TRAVAUX
DU
COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE
- Troisième série -
T.XVII (2003)
Jean GAUDANT
Analyse d'ouvrage
Manuel Serrano Pinto (Ed.)
Geological Resources and History - june 24th - july 1st 2001.
INHIGEO Meeting Portugal 2001 - Proceedings of the 26th Symposium, Centro de Estudos de História e Filosofia da Ciência e da Técnica,

COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 10 décembre 2003)

Universidade de Aveiro, 2003, 439 p.

 

L'analyse des actes d'un symposium est inévitablement subjective car elle dépend partiellement des centres d'intérêt personnels de son auteur. La présente analyse n'échappera certes pas à la règle car il n'est pas envisageable de donner un avis sur la trentaine de communications que réunit cet ouvrage.

Ainsi, des trois conférences plénières, ne retiendrons-nous que la première, sur l'histoire des mines dans la péninsule ibérique, par Octavio Puche. C'est en effet une véritable mine d'informations car elle retrace à grands traits l'histoire de l'exploitation minière depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle. Y sont évoquées entre autres l'activité minière des Arabes d'Espagne et du Portugal et l'exploitation des ressources métalliques de l'Amérique latine, notamment au Mexique par les Espagnols et au Brésil par les Portugais. Notre plus grand regret est que cet article n'ait pas bénéficié, avant sa publication, d'une relecture par un correcteur de langue maternelle française.

Dans un article consacré aux reconstitutions paléontologiques fondées sur des traces de locomotion laissées par des vertébrés disparus, Filomena Amador souligne qu'elles reposent sur un raisonnement abductif, c'est-à-dire sur la formulation d'une hypothèse fondée sur des faits qu'il est impossible de corréler directement avec des observations réalisables dans la nature actuelle, notamment dans le cas où aucun représentant d'un vaste groupe animal n'a survécu jusqu'à nos jours.

Le thème retenu par Miguel Telles Antunes porte sur des empreintes de pas visibles près de Lagosteiros (proche du Cap d'Espichel) qui, depuis le XIIIe siècle, fait l'objet de pèlerinages. Selon la légende, la Vierge y aurait débarqué d'un navire et aurait gravi la falaise sur une mule dont les pas seraient restés marqués dans la pierre. Il s'agit en réalité des empreintes d'un dinosaure sauropode jurassique !

Notons également l'hommage rendu au roi Pedro V du Portugal (1837-1861) par le même auteur et Philippe Taquet. Ce souverain naturaliste visita en effet les grands musées d'histoire naturelle européens et fut en rapport avec Alcide d'Orbigny.

La géologie coloniale ne fut pas oubliée car Maria das Dores Areias rappelle le rôle joué par deux voyageurs portugais. En premier lieu, Lourenço Malheiro (1842-1890), un ingénieur civil, tenta de promouvoir l'industrie minière comme agent de développement économique des colonies portugaises et jeta les bases de l'étude géologique de l'Angola. D'autre part, Freire de Andrade (1859-1929) était commissaire des mines au Mozambique. C'est en accompagnant des missions militaires qu'il entreprit l'étude géologique de ce pays.

Nous mentionnerons encore l'article d'Ana Carneiro sur les assistants anonymes du Service géologique du Portugal qui, pour un salaire misérable, avaient pour mission de constituer des collections géologiques et de jeter les bases d'une future carte géologique.

Goulven Laurent, en comparant le catastrophisme de Cuvier et celui de son principal disciple, Léonce Elie de Beaumont, montre que si celui-ci resta généralement, jusqu'au début des années 1830, proche des thèses de son maître, il prit ensuite certaines distances avec celles-ci.

On ne pouvait organiser au Portugal un symposium d'histoire de la géologie sans évoquer le rôle fondamental que joua un citoyen suisse, Paul Choffat (1849-1919) dans le développement de la géologie portugaise. Définitivement établi à Lisbonne à partir de 1883, il étudia en effet le Jurassique et le Crétacé de ce pays et contribua à tisser des liens entre le Service géologique pour lequel il travaillait et un certain nombre de géologues européens.

En conclusion, ce livre vient combler une lacune en apportant de nombreuses informations sur l'histoire du développement de la géologie au Portugal, sujet peu étudié jusqu'alors. On regrettera toutefois un certain laxisme orthographique qui fait regretter qu'une plus grande attention n'ait pas été accordée au travail éditorial et à la correction des épreuves.