Lucien ANTOINE (1930-2003)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1950). Ingénieur civil des mines.


Publié dans Mines, Revue des Ingénieurs, 2004 :

Lucien ANTOINE est né à Souk-el-Arba-du-Rharb (Maroc) en 1930. Devenu orphelin très jeune, ses capacités intellectuelles sont repérées par son instituteur qui prend en charge son avenir et l'envoie faire ses études secondaires à Rabat, puis "taupe" à Casablanca. Il vient en France pour la première fois en 1950 pour passer les concours, et est admis aux Ecoles des Mines. Il choisira Saint-Etienne, pensant que cette ville moins septentrionale le dépayserait moins de son pays natal.

Son arrivée à St-Etienne est un choc pour lui : la ville, bien sûr, mais aussi l'écart entre lui et le reste de la promotion, dû à la maturité que son parcours d'orphelin lui a donnée.

Il choisit l'Option Métallurgie. Il se marie pendant sa 3ème année. Sa femme, Henriette, est de la région. Ils auront trois enfants : Jean-Christophe, Isabelle et Pierre, qui leur donneront six petits-enfants.

Après son service militaire effectué à Toulon commence sa carrière professionnelle comme jeune ingénieur d'aciérie aux Etablissements Jacob Holtzer à Unieux (Loire), où l'avait déjà conduit son stage de 2ème année. Dans cette usine devenue CAFL (Compagnie des Ateliers et Forges de la Loire) il va gravir rapidement tous les échelons : Ingénieur divisonnaire en 1961, Ingénieur principal chef de groupe Aciéries/Forge/Moulerie en 1964, Ingénieur en chef en 1971. C'est alors le regroupement qui donne naissance à Creusot-Loire. Lucien ANTOINE devient sous-directeur de l'usine de l'Ondaine (Firminy + Unieux), puis directeur des Procédés Métallurgiques du Groupe Sidérurgie de Creusot-Loire. En 1984 il est Directeur Recherche, Développement technique et Qualité de la CFAS (Compagnie Française des Aciers Spéciaux, devenue ASCOMETAL). Cette haute fonction lui donnera l'occasion de travailler avec Francis MER. Il prend sa retraite à 60 ans.

Ses ennuis de santé avaient commencé en 1976. Très vite il sait que c'est un cancer, mais décide de ne pas se laisser abattre, et malgré plusieurs rechutes il tiendra ainsi jusqu'à la fin, sereinement et fermement. Il se bat, dans une grande confiance et une étroite coopération avec son médecin. Une forte et subite aggravation l'envoie aux urgences le 27 décembre 2003, puis deux jours plus tard en soins palliatifs, où il meurt presque immédiatement.

Lucien ANTOINE était un homme de devoir, exigeant pour le travail bien fait, à commencer envers lui-même. Exigeant pour son personnel il en était en même temps un ardent défenseur.

Sur le plan humain, ses qualités, de haute valeur, souvent trop cachées, parvenaient à se dévoiler à force de contacts, de conversations et d'intime amitié. C'était un homme de conviction, capable d'écouter, et ferme quand une décision était prise. Il savait alors assumer son autorité, souvent aidé par son franc-parler. C'était aussi un artiste, et il avait un coup de pinceau que beaucoup pourraient lui envier, mais il ne montrait pas beaucoup ses oeuvres.

Ceux qui l'ont approché, et nombreux sont ceux dans sa promotion et les promotions voisines qui ont eu l'occasion de travailler avec lui, garderont le souvenir d'un homme de coeur, qui savait devant les problèmes difficiles assurer un bon équilibre entre le coeur et la raison, chose bien difficile comme chacun sait.

Henriette ANTOINE remercie tous les camarades de Lucien pour la sympathie et l'amitié dont ils ont fait preuve en ces tristes et douloureuses circonstances.