Henri CARPENTIER (1923-2017)


Henri Carpentier, le 7 janvier 2015
(C) Photo Didier Glatigny

Décédé le 21 juin 2017. Père de Josiane HOULGATTE, Éric et Emmanuel CARPENTIER.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1943). Ingénieur civil des mines.

Décédé le 21 juin 2017.


Publié dans Mines Revue des Ingénieurs, #493 Septembre/Octobre 2017, sous la signature de Jean Collardey :

PROMOTION 1943 de l'Ecole des mines de Paris

Nous ne sommes plus qu'un très petit nombre des survivants de cette promo 43 qui a connu notre École occupée partiellement par l'armée allemande, puis les combats de la Libération et un redémarrage difficile : il faisait froid car nous n'avions pas de charbon (un comble pour une École .. des Mines »). Le laboratoire de chimie avait été partiellement détruit. Mais, reconnaissons-le, nous avons vécu des années heureuses dans notre École libérée et, par la suite, suivi des carrières très diverses mais toujours passionnantes.

Notre petit groupe n'en est que plus frappé par la disparition, coup sur coup, de deux d'entre nous : Gaston Dufresne, décédé le 7 avril 2017, et Henri Carpentier, décédé le 21 juin ainsi que celle de Vsevolod Dmitrieff que nous avons apprise avec beaucoup de retard.

Jean Collardey (P43)

Henri CARPENTIER

Il fit partie de ce groupe de quatre mineurs que nous appelions « les marins ». En effet ; après avoir terminé sa première année, Henri fut appelé ainsi que trois autres camarades à effectuer son service militaire dans la Marine qui était désireuse de recruter une centaine d'élèves des grandes écoles pour former des officiers de réserve. Ce quatuor de mineurs dut interrompre sa deuxième année d'École et Henri reprit le cursus avec la promo 44, tout en restant membre de la promo 43 dont il deviendra même le véritable pilier et délégué. Cet épisode maritime lui permit de recevoir une formation inspirée de celle des élève de l'École Navale et de s'embarquer sur un croiseur à destination de l'Extrême Orient.

À sa sortie de l'École, Henri commença sa carrière au service des mines de la Sarre, alors sous contrôle français. C'est là qu'il rencontra Huguette Monneret qu'il épousera en 1949, mariage dont je fus témoin en compagnie de mon épouse, au consulat français de Sarrebrück. Puis il partit au Maroc où il contribua activement à faire du BRPM un instrument puissant d'impulsion et de propagation de la recherche minière.

Ses qualités d'homme de terrain et de gestionnaire lui valurent d'être recruté par la société Ugine (au sein de laquelle il effectuera désormais toute sa carrière).

C'est ainsi qu'en 1957 il se retrouva avec épouse et enfants dans le village de Karagedik dans le sud de la Turquie (près de la ville de Fethiye). Durant trois années il accomplit un travail remarquable de développement de la société minière de Fethiye, accompagné par des équipes locales que son allant et sa pratique de la langue turque séduisaient... c'est à cette époque qu'il rédigea un lexique minier franco-turc qui a longtemps fait autorité.

Apres trois ans de terrain, il fut nommé Directeur Général de la société, au siège d'Istanbul. Pendant quatre années il continua à développer les activités de la société en lui donnant une envergure internationale très appréciée des autorités turques car génératrice de devises à une époque ou celles ci étaient rares.

Fin 1964 il demanda à rentrer en France, et la société le nomma alors Président Directeur Général d'Ugine Infra, à Grenoble.

Ugine Infra était un des leaders français pour la fabrication de fours industriels ; la mission d'Henri consista à donner à l'entreprise une dimension internationale, ce pourquoi il multiplia les voyages en Europe et aux États-Unis, remportant de nouveaux marchés et signant de nombreux accords de coopération. Après avoir mené à bien cette mission en France, et avoir permis à ses trois fils de parfaire leur éducation dans de très bonnes conditions, il demande à repartir à l'étranger, et se voit confier une mission qui l'amène à prendre à Madagascar la direction de la filiale locale d'extraction de minerai de chrome. Basé à Andriamena, dans des conditions difficiles liées à l'évolution du régime politique malgache, il développera inlassablement les activités de la société tout en s'intéressant de près à la société locale. Sa prochaine destination sera la plus lointaine, l'Australie... affecté à une joint-venture avec le groupe TOTAL associé au groupe MINATOME dans le domaine minier nucléaire. Curieux de tout, et doté d'une très grande culture générale, Henri a consacré sa période de retraite à un certain nombre de chantiers majeurs, en donnant toujours la priorité à ce qui pouvait le rapprocher de l'École dont il était si fier et à laquelle il était si heureux de pouvoir consacrer son temps...

Délégué Général des anciens élèves, il a inlassablement oeuvré pour le renom de l'École, ne ménageant ni son temps ni sa peine pour constamment la faire connaître, ou reconnaître, ainsi que ses multiples activités, contribuant modestement mais très fièrement à la renommée de celle-ci.

Encore plus que de cette fonction, il tirait une grande satisfaction d'avoir, des années durant, participé avec quelques collègues dont Michel Kremer (inventeur du logiciel GECOMIN), tout aussi enthousiastes et inconscients, à l'étiquetage complet des échantillons de minerais et minéraux de l'École, vaste programme qui mit des années à se réaliser.

Enfin son dernier grand ouvre fut consacré au... rhinocéros ! Depuis toujours fasciné par le monde des animaux sauvages, il se mit dès sa retraite à s'intéresser à cet animal très mal connu sauf par de rares spécialistes. Il fut admis au petit cercle du Rhino Ressources Center qui lui manifestait ainsi sa gratitude pour sa contribution à la connaissance de cette espèce en voie de disparition : constitution d'une bibliothèque tout à fait unique d'ouvrages parlant de cet animal, puis constitution d'une base de données CARINO qui consolida les travaux des équipes de Nico Van Strie, alors coordinateur des Nations Unies pour le rhinocéros.

Les défaillances dues à son grand âge ne l'ont pas empêché de faire preuve jusqu'au dernier moment de son intérêt pour le monde extérieur, famille, amis, collèges, camarades de promo. Le 21 juin il nous a quittés, après avoir rejoint depuis peu le pays basque qu'il aimait tant. Il a été inhumé au cimetière de Ciboure le 26 juin auprès de son épouse Huguette.


Publié dans ABC Mines, sous la signature de Michel Kremer :

En 1995, Henri Carpentier, ancien élève de l'Ecole (P43) et membre d'ABC Mines s'étonnait de la non informatisation de la collection de minéralogie.

Lydie Touret, alors conservateur, lui faisait valoir qu'elle n'avait, ni l'argent nécessaire pour acheter le matériel et les logiciels, ni le personnel capable de faire ensuite les saisies.

C'est alors, qu'avec son accord, Henri pris les choses en main. Tout d'abord pour le financement il réussit à trouver les 34.144 Francs nécessaire par le biais du versement de deux donateurs «amis» dans le cadre de la taxe d'apprentissage.

Question personnel ce fut plus simple, car faisant lui-même parti de l'association ECTI (Echanges et Consultants Techniques Internationaux) il fit engager deux autres ingénieurs, Philippe Delange et André Doyhénart et une convention ARMINES / ECTI renouvelable annuellement fut établie. Enfin, Michel Kremer chercheur au Centre de Recherche en Informatique de l'Ecole, accepta de réaliser bénévolement le logiciel adéquat (GECOMIN)

Ainsi fut constitué le «quarteron» d'ingénieurs retraités qui entreprit l'informatisation des collections. Pendant dix ans, de 1995 à 2006, Henri supervisa cette opération dans un climat convivial mais avec volonté et ténacité. Ainsi tous les semestres il organisait une réunion de toute l'équipe avec le personnel du Musée afin de faire le point sur l'état d'avancement et les problèmes à résoudre. Cette réunion faisait l'objet d'un compte-rendu détaillé.

Nous avons eu l'occasion, à plusieurs reprises, de rendre compte dans notre Bulletin ABC Mines de l'avancement des travaux, à savoir:


En raison d'une cruralgie violente il ne se déplaçait plus que très difficilement et sur la photo ci-dessus (prise par D. Glatigny) il apparaît à l'occasion de la commémoration des 25 ans d'ABC Mines le 7 janvier 2015. C'est Philippe Delange qui l'avait accompagné pour cette occasion. Ce fut sa dernière visite au Musée et certainement dans cette école pour laquelle il avait beaucoup d'attachement.

Henri nous a donc quitté ce 21 juin et il a rejoint sa chère épouse Huguette au cimetière de Ciboure dans ce Pays Basque qu'il aimait tant.

Michel Kremer