Prince Jean CANTACUZENE (1897-1985)

Fils d'un professeur d'université, décédé le 13/1/1934. Jean CANTACUZENE épouse le 27 octobre 1924 Mlle Colette RISLER.

Il est Ingénieur civil des mines de la promotion 1921 de l'Ecole des mines de Paris.

Jean CANTACUZÈNE (1897-1985)
par Jacques PECCIA-GALLETTO

MINES Revue des Ingénieurs, mars 1986

Le Prince Jean CANTACUZENE est décédé à la fin de l'année dernière. Il descendait de cette grande famille de Byzance, dont l'un des membres, Jean VI, régna sur l'empire d'Orient pendant une partie du 14e siècle. Par la suite et jusqu'à nos jours, ses ancêtres jouèrent un rôle politique de premier plan dans les différentes principautés roumaines.

Il est né à Paris le 29 avril 1897. A la déclaration de la guerre de 1914, il est engagé volontaire et effectue toute la campagne qu'il termine comme lieutenant d'artillerie.

Après la victoire, il reprend ses études et entre à l'Ecole des mines en 1921. Depuis sa sortie de l'Ecole, il va consacrer sa vie professionnelle à l'industrie minière à laquelle il apportera toute son énergie et son intelligence, donnant ainsi un bel exemple d'une vocation orientée vers un unique objectif. Il aura ainsi vécu d'une manière directe ou indirecte tous les événements de l'aventure minière pendant plus de soixante ans; jusqu'à sa disparition, la mémoire aiguë qu'il avait conservée, lui permettait de rappeler des faits saillants ou des anecdotes riches d'enseignements, notamment sur cette période de l'entre-deux-guerres, si fertile dans l'histoire des découvertes minières mondiales et où les entreprises françaises seront loin d'être absentes.

A sa sortie de l'Ecole, il entre dans l'industrie pétrolière, d'abord à Péchelbronn puis à la Société française de recherches au Venezuela et à la Société franco-persane de recherche. A partir du 1er juillet 1930, il est directeur technique de la Société française des pétroles de Roumanie, qu'il quitte à la fin de 1938 pour entrer au groupe , comme ingénieur-conseil chargé de créer le département minier.

C'est à partir de cette date qu'il va se consacrer exclusivement à l'industrie minière proprement dite. A l'armistice de 1940, il est conscient de la nécessité de participer à la recherche minière en France et en Algérie; il en comprend tout l'intérêt dans les circonstances traversées par le pays et on le verra notamment jouer un rôle important pour soustraire un certain nombre de jeunes à l'obligation du STO.

En juillet 1941, il crée la SETEM (Société d'exploration et d'exploitation minière) qui va entreprendre notamment des travaux dans les Vosges, aux Oeillets (molybdène), et dans le Massif central à Charrier (cuivre) et aux Montmins (tungstène) où il fera oeuvre de précurseur autant pour la notion d'exploitation en masse à ciel ouvert que pour la minéralurgie des basses teneurs en tungstène. Par ailleurs, il développera une grande activité de recherches au Maroc (cuivre de l'Anti-Atlas, tungstène d'Hassian el Diab). En 1957, grâce à son action personnelle, notamment en matière de traitement des minerais, il réussit à mettre en exploitation la mine des Montmins; à la même époque, il parvient également à démarrer en Algérie une exploitation de plomb-zinc à Sidi Kamber et de cuivre à Aïn Barbar.

Entre temps en 1955, le groupe Worms avait acquis une majorité dans la Société des mines de M'Zaita, ancienne affaire de phosphate qui possédait de très intéressants gisements de cuivre au Chili; il en confie tout naturellement la direction générale à Jean CANTACUZÈNE. Celui-ci, conscient de l'enjeu, va y consacrer toute son énergie, effectuant plusieurs missions sur place.

Mais en 1963, ayant atteint la limite d'âge, il prendra sa retraite sans avoir pu réaliser tout ce qu'il s'était fixé. Plus tard, il aura la tristesse de voir cette participation française, cédée sous la pression au gouvernement Allende.

Depuis lors, il n'a jamais cessé de s'intéresser à l'économie minière mondiale, gardant le contact avec tous ses amis toujours séduits par son intelligence et sa culture et avec ses anciens collaborateurs qui lui conservaient estime et affection.

Au moment où notre profession est si éprouvée par la crise, il est réconfortant de se souvenir de ce grand mineur français.

J. PECCIA-GALLETTO


Il fit partie du Comité de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, et organisa notamment le Gala de l'association au Palais de Chaillot en 1960.