Yves GARDIN (1957-2003)

Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr 1977. Ecole des Mines de Nancy (promotion 1989). Ingénieur civil des mines.

Décédé le 10 juillet 2003.


Publié dans MINES, Revue des Ingénieurs, Janvier/février 2004.

Le lieutenant-colonel Yves Gardin nous a quittés de manière brutale alors qu'il nous avait habitué à déjouer les embûches du chemin.

Avec lui disparaît un soldat, un camarade et surtout un homme, un père de famille, apprécié, aimé et chéri sous toutes ses facettes.

Soldat, il l'était dans l'âme comme en témoigne la qualité des services rendus au cours de ces nombreuses années passées sous l'uniforme durant une carrière brillante, même si elle a dû être adaptée à son état de santé. Admis au concours d'entrée de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr le 1er septembre 1977, il choisit les troupes de marine et l'école d'application des transmissions de Montargis. Promu lieutenant le 1er août 1980, il est immédiatement affecté à l'école supérieure d'électronique de l'armée de terre de Rennes pour y suivre la scolarité du diplôme technique et y demeurer comme chargé de cours. En 1990, il est admis, au titre du brevet technique, à l'école des mines de Nancy. Il est ensuite affecté au centre de sélection n°1 de Vincennes où il est chargé de la refonte et de la conduite d'un projet de système automatisé de passage et de correction des examens. Ses compétences le ramènent en août 1996 au sein de l'école supérieure de l'arme des transmissions. Ce parcours lui permettra d'intégrer en tant qu'expert le corps des officiers du cadre spécial et d'être placé à la tête de la division d'enseignement académique supérieur et de recherche.

Au cours de ces affectations, il fait preuve d'une efficacité indéniable, fruit de sa compétence, de la sûreté de son jugement, de son sens d'initiative, de sa force de persuasion et de son opiniâtreté. Il ne cesse de progresser dans la maîtrise de ce métier qu'il aime avec passion. Il lui a consacré le meilleur de lui-même par un dévouement de tous les instants durant vingt-six années de services qui se sont vues récompenser par les deux décorations les plus prestigieuses de notre pays.

Jusqu'au bout il a consacré les faibles forces qui lui restaient à remplir sa mission, à se soucier du sort de ses subordonnés, à s'inquiéter de tous ceux qui lui avaient été confiés. Qu'il en soit remercié, l'institution militaire toute entière lui en est reconnaissante.

Si celle-ci perd un soldat, nous déplorons également la disparition d'un camarade, simple, dévoué et généreux. D'humeur toujours égale, souvent d'un optimisme étonnant dans l'adversité, il a toujours fait passer au second plan ses difficultés et même ses souffrances pour s'occuper des autres. Tous ceux qui le connaissent peuvent témoigner de cette gentillesse naturelle, de cette attention qu'il portait aux autres et de la discrétion avec laquelle il rendait service confirmant par là son total désintéressement. Présent à toutes les manifestations de cohésion de notre grande famille, il s'efforçait par tous les moyens de donner un sens à cette expression. Aujourd'hui cette famille le pleure. Elle pleure car elle sait qu'elle a perdu un être unique, un homme exceptionnel de courage qui, avec les faibles forces que la maladie lui avaient laissées, était encore capable de soulever des montagnes. La force de caractère dont il a fait preuve force l'admiration de tous. Nous ne pourrons jamais l'oublier. Qu'il soit sûr que la lutte permanente qu'il a menée et dont il était jusqu'à présent toujours sorti vainqueur restera un exemple pour nous. En partant, s'il se retourne pour regarder le chemin parcouru, il peut être fier de ce qu'il a fait. Qu'il parte l'âme en paix, il a porté plus que son fardeau dans ce monde ici-bas, ce monde qu'il a contribué à rendre meilleur pour beaucoup par son immense sollicitude.

Nous nous inclinons devant la douleur de tous ceux qu'il a aimés et lui promettons de les aider et de les soutenir dans cette épreuve.

Sa famille doit savoir qu'il ne comptait que des amis à l'école. Sa disparition creuse un vide qui ne saurait se refermer avant longtemps. Nous aimerions, en la partageant, apaiser sa douleur, mais nous savons que les mots sont impuissants face à l'incompréhensible et au sentiment de l'injustice. Elle doit être cependant persuadée que la perte de l'être qu'elle chérissait le plus laissera une plaie dans le coeur de tous ceux qui l'ont connu et qui ont partagé un moment de sa vie.

Nous nous inclinons devant lui avec le plus profond respect et au nom de tous ceux qu'il a croisés dans sa vie, nous lui disons adieu.

Colonel Pierre Mougey
Saint-Cyr 77-79
Mines Nancy 90-92 (promotion 1989)