Paul FERRAND

Ecole des Mines de Paris (élève externe de la promotion 1876). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, Septembre 1895 :

Notre Association vient de faire une perte qui sera douloureusement ressentie, dans la personne de notre distingué camarade Paul Ferrand, professeur à l'Ecole des Mines d'Ouro-Preto, qui vient d'être enlevé en quelques jours, le 18 juillet dernier, des suites d'une maladie de coeur, à la station de Cruzeiro, au cours d'un voyage d'études qu'il faisait à l'intérieur du pays de Minas-Geraës.

Entré à l'Ecole des Mines en 1876, Ferrand en était sorti en 1880, obtenant la médaille d'honneur accordée par notre Association.

Il entra alors au bureau d'études de la Société de construction des Batignolles, où il débuta sous la direction de notre camarade M. Godfernaux, mais il quitta bientôt cette situation pour s'expatrier et alla au Brésil, en 1882, comme professeur à l'Ecole des Mines d'Ouro-Preto ; il y fut chargé d'abord du cours de mécanique et constructions. Quelques années plus tard, en 1887, il prenait la chaire de métallurgie et exploitation des mines qu'il occupa jusqu'à sa mort.

Paul Ferrand, qui était un travailleur infatigable, a laissé de nombreuses publications : il est l'auteur d'un ouvrage en langue portugaise : Tratado de mecanica applicada à resistencia dos materiaes (Paris, Guillar, Ailland et Cie, éditeurs, 47, rue Saint-André-des-Arts, 1887).

Il a publié, d'autre part, diverses études sur les richesses minières et métallurgiques de la province de Minas Geraës spécialement dans nos revues françaises ; il était collaborateur du Génie Civil, du la Nature, de la Revue universelle des Mines et de la Métallurgie. Il avait des qualités artistiques très réelles qui lui ont permis d'illustrer ses nombreux articles par la photographie d'une manière particulièrement heureuse. Il était officier d'académie.

Paul Ferrand s'était acquis une autorité et une considération particulières dans la province de Minas Geraës qu'il avait longuement étudiée et dont il connaissait le territoire d'une façon toute spéciale grâce à ses nombreux voyages d'exploration ; il était devenu l'ingénieur-conseil de plusieurs compagnies et entreprises minières et métallurgiques. Par un mariage contracté en 1884 avec Mademoiselle Canuta Guimaraës, il s'était allié à l'une des familles les plus considérées du pays.

Il fut l'un des principaux organisateurs de la participation si brillante de l'Etat de Minas Geraës à l'exposition tenue au Chili en 1894, et c'est à cette occasion qu'il écrivit cette belle étude dont deux volumes seulement sont parus et qui est restée malheureusement inachevée « L'or à Minas Geraës ». Elle a été reproduite en grande partie dans le Génie Civil.

Dans ces derniers temps, il s'occupait d'un projet pour l'installation d'une verrerie dans la région de Bello Horizonte la nouvelle capitale de l'Etat.

Nous ne pouvons mieux faire en terminant que de reproduire les lignes suivantes empruntées à la notice que le journal français de Rio-de-Janeiro a consacrée à notre regretté camarade et qui attestent bien la profonde sympathie qu'il s'était acquise au Brésil.

« Sa mort a été douloureusement ressentie, dit-il, par tous ceux qui de loin ou de près avaient eu avec lui quelques relations et particulièrement par la population d'Ouro-Preto et par tous ses anciens élèves. L'École des Mines, en signe de deuil, a suspendu ses cours pendant huit jours. Cette mort est une perte pour la science, pour la France et pour le Brésil. »

Avec ses élèves et ses amis de là-bas, ses anciens camarades qui l'ont connu et apprécié et l'Association entière s'associeront à nous pour envoyer l'expression de leurs regrets à sa malheureuse veuve, à ses enfants et à ses parents éplorés, douloureusement émus avec eux de la perte d'un camarade qui représentait si dignement la France et notre école en pays étranger.

A. THIRÉ et L. BACLE