Jules MICAUD (mort en 1920)

Mort le 9 novembre 1920.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1866). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Juillet-août-septembre 1920 :

De deux camarades de promotion, liés d'une étroite amitié dès leur entrée à l'Ecole et qui a duré plus d'un demi-siècle, il revient au survivant le triste devoir de retracer la carrière si honorable de son camarade disparu.

Sorti de l'Ecole en 1869, Jules Micaud débuta aux mines d'Aubin, dans une houillère envahie par le feu qu'il fallait combattre sans trêve. C'est là qu'il se familiarisa avec toutes les difficultés du métier, et se prépara à exercer avec succès les fonctions d'ingénieur, chef de service aux mines de Lens, qui se l'attachèrent en 1873.

Durant six années, Micaud prit une part active au développement du siège n° 3, et la réputation qu'il y acquit détermina alors la Compagnie des Mines de Béthune à lui offrir le poste d'ingénieur en chef des travaux. Mais avant de quitter la Compagnie de Lens, il avait songé à se créer une famille en s'alliant à la sœur de son directeur, qui est encore aujourd'hui l'un de nos plus réputés et distingués camarades.

Lorsqu'il prit ses fonctions aux mines de Béthune, la Compagnie se trouvait dans des conditions difficiles et il fallait s'efforcer de réduire, le plus possible, le prix de revient. Grâce à un labeur assidu et aux connaissances profondes qu'il avait de l'exploitation houillère, il y parvint et donna aux travaux un puissant développement.

C'est au cours des années 1881 à 1886 que les installations des fosses 5 et 6 furent terminés et vaincues les difficultés de l'exhaure provenant d'une subite et importante venue d'eau.

L'installation des pompes souterraines, peu en usage jusqu'alors, fut suivie avec un soin particulier par notre camarade, qui en fit l'objet d'une relation dans le Bulletin de l'industrie minérale de 1885.

Attiré par des propositions fort avantageuses, il résigna, en 1886, ses fonctions aux mines de Béthune, pour se consacrer à d'importantes prospections en France et à l'étranger, notamment en Espagne, en Transylvanie, en Pologne.

Dans cette dernière période de sa vie, il montra une activité inlassable : en Pologne, aux mines de la « Flora », dont il était le conseil technique, aux mines et usines de produits chimiques de « Gouhenans », dont il était administrateur. Il était en outre expert près le Conseil de préfecture de la Seine et professeur d'exploitation et de prospection des mines à l'Ecole spéciale des Travaux publics.

Il publia, en 1909, un remarquable traité de prospection minière, qui lui valut une médaille d'or à l'exposition de Bruxelles de 1910 ; enfin, son cours d'exploitation était sous presse au moment de sa mort.

Micaud a fait son service militaire en 1870 comme lieutenant des mobiles de l'Aveyron, ensuite au 6e territorial en la même qualité, de 1876 à 1881, et comme capitaine, de 1881 à 1889.

Séparés dès la sortie de l'Ecole, nous nous retrouvâmes dans des charbonnages voisins, peu de temps après son entrée aux mines de Lens. Pendant près de onze ans, nos rencontres furent aussi fréquentes que le permettaient nos devoirs professionnels ; puis une nouvelle séparation survint quand il quitta les mines de Béthune.

Depuis ce moment, nos relations furent moins suivies tout en restant pleines d'agrément et de cordialité. Enfin, à la mi-novembre dernière, j'avais pris la résolution d'aller le voir encore une fois, quand je reçus une lettre de son fils m'informant qu'il avait succombé, le 9, à la suite d'une courte maladie.

Micaud était d'un caractère ferme, d'une nature réservée, n'aimant pas beaucoup à parler des événements heureux de sa carrière qui, cependant, étaient le résultat de son travail et de son intelligence ; il avait un bon cœur toujours disposé à prêter son appui à tout camarade qui le sollicitait.

Il était animé de sentiments religieux dans lesquels il puisait sa confiance et son énergie. C'est là sans doute que sa famille puisera un adoucissement au chagrin causé par cette pénible séparation.

Jaraczewski.