André Louis Joseph Ghislain DEFLINE (1876-1945)

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de André Defline
Les photos appartiennent à la collection privée de Louis DEFLINE


Les informations biographiques ci-dessous concernant André DEFLINE ont été fournies en grande partie par Louis DEFLINE, son petit-fils.

Né le 19.04.1876 à Bruay-sur-Escaut (Nord)
Mort le 08.03.1945 à Billy Montigny (Nord)
Fils de Jacques Joseph DEFLINE, Ancien élève de l'Ecole Centrale des Arts & Manufactures, Industriel - Administrateur de sociétés , Maire de Bruay-sur-Escaut (Nord), Conseiller Général du Nord,
Et de Noémi CHAPPUY.
Marié à Cécile DELSART le 02.10.1901 à Calais
Quatre enfants : André (né le 17.01.1902, qui épouse Paule VIOTTE le 29/12/1927), Cécile (née le 15.07.1904, qui épouse le 13/11/1928 René MOISSONNIER), Jean (né le 12.09.1905) et Annie (née le 29.01.1918).
André DEFLINE (fils) épouse le 29 décembre 1927 Paule VIOTTE, originaire de Lorraine, qui devint adjointe au maire de Lille, conseiller général du Nord, et mère de 9 enfants dont Louis DEFLINE (né en 1942 ; X 1964). Elle s'intéressa à l'histoire de la famille de ses beaux-parents, les DEFLINE bateliers à Condé sous l'Ancien Régime, et les DELSART de Valenciennes, aujourd'hui éteints. Paule DEFLINE est décédée le 8 juin 1978, âgée de 69 ans.

André Louis Joseph Ghislain DEFLINE fait des études au Lycée Louis le Grand (Paris), à l'Ecole Polytechnique (promotion 1896), et à l'Ecole des Mines de Paris (entré classé 2 et sorti classé 1er le 10 octobre 1902). Il est titularisé dans le corps des mines par décret du 10 octobre 1902 pour prendre rang le 16 septembre 1902.

Carrière :

1898-1899 : Ecole d'application d'artillerie de Fontainebleau
1902-1904 : Ingénieur responsable du sous-arrondissement d'Ales
1904-1912 : Ingénieur responsable de la circonscription de Valenciennes
1912-1914 : Directeur du service des appareils à vapeur de la Seine
Mai 1914 : Membre de la commission permanente des recherches scientifiques sur le grisou et les explosifs employés dans les mines
1914-1918 : Commandant puis lieutenant-colonel. Sous-directeur de la Manufacture d'Armes de Saint-Etienne
Juillet 1918-1920 : Directeur des Mines au Ministère des Travaux Publics.
1920-1929 : Directeur général des Mines Domaniales de la Sarre ; il eut comme président Arthur FONTAINE, comme directeur technique Paul SAINTE-CLAIRE-DEVILLE (EMP promo 1897, petit-fils du grand géologue) et comme secrétaire général BELLAN (EMP promo 1897). Il cède sa place à Marin GUILLAUME en 1929.
1929-1944 : Directeur général des Mines de Courrières
Président de la Chambre des Houillères du Nord et du Pas de Calais
Président du Comptoir des Mines du Nord et du Pas de Calais

Grades & distinctions :

16.9.1902 : Ingénieur au Corps des Mines
01.08.1914 : Ingénieur en chef des Mines
14.07.1917 : Chevalier de la Légion d'Honneur (titre militaire)
02.02.1922 : Officier de la Légion d'Honneur (titre civil)
1923 : Prix Joseph Labbé décerné aux pionniers de la géologie appliquée (Académie des Sciences)
1929 : Inspecteur Général des Mines de 2ème classe
1930 : Prix Léonard Danel


Defline élève à Polytechnique.
(C) Photo collections de l'Ecole polytechnique

Evénements marquants :

Ecole Polytechnique : entré 2e en 1896, Major en 1897, sorti 2e en 1898 après la mort de son père

Direction des Mines : dirige les opérations de sauvetage lors des catastrophes de Courrières (1906) et de Clarence (1912) : est cité à l'Ordre du Corps des Mines

Mines domaniales de la Sarre : il bat le record de production d'avant guerre (13 millions de t. contre 12) et rend les Mines bénéficiaires en 1929. Il a atteint les 3 objectifs qu'il s'était fixé en 1920 : augmenter la production en diminuant le prix de revient, améliorer les conditions d'existence et de sécurité des ouvriers, préparer le gisement pour les années à venir.

Mines de Courrières : négocie et signe avec les représentants des ouvriers la première convention collective en application des lois sociales de 1936

Nationalisation des Mines : ordonnance du 11.10.1944 nationalisant l'ensemble des mines françaises

Caractère (témoignages lors de ses obsèques) :
Maîtrise de soi, équilibre remarquable, calme dans les circonstances difficiles, jugement sûr, autorité indiscutée, humaniste, extrême courtoisie, imperturbable bonne humeur, fermeté d'âme, élévation de pensée.
Surnommé "Jupiter olympien"


Extrait des discours du banquet de Sainte-Barbe-Saint-Eloi, 7 décembre 1935, à la Maison des mines, rue Saint-Jacques à Paris

Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1935 :

Au Champagne, M. Chavane, Président de l'Association s'exprime en ces termes:

Mes chers Camarades,

M. Defline, Directeur général des Mines de Courrières, a bien voulu nous faire l'honneur d'accepter la présidence de ce banquet; je l'en remercie très vivement. Il m'a affirmé que ce n'était que par amitié pour moi qu'il avait accepté et j'ai été personnellement très flatté de cette assurance.

Il vous paraîtra sans doute anormal que ce soit moi qui sois appelé à retracer sa carrière que tous ceux qui touchent de près ou de loin à la corporation minière connaissent parfaitement. Mon excuse est que certains de nos camarades étrangers aux industries extractives l'ont moins bien suivie et que, d'autre part, ayant été pendant dix ans à la frontière de l'Est son voisin immédiat, je l'ai vu de plus près à l'œuvre.

Sorti au Corps des Mines de l'Ecole Polytechnique, M. Defline, à sa sortie de l'Ecole des Mines, débuta à Ales pour passer ensuite à Valenciennes et finalement à Paris.

La guerre le trouva à Paris, attaché à la Direction des Mines, et l'envoya à la Manufacture d'Armes de Saint-Etienne jusqu'en juillet 1918, où l'on vint le chercher pour lui confier la direction des mines. C'était à cette époque, comme maintenant, un poste particulièrement en vue; mais les circonstances du moment le rendaient peu enviable. Son titulaire avait le redoutable honneur d'être chargé d'une partie de l'approvisionnement en charbon. Par suite de la guerre sous-marine, le charbon manquait, la marche de nos industries de guerre n'était plus assurée et vous savez que la tentation est grande, en pareil cas, pour une opinion publique nerveuse et un Gouvernement aux prises avec les pires difficultés, de trouver un bouc émissaire.

Il y avait là une situation extraordinairement difficile dont M. Defline sut se tirer sans encourir le moindre coup de griffe du « Tigre ». Il fallut ensuite préparer la restauration des mines détruites.

Aussitôt après la guerre, il collabora à la refonte de notre droit minier, de notre vieille loi de 1810 et apporta aux vues théoriques des partis les atténuations de l'expérience.

Lorsqu'en 1920 la ratification du Traité de Paix rendit définitive, pour quinze ans, la cession des mines de la Sarre, M. Defline accepta le poste de directeur général de ces mines. Là encore, la situation était délicate; cela pouvait paraître une gageure pour l'Etat français d'aller, avec un état-major français, exploiter des mines situées hors de ses frontières, sur le territoire du pays qui la veille encore, était en guerre avec lui.

Les mines de la Sarre n'étaient pas, avant la guerre, un modèle d'organisation et d'outillage; elles avaient beaucoup plus que nos mines françaises non sinistrées, souffert de la guerre par suite du manque de matières premières d'entretien et par suite de l'exploitation trop intensive.

Le personnel qui avait également beaucoup souffert des restrictions supportées par la population allemande était aigri, particulièrement contre le vainqueur, et constamment agité par la propagande allemande qui, dès le premier jour et même aux pires moments de la faillite du mark, ne cessa pas un instant de préparer le plébiscite de 1935.

Le résultat de la gestion de M. Defline, vous l'avez tous connu, ce sont les mines de la Sarre remises en ordre, la population ouvrière, calme et tranquille, le rendement et l'extraction dépassant de beaucoup les chiffres d'avant-guerre.

Lorsqu'en 1930, notre camarade Paul Guerre disparut brusquement dans les circonstances que vous vous rappelez tous, M. Defline prit la direction générale des Mines de Courrières [En fait, Paul GUERRE, de la promotion 1892 de l'Ecole des mines de Paris, est mort le 12/9/1929]. Là encore, il trouva une situation délicate : c'était le commencement de la crise. Pour la première fois, les mines du Pas-de-Calais se voyaient obligées, ce qui leur paraissait inouï et scandaleux, de faire chômer leurs ouvriers et de stocker du charbon. Courrières, qui produisait surtout du charbon industriel et notamment des fines à coke, était beaucoup plus que d'autres mines touchée par la crise industrielle et spécialement par la crise métallurgique. Ce fut le travail de ces cinq dernières années de parer à ce déséquilibre.

Enfin, M. Defline vient de prendre la présidence de la Chambre des Houillères du Pas-de-Calais. Son amour de la difficulté trouve à s'employer : il a la charge de mettre d'accord dix-huit directeurs de mines et vous pouvez croire sans peine que ce n'est pas chose facile.

En toutes circonstances, son sang-froid, son flegme, sa modération et sa parfaite amabilité ont facilité sa tâche et la solution des pires difficultés semble avec lui se produire presque naturellement.


Defline en 1902, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP