Pierre François MAHLER (1860-1935)


Mahler, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1881) : admis en classe préparatoire le 23/8/1880, classé 8 ; admis comme externe le 22/8/1881, classé 11 ; diplômé le 4/6/1884, classé 3. Ingénieur civil des mines.


Biographie de Pierre François MAHLER
par Emilio DAMOUR et Léopold PRALON

Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1935 :

Né à Paris, 52, Faubourg Saint-Honoré, le 30 juillet 1860. Décédé, 26, rue de Varenne, le 6 janvier 1935. Ancien Président de l'Association des Elèves de l'Ecole des Mines.
Officier de la Légion d'Honneur.

Notre Association vient de perdre, avec un de ses anciens présidents, l'un de nos camarades les plus sympathiques, d'une personnalité originale, à la fois scientifique et littéraire, retenant l'amitié par son caractère aimable et la finesse de son esprit, ayant enfin pour notre Ecole une affection que les années n'avaient fait qu'accroître.

Il a été donné à l'un de nous de suivre P. Mahler pendant les périodes les plus brillantes de sa carrière; à l'Ecole des Mines, pendant qu'il poursuivait, suivant les directives éclairées de Carnot et Le Chatelier, ses remarquables travaux sur les combustibles solides, liquides et gazeux; à l'Office Central de Chauffe Rationnelle, dont il fût Administrateur pendant deux années, puis Administrateur Délégué de 1922 à 1927, avec un dévouement parfait; à la présidence de notre Association de 1919 à 1922, où il déploya, après la guerre, ses qualités d'entrain et son attrait pour les jeunes; enfin aux premier et deuxième Congrès de Chauffage Industriel, qu'il avait contribué à organiser.

Cherchant dans cette note, moins à donner une biographie détaillée qu'à perpétuer le souvenir d'un camarade dont le nom restera attaché aux progrès de la technique du Chauffage, nous parlerons ici seulement de ces brillantes périodes.

Après avoir fait deux stages sidérurgiques de 1885 à 1888, l'un aux Forges de l'Ariège, l'autre à la Société de Commentry-Fourchambault, Mahler, ayant repris la liberté de ses occupations, comme sa situation de fortune le lui permettait et désirant avoir une vie utile, s'adresse à ses Maîtres Ad. Carnot et H. Le Chatelier, leur demandant une occupation scientifique et industrielle au laboratoire. C'était le temps où M. Le Chatelier, membre très actif de la Société d'Encouragement, se préoccupait d'utiliser les ressources de cette Société à provoquer des études scientifiques et industrielles en confiant à des ingénieurs, bons chimistes ou physiciens, des recherches sur un sujet défini par le Comité des Arts Chimiques, subventionnées par la Société.

Nos deux Maîtres proposent à Mahler l'étude des combustibles solides, liquides, gazeux, de leurs compositions chimiques et de leurs pouvoirs calorifiques.

C'était la première subvention pour travaux à faire, se substituant à la pratique des prix pour travaux faits; le promoteur, M. Le Chatelier, y attribuait une grande importance; il fallait réussir. Mahler s'y applique avec toute son ardeur, passe toutes ses journées dans le petit laboratoire prêté par Ad. Carnot, consacre toute sa subvention à rémunérer un jeune chimiste, Goutal, qui l'aidera pendant plus de deux années et restera attaché à notre Ecole. On sait quel fût le succès de ce travail : réalisation de la bombe Mahler, appareil précis et industriel, adopté par le monde entier; mise au point de la grille à analyse organique dosant exactement les éléments essentiels des combustibles; enfin, ce monument documentaire d'analyses et de pouvoirs calorifiques de tous combustibles, base solide de la Thermique et de tous les bilans de l'ours.

Après ces deux années et demie de travail acharné au laboratoire, Mahler revient à l'industrie et entre à la Compagnie de Trignac, où il est occupé de 1893 à 1907.

C'est pendant cette période, le 26 novembre 1896, qu'il rencontre Mlle Weiler et fonde le foyer dont tous ses amis ont connu la touchante union et l'aimable accueil.

Quittant Trïgnac en 1907, Mahler devient Administrateur des Aciéries Nantaises et Commissaire des Comptes aux Tréfileries du Havre. Mais, ces occupations ne suffisant pas à son activité, il reprend le chemin de sa chère Ecole, y retrouve les 80 échantillons de ses premiers travaux et s'en sert pour étudier sur ces poudres longtemps aérées le phénomène d'oxydation lente des houilles et la teneur en azote des houilles oxydées. Une communication à l'Académie des Sciences sanctionne ce travail.

A la même époque, Mahler donne cours à ses goûts littéraires et publie cette notice sur la Chartreuse de Vauvers et l'hôtel de Vendôme, préhistoire de notre Ecole, intéressante préface à l'histoire complète de l'Ecole des Mines publiée depuis par M. le Directeur Chesneau.

De telles attaches, incessamment renouvelées avec cette Ecole, conduisent naturellement Mahler à la présidence de l'Association, qu'il occupe de 1919 à 1922. Il apporte à cette fonction la même ardeur dans le bien à faire que pour ses travaux de recherches. Tous les élèves de cette période d'après-guerre se souviennent de l'activité et de l'entrain avec lesquels le Président organisait des réunions, rapprochant les anciens des jeunes, notamment au Cercle de l'Ecole, les soirées dansantes et tout ce qui donne de la vie à une association amicale.

A l'expiration de son mandat, Mahler se voit appelé à une autre fonction, où son désintéressement et son activité peuvent encore s'épanouir; il est nommé Administrateur Délégué de l'Office Central de Chauffe Rationnelle, où il a laissé le souvenir d'un chef bienveillant et dévoué. Il y reste jusqu'au jour où sa santé, un peu ébranlée par les fatigues et quelques difficultés rencontrées dans l'administration délicate de cet organisme nouveau, l'obligent à se retirer.

C'est à cette période de sa vie qu'il faut rattacher le rôle si utile de l'Office Central de Chauffe Rationnelle et l'action personnelle de Mahler dans l'initiative des Congrès de Chauffage Industriel. C'est en effet au sein du Conseil d'Administration de cet Office que les réunions périodiques d'études sur des questions de Chauffage sont organisées et que le premier Congrès, celui de 1923 étant décidé, Mahler est prié de présenter le projet à M. Le Chatelier et à l'Inspecteur Général des Mines Walckenaer. Le succès du Congrès fût complet et, cinq ans plus tard, nous retrouvons Mahler, Vice-Président du 2° Congrès en 1928, prenant dans ces journées de travail un rôle de premier plan.

Il en fût de même au Congrès du Charbon Pulvérisé de Bruxelles, au cours duquel notre camarade Mahler fût véritablement fêté par les ingénieurs belges.

Obligé par sa santé de renoncer à la vie active, Mahler qui, en 1922 a eu le bonheur de marier sa fille, se donne à la vie de famille, entouré de l'affection de ses enfants et petits-enfants et de l'admirable dévouement de sa femme. Sa préoccupation était de voir tous les siens réunis sous le même toit avant que sa santé ne les en sépare. Il a eu la satisfaction de réaliser ce vœu dans sa maison de la rue de Varenne, où se sont écoulées ses dernières années.

Tous ceux qui, comme nous, eurent la bonne fortune d'avoir avec Mahler des relations fréquentes et un peu intimes, garderont un charmant souvenir d'entretiens que son esprit extrêmement cultivé et son excellent cœur émaillait d'allusions et de réparties pleines de finesse et parfois de critiques dont la forme était vive et amusante, quoique toujours foncièrement indulgente et sans aucun fiel.

Depuis trois mois, son état de santé s'était aggravé et ses souffrances étaient continuelles; il les supporta courageusement. Après les fêtes de Noël pieusement passées en famille, de plus en plus souffrant, il est mort chrétiennement le 6 janvier 1935, emportant les regrets de tous ceux qui l'ont connu.

Emilio Damour et Léopold Pralon.


Graffitis laissés par une équipe d'élèves de l'Ecole des mines de Paris dans les catacombes, probablement en juillet 1882. On reconnaît le nom de Mahler.
Crédits photographiques : Ecole des mines de Paris et Aymeline Wrona. Photo réalisée sur une idée de Gilles Thomas.
Voir aussi : Les murs de l'histoire / L'histoire des murs, par Gilles Thomas