Didier CARIVEN (1925-2016)

Décédé le 10 janvier 2016. Epoux de Marie-Rose, père ou grand-père de Thierry, Annie, Julie, Sandrine Bertheau, Louis et Emma. Frère de Josette Saïsset, Beau-frère de Georgette Bernardin.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1945). Ingénieur civil des mines.


Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Janvier/Février 2016 N° 483.

Extrait d'un hommage prononcé aux obsèques de Didier Cariven,
par Jacques Bonnet (E58)

La vie professionnelle de Didier Cariven fut tournée presque exclusivement vers la mine. Il eut certes d'autres engagements, dans une vie longue et ouverte sur de nombreux horizonsque je n'ai pas qualité à évoquer, mais la mine en demeure un pilier, une assise.

Ce lien, si persistant, fut noué pourtant par hasard, par l'admission sur concours à l'École des Mines de Saint-Etienne en 1945. La France exsangue avait un besoin criant de charbon qui était alors la première des énergies. On réparait, on fonçait, on dénoyait partout des puits, on relevait les chantiers. Pour un futur ingénieur, quelle tâche pouvait sembler plus exaltante que celle-là ? Didier Cariven décida que son avenir était d'être mineur. Il étudia sérieusement, réussit brillamment et sortit major de sa promotion en 1949. Il choisit la Lorraine, cette région qu'on appelait alors le «Texas français», le royaume du fer et de l'acier.

Première expérience, premier puits, Folschviller, très endommagé par les ravages de la guerre. Premières épreuves pour l'ingénieur débutant, premier traumatisme face aux accidents de la mine, nombreux à cette époque de la «bataille du charbon». Excellente formation, car un jeune ingénieur était systématiquement astreint à partager physiquement les dangers et la fatigue des équipes de sauvetage. Ensuite, ce fut une affectation à la mine de Sainte-Fontaine, mine redoutable à cause des dangers permanents du feu et du grisou. Là, après une première catastrophe, en 1959, qui tua 27 mineurs, il s'en produisit une seconde, en 1961, dans laquelle il échappa à un éboulement qui ensevelit et tua huit personnes dont ses deux collègues ingénieurs.

Après ce dur apprentissage, il fut nommé chef du siège de La Houve. C'est là que nos destinées se croisèrent. La Houve était la mine la plus moderne du Bassin et le champ d'expérience habituel de la plupart des progrès techniques. Pour moi cette période reste celle où, jeune ingénieur, - auquel son chef laissait une grande part d'autonomie -, je me sentis le plus heureux et le plus libre d'agir. Sous sa direction, La Houve releva le défi d'une quasi condamnation à la fermeture, prononcée en 1974 au niveau ministériel et parvint à améliorer ses résultats jusqu'à devenir un des meilleurs sièges du Bassin Houiller. On en remonta au jour la toute dernière berline de charbon en 2004, trente ans plus tard.

L'accession à un poste de plus haute responsabilité ne tarda pas. En 1979, il fut nommé à la direction des mines du secteur Nord - Wendel, Simon et La Houve. Ce fut aussi l'occasion d'un profond changement dans ses méthodes de travail, sa conception des rapports humains et son exercice du commandement. Ayant obtenu un poste qu'il estimait à la hauteur de son intelligence et de ses capacités, il ne se sentit plus astreint à une distance qui auparavant lui paraissait nécessaire. Il fut un patron de grande classe, ouvert, à l'écoute de son entourage, attentif aux problèmes que rencontrait le personnel et fidèle aux amitiés du passé.

Cette période propice fut suivie par une mutation aux Charbonnages de France à Paris. Cette mutation, qui devait aboutir rapidement au poste très honorable de directeur technique des Charbonnages, l'obligea à quitter la Lorraine et à se faire à la vie stressante d'une grande capitale. Puis tout s'arrangea rapidement. Il y eut aussi, à l'occasion de ces nouvelles fonctions, des escapades bienvenues et c'est au cours de l'une d'elles, en Australie, que nos chemins se croisèrent pour une nouvelle fois.

Il me reste à lancer l'appel traditionnel qu'échangeaient au fond les mineurs lorrains de l'Est-Mosellan pour se souhaiter un bon retour à la surface : «Glück auf ! Didier !».