S. SOUHART


Souhart, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1860). Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, Décembre 1891

Notre camarade Souhart, représentant des aciéries de Longwy, est mort à Paris le 4 novembre, après quelques jours de maladie.

La carrière de notre regretté camarade, dignement remplie et toute de labeur, est de celles qui honorent le corps d'ingénieurs auquel il a appartenu.

Sorti de l'Ecole des mines en 1863, il fut désigné par son maître éminent, M. Callon, pour faire, en qualité d'ingénieur de la régie d'Aubin, l'étude et la mise en exploitation du district métallifère de Villefranche, dans l'Aveyron. Il remplit cette tâche avec honneur, et créa la mine de plomb argentifère de la Baume dont il conduisit les travaux pendant près de vingt ans; cette mine, amenée par lui à un état de grande prospérité, compte aujourd'hui parmi les plus riches.

En 1882, les mines et usines de la Régie d'Aubin, qui jusque là avaient appartenu à la Cie du chemin de fer d'Orléans, étant devenues la propriété d'une société nouvelle, la Société des Aciéries de France, Souhart fut choisi pour prendre la direction du groupe de l'Aveyron, comprenant la mine de houille et l'aciérie d'Aubin, et la mine de Villefranche. La situation était difficile : l'aciérie allait cesser de produire, condamnée à céder le pas à l'aciérie d'Isberg de la même société ; la mine de houille ne donnait qu'un charbon médiocre. Souhart se mit résolument à l'oeuvre, et pendant trois ans fit face à toutes les difficultés. La recherche d'une couche d'un système inférieur et donnant un bon charbon ayant été couronnée de succès, il en fit sans tarder commencer et pousser activement l'exploitation. La mine reprit un nouvel essor et l'avenir industriel de la région s'en trouva assuré pour de longues années.

Souhart ne devait pas obtenir le bénéfice de son travail et de ses efforts. Malgré les services rendus, il ne lui fut pas rendu justice; il quitta la direction d'Aubin, mais il avait la satisfaction d'avoir assuré l'existence des nombreux ouvriers dont il avait été le chef juste et aimé.

Il occupa alors pendant trois ans le poste de directeur des usines d'agglomérés et de sous-produits de houille de Dehaynin a Charleroi. C'est à cette époque qu'un violent incendie s'étant déclaré dans ces usines, il sut par son sang-froid et en payant de sa personne éviter un grave désastre; il fut à cette occasion décoré de l'ordre de la Croix civique de Belgique.

Souhart se trouvait a Charleroi bien éloigné de sa famille et ses relations. Il prit le parti de revenir à Paris et fut charge en décembre 1889 de la réprésentation commerciale de la Société des aciéries de Longwy. Dans ces nouvelles fonctions il apporta l'ardeur et le soin consciencieux qu'il montrait en toutes choses. Ses services étaient hautement appréciés par les administrateurs de la société, et ses amis se réjouissaient de lui voir occuper une situation tranquille et conforme à ses goûts. C'est là que la maladie est venue l'atteindre, et le terrassant eu quelques jours, l'a enlevé prématurément à l'affection des siens. Souhart avait toujours été animé de sentiments de piété; il est mort en chrétien envisageant la mort sans défaillance, à ses obsèques, ses camarades et amis sont venus en grand nombre et attristés lui rendre un dernier hommage et donner à sa famille un témoignage de l'estime et de la sympathie qu'il avait su leur inspirer.

A. CHAMPIGNY.