Henri du PASSAGE

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1897). Ingénieur civil des mines.

Le texte qui suit a été publié en 1964 dans le numéro du Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, à l'occasion du centenaire de la création de l'Association :

Biographie, par René Alquier (P 24) et Roger Millot (P 29)

Le R.P. Henri du PASSAGE, de la Compagnie de Jésus, Directeur des « Etudes », a eu une influence spirituelle considérable sur les masses et sur les élites de notre pays.

Attiré par une carrière scientifique, Henri du Passage entre en 1897 à l'Ecole des Mines. La Compagnie de Jésus le reçoit en 1900. Il doit s'exiler hors de France pendant plusieurs années en raison des lois qui proscrivent les Ordres religieux.

Ordonné prêtre en 1907, il revient à Paris comme aumônier adjoint de l'Association Catholique de la Jeunesse Française et assure l'aumônerie de l'Ecole des Postes, rue d'Ulm. En 1912 il est nommé rédacteur aux « Etudes » : pendant seize années il dirige cette revue à laquelle il reste attaché jusqu'à ses derniers jours. Il fait la guerre de 1914-18 comme aumônier dans les Balkans et connait la dure épreuve des barbelés. En raison de son titre d'ingénieur, il tient la rubrique des questions sociales. Il réunit autour des « Etudes », dont il a fait une « revue catholique d'intérêt général », une équipe excellente de rédacteurs et de correspondants religieux, d'écrivains laïcs. Il publie des reportages, lance des enquêtes et défend avec vigueur des idées modérées. Il assure le rayonnement de la revue en imprimant aux œuvres qu'il entreprend une marque ferme et sûre.

Aumônier de la « Fédération Nationale Catholique » en ses années héroïques, il est l'orateur prestigieux des grandes manifestations où des dizaines de milliers d'hommes affirment leur volonté de barrer la route au sectarisme. Faisant porter ses études sur les questions civiques et sociales, il établit une doctrine sûre en ces matières où ce qu'on appelle charitablement « générosité » risque de remplacer le mal par le pire.

Sa part est grande aussi, quoique discrète dans des réalisations aujourd'hui oubliées telles que les caisses libres d'assurances sociales. Il encourage la « France catholique » en y résumant les Encycliques sociales de Léon XIII à Pie XII et il contribue au lancement de l'Action Catholique Générale des Hommes.

Sous son extérieur austère et même rugueux, on trouvait aisément un grand fond de tendresse et une modestie qui lui avait appris à s'estimer un « serviteur inutile ».

A la fin de sa vie, a dit le R.P. d'Ouince, il faisait figure de « vieil homme plein de sagesse, sans préjugés, sans illusions, sans conformisme, ne s'étonnant plus de rien sinon d'avoir été choisi par le Seigneur pour travailler à l'avènement de son royaume ». Participant souvent aux services annuels funèbres de l'Association, s'intéressant à ses publications, il est resté fidèle à ses camarades jusqu'aux dernières heures de sa vie, en sa 90e année, demandant qu'on les avertisse de son entrée dans la Paix du Seigneur.

Lorsqu'il passait boulevard Saint-Michel, devant notre vieille Ecole, le R.P. du Passage éprouvait toujours — nous disait-il — un sentiment profond de gratitude et de fidélité. Ses travaux théologiques, la direction des « Etudes » ne lui ont jamais fait oublier sa formation d'ingénieur.