le granite (vol. III). Quant aux Principes d'agriculture qu'il corrigeait encore le matin de sa mort, ils restèrent inédits : d'abord à la Société géologique d'Edimbourg, ils passèrent en 1947 à la Société royale de la même ville.

Quoique Playfair signale qu'il laissa une grande quantité de manuscrits, peu ont été retrouvés. Pour l'étude de sa correspondance, renvoyons à V. A. et J. M. Eyles (2). Par ailleurs, J. E. O'Rourke, dans une éclairante comparaison des Principes de la connaissance et de la Théorie de la Terre a établi un parallèle entre sa pensée épistémologique et son application à la terre, sur lequel nous aurons à revenir (3).

1. FONDATEUR DE LA GÉOLOGIE MODERNE ?

James Hutton a imprimé une trace décisive dans l'histoire de la géologie. Le géologue Edward B. Bailey (1881-1965), qui fut professeur de géologie à l'Université de Glasgow, et directeur du Geological Survey britannique, de 1936 à 1945, le tient pour le "fondateur de la géologie moderne" (4). L'expression est devenue classique, quoique Archibald Geikie (1835-1924), qui fut son prédécesseur médiat au Geological Survey (1881-1901), ait antérieurement parlé, au pluriel, des Founders of Geology (5). En tout cas, cette expression fait problème, au moins pour trois raisons.

1.1. Un homme seul peut-il fonder une science nouvelle ?

Les esprits systématiques voudraient nous forcer à trouver un nom d'auteur pour chaque révolution scientifique alléguée. On prête à Kant d'avoir célébré la révolution copernicienne. De l'astronome polonais il a retenu l'inversion des rapports entre la Terre et le soleil, qu'il appliquait semblablement, en métaphysique, au rapport objet-sujet, en un renversement méthodologique : au lieu d'admettre "que toute notre connaissance devait se régler sur les objets", il choisit de supposer "que les objets doivent se régler sur notre connaissance" (6). Mais la révolution cosmologique, si elle prend sa source dans cette inversion, se prolonge sur plus d'un siècle, pour culminer dans la loi de gravitation newtonienne. Selon Bernard Cohen, l'historien des sciences de Harvard, Kant n'a jamais parlé de révolution copernicienne : il attribue la révolution en physique... à Bacon (7). Passons.

Tout biologiste, de même, serait bien embarrassé pour situer dans une oeuvre unique la révolution fondatrice qui fait passer de l'histoire naturelle à la biologie. De Lamarck à Darwin, par Cuvier, Geoffroy et beaucoup d'autres, les noms ne manquent pas d'auteurs qui ont apporté leur pierre à l'édifice.

Lavoisier serait-il plus facile à détacher pour sa contribution décisive à la nouvelle nomenclature, avec le renversement qui transforme les "éléments" de la chimie ancienne en combinaisons (eau) ou mélanges (air) de la nouvelle chimie ? Reste que l'oeuvre débouche sur les prémices de l'atomisme, lequel forme les bases de la chimie contemporaine. En sorte que la révolution ne peut se réduire à la contribution de Lavoisier.

Dans le cas présent, l'oeuvre huttonienne marque aussi ses renversements : de primitif, le granite injecté dans les terrains devient postérieur à ceux-ci. La tectonique ramenée par la plupart des auteurs depuis Descartes et Sténon à des effondrements s'inverse en soulèvements. Pourtant le cycle huttonien, sans vestige de commencement ni trace de fin, est a-historique. Il ne peut conduire à la géologie du siècle suivant sans s'intégrer dans les travaux de l'école concurrente lithostratigraphique de Werner, et sans ceux de stratigraphie paléontologique de William Smith. Mais c'est là une banalité pour tout historien attentif. Cycle géostrophique, base de la géodynamique et succession des faunes de l'échelle stratigraphique, fondement de la géologie historique sont, pour Rachel Laudan, les deux volets, en "tension", de la géologie des années 1830 : l'un issu de la philosophie naturelle, l'autre de l'histoire naturelle. Lyell aurait ainsi remis au premier plan la philosophie naturelle, un peu écartée par la génération précédente. Pareillement, dit-elle, la tectonique globale des années 1960-1970 accomplirait le même mouvement, à ceci près que la philosophie naturelle est plutôt nommée géologie physique par nos contemporains (8). Avant elle, J. E. O'Rourke notait déjà que Hutton "dealt with physical geology, not historical geology" (9).

Plus récemment, R. Frodeman, de l'Université du Colorado, distingue aussi la géologie historique d'une géologie qu'il nomme un peu curieusement "interprétative" ou "herméneutique", en prenant ses références... chez Heidegger. Sous le prétexte de revaloriser la méthodologie géologique, tenue pour une forme appauvrie de la méthode des physiciens, il introduit une conception subjective et sociologique de la science, s'appuyant sur le relativisme kuhnien, qui n'a guère ma préférence (10). Sans doute, plus sagement aurais-je envie de caractériser la révolution par les trois composantes qu'y voit F. Ellenberger : la transformation des roches, les modifications radicales du monde vivant au cours du temps et l'immensité des durées passées (11). Dans tous les cas, ni Hutton, ni Lyell ne pouvaient à eux seuls fonder la "géologie moderne".

1.2. Qu'est-ce que fonder une science ?

Si l'on prend l'exemple de Pasteur, on peut dire qu'il inaugure la microbiologie sous la forme de la "théorie des germes". Pareillement, Lavoisier est d'abord traité comme l'auteur d'une "théorie pneumatique". Elie de Beaumont dote la tectonique naissante d'une "théorie des soulèvements". Le vocabulaire employé - le mot théorie prenant son sens moderne, différent pour le géologue du sens qu'il avait dans les théories de la Terre - marque que le nouveau savoir s'appuie sur une polémique : la théorie nouvelle triomphe d'une théorie concurrente, celle de Pouchet pour Pasteur, de Stahl (ou celle de Lamarck, la théorie pyrotique) pour Lavoisier, ou de Prévost pour Elie de Beaumont. En ce sens, Hutton, s'il n'inaugure pas la théorie des soulèvements (le terme ne semble pas avoir été retenu par ses contemporains), introduit ce que Kirwan nomme théorie ou système plutonique (12). Les feux souterrains vont s'implanter, au-delà de Hutton, par l'intermédiaire de la chaleur centrale résiduelle, pour un siècle, et dans la géologie contemporaine par l'action conjuguée de cette chaleur et de l'énergie des réactions nucléaires. En sorte qu'on peut dire que le savoir "fondé" doit échapper aux modes et aux caprices des systèmes antérieurs. Sa récupération, si on ose ce mot, par la géologie des catastrophistes, ou pour mieux dire des directionalistes, prouve la solidité de la "théorie". Avec Fourier et Cordier, la chaleur interne n'est plus le fait d'une école mais de la science de la Terre. Les débats sur l'origine du granite et sur la fluidité de la Terre ne cesseront de la discuter mais sans jamais la réfuter.

Playfair considère apparemment la confection d'une théorie comme le but de la recherche, lorsqu'il dit que "la masse de nos connoissances est dans un état de fermentation, d'où nous devons espérer de voir sortir une véritable théorie" (13).

1.3. Avant la révolution

Dès lors qu'il existe une "géologie moderne", il faut introduire une coupure avec le passé, mais aussi l'inclure dans le cadre d'une discipline plus ou moins permanente, qu'on nomme géologie en-deça de la création du mot. Si Deluc et Saussure adoptent ce terme, introduit peu avant sans grande nécessité par Diderot, c'est afin de désigner un nouveau champ du savoir - pour le dire dans le vocabulaire à la mode. Michel Foucault, figure emblématique du discontinuisme épistémologique, s'interroge : "qu'est-ce donc que la médecine, la grammaire, l'économie politique ?" (14). L'archéologie du savoir est le regard rétrospectif qui étudie le champ de notre savoir quand il était occupé par ce qui n'était pas nécessairement un savoir. (L'école althussérienne voulait, voilà une génération, que ce fût toujours une idéologie. Nous sommes bien revenus de ce dogmatisme.) Les théories de la Terre s'occupent du même objet, certes, que la géologie. Mais elles sont des oeuvres individuelles, expliquant la formation plus que l'histoire et, le plus souvent, par des mécanismes unicausaux, comme le note F. Ellenberger. Qui ajoute cependant qu'à côté des théories particulières, il existe une théorie de la terre qui résulte de l'accumulation des savoirs. En ce sens, même si l'on ne peut reconstituer que rétrospectivement la suite de ces efforts vers ce que F. Ellenberger nomme, par une image éloquente, la "masse critique" qui déclenchera la "divergence" responsable de la "révolution créatrice (15), du fait que cette suite n'existe que par ce que Bachelard nomme une récurrence historique, ses données appartiennent encore à notre science contemporaine.

Comme y appartient tout le savoir acquis depuis la révolution. De ce fait, la discontinuité est profonde avec les systèmes antérieurs caducs, non "sanctionnés", au sens bachelardien. Les théories se succèdent, et le savoir ne se construit pas sans refontes, mais on sent qu'on ne reviendra pas sur les bases de l'édifice. Ou plutôt, quand bien même les bases seraient bouleversées, comme dans la tectonique des plaques, les faits accumulés n'en seront pas changés quand ils ont été acquis par observation soignée. Nos Alpes, pour ne parler que de la France, n'ont pas le même statut dans la géoscience des plaques qu'elles avaient chez Haug, mais les grandes lignes de leur édification étaient posées dès Kilian, Gignoux et Moret.

Au total, donc, il faut donner à la "révolution créatrice" toute l'ampleur que lui assigne François Ellenberger dans son Histoire de la Géologie, et qu'il résume très bien en disant : "Le géologue actuel s'il lui arrive de compulser des livres du XVIIIè siècle, s'y sent dans un univers étranger. Abordant ensuite les écrits de la décennie 1830-1840 [...] il ne s'y sent pas dépaysé. Il y reconnaît sans peine sa propre discipline en ses débuts" (16).

2. MÉTHODOLOGIE NOUVELLE

On pourrait prendre la question par un autre biais, en s'intéressant à la méthode plus qu'aux connaissances. Puisque le savoir révolutionnaire marque une discontinuité, si celle-ci ne se réduit pas à l'action d'un génie isolé comment se met-il en place ? Thomas Kuhn distingue la science normale qui procède par induction dans un cadre bien fixé par ce qu'il nomme un paradigme, et la révolution scientifique qui suppose invention de nouveaux modes d'investigation, voire de démonstration (17). Ne peut-on dire qu'on procède alors de façon hypothétique, par rupture, en délaissant le cheminement graduel de l'induction ?

2.1. Les discordances imaginées

Bailey, à la suite de Tomkeieff (18), s'est interrogé sur la découverte des discordances par Hutton. A la fin du chapitre V de la Théorie de la Terre, le médecin écossais annonce que, depuis l'écriture de ce texte, il a recueilli des lumières sur le sujet qu'il exposera dans le chapitre suivant. D'ailleurs, il vient de recenser des observations de J.-A. De Luc qu'il interprète comme une discordance. Les schistes "brisés et mis à nu" sur lesquels reposent des strates horizontales ont été "exposés à l'atmosphère" avant d'être plongés dans la mer qui a déposé les strates surincombantes. Ainsi est démontrée l'alternance au même endroit de terres et de mers. De Luc qui ne voit que le bon état de conservation des couches calcaires horizontales refuse de croire qu'elles ont été soulevées après leur dépôt, sans quoi elles seraient brisées et bouleversées comme les schistes. Du coup, il ne peut comprendre l'origine de ceux-ci : "l'eau n'a pu faire ces montagnes" (19). Autrement dit, il ne se rend pas compte qu'un événement tectonique suivi d'érosion sépare schistes sous-jacents et calcaires. Sa tectonique, quoique répétitive, ne prévoit pas les discordances, puisqu'elle est incluse dans un système qui ne fait aucune place à l'arasion des montagnes. Hutton énonce une théorie qui prédit les discordances angulaires, comme une "pièce nécessaire" (Tomkeieff) de la théorie, et il les reconnaît chez ses prédécesseurs. Il lui reste à les observer lui-même à Arran, Jedburgh et Siccar Point. Peut-on faire de cette investigation un exemple d'application de la méthode hypothético-déductive ?

Ce qu'on peut dire déjà c'est que la présentation est insolite. Il est plutôt traditionnel, chez les scientifiques, de présenter ses travaux en exposant d'abord les faits observés. Hutton aurait peut-être procédé de même s'il n'avait développé sa pensée au fur et à mesure de ses investigations. L'ordre de présentation de l'ouvrage de 1795 est, par nécessité, l'ordre des découvertes.

Cette démarche semble contraire aux canons de la recherche en géographie physique, tels que Desmarest les a définis dans un article de l'Encyclopédie, dont F. Ellenberger a découvert l'importance (20). Le mot hypothèse n'y est employé que pour désigner un "système" conjectural. L'auteur est sans doute dans la ligne définie par Newton dont on sait qu'il refusait de feindre des hypothèses.

Quoique les déclarations newtoniennes sur ce point soient célébrissimes, il n'est peut-être pas mauvais de s'y arrêter un instant. Il s'agissait, en fait, dans la pensée de l'auteur de la loi de gravitation, de s'en tenir à elle, sans tenter hypothétiquement, c'est-à-dire faute de support empirique, de construire un système d'entités explicatives.
" Tout ce qui n'est pas déduit des phénomènes, doit être appelé hypothèse et les hypothèses, qu'elles soient métaphysiques, physiques, se rapportant aux qualités occultes ou mécaniques, n'ont pas de place en philosophie expérimentale. En cette philosophie, les propositions sont déduites des phénomènes et rendues générales par induction [...]. Et il suffit que la gravité existe réellement et agisse selon les lois que nous avons exposées, et soit suffisante pour expliquer tous les mouvements des corps célestes et de notre mer" (21). Sous une forme souvent utilisée par la philosophie positiviste, nous pourrions dire que Newton refuse d'ajouter un pourquoi au comment qu'il a si brillamment découvert.

Plus concrètement, il répond à la science cartésienne qui ne craignait pas de bâtir une hypothèse, c'est-à-dire une conjecture "peut-estre fort éloignée de la vérité", que le lecteur est libre de refuser. La formule laisserait penser que Descartes a conscience de la faiblesse de son système, s'il n'ajoutait tout aussitôt "qu'il n'est pas vray-semblable que les causes desquelles on peut déduire tous les Phainomenes soient fausses", car ce serait faire injure à Dieu que de vouloir le rendre coupable de nous avoir créés si imparfaits que nous fussions sujets à nous méprendre, alors qu'il nous a dotés de raison. Précisant même, pour faire bonne mesure, que vraie ou fausse son hypothèse ne sera pas moins utile "que si elle estoit vraye pource qu'on s'en pourra servir en mesme façon pour disposer les causes naturelles à produire les effets qu'on desirera" (22). Qui pourrait croire, après cela, que la modestie de présentation, n'est pas une simple précaution destinée à se prémunir des critiques de théologiens sourcilleux sur un sujet aussi sensible que la formation du monde ?

2.2. Digression sur l'hypothèse...

Le mot "hypothèse" peut être pris dans plusieurs sens. Celui que refuse Newton est celui des qualités occultes, indémontrables et que la philosophie positiviste déclarera métaphysiques. Expliquer, c'est, nous dit Auguste Comte, énoncer une loi comme celle de la gravitation qui "nous montre toute l'immense variété des faits astronomiques, comme n'étant qu'un seul et même fait envisagé sous divers points de vue [...] tandis que, d'un autre côté, ce fait général nous est présenté comme une simple extension d'un phénomène qui nous est éminemment familier [...] la pesanteur des corps à la surface de la terre. Quant à déterminer ce que sont en elles-mêmes cette attraction et cette pesanteur, quelles en sont les causes, ce sont des questions que nous regardons comme insolubles, qui ne sont pas du domaine de la philosophie positive, et que nous abandonnons avec raison à l'imagination des théologiens et à la subtilité des métaphysiciens" (23). Ainsi en va-t-il des hypothèses vicieuses sur les fluides et les éthers. Mais il existe une autre sorte d'hypothèses "jusqu'ici peu multipliées [et qui] sont simplement relatives aux lois des phénomènes". Simples "anticipations", ces hypothèses doivent être vérifiables et provisoires (24). Et curieusement, Auguste Comte qui est si sévère pour le calorique et les fluides électriques de ses contemporains, juge que les tourbillons cartésiens ont joué ce rôle de bonne hypothèse provisoire, supérieure aux âmes et génies du système de Kepler, devenue caduque seulement avec les lois de Newton.

Or il se trouve que ce sens, en quelque sorte heuristique, et donc non métaphysique, de l'hypothèse se trouve dès le premier tiers du XVIIe siècle chez un auteur, dont on n'a peut-être pas assez dégagé la nouveauté méthodologique. Il s'agit du célèbre William Harvey (1578-1657). Après avoir exposé sa théorie circulationniste, le médecin britannique ajoute : "Mais, pour qu'on ne nous accuse pas de nous contenter de mots, de faire des assertions spécieuses, sans fondements, et de vouloir innover à tort, nous posons trois hypothèses, qui, si elles sont vraies, démontreront clairement ce que j'avance et en feront éclater la vérité". Ces hypothèses portent sur la quantité de sang traversant le cour, et celle passant par les artères, ainsi que sur le sens de circulation dans les veines. L'hypothèse se présente donc comme une déduction de la théorie que l'on soumet à "confirmation" expérimentale, laquelle "démontre" la théorie (25).

On parlerait aisément, ici, de méthode hypothético-déductive. Evitons cependant l'anachronisme. Selon les dictionnaires de langue, l'expression est toute récente (XXe siècle). En revanche, le mot "hypothèse" prend son sens de conjecture sur la nature au XVIIe siècle. Antérieurement, dans un sens maintenu jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, il signifiait "toute proposition reçue pour en déduire d'autres, sans souci de sa vérité ou de sa fausseté", comme en mathématique où l'on pose des hypothèses en vue d'en déduire des conclusions (26). Mais Ernst Mayr, l'un des fondateurs de la théorie synthétique de l'évolution, n'hésite pas à trouver le germe de la méthode hypothético-déductive dans l'oeuvre aristotélicienne (27).

2.3. ...Et sur l'induction.

Le terme d'induction est plus ancien. On le trouverait chez Oresme dès le quatorzième siècle (1370), sous la forme induccion, dérivée du latin inductio, où il désigne, en logique, la remontée des faits à la loi. Nous ne nous attarderons pas sur cet usage. Le mot s'introduit en science par l'induction baconienne, qui oppose deux méthodes pour chercher la vérité : "l'Anticipation de l'Esprit" et "l'Interprétation de la Nature". La première "partant des sens et du particulier, s'élance d'un coup d'aile vers les axiomes les plus généraux et, s'appuyant sur ces principes comme sur une vérité inébranlable, rend ses jugements et invente les axiomes moyens" ; la seconde "dégage les axiomes à partir des sens et du particulier, en s'élevant de façon continue et graduelle pour parvenir enfin au plus général". C'est elle, évidemment que le chancelier nomme "induction vraie" (28). On voit que l'induction ne s'oppose pas exactement à la déduction, mais à une sorte d'induction rapide, qui saute les étapes, et produit prématurément les concepts les plus généraux.

Desmarest préconise la même méthode continue et graduelle. Pour éviter de "deviner la nature sans la consulte!", on commence par observer les faits, en les envisageant sous différentes faces "sans trop se hâter de tirer des conclusions prématurées". Cette formulation rejoint (ou calque) celle que Buffon emploie peu avant dans le Premier Discours de son Histoire naturelle. "En se familiarisant avec [les] objets, en les voyant souvent, &, pour ainsi dire, sans dessein, ils forment peu à peu des impressions durables, qui bien-tôt se lient dans notre esprit par des rapports fixes & invariables; & de-là nous nous élevons à des vûes plus générales, par lesquelles nous pouvons embrasser à la fois plusieurs objets différens" (29).

La comparaison de ces textes pourrait être intéressante. Elle montrerait au moins, que Desmarest ait ou non pris son inspiration chez son aîné, que la réaction antisystématique est chose assez bien partagée autour de 1750. Buffon s'oppose à Linné, comme il s'opposera, dans les pages suivantes de sa "Théorie de la Terre", aux diluvianistes anglais. Desmarest ne désigne personne nommément. Son travail se veut serein, non polémique.

Après l'observation soignée des faits, il faut les combiner, car un fait isolé n'est pas un fait physique. L'opération suppose évidemment une action mentale : le savant met "de l'ordre dans les découvertes", de la façon qu'on combine les lettres de l'alphabet en mots et langues. Analogie dangereuse, qui pourrait laisser penser que la combinatoire est aussi variée, voire arbitraire que le sont les langues multiples. Mais en fait, bien sûr, il s'agit de découvrir des "rapports cachés", de mettre en réserve les faits isolés jusqu'à ce qu'ils se réunissent à d'autres de même nature. Il existe donc un ordre naturel des faits, que l'on restitue en les liant par continuité, c'est-à-dire en ménageant les intervalles où viendront se loger les faits intermédiaires "par une induction dont la nature elle-même aura conduit la chaîne" (30). Le mot est lâché, tout est dit.

Ne reste plus qu'à généraliser les rapports. Les faits combinés sont une "source de lumière" qui permet de tirer des principes constants éclairant "de nouveau certains sujets par l'analogie ; & en conséquence de la régularité des opérations de la nature, on en voit naître de nouveaux faits qui se rangent eux-mêmes en ordre de système". Ainsi, l'éclairage projeté par les principes, permet de mettre en évidence et d'interpréter des faits nouveaux, selon la phase déductive de la démarche. Se trouvent donc réunies une montée vers l'abstraction et un retour à l'observation, une induction et une déduction, à ceci près que la phase terminale est si sûre qu'elle ne nécessite aucun test expérimental.

Au passage, Desmarest rencontre Bacon, quand il note, dans sa première étape, qu"'or? discute avec bien plus d'avantage l'étendue des effets & même la combinaison des causes lorsque l'on peut décider ce qu'elles admettent constamment, ce qu'elles négligent quelquefois, & ce qu'elles excluent toujours" (31). On retrouve les fameuses tables baconiennes : table de l'être et de la présence,où "une nature étant donnée, il faut d'abord faire comparaître devant l'entendement toutes les instances connues qui concourent dans cette même nature, quoique en des matières fort dissemblables" ; puis table de la déclinaison ou table d'absence dans la proximité, pour "joindre les négatives aux affirmatives, et examiner les privations dans les sujets seulement qui s'apparentent le plus à ceux dans lesquels se trouve et comparaît la nature donnée" ; enfin table des degrés ou table de comparaison, instances où la nature examinée "se trouve à un degré plus ou moins grand".

Ainsi codifiée, l'induction se présente comme une méthode de recherche graduelle, apte à mettre de l'ordre dans ces domaines de l'histoire naturelle où les productions multiples semblent défier tout classement. Préconisée aux commencements de la géologie ou de la géographie physique, dans le sens de Desmarest, elle paraît moins adaptée aux investigations des physiciens qui appliquent la loi de Newton aux secteurs de l'univers en cours d'exploration. Nous avons pourtant vu que le physicien anglais lui-même s'était présenté comme l'adversaire des hypothèses. Cependant, dit J. Largeault, c'est l'autorité de Laplace qui fit de Newton le champion de l'induction. On s'élève, dit l'auteur du Système du monde, "par une suite d'inductions, des phénomènes aux causes, [pour] redescendre ensuite de ces causes à tous les détails des phénomènes [...]. Il faut choisir ou faire naître les phénomènes les plus propres à [la découverte des lois], les multiplier en variant leurs circonstances, et observer ce qu'ils ont en commun entre eux" (32). Nous sommes proches de la méthode de Bacon, ou de ce que Stuart Mill codifiera plus tard, dans la même optique, en méthodes des concordances, des résidus, des variations concomitantes et des différences.

D'ailleurs, Laplace rend hommage à Bacon : les adversaires de l'induction, tant les anciens que Descartes, ou, au temps de Newton, Leibniz et Malebranche, ont échoué en imaginant "des causes générales pour tout expliquer". Et l'on est revenu "à la méthode des inductions [...] que le chancelier Bacon avait établie avec toute la force de son éloquence, et que Newton a plus fortement encore recommandée par ses découvertes".

Nous avons vu, déjà, que Comte, le positiviste, sera moins sévère envers Descartes. Mais si l'on ajoute que Kant, peu enclin à l'empirisme, par son système qui impose "que la raison ne voit que ce qu'elle produit par ses propres plans", fait aussi de I'"essai magistral" de Bacon le point de départ de la "révolution subite" fondatrice de la physique moderne (33), on peut se dire que les distinctions se télescopent, et se demander dans quelle mesure il est judicieux de diviser les méthodes expérimentales en classes bien distinctes. Une logicienne contemporaine dit, un peu brutalement : "on a coutume d'opposer le raisonnement inductif au raisonnement déductif, mais il semble qu'il vaudrait mieux considérer qu'il n'existe qu'un seul type de raisonnement hypothético-déductif recouvrant tantôt une méthode allant des faits aux lois, tantôt une méthode allant des lois aux faits" (34). On ferait peut-être assez bien l'accord sur l'unicité de la méthode, moins facilement sur sa dénomination.

Mais les querelles résiduelles traduiraient sans doute l'impossibilité de définir la méthode scientifique de façon trop rigide. Méthode unique, peut-être, mais aux modalités variées selon les disciplines, leur stade d'avancement, etc. Un seule rationalité, mais comme disait Bachelard avec des rationalismes régionaux.

2.4. Entre Hume et Kant

Et Hutton ? Il se place à un moment décisif. Rourke note qu'il vient après Locke, Berkeley et Hume, les trois générations d'"empiristes anglais", pour employer une terminologie qu'eux-mêmes n'utilisent pas. L'idée de base, par réaction au cartésianisme, est que la connaissance commence avec la sensation. Derrière eux, Hutton fait de l'expérience le critère de la connaissance. Cependant, dans la mesure où il sépare sensation de perception et de conception, il se rapproche de Kant, puisqu'il postule un plus grand rôle à l'opération de l'esprit que les empiristes. Il se distingue néanmoins du philosophe allemand dont le raisonnement est entièrement a priori (35).

La théorie de la Terre est un terrain de choix pour lui, puisque les processus géologiques sont presque imperceptibles. Ce que nous nommons lois de la nature correspond à des jugements sur les relations de mouvement, espace et temps, qui sont des concepts de l'esprit (36). Par exemple, la question n'est pas de savoir si les processus géologiques sont ou non uniformes, mais si nous pouvons connaître le passé autrement que du point de vue présent. En ce sens, il se démarque d'Aristote qui croyait à l'éternité du monde et à l'uniformité des lois (37).

La place de Hutton en géologie correspond aussi à un moment crucial. Les systèmes unicausaux ont étalé leurs faiblesses. Des savants prudents, anti-systématistes militants, comme Dolomieu ou Saussure, ont accumulé un savoir positif sans pouvoir ou vouloir le mettre en ordre. Desmarest reste fidèle à sa marche graduée. L'école wernérienne, quoique plus systématique dans ses explications, avance, elle aussi, pas à pas dans la construction empirique de la colonne géognosique. Le neptunisme rend compte de la structure du bâti européen. Hutton renverse le système neptunien, comme on a dit plus haut, en accomplissant une "révolution subite". La révolution dans les concepts ne suppose-t-elle pas une discontinuité dans la méthode ? La prudence de Desmarest permettait-elle ce pas de géant ?

Quelque mérite qu'on lui reconnaisse, il n'a produit, dans le prolongement de Guettard, qu'un concept décisif et durable, celui de volcanisme ancien, pièce de la théorie vulcaniste que les adversaires de Werner forgeront contre le dogmatisme neptuniste du maître de Freyberg. Hutton, qui a sans doute compris en même temps que lui l'origine du basalte (le whinstone des auteurs écossais), est allé beaucoup plus loin par son coup d'audace, qui introduisait l'idée de la transformation des roches après dépôt, et bouclait ainsi le cycle géologique. Or il n'existe pas de méthodologie du coup d'audace. Le ramener à l'invention d'une hypothèse est sûrement le codifier de manière outrée. La démarche hypothético-déductive suppose que le chercheur formule son hypothèse explicitement avant d'en déduire des conséquences soumises à test expérimental. Claude Bernard qui a voulu nous le faire croire s'est fait piéger par les historiens attentifs qui ont examiné ses cahiers, car ils y ont trouvé des divergences éloquentes dans le cas des exemples qu'il utilise pour sa démonstration.

Tout processus explicitement hypothético-déductif est reconstruit. La démarche de Claude Bernard, systématisée par Karl Popper ne concerne pas la découverte scientifique mais son exposition. Elle dit ce qu'"on aurait dû voit", pour reprendre une formule bachelardienne. C'est pourquoi, la démarche réelle est moins éloignée de l'induction que le disent les épistémologues anti-positivistes. Mais elle échappe aussi aux descriptions de Bacon ou de Stuart Mill, qui ne sont pas moins systématiques dans leur modèle. Elle est trop tâtonnante pour se laisser décrire rationnellement. Elle suppose évidemment que le chercheur ne cède pas à ses préjugés, ni à sa hâte à conclure. Mais elle n'exige pas moins qu'il sache se détacher des faits pour formuler des conjectures. De Saussure a vu bien plus de choses que Hutton, il a examiné, par exemple, des filons granitiques, que dans son souci de rester dans le carcan des idées reçues il a interprétés selon les thèses neptuniennes, alors que Hutton, avant de les voir, savait déjà que le granite s'était injecté dans le bâti sédimentaire.

Nous ne pouvons mieux conclure, pour caractériser la méthode du "docteur Hutton", que de donner la parole au fidèle disciple. Après avoir noté que l'étude des "lois qui règlent les changemens de la surface et de l'intérieur du globe [...] reste dans le domaine de l'observation ou de l'analogie" (38), deux des maîtres-mots de Desmarest, John Playfair précise vingt pages plus loin que, bien qu'on puisse observer sans hypothèse, on ne peut continuer plus loin "sans reconnoître l'origine de quelques conclusions générales" (39).

Naturellement, il ajoute peu après que le philosophe ingénieux arrive "à sa théorie par une régulière généralisation des faits". Mais il l'illustre par un exemple qui montre bien que la supériorité de Hutton sur ses adversaires tient à la perspicacité de ses suppositions. "Dans ses détails sur le granite, le docteur Hutton nous a donné le meilleur modèle d'une théorie fondée sur le double témoignage des méthodes analytique et synthétique. Les apparences qu'il a remarquées dans cette pierre l'ont conduit à conclure, qu'elle avoit été fondue et injectée, pendant sa fluidité, dans les roches stratifiées déjà formées. Il a donc considéré que, si cela étoit vrai, les veines de granite avoient dû souvent s'échapper des masses plus volumineuses de cette pierre, et pénétrer les strata dans des directions différentes ; et cela doit être visible dans les lieux où ces différentes espèces de roches viennent en contact l'une avec l'autre. Ceci l'a porté à examiner avec attention, à Arran et à Glen-Tilt, les phénomènes en question ; le résultat, comme nous l'avons vu, procure à sa théorie la confirmation la plus complette, et à lui-même la satisfaction qui doit toujours accompagner le succès d'un travail judicieux et fait de bonne foi" (40).

Il ajoute d'ailleurs non sans malice que, s'il est fâcheux que l'impartialité de l'observateur soit "influencée par l'esprit de système", on n'évite pas forcément ce "malheur" par le manque de théorie. "La partialité en faveur d'une opinion n'est pas plus dangereuse que les préjugés qui sont contre elle ; car tel est l'esprit de système, et les notions de tous les hommes tendent si naturellement à prendre une forme régulière, que l'idée qu'il n'existe pas de théorie, devient elle-même une théorie qui peut avoir beaucoup d'autorité sur l'esprit d'un observateur" (41).

Notes

1) F. Ellenberger, La métaphysique de James Hutton (1726-1797) et le drame écologique du XXe siècle. Revue de Synthèse, (3), 67-68, 1972, (p. 267-283), p. 270. Sur la thèse de Hutton et ses sources, voir F. Ellenberger, La thèse de doctorat de James Hutton et la rénovation perpétuelle du monde. Annales Guébhard, XLIX.1973, p. 497-533.

2) V. A. Eyles and J.M. Eyles, Some geological correspondence of James Hutton. Annals of Science, 7, 1951, p. 316-339. Voir également V.A. Eyles, James Hutton, in C. G. Gillispie (éd.), Dictionary of Scientific Biography, New York, Charles Scribner's sons, vol. VI, 1972, p. 576-589.

3) J.E. O'Rourke, A Comparison of James Hutton's Principles of Knowledge and Theory of the Earth. Isis, vol. 69, n°246, p. 5-20.

4) E. B. Bailey, James Hutton, the founder of modem geology. Amsterdam, etc, Elsevier, 1967.

5) A. Geikie, The Founders of Geology. London, Macmillan, 2e éd., 1905 (réimpression, 1962).

6) E. Kant, Critique de la raison pure, préface à la 2e édition, 1787, d'après trad. A. Tremessaygues et B. Pacaud. Paris, Presses universitaires de France, 1968, p. 18-19.

7) I. B. Cohen, Révolution in science. Cambridge, Harvard University Press, 1985, p. 237-253.

8) Laudan R., Tensions in the concept of geology ; natural history or natural philosophy. History of Geology, 1, 1982, p. 7-13.

9) J. E. O'Rourke, loc. cit., p. 18.

10) R. Frodeman, Geological reasoning : geology as an interpretive and historical science. Geol. Soc. Amer. Bull., 107, 1995, p. 960-968.

11) F. Ellenberger, Histoire de la Géologie. Paris, Technique et Documentation - Lavoisier, 1988-1994, 2, p. 294.

12) J. Playfair, Explication de Playfair sur la théorie de la terre par Hutton, trad. C.A. Basset. Paris, Bossange et Masson, 1815, p. 419 (éd. angl., 1802).

13) Ibid., p. 7.

14) M. Foucault, L'archéologie du savoir. Paris, NRF, 1969, p. 45.

15) F. Ellenberger, loc.cit., 1988-94, 2, p. 319, 321-322.

16) Ibid., p.318.

17) Th. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, trad. fr. d'après 2e éd., Paris, Flammarion, 1970.

18) S. I. Tomkeieff, Unconformity. An historical study, Proc. Geol. Assoc., 73, 1962, p. 383-416.

19) J. A. De Luc, Lettres physiques et morales sur l'histoire naturelle de la terre et de l'homme. Adressées à la reine de la Grande-Bretagne. La Haye, De Tune, 6 vol., 1779, II, p. 207.

20) N. Desmarest, Géographie physique, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné... Paris, Briasson, etc, puis Neuchâtel, Faulche, 17 vol., 1751-1765, VII, 1757, p. 613-626. Cité ici d'après la réédition mise en ordre par M. de Felice, Yverdon, tome 21, 1773, p. 446-469. Cf. F. Ellenberger, Les leçons toujours actuelles de l'histoire de la géologie (adresse présidentielle). Travaux du Comité français d'Histoire de la Géologie, (3), 10, 1996, (p. 189-197), p. 193.

21) I. Newton, Principia, Genèse et structure des chapitres fondamentaux avec nouvelle traduction M.F. Biarnais. Cahiers Hist. Phil. Sci., 2-1982, p. 219.

22) R. Descartes, Principes de la philosophie, in Ouvres complètes, éd. Adam-Tannery. Paris, Vrin-CNRS, 13 vol., 1971-76, IX-2, 3è partie, § 43-44.

23) A. Comte, Cours de philosophie positive, première leçon, 1830, D'après Comte, Philosophie des sciences. In Choix de textes, Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 22.

24) Ibid., 28è leçon. Ibid., p. 88.

25) W. Harvey, De motu cordis (de la circulation du sang), 1628, d'après trad. C. Richet. Paris, C. Bourgois, 1990, p. 111 sq.

26) A. Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, 2 vol. Paris, Le Robert, 1993.

27) E. Mayr, Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, trad. fr. Paris, Fayard, 1989, rééd. Livre de poche, I, p. 54.

28) F. Bacon, Novum Organum, 1620, livre I, aphorisme 19. D'après trad. M. Malherbe et J.-M. Pousseur. Paris, Presses universitaires de France, 1986, p. 105.

29) Buffon, Premier Discours. De la manière d'étudier et de traiter de l'histoire naturelle (1749), in Oeuvres philosophiques de Buffon, texte établi et présenté par J. Piveteau, avec la collaboration de M. Fréchet et C. Bruneau. Paris, Presses universitaires de France, 1954, p. 8.

30) Desmarest, loc. cit., p. 453.

31) Ibid., p. 449.

32) P. S. Laplace, Exposition du système du monde, 1796, d'après J. Largeault, Principes classiques d'interprétation de la nature, Paris-Lyon, Vrin-lnstitut interdisciplinaire d'études épistémologiques, 1988, p. 50.

33) Kant, loc. cit., p. 17.

34) A. Virieu-Reymond, La logique formelle. Paris, Presses universitaires de France, 3e éd., 1975, p. 21.

35) J. E. O'Rourke, loc. cit., p. 11.

36) J. Hutton, Principles of Knowledge, II, p. 165-169. D'après J.E. O'Rourke, ibid., p. 14.

37) Ibid., p. 19-20.

38) J. Playfair, loc. cit., p. 3.

39) Ibid., p. 22.

40) Ibid., p. 24-25.

41) Ibid., p. 25-26.