Henry Edmond Joachim BOCHET (1822-1907)

Photo ENSMP

Petit-fils de Edme BOCHET, administrateur de l'enregistrement et des domaines.
Fils de Edme François Joseph BOCHET, conservateur des hypothèques, et de Elisabeth Catherine Joachim Faustine GALLI.
Marié à Marie Eulalie Ambroisine Léonie GATINE, puis veuf et marié en 2ème noces à Amélie Marie OLLIVIER..
Né le 14/2/1822. Décédé le 29/7/1907.
Père de Adolphe Joachim Fernand BOCHET (1863-1940 ; X 1880, corps des mines). Grand-père de Jacques Joachim Émile BOCHET (1901-1980 ; X 1920 N). Beau-frère de Marie Alexandre Albert GATINE (1854-1938 ; X 1874 inspecteur des finances).

Polytechnique (promotion 1841 ; entré classé 2ème, sorti classé 4ème sur 157 élèves), Ecole des Mines de Paris. corps des mines.

Henry BOCHET fut professeur de mécanique et de physique à l'Ecole des mines (cours préparatoires).


PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES
DE M. HENRI BOCHET
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES
Par M. Aguillon, Inspecteur Général des Mines

Le 1er Août 1907

Publié dans Annales des Mines, 10 ème série, tome 12, 1907.

Messieurs,

Lorsque l'un de nous disparaît pour l'éternel repos, la douleur qui nous envahit ne peut empêcher notre pensée de se reporter vers l'oeuvre réalisée, la tâche accomplie par lui, encore plus que vers le nombre d'années qu'il a vécues, pour grand que ce nombre ait été. M. l'Inspecteur Général Bochet, que je viens saluer une dernière fois au nom du Corps des Mines, en était par l'âge le doyen. Il s'en va à quatre-vingt-cinq ans, ayant eu le mérite d'être de ceux qui auront révélé une nouveauté scientifique utile ; son nom par là restera lorsque auront disparu depuis longtemps les affections et les relations que la vie crée et que la mort supprime.

A sa sortie de l'École des Mines, en 1846, Bochet, en polytechnicien d'élite, était prêt pour toutes les voies scientifiques. Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'après six ans passés dans divers services de province il fût rappelé à Paris pour enseigner aux Élèves externes de l'École des Mines la chimie générale d'abord, la physique et la mécanique ensuite, en même temps qu'il était chargé d'un service de contrôle de chemins de fer. Il avait trouvé sa véritable voie. Pendant cinq ans, de 1856 à 1861, ayant abandonné son cours à l'École des Mines, il procéda avec ingéniosité et méthode à de lentes et patientes recherches qui lui permirent de publier en 1861 le Mémoire par lequel il montrait en quoi étaient erronées les lois de Coulomb sur le frottement et comment elles devaient être révisées. Le coefficient de frottement n'est pas constant, comme l'avait cru Coulomb ; il varie avec la vitesse. La découverte de Bochet, importante pour la science et capitale pour l'exploitation des chemins de fer, vint trop tôt peut-être pour son auteur, parce que les vitesses sur nos voies ferrées n'étaient pas alors ce qu'elles sont devenues, et Bochet eut toujours trop de détachement tant pour faire valoir son invention que pour réclamer une priorité incontestée lorsque, plusieurs années après, d'autres, à l'étranger, se firent des réputations par l'application de sa découverte.

Promu Ingénieur en Chef à Chambéry en 1864, il ne quitta cette résidence que pour revenir à Paris, en 1881, au Conseil Général des Mines. Il s'était spécialement attaché en Savoie aux eaux minérales d'Aix-les-Bains, dont il avait la gestion technique, et il y acquit une notoriété qui le fit appeler en 1890 par le Gouvernement Roumain pour donner son avis sur le captage des sources de cette région.

Bochet resta au Conseil Général des Mines jusqu'à sa retraite en 1892 comme Inspecteur Général de 1re classe.

Esprit original, primesautier, prisant plus les résultats et les faits que l'art des développements, il s'attachait plus à conclure qu'à exposer ; mais ses conclusions valaient par l'expérience qu'il avait acquise dans sa carrière.

Après sa retraite administrative, il s'était en quelque sorte retiré du monde, comme s'il lui suffisait de revivre dans ce fils dont les succès furent sa joie et sa récompense, dont le labeur et la science honorent déjà notre corps et dont la piété filiale nous donnait, il y a quelques jours à peine, en l'ayant simplement mis au point d'une main aussi légère que respectueuse, un ancien travail du père sur la théorie des ventilateurs, où nous reconnaissons les qualités de science et de pratique du classique mémoire sur le frottement de 1861.

Telle fut cette vie, qui s'est prolongée jusqu'aux extrêmes limites de la vieillesse, toute de simplicité et de désintéressement, et partant de dignité, traversée par un éclat lumineux, aux conséquences fécondes, dont la philosophie de Bochet ne lui fit jamais tirer grand profit pour lui-même. N'est-ce pas plus qu'il en faut, Messieurs, pour que nous nous inclinions devant cette tombe, en pensant que le souvenir restera de celui auquel nous disons en ce moment le dernier adieu ?


Henri BOCHET remit lui-même la décoration de chevalier de la Légion d'honneur à son fils Adolphe (dit Léon) le 9 octobre 1900.