Gaston MONTEILS (1880-1918)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1901). Ingénieur civil des mines.

Publié dans le Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Janvier-Février-Mars 1919

Voici le texte du discours prononcé par M. Gal, ingénieur principal du génie maritime, aux funérailles de notre camarade Monteils :

« L'inspection des Forges est douloureusement frappée par la perte qu'elle vient de faire en la personne du lieutenant Monteils, qui avait su inspirer a ses chefs, à ses collaborateurs et à ses subordonnés, la plus profonde sympathie.

« Le détachement de Grenoble, qui était heureux d'avoir pu apprécier les hautes qualités intellectuelles et morales du lieutenant Monteils, a été tout entier particulièrement affecté en apprenant hier que la grippe l'avait emporté à l'affection des siens.

« Puisse l'expression de notre sympathie être un sujet de réconfort pour sa famille éplorée dans son immense chagrin.

« La France, après tant de sacrifices, voit disparaître un de ses glorieux enfants, qui aurait eu pour participer à sa reconstitution le même élan qu'il avait déployé pour la défense de son sol.

« Le Lieutenant Monteils, né en avril 1880, était, à sa sortie de l'Ecole Supérieure des Mines de Paris en 1900, entré comme ingénieur aux mines de Liévin, où il fut nommé ingénieur de siège dès 1908.

« Mobilisé le 22 août 1911, comme sergent au 33e d'infanterie, ses qualités de courage et de sang-froid ne manquèrent pas de le signaler et nommé adjudant le 23 avril 1915, il était, le 30 avril. aux combats du bois d'Ailly, cité à l'ordre de l'Armée en ces termes :

« A brillamment conduit sa section à l'assaut des tranchées fortement occupées, malgré un feu intense de l'artillerie et de l'infanterie ennemies, a ramené ses hommes à deux reprises avec le plus grand sang-froid et le plus grand courage, a été grièvement blessé à l'épaule. »

« La Croix de guerre avec palme et la médaille militaire étaient la récompense méritée de cette action d'éclat.

« Le caractère actif de Monteils lui fit rechercher de suite toute occasion de servir son pays, alors que la gravité de sa blessure eût exigé un repos plus complet, et il mit ses connaissances d'ingénieur à la disposition du service des forges.

« A Marseille, ou il débuta, sa compétence technique et ses qualités de tact et de jugement le mirent rapidement en relief et le poste de représentant de l'Etat à l'usine d'Etat de Servette lui fui confié en juin 1916.

« C'est à ce poste que j'eus l'avantage de l'avoir comme collaborateur devenu bien vite un ami, et d'apprécier ses connaissances, son esprit de méthode et la droiture de son caractère.

« Promu sous-lieutenant en septembre 1916, il resta comme directeur de l'usine de Servette, exploitée par l'Etat et fut placé, lors de la cessation des fabrications à Servette, à la tête du détachement d'Ugine, où il a rendu, comme il l'avait fait partout, les plus précieux services.

« Le lieutenant Monteils réunissait toutes les qualités d'un beau caractère français : intelligence, travail et dévouement, susceptible de tout sacrifier à son devoir.

« Il avait montré sur le front ce dont il était capable, un de ses regrets était de ne pouvoir retourner aux armées et il lui semblait toujours ne pas se dépenser pour la France, alors que l'état de sa santé lui aurait conseillé le repos.

« La mort qu'il avait bravée dans les combats est venue le frapper à son poste de travail au moment où, avec la joie d'une victoire à laquelle il avait contribué au prix d'une blessure grave, il pouvait envisager bientôt le retour aux travaux de paix.

« A sa veuve, à sa fille inconsolables, nous apportons l'assurance de notre profonde sympathie dans le grand malheur qui les frappe et enlève à notre sincère affection un ami que nous étions fiers de citer en exemple, et dont le souvenir restera toujours vivant au milieu de nous.»