Jean DELORTHE (mort en 1930)


Delorthe, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Mort le 20/5/1930.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1894). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1930 :

Discours de M. Maurice de WENDEL à l'enterrement de M. Jean Delorthe, le 23 mai 1930 :

C'est avec une profonde tristesse que je me trouve aujourd'hui devant la tombe du collaborateur dévoué que fut longtemps, pour notre maison, M. Delorthe.

Mon frère, M. François de Wendel, apprécia dès les premiers contacts le camarade d'école plus ancien, dont la carrière devait se dérouler au service d'affaires intimement liées avec les nôtres.

Ingénieur aux Mines de Crespin, au moment où cette Société contractait des liens étroits avec la Maison de Wendel, il avait déjà passé quelque temps aux Mines d'Héraclée, où il avait eu, hors de France, l'occasion de Faire remarquer ses grandes qualités techniques.

L'esprit observateur et réfléchi de Delorthe, sa pondération et sa clairvoyance le désignaient pour des fonctions plus importantes.

Nommé Directeur de la Société Anonyme d'Errouville, il prépara la mise en exploitation du siège de Crusnes, tout en remplissant deux missions successives : une étude de gisement de manganèse en Turquie d'Asie, et une étude relative au charbonnage d'Orange-Nassau dans le Limbourg hollandais.

Les résultats de cette seconde étude devaient entraîner sa désignation comme Président du Conseil de Direction du Charbonnage d'Orange-Nassau en 1908; il le demeura jusqu'en 1929.

C'était un poste où il pouvait mettre en œuvre toutes les ressources de son expérience professionnelle. Il contribua largement au développement de la houillère mise entre ses mains, et dont deux sièges doubles furent par lui, conçus, créés et équipés.

Les circonstances l'avaient, par un singulier hasard, placé à quelques kilomètres de l'Allemagne et de la Belgique, en un point que n'atteindrait pas la guerre.

Il y demeura plus de quatre ans, isolé de la France, mais représentant moralement son pays dans le petit coin du Limbourg hollandais, qui allait devenir lieu d'asile pour tant de réfugiés français et surtout belges.

Secondé par Mme Delorthe, il s'associa activement aux efforts de qui cherchaient à soulager les misères des alliés, réfugiés ou internés en Hollande, et le gouvernement belge devait sans tarder lui en marquer sa reconnaissance par la décoration de chevalier de la Couronne de Belgique.

A cette distinction s'ajoutera plus tard celle d'officier de l'Ordre d'Orange-Nassau, par laquelle le gouvernement hollandais souligna la part de M. Delorthe dans le développement du bassin houiller de la Hollande; enfin, la croix de chevalier de la Légion d'honneur vint consacrer les mérites de l'ingénieur distingué, qui avait, en France et hors de France, fourni une carrière si bien remplie.

M. Delorthe s'était décidé, jeune encore, à prendre en ce charmant pays une retraite que beaucoup jugeaient prématurée; brusquement il est enlevé à l'affection des siens, sans que rien pût faire prévoir une semblable éventualité.

En apportant ici à sa mémoire l'hommage des chefs de notre Maison, dont il fut le collaborateur et le conseiller, des Conseils d'administration des Sociétés auxquelles il consacrait encore une large part de son temps et de sa pensée, je voudrais pouvoir adoucir la douleur des siens; mais, hélas, mon cher Delorthe, en rappelant ces grandes qualités de cœur et d'esprit qu'appréciaient tant vos amis, je ne ferai que d'avantage ressortir le vide cruel dont Mme Delorthe et vos enfants subiront l'accablante tristesse.

...