Philippe-Frédéric de DIETRICH (1748-1793)

Deuxième des 3 fils de Jean de DIETRICH (1719-1795) et de Amélie HERMANNY. Frère de Jean de DIETRICH (1746-1805 ; mort directeur des domaines à St-Domingue). Marié en 1772 avec Sibylle Louise OCHS (1755-1806). Père de Louise (épouse de Scipion PERIER, administrateur des Mines d'Anzin en 1801 et régent de la Banque de France), et de Jean-Albert (1773-1806), lieutenant de chasseurs à cheval, gérant de la société des forges, qui lui-même eut plusieurs enfants (voir ci-dessous).

D'après "Les dynasties alsaciennes" de Michel Hau et Nicolas Stosskopf :

Formé dès 1772 par des voyages d'étude à travers l'Europe, il avait reçu une charge de secrétaire-interprète des Suisses et des Grisons, achetée pas son père en 1771. Cette charge le fit résider à Paris la moitié de son temps. En 1775, il démontra la nature volcanique du Kaiserstuhl, près de Fribourg en Brisgau, et devient correspondant de l'Académie des Sciences. Il assista en 1777 à des expériences de Alessandro Volta à Strasbourg, relatives au gaz des marais, et il put les reproduire devant l'Académie des Sciences, aidé de Lavoisier. Il créa les Annales de chimie avec Lavoisier, écrivit de nombreux articles scientifiques.


Citation de la Notice historique sur l'Ecole des mines de Paris, Louis Aguillon, 1889 :

Le baron Philippe-Frédéric de Dietrich, qui fut maire [officiellement "prêteur royal"] de Strasbourg en 1790, 1791 et 1792, et devait être une des victimes du régime de la Terreur (guillotiné le 29 décembre 1793 à la suite d'un procès inique puisqu'il avait été acquitté en première instance avant d'être condamné en toute hâte à Paris), a rendu compte de ses fonctions de commissaire du roi à la visite des usines, des bouches à feu et des forêts du royaume par la publication de son très intéressant ouvrage, encore utile à consulter aujourd'hui : Description des gîtes de minerai et des bouches à feu ... du royaume, 3 vol. ; le premier de 1786, est consacré aux Pyrénées, le deuxième de 1788 est relatif à la haute et basse Alsace, et le troisième, publié seulement en 1799 (an VII), mais écrit dès 1788, concerne la Lorraine méridionale. Lorsqu'il fut nommé commissaire, en 1785, il avait 6.000 livres d'appointements et 3.000 livres de frais de voyage, soit 9.000 livres.

Philippe-Frédéric de Dietrich entra à l'Académie des Sciences en 1786.


Philippe-Frédéric de Dietrich et la Marseillaise

A sa demande, Rouget de Lisle composa plusieurs chants révolutionnaires. C'est dans son salon que Rouget de Lisle créa le Chant de l'Armée du Rhin qui devint peu après La Marseillaise. Ce chant fut, en effet, entonné pour la première fois en public dans le salon du maire de Strasbourg, Philippe-Frédéric de Dietrich, qui, bon ténor, le chanta lui-même le premier, avec son épouse Louise qui l'accompagnait au piano.


Les de Dietrich reçurent le titre de baron du Saint Empire en 1719 et furent anoblis en France en 1761. Le grand-père de Philippe-Frédéric de Dietrich était Jean de Dietrich (1651-1740), premier baron, banquier à Strasbourg, qui a acquis en 1684 l'usine de Jägerthal où il mit en route le premier haut-fourneau dès 1684.
Le baron Jean de Dietrich (1719-1795), fils du précédent et père de Philippe-Frédéric, ajouta à ses industries métallurgiques de Niederbronn et Reichshoffen l'acquisition des forges de Rothau (ce qui lui valut de devenir comte du Ban de la Roche), que la famille dût toutefois revendre en 1799 à Louis Champy, exploitant des forges et mines de Framont. Il fut aussi l'un des stettmeister de Strasbourg.
Jean Albert Frédéric de Dietrich (1773-1806), fils de Philippe-Frédéric, fut officier de cavalerie. Il épousa Amélie de Berckheim (1776-1855).
Maximilien Sigismond Albert Frédéric de Dietrich (1802-1888), fils de Jean Albert Frédéric, fut aussi industriel à Niederbronn. Les deux frères Albert et Eugène de Dietrich furent parmi les 15 élèves de la promotion entrée en 1822 à l'Ecole des mineurs (future Ecole de mines de Saint-Etienne).
Jacques Sigismond Eugène (né le 14/9/1803 à Jägerthal, Bas-Rhin ; mort en 1868) fit l'Ecole des mines de Paris après celle de Saint-Etienne : admis le 6/12/1824 (classé 2 des élèves externes), il en sort diplômé en 1827 ; il fut par la suite maître de forges, gérant de la société, député ; une de ses filles, Amélie (1841-1874) eut des enfants de son mariage avec le baron Edouard de Turckheim.
Son fils, Eugène Dominique de Dietrich (1844-1918), fils de Albert, fut député protestataire au Reichstag et avait épousé Mlle Cécile Vaucher.
Le fils de ceux-ci, Dominique de Dietrich (1892-1963), épousa Irène Agnès de Pourtalès et ils eurent comme enfants Ariane (Mme Jacques Turrettini), Gilbert (PDG de la société DE DIETRICH de 1968 à 1996) et Serge. Dominique de Dietrich lança à partir de 1934 la fabrication des premiers autorails. Son fils Gilbert de Dietrich y ajouta les rames de TGV, les appareils de cuisson et les cuves couvertes d'émail pour l'industrie chimique et pharmaceutique. Pendant la majeure partie de la fin du XXème siècle, la société DE DIETRICH était donc basée sur 4 activités indépendantes :

  • appareils de cuisson
  • ferroviaire
  • cuves en émail pour chimie et pharmacie
  • chaudières pour chauffage central
    L'activité de fabrication des appareils de cuisson fut cédée la première. En 2000, la banque ABN AMRO fit une OPA amicale sur le groupe, et vendit le ferroviaire (COGIFER) à VOSSELOH et les chaudières (DE DIETRICH THERMIQUE) à REMETA. La famille conserve le contrôle de l'activité "chimie pharmacie" rassemblée dans la société DE DIETRICH PROCESS SYSTEMS, dirigée par Marc-Antoine.
    Gilbert de Dietrich, né le 17/11/1928, est décédé le 30 juillet 2006. Ses enfants sont Alexis et Marc-Antoine (né en 1962), ses petits-enfants Gaëtan, Olympia et Amaury. La dynastie continue !

    Les familles de Dietrich et de Turckheim, toutes deux protestantes, sont très liées. Un ingénieur du corps des mines, Raoul de Turckheim (1919-1994 ; X 1938) fit l'essentiel de sa carrière comme adjoint de Gilbert de Dietrich et directeur technique de la société DE DIETRICH.


    Philippe-Frédéric de Dietrich

    Les portraits ont été aimablement fournis par
    Henri Mellon
    Directeur de l'association de Dietrich

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