Raymond LEHMANN (1887-1914)

Polytechnique (promotion 1906 ; entré classé 43, sorti classé 4 sur 153 élèves), Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.

Fils de Joseph LEHMANN, négociant, et de Mélanie VEIL.


Biographie par M. L. DE LAUNAY, Inspecteur général des Mines, Membre de l'Institut. Voir également l'introduction de l'article de Louis de Launay sur les ingénieurs des mines morts au cours de la guerre 1914-18.

Publié dans Annales des Mines, 1922, tome II

Raymond Lehmann, né à Saint-Dié dans les Vosges, le 4 janvier 1887, fit ses études au collège de cette ville. A seize ans, ayant déjà subi brillamment les deux épreuves du baccalauréat, il entra en mathématiques spéciales à Nancy, puis à Paris au collège Saint-Louis et fut reçu à la fois à l'École polytechnique, et à l'École normale. Ayant choisi l'École polytechnique, il en sortit dans le corps des Mines. Pendant ses années d'école, il voyagea en Allemagne, en Europe Centrale, en Russie et en Italie. Nommé ensuite à Limoges, il fut chargé d'une mission aux États-Unis qui le mettait à la disposition de l'ingénieur en chef Leclerc de Pulligny. La mission, qui devait durer un an, fut interrompue par la mobilisation, au moment où Lehmann se trouvait au Canada. Il revint aussitôt par les voies les plus rapides et se rendit à son dépôt du 52e d'artillerie à Angoulême, où son premier soin fut d'écrire une lettre à son colonel pour supplier qu'on l'envoyât au front.

Il reçut son ordre de départ le 5 septembre 1914. Le 9 au soir, il prenait son poste de lieutenant de tir. Dès le lendemain, 10 septembre à midi, il recevait un éclat d'obus à l'épaule droite, et mourait sur le champ de bataille de Châtel-Réould, près de Vitry-le-François, en prononçant ces mots qui résument sa cruelle destinée : « Et dire que je n'ai même pas pu servir vingt-quatre heures! » Ce fut cette phrase qui servit de texte à sa citation à l'ordre du corps d'année. Plus tard, il fut fait chevalier de la Légion d'honneur, à titre posthume.

Blond, de taille moyenne, élégant et souple, rompu a tous les exercices du corps, d'un abord simple et modeste, la physionomie à la fois douce et énergique, il respirait la mesure et l'équilibre. Dès le premier contact, il savait conquérir la sympathie et l'estime de ses sous-ordres aussi bien que de ses chefs. Très lettré et très artiste, en même temps que rompu aux sciences, il se distinguait par son habileté technique, ayant pris l'habitude, pendant ses vacances, de travailler comme ouvrier dans des ateliers divers. Mais, mieux encore que par ces qualités intellectuelles, il était remarquable par l'élévation de son idéal moral et par son abnégation.