Charles AMELIN (1875-1934)


Amelin en 1900, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Mort le 20/4/1934. Beau-père de M. WEEGER (EMP promotion 1921). Sa fille Marcelle AMELIN épouse Achille DELAOUTRE le 15/4/1937.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1897). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1933 :

DISCOURS
prononcé par M. DUBERNARD, Directeur de la Compagnie des Mines de l'Escarpelle,
aux obsèques de M. CHARLES AMELIN,
Directeur des Mines de houille de la Clarence,
à Calonne-Ricouart, le 24 Avril 1934

Mesdames, Messieurs,

Les arrêts du destin sont terriblement déconcertants. En ces derniers jours, qui donc aurait, un seul instant, pu penser qu'aujourd'hui nous aurions à accompagner au champ du repos éternel un des meilleurs et des plus chers d'entre nous. Ce fut avec une véritable consternation que nous apprîmes samedi matin que Charles Amelin venait d'être enlevé à l'affection des siens en quelques heures, terrassé vendredi soir, au sortir de ses occupations, par un de ces accidents organiques qui ne laissent pas d'espoir.

M. le Président Waymel, du groupe du Nord des anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, dans l'impossibilité de venir, à la tête de ses camarades, rendre un suprême hommage à Charles Amelin, m'a demandé de le suppléer en cette cérémonie, et d'exprimer ici ses profonds regrets de ne pouvoir apporter lui-même à la famille si cruellement éprouvée de notre regretté camarade, l'expression de toute sa sympathie et les condoléances les plus vives de tout notre groupe.

Charles Amelin, après d'excellentes études au lycée Janson à Paris, était entré en 1895 à l'Ecole des Mines de Paris. Il en sortit en 1900 classé parmi les premiers de sa promotion. Il débuta dans l'exploitation des mines de la Société Minière et Métallurgique de Penarroya en Espagne, où il exerça avec distinction ses fonctions d'ingénieur jusqu'en 1907. Des raisons de santé et de famille lui firent désirer à cette époque son retour en France. Il entra en octobre 1907 au service de la Compagnie de l'Escarpelle, comme Ingénieur du fond. Il y montra pleinement toutes ses qualités d'ingénieur averti, au jugement réfléchi et pondéré, dirigeant avec le plus entier dévouement et le soin le plus attentif les travaux des exploitations qui lui furent confiées. Des liens d'amitié, qui ne se sont pas relâchés, devaient se nouer dès cette époque entre Charles Amelin et tous ses collègues de l'Escarpelle. Personnellement, j'avais bien vite apprécié ses belles qualités et, de son séjour à l'Escarpelle, était resté pour moi un attachement tout particulier à ce collaborateur si pleinement dévoué. Si ses chefs et ses collègues l'appréciaient, ses subordonnés et ses ouvriers ne l'estimaient pas moins.

Les événements de 1914 appelèrent Amelin sous les drapeaux. Comme il appartenait à l'une des classes mobilisées susceptible d'être affectée aux exploitations houillères-privées d'une grande partie de leur personnel, il fut mis à la disposition de la Compagnie des Mines de Bruay, où il fut occupé comme Ingénieur du fond durant une année. Par la connaissance approfondie de la langue espagnole qu'il avait acquise au cours de son long séjour en Espagne, il se trouvait tout désigné pour prendre la direction de l'exploitation d'une mine de houille qui lui fut confiée dans la région d'Oviédo, en vue de participer au ravitaillement de la France en combustibles. Après l'armistice de 1918, Charles Amelin fut maintenu à la direction de ces houillères, qu'il conserva jusqu'en 1924, époque à laquelle il fut appelé par MM. de Wendel à la direction des Mines de la Clarence. C'est à ce poste, et encore en pleine vigueur, puisqu'il n'avait que de peu dépassé sa 59e année, que, frappé au sortir de son bureau, il a succombé en quelques heures à un mal implacable.

Partout Charles Amelin sut se faire aimer et apprécier par son personnel, par ses chefs et ses collègues, et acquérir les plus vives sympathies, grâce à ses rares qualités de cœur. Une grande bienveillance s'alliait en lui à une fermeté raisonnée. Une parfaite droiture et une justice complète étaient de règle dans ses actes. Tous ceux qui l'ont connu garderont le souvenir ineffaçable de son abord si accueillant, de la délicatesse de son esprit et de l'agréable caractère qu'il imprimait à ses relations personnelles.

Le nombre de nos camarades de l'Ecole des Mines venus assister aujourd'hui aux funérailles de l'un des leurs qui comptait parmi les plus sympathiques et les plus aimés, la présence de MM. les membres du Conseil d'Administration de la Compagnie de la Clarence, des employés et ouvriers de cette compagnie, des collègues de M. Amelin et de nombreux Ingénieurs du Bassin, toute cette assistance, sont un témoignage public de l'amitié et de l'estime dans lesquelles il était tenu par chacun.

Arraché si prématurément à l'affection de sa famille et de ses nombreux amis, notre camarade Charles Amelin laisse en disparaissant un vide dont nous ne mesurons hélas! que trop bien l'étendue, vide irréparable pour les siens, qui avaient encore tant besoin de leur chef et de leur soutien.

Des paroles de consolation si expressives et si émues qu'elles puissent être, sont bien peu de chose auprès d"une immense douleur. Nous formons cependant le vœu que celles que nous apportons ici avec émotion puissent réconforter wn peu le cœur cruellement meurtri de Madame Amelin et procurer à ses enfants et petits-enfants quelque adoucissement â leur poignant chagrin, en leur donnant l'assurance que nous nous associons bien respectueusement à leur deuil.

...

DISCOURS
prononcé par M. François DE WENDEL
Sénateur de Meurthe-et-Moselle,
Président du Conseil d'Administration de la Compagnie des Mines de houille de la Clarence

Monsieur le Vicaire Général, Messieurs,

Vendredi soir, alors que rien ne permettait de le prévoir, un mal subit enlevait en quelques heures à l'affection des siens, à ses amis, à ceux dont il avait la charge et qu'il aimait, le Directeur de la Compagnie des Mines de la Clarence, Charles Amelin.

Si douloureux qu'il puisse être pour moi de prendre la parole sur la tombe d'un camarade d'école et ami de date, et que tout ce qui devait être dit l'ait été admirablement et mieux que je ne saurais le faire par M. le Vicaire Général Maréchal et M. Dubernard, Directeur de la Compagnie des Mines de l'Escarpelle, je ne saurais laisser partir celui à qui le Conseil d'Administration de la Compagnie et moi-même faisions une si large confiance, sans évoquer d'un mot, si bref soit-il, son passé d'ingénieur, sans rendre hommage à ses sérieuses et solides qualités et exprimer aux siens, à tous ceux qu'il laisse derrière lui, la très grande émotion que nous cause un coup aussi brutal.

Reçu en 1895 à l'Ecole des Mines de Paris, où je le précédais d'une année, Charles Amelin en sortait brillamment en 1900 et tout d'abord entrait à la Compagnie des Chemins de fer Andalous. Mais il devait presqu'immédiatement se laisser accaparer par la mine de charbon, avec tout ce qu'elle présente pour un ingénieur intelligent, actif et courageux, à la fois de risques et d'intérêt toujours renouvelé, et, peu de mois après, il était nommé Ingénieur aux Houillères de Belmès qui dépendent de la Société de Penarroya. Il y passa sept ans. Puis ce furent, jusqu'à la mobilisation, sept années passées aux Mines de l'Escarpelle, où il se faisait apprécier dans les conditions que rappelait si bien tout à l'heure M. Dubernard,

C'est dans les Asturies que je le retrouvais à la fin de la guerre, devenu Directeur de la Société Houillère du Caudal y del Aller, créée par le groupe des Etablissements Carnaud pour approvisionner en charbons espagnols leurs usines de Basse-Indre, campé à Oviédo, avec sa charmante et courageuse épouse et ses cinq petites filles que je vois encore alignées un soir dans les corbeilles qui leur servaient de berceaux. C'est là que quelques années plus tard je devais retourner le chercher, lorsque divers mouvements opérés dans le haut personnel des affaires que j'ai l'honneur de diriger, créèrent une vacance à la direction de la Clarence.

C'est un des mérites de la vie d'école et surtout des grandes écoles de permettre aux jeunes qui s'y rencontrent de mieux se connaître, de s'apprécier, de se juger et de déterminer, ce que le classement ne dit pas toujours, si les qualités de cœur et de caractère correspondent à celles de l'intelligence. Charles Amelin faisait partie d'une forte équipe de camarades dont je connaissais la valeur, l'affection et le dévouement. C'est en toute confiance que je lui donnai la direction d'un charbonnage réputé difficile, où je savais qu'il fallait avant tout un mineur expérimenté et prudent, connaissant et aimant l'ouvrier; je désirais en même temps un Directeur qui saurait s'inspirer, dans ses rapports avec son personnels des traditions, chères à notre famille, qu'à travers les difficultés du temps nous nous efforçons de conserver.

C'était en 1923.

Ce qui s'est passé depuis, la plupart de vous, Messieurs, qui m'écoutez, ses voisins, ses amis, ses collaborateurs, employés et travailleurs de la mine, vous le savez comme moi. Vous savez comment, sous son action, la Clarence s'est développée; comment s'est continuée la reconnaissance du gisement; comment se sont transformées ses installations du jour; comment la Clarence a fini, avec ses cités, écoles, église, consultation de nourrissons, par former un tout qui ne prétend pas se comparer aux grandes installations voisines, mais constitue cependant un ensemble homogène qui mérite de retenir l'attention.

Vous savez aussi la droiture, la conscience scrupuleuse de Charles Amelin, la façon dont il entendait, en descendant souvent, s'assurer que, dans la mine dont il était le responsable, tout était en ordre et que la sécurité au fond répondait aux perfectionnements du jour.

Vous savez tous, enfin, son extrême bonté pour ceux qu'il avait à commander, l'affectueuse sollicitude dont il entourait ses collaborateurs et la façon dont il s'efforçait de faciliter leur avenir.

Et voilà que relativement jeune encore, à 59 ans, alors que rien dans sa santé rie faisait prévoir pour lui, une retraite prématurée, l'excellent chef, le parfait camarade — et je crois pouvoir ajouter, dans ce pays où les concessions se touchent, — le bon voisin qu'était Charles Amelin, nous quitte pour toujours. Le coup est dur, et profonde est la peine de tous ceux qui connaissaient et aimaient le Directeur de la Clarence.

...

Un discours fut également prononcé par M. JOMBART, Ingénieur du Jour des Mines de la Clarence. Nous ne le reproduisons pas ici car il n'apporte aucun élément nouveau par rapport à ceux qui précèdent.