Bernard REVOL (1917-2003)


Revol, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1938). Ingénieur civil des mines. Voir son bulletin de notes.

Décédé le 25 août 2003.

Biographie de Bernard REVOL
par André Jean Louis PRUD'HOMME (X 1939, corps des ponts et chaussées, promotion 1938 de l'Ecole des Mines de Paris)

Publiée dans MINES Revue des Ingénieurs, Janvier/Février 2004

Bernard REVOL et moi entrons à l'Ecole des Mines de PARIS en octobre 1938 - nous avons 20 ans. Après les très studieuses années d'Hypotaupe et de Taupe, nous sommes heureux de pouvoir enfin aborder le concret, d'apprendre des techniques, tout en étant beaucoup moins stressés et aussi d'avoir davantage de temps libre pour nous épanouir et nous distraire, profiter de notre jeunesse !

Il se trouve que nous avons fait tous les deux la quasi-totalité de notre carrière à la SNCF et avons pris notre retraite à quelques mois d'intervalle. C'est ce qui explique que j'ai accepté avec plaisir de rédiger cette note sur Bernard REVOL, qui nous a quittés le 25 Août 2003.

Quelques mots sur cette merveilleuse année 1938/39 qui s'est mal terminée, comme l'on sait.

La première année des Mines comporte une formation complémentaire d'enseignement scientifique en mathématiques, physique, chimie.

En physique, notre professeur était Vignal (X16-Mines 18) qui commençait toujours ses cours par "Mes chers Camarades" et les faisait avec beaucoup d'enthousiasme et de clarté.

Nos autres professeurs des Mines, de Métallurgie, de Sidérurgie, étaient des passionnés de leur métier et savaient nous transmettre leur passion1. En dehors des études, notre délégué de promotion, Paul DOMENJOUD, savait organiser les divertissements. Bernard REVOL n'avait sûrement pas oublié les Rallyes des Mines qui avaient lieu tous les mois à la Maison des Mines et duraient toute la nuit. Nos autres sorties dans ce Quartier latin étaient nombreuses. Folle année, en vérité, de nos vingt ans ; nous n'ignorions pas ce qui se passait de l'autre côté du Rhin, mais nous refusions de penser à la catastrophe qui se préparait pour septembre 1939. [J'aurais aimé retrouver cette Ecole après l'X, mais selon mon rang de sortie, j'ai eu droit aux Ponts-et-Chaussées].

Bernard REVOL comme moi, fut affecté dans l'artillerie hippomobile. Pendant six mois, on nous a appris la guerre de 1914 avec le canon de 75 tiré par six chevaux. On ne fit connaissance avec le 47 anti-char qu'à la fin de notre stage de formation.

Arrivés dans des régiments, certains en formation comme le mien, on éprouva une certaine déception en constatant la médiocre organisation et les connaissances souvent insuffisantes de nos supérieurs. Résultat, mai 1940 arrive vite, la débâcle est inévitable. Bernard REVOL fut fait prisonnier, mais il s'échappa rapidement en profitant de la pagaille qui régnait. Moi, je faillis l'être mais le jour de l'Armistice, je passai rapidement de l'autre côté de la ligne de démarcation et me retrouvai à Agen.

Bernard REVOL peut reprendre les cours de deuxième année des Mines en octobre 1940 à PARIS, tandis que j'entrais à l'X dans les locaux des "santars" à LYON.

Bernard REVOL entre dès octobre 1942 à la SNCF comme attaché groupe 1 à Lyon où il fait ses stages au service "Exploitation" qu'il avait choisi.

Ayant passé trois ans dans les services des Ponts-et-Chaussées, je ne retrouvai Bernard REVOL à la SNCF qu'en juillet 1947, affecté au service VB EST (Voies et Bâtiments comme l'on disait à l'époque et qui prendra par la suite le nom d'Installations fixes, puis d'Equipement, tandis que l'"Exploitation" s'appellera "Transport"). [Note de l'auteur : Actuellement, sous la houlette de Louis GALLOIS, Président, l'organisation de la SNCF est totalement bouleversée suivant des principes différents dont la clarté ne saute pas aux veux pour nous les anciens, ni les avantages par rapport à l'ancienne organisation.]

Bernard REVOL reste peu de temps sur le réseau SE puisque, dès juillet 1947, il rejoint le Service Central du Mouvement - Division "Marchandises", service qui deviendra plus tard la Direction du Transport. Il aura donc acquis assez vite une vue d'ensemble sur la SNCF avant de se voir affecté au Service "Exploitation" de Réseau EST où il travaille beaucoup sur l'organisation des gares, laissant des souvenirs encore vivaces de son passage.

Mais le poste qui l'a le plus marqué est celui de Chef d'Arrondissement "Exploitation" de Nancy où il restera huit ans et demi, de 1958 à 1967. Il y déploie toute son énergie et ses valeurs d'homme de coeur. C'est l'époque où l'on électrifie Strasbourg Paris en 25 kV 50 Hz. Dans l'ancienne organisation, il y avait dans un même centre important trois arrondissements ; Exploitation - Matériel - Voie et Bâtiments qui dépendaient directement du chef de service correspondant à PARIS. Chef d'arrondissement y était considéré alors comme un des postes les plus passionnants. Dans son domaine, il était responsable de 300 à 400 km de lignes. Le CA "Exploitation" avait la responsabilité de la circulation des trains voyageurs et fret, de leur sécurité, de leur régularité, du bon fonctionnement des gares pour les voyageurs et les marchandises, de l'organisation et du fonctionnement des triages, de la gestion des voitures et des wagons, de la commande des engins de traction à son collègue du Matériel. Ce dernier et son collègue Voie et Bâtiments étaient en fait ses serviteurs, sans pour autant avoir autorité sur eux. Il avait aussi des fonctions commerciales et il était le principal interlocuteur de la SNCF vis-à-vis des autorités locales. Donc, un vaste champ d'action dans lequel Bernard REVOL a brillamment réussi à NANCY.

Cette réussite explique sûrement pourquoi il fut choisi début 1967 pour diriger le département "Exploitation" du tout nouveau Service de la Recherche où il s'occupe avec ardeur d'un projet de Régime unique, fusionnant les Régimes dits ordinaires et accélérés (RO & RA) de transport des wagons isolés - problème très difficile auquel Bernard REVOL apporta une contribution fondamentale - et aussi du projet de TGV qui connut l'heureux dénouement que l'on sait.

Nous nous sommes retrouvés à cette occasion car j'étais chargé, comme Directeur Adjoint à l'Equipement, de collaborer avec la Direction du Matériel pour la mise au point du TGV (problème d'interaction véhicule) puis de la Direction des Etudes de la nouvelle ligne Paris-SE. Nous nous sommes retrouvés aussi lorsque Bernard REVOL fut nommé en 1977, Directeur de la Région Paris-SE. Il eut alors la charge énorme de superviser tous les travaux de transformation de la Gare de Lyon pour recevoir les TGV. Ce qui n'était pas une mince affaire.

Bien entendu, les études sont faites par la Direction de l'Equipement, en étroite liaison avec le réseau SE et, spécialement, la Région Paris-SE.

Bernard REVOL est un interlocuteur agréable mais très exigent. Rien ne lui échappe. Il s'y consacre avec passion, comme toujours.

Il prend sa retraite fin 1982 comme Ingénieur Général Honoraire, un an après la première mise en service du TGV Paris-SE, en septembre 1981.

Voilà une carrière bien remplie dans une période d'évolution rapide du chemin de fer, depuis la fin de la locomotive à vapeur jusqu'au TGV, en passant par les relèvements de vitesse à 140, 160 puis 200 km/h avec de nouveaux matériels : les rames dites "grand confort", par exemple, pour la voie de création des très longs rails soudés sur traverses et béton et pour la traction, le développement des caténaires légères de 25 000 Volts - 50 Hz et des locomotives adaptées, sous l'impulsion de Louis ARMAND, ce qui constituera en 1955, une véritable révolution technique de première importance.

Bernard REVOL était un homme de caractère, mais aussi un conciliateur. Certes, il défendait avec force ses points de vue, mais savait se rallier lorsque la raison, celle de l'entreprise, voire la raison d'Etat, s'imposait.

Il eut, par ailleurs, une vie familiale exemplaire. Il s'est marié en 1945 et son épouse lui donna 6 enfants, ceux-ci 28 petits-enfants et 8 arrière petits-enfants qui l'entouraient. Sa vieillesse fut donc heureuse.

Bernard REVOL était Chevalier de la Légion d'Honneur et Officier de l'Ordre National du Mérite.

André PRUD'HOMME (P 38)


Bernard REVOL a été de 1981 à 1990 vice-président de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris. Il s'est occupé plus particulièrement des problèmes à long terme de la Maison des Mines.