Jules Charles Antoine Bernard DESTIVAL (1866-1943)

Né le 4 novembre 1866 à Miradoux (Gers). Fils de Prosper Nicolas Louis DESTIVAL, médecin, et de Claire Emilie POIREE. Frère de Antoine DESTIVAL, officier d'infanterie. Décédé près d'Alès en décembre 1943.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1888). Ingénieur civil des mines. Chevalier (1911) puis officier (1924) de la Légion d'honneur

Charles a eu plusieurs enfants, dont un fils : Robert DESTIVAL qui épouse le 6/7/1926 Marguerite FORET.

La plupart des informations données dans cette page proviennent d'une notice qui nous a été communiquée par Michel Bonnot, historien de l'éclairage minier.


1891-1894 : ingénieur de fosse aux Mines de la Grand Combe
1894-1899 : ingénieur divisionnaire aux Mines de la Grand Combe
Décembre 1899 à avril 1910 : directeur des Houillères d'Epinac
Avril 1910 à 1931 : directeur général de la Société des Houillères et du Chemin de fer d'Epinac
1931-1935 : administrateur délégué de la Société
1935-1941 : vice-président délégué de la Société
1941-1942 : ingénieur-directeur-conseil de la Société
Juin 1942 à son décès : Vice-président honoraire de la Société
Simultanément :
1920-1927 : administrateur des mines de Villeboeuf
1930-1941 : administrateur de la Compagnie électrique de la Grosne
1924-1938 ; administrateur des forges de la Canche
1935-1943 : président-fondateur de la société commerciale et industrielle de Bourgogne
1935-1940 : administrateur des mines de Dombrowa
1926-1943 : administrateur, puis administateur délégué, puis vice-président des Houillères de Rochebelle
1926-1943 : Président du groupe de Bourgogne de la Société de l'Industrie Minérale
Administrateur de la Société de transport des Cévennes


Une notice d'auteur inconnu donne quelques précisions sur son parcours :

Son père, médecin, était d'origine gasconne. Plusieurs de ses ancêtres avaient été militaires avant la Révolution. Sa mère, née Poirée, appartenait à une famille de savants.

Son frère Antoine fit l'Ecole de guerre et mourut au combat comme lieutenant-colonel.

Lorsque Charles Destival arriva en 1899 à la direction des mines d'Epinac, les spécialistes considéraient le gisement comme épuisé.

Destival modifie le mode de rémunération des ouvriers : ils perçoivent un minimum de salaire garanti, le reste est un intéressement aux bénéfices. Cette initiative lui vaut une médaille d'or de l'Académie des Sciences morales et politiques, destinée à récompenser les meilleurs artisans de la paix sociale (grand prix Jules Audéou)..

Il ouvre un nouveau puits, modernise l'installation, crée une centrale électrique innovante avec un moteur de 200 cv.

Il améliore la distribution du charbon en ouvrant des dépôts de charbon à Autun, Besançon, Dijon et Vichy grâce à la société commerciale et industrielle de Bourgogne

Lorsque le gisement s'épuisa, il fit embaucher un certain nombre d'ouvriers dans les mines de Rochebelle (Gard). Malgré une forte baisse de sa vue, il continua à travailler jusqu'à sa mort en partageant son temps entre sa propriété d'Endure (Gers) et Rochebelle. Son corps a été rapatrié dans une sépulture définitive dans le Gers le 12 mai 1944.

Les discours suivants ont été prononcés le 29 décembre 1943 à Alès :


Nicolas Renahy relate dans son livre Une lignée patronale à la mairie : Genèse et vieillissement d'une domination personnalisée (1850-1970) que Charles Destival était un grand ami de la famille Coste qui dirigeait les forges de Lacanche, situées à proximité d'Epinac :

[... Le patron Hubert] Coste craint, comme ses pairs de Saône-et-Loire, le développement du syndicalisme et de l'idéologie socialiste. Le curé du village célèbre ainsi la « fête de famille » en tant que « preuve de l'union qui règne entre patrons et ouvriers », vante les mérites de la « collaboration des classes » qui font de Lacanche « un oasis qui tranche avec les déserts d'alentours » : « Il a fallu le boche Karl Marx pour inventer une autre formule : la lutte des classes. Les naïfs qui l'ont écouté en sont-ils plus heureux ? Demandez à nos anciens alliés de Russie et aux ouvriers français appauvris par la grève. Ils sont les premières victimes de la cherté de la vie qu'ils ont contribué à faire monter. » Le représentant du personnel de l'usine, chef du service commercial, présente quant à lui ainsi à la nouvelle Madame Coste la « population laborieuse et raisonnable » du village : [Sa] seule ambition est de gagner honnêtement sa vie, [elle] possède le sentiment du devoir et ces vieilles qualités françaises qui ont toujours apporté le bonheur ici-bas : qualités de travail, de bon sens, de bonne volonté, empreintes de concorde entre ouvriers et de déférence affectueuse envers les patrons. Quant à Charles Destival, directeur des mines d'Épinac (voisines de dix kilomètres) et « ami de vingt ans d'Hubert », il se fait quant à lui le chantre de « nos petites patries » avant de célébrer « les grandes capacités techniques » d'Hubert Coste, qui possède en outre « au plus haut degré la vertu la plus précieuse et la plus agissante chez un grand chef, [il] a un coeur sous son veston » : « Or, qu'est-ce que nos petites patries ? C'est le village où vous êtes nés, l'École où vous avez balbutié vos premières lettres, l'Église où vous avez éprouvé les premières grandes émotions morales de la vie, les chemins où vous avez joué, la promenade ombragée où fiancés, vous avez échangé vos premiers serments d'amour et de fidélité, le cimetière où reposent les êtres qui vous sont chers, le champ que vous avez cultivé, l'usine où vous avez appris à travailler, pour vous, c'est Lacanche. » Et cette réussite lacanchoise tient pour C. Destival à la loyauté d'Hubert Coste : « Lorsqu'il s'est agi de donner de l'extension à l'Usine de Lacanche, Hubert Coste qui avait à prévoir l'avenir, aurait pu, s'il n'avait consulté que ses intérêts, songer à construire tout au moins une partie de ses nouvelles installations en des lieux plus accessibles aux moyens de transport et plus favorables aux transactions. Mais il n'a pas voulu faire de vous des déracinés ! »

Histoire succincte des mines d'Epinac (d'après Wikipedia et d'autres sources) :

Au milieu du XVIIIe siècle, le Comte de Clermont-Tonnerre est le seigneur de Monestoy, ancien nom d'Epinac depuis 1656.

A la révolution de 1789, il émigre et ses biens confisqués sont revendus en 1826 à un Dijonnais, Samuel Blum, maître de forges au charbon de bois, qui achète château, verrerie et mines.

En 1829, la concession houillère est rachetée par la S.A des houillères et du chemin de fer d'Epinac.Dès 1835, les houillères construisent 300 logements pour leurs ouvriers à la cité de la Garenne. Ecoles, chapelle, coopératives et cafés sont vite bâtis.

Un chemin de fer, la quatrième ligne en France, transporte dès 1836 la houille d'Epinac jusqu'au canal de Bourgogne à Pont d'Ouche. La traction des wagons est animale avant qu'une machine à vapeur belge (et pas Schneider, le concurrent voisin du Creusot !) ne remplace boeufs et chevaux en 1860.

En 1868, le PLM (Paris/Lyon/Marseille) utilise la prise d’eau du Pont Vert. La Ligne Epinac/Autun est ouverte grâce à l'appui de Mac Mahon, duc de Magenta, né à Sully.

L'État rachète le chemin de fer d'Epinac en 1881. En 1891, le Président de la République Sadi Carnot, ancien député de la Côte d'Or, vient à Epinac inaugurer la ligne vers Les Laumes et Paris, par Thury et Arnay-le-Duc. La ligne Epinac/Pont d'Ouche, prolongée jusqu'à Dijon en 1905, est ouverte aux voyageurs. Mais bientôt la route tuera le rail : la voie ferrée deviendra en 1992 la promenade de Monestoy.

En 1889, l'ingénieur Charles Destival dirige les houillères. La production augmente tant, qu'en 1910 la centrale électrique du puits Hottinguer vend du courant jusqu'à Autun et Meursault. Le maximum est atteint en 1917 avec 292545 tonnes de houille. Le puits St Charles (du prénom de Mr Destival) sera le dernier puits creusé en 1920 à moins 618 m.

Puis un à un, les différents puits ferment : Ressille, Champs-Pialey, Fontaine–Bonnard, Hagerman, Souachères, Micheneau, Garenne, Sainte-Barbe, Le Curier, Hottinguer, Lestiboudois au pied du château et Saint Charles dont le chevalement orne aujourd'hui le proche musée de la mine de Blanzy.

En 1946, reprise de Veuvrottes. Les mines sont nationalisées et gérées par les Charbonnages de France. En 1950, la mine du Moloy ferme à St Léger-du-Bois et le 28 février 1966, les Charbonnages de France ferment Veuvrottes : Epinac-les-Mines à vécu ! Les derniers mineurs iront travailler « au Montceau », en regrettant « parce qu'il y a encore beaucoup de charbons sous nos pieds » l'abandon de l'appellation « Les Mines » qui avait été adoptée en 1891 à la demande du PLM.