Jean-Arthur VAROQUAUX (1918-2017)

Né le 16 juillet 1918 à Paris (15ème). Décédé le 4 avril 2017 à Neuilly sur Seine (92).
Il est le fils unique de Arthur Varoquaux (1879-1952), et de Blanche BARRIGAND née URBAIN, qui avait eu un fils, Raymond, de son premier mariage (Arthur traita Raymond comme son propre fils et celui-ci devint ingénieur de l'Ecole Centrale, Paris). Jean-Arthur décrit lui-même les circonstances de sa naissance comme suit : Mon père, Arthur, un intellectuel, n'ayant pas fait de période militaire, a été affecté au début de la première guerre mondiale comme soldat de 2ème classe dans les télécommunications. Il dévidait du câble de téléphone en première ligne. Mais les Militaires se sont tout de même rendus compte qu'il pouvait rendre de meilleurs services que de servir simplement de chair à canon, en décidant de l'affecter à un endroit extraordinaire pour l'époque, l'émetteur/récepteur de la Tour EIFFEL. C'est là qu'il a fini la première guerre, et je suis né dans le 15ème arrondissement, entre des selfs et des condensateurs faits à la main ...

Baptisé catholique, Jean-Arthur est inscrit dans une troupe de louveteaux (protestants).

Il épouse en 1940 Geneviève, née Espitallier, décédée le 9 juillet 2011. Elle était la petite-fille de Georges Espitallier (X 1869), ingénieur du Génie, auteur prolixe tant de romans que d'Opéras jamais joués, qui était un ami de Gustave EIFFEL. Son fils Henri Espitallier (le père de Geneviève) a électrifié le wagon de l'armistice de 1918 dans la forêt de Compiègne; il a eu un accident d'automobile et en est resté très handicapé avec un morceau de bois dans le cerveau. Un frère de Geneviève, Jean Espitallier, était militaire et a passé la seconde guerre mondiale à chercher à s'échapper du Stalag dans lequel il était enfermé. Geneviève étant profondément catholique, Jean-Arthur opte définitivement pour cette religion.

Jean-Arthur et Geneviève Varoquaux sont les parents de 7 enfants : Eric (X 1960), Willy (X 1963 et EMP 1966, corps des mines), Patrick (époux de Antoinette, fille de Roger Loison), Hélène, Arnaud, Antoine, et Anne-Laure. Parmi leurs petits-enfants, on remarque Emmanuel Varoquaux (X 2001) et Vincent Varoquaux (X 2006), et Gaël Varoquaux (fils aîné d'Eric) qui a été élève de l'Ecole normale supérieure (mathématiques).

Jean-Arthur est ancien élève de Polytechnique (promotion 1937) et de l'Ecole des Mines de Paris (entré en 1940, sorti classé 4ème sur 6 élèves du corps en 1942). Corps des mines. Voir le relevé de notes de J.-A. Varoquaux à l'Ecole des mines.


Jean-Arthur Varoquaux démarre sa carrière administrative comme ingénieur des mines à Nancy, où il s'occupe de problèmes d'énergie. Il quitte l'administration en mai 1948 et entre dans le groupe Pont-à-Mousson, qui l'affecte d'abord à la Société des aciéries de Micheville, où il est l'assistant du PDG, René GRANDPIERRE (X 1912, dont le frère jumeau et camarade de promotion André était PDG de Pont-à-Mousson). Il est envoyé par la maison-mère faire un tour du Monde qui l'enmène en Australie, Indonésie, les Philippines, HongKong, les Etats-Unis. Il travaille aux Charbonnages de Beeringen (en Campine belge) ainsi que sur le site de Pont-à-Mousson, dans des tâches techniques. Il devient, en février 1953, directeur et adjoint du directeur général Pierre SINGLE (X 1927, décédé en 1992) des Hauts-Fourneaux et Fonderies de la Halbergerhütte GmbH à Brebach (Allemagne Fédérale).

Puis, en 1956, il est président de la Société des Mines de Fer de Chazé-Henry (Maine-et-Loire), ensuite de celle de Saizerais (Meurthe-et-Moselle) (1956-1988). Il est directeur général de la Halbergerhütte, à la place de P. SINGLE, à partir de 1958. Il est, à partir de 1969, président de la Chambre syndicale des mines de fer en France, qu'il dirige avec efficacité dans des conditions historiques difficiles. Il fut président fondateur de SAMIFER (Société Auxiliaire des Mines de Fer en France) (1979-1991). La principale préoccupation de J-A Varoquaux était de réduire le plus progressivement possible la chute de la production des mines de fer lorraines, afin de préserver l'emploi, tout en augmentant la productivité de l'exploitation.

En plus de ces activités, Jean-Arthur Varoquaux fut professeur à l'École Nationale Supérieure des Mines de Nancy de 1942 à 1970, président de cette École (1971-1980). Il a été président de l'Association des Cadres Dirigeants de l'Industrie pour le progrès social et économique (ACADI), membre puis vice-président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, président de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d'Industrie, vice-président de la Société de l'Industrie Minérale. Jean-Arthur Varoquaux est l'auteur de nombreuses publications dont celle sur "Les Mines de Fer de France ".

Selon son fils Willy, la plus grande fierté de Jean-Arthur a été d'être décore du Grosses Bundesverdienstkreuz der Republik Deutchland.

Voir : Discours de Jean-Arthur Varoquaux, président de la Chambre syndicale des mines de fer en France, à l'occasion du jubilé du professeur Edouard Tincelin.


Jean-Arthur Varoquaux en 1958


La biographie ci-dessous de Arthur Varoquaux (père de Jean-Arthur), désigné comme "Juste des Nations" en 2008 pour avoir aidé des juifs à échapper des griffes nazies pendant la 2ème guerre mondiale, est extraite d'un document rédigé par son petit-fils Willy Varoquaux pour des enfants (1996, modifié en 2006) :

Arthur Varoquaux, père de Jean-Arthur, est né le 22 décembre 1879 à Haulmé, un village situé à 10 km de Charleville (Ardennes).

La famille était pauvre, Arthur était le dernier d'une portée de huit petits. Bien entendu, il n'était pas question de quitter le village pour profiter de la région: une voiture à chevaux était beaucoup trop coûteuse et tous les enfants jouaient cantonnés à la maison et avec les autres villageois. Très tôt, vers 12 ans, il fallait aller à l'école de Charleville... C'est ce que le petit Arthur avait pris l'habitude de faire. Une heure et demi de marche par le petit matin de six heures, les pieds protégés par la paille dans des gros sabots, son gros sac plein de livres sur le dos, un quignon de pain dans la poche, et il faisait tous les soirs le trajet inverse... Il apprenait vite, car il était intelligent, à l'écoute de tout...

Mais Arthur n'était pas bien heureux, sa famille l'étouffait... Surtout sa maman, qui était bigote et imposait sa loi à tous les enfants, pour tous les petits c'était en permanence des patenôtres, des rosaires, des matines, la messe la plus longue le dimanche... Arthur était imprégné de la morale chrétienne, il respectait l'enseignement du Christ mais ne pouvait souffrir toutes les démonstrations de piété de sa maman, surtout celles qu'elle lui imposait... Arthur grandissait (C'est vrai, puisque, adulte, il mesurait l m 85 !), et était très fort à l'école. A l'époque (C'était la Troisième République) les meilleurs étaient aidés : s'ils étaient de pauvre condition, ils bénéficiaient de bourses pour poursuivre leurs études et passer des examens pour devenir fonctionnaires. C'est comme cela qu'à 18 ans Arthur passa brillamment son concours d'instituteur à l'école normale d'instituteurs... Il quitta alors sa famille, pour toujours et sans donner de nouvelles, sans chercher à la revoir...

Comme vous diriez maintenant, Arthur était un self made man : c'est seul, sans soutien, sans réconfort, sans conseils et sans appuis qu'il continua sa voie... Il passa le concours de l'école normale de Saint Cloud, ou l'on apprend la Physique. Ceci le passionna, surtout l'un de ses professeurs qui devint son maître à penser et son modèle dans la vie, Pierre CURIE, modeste, ne se mettant jamais en avant, rigoureux, exigeant, plus encore envers soi qu'envers les autres, passionné de physique expérimentale, réalisant lui-même la totalité de ses instruments. C'est l'électricité, l'électromagnétisme, la radioélectricité qui passionnaient Arthur, si bien qu'il passait des heures à enrouler du fil électrique sur de bobines pour fabriquer un à un les solénoïdes de ses appareils de mesure, des postes de radio qu'il mettait au point...

Il était devenu professeur de physique et enseignait là où le Ministère de l'Éducation Publique l'envoyait. En 1914 il fut enrôlé, comme tous les jeunes, pour faire la guerre. Il a été à Verdun, comme d'ailleurs Georges ESPITALLIER (1849-1923 ; X 1869), le père de l'épouse de Jean-Arthur VAROQUAUX. Presque tous les jeunes de l'époque allaient à VERDUN, défendre les tranchées françaises contre les envahisseurs allemands, et plus de la moitié d'entre eux se faisaient tuer ou blesser... Pendant une permission, hospitalisé à DOUAI, il fit la connaissance d'une jeune infirmière, veuve avec un enfant à charge: elle s'appelait Blanche BARRIGAND, née URBAIN, et son fils s'appelait Raymond... Ils tombèrent amoureux, et se marièrent. Arthur finit sa guerre au génie, s'occupant de l'émetteur radio de la Tour Eiffel, et ils vivaient alors dans le quinzième arrondissement. C'est là que naquit leur bébé, à l'hôpital BOUCICAUT, celui qui va bientôt être détruit, un bébé qu'ils appelèrent Jean-Arthur. Arthur ne voulait pas d'enfant ; on ne sait pas comment Blanche s'y est prise. Par la suite Arthur n'a pas eu d'autres enfants ; on ne sait pas comment il s'y est pris. Démobilisé, Arthur reprit son métier, et tous les quatre, s'installèrent à BESANÇON ou Arthur fut affecté, dans l'Enseignement Technique.

Qu'est-ce que l'Enseignement Technique? En France, comme dans tous les pays issus du monde romain, les enfants les plus brillants font leurs humanités: il s'agit d'apprendre les lettres, le latin, le grec pour les plus brillants... Mais les moins doués sont destinés aux métiers manuels, aux métiers techniques... C'est complètement stupide, car il est au moins aussi important pour notre pays d'avoir de bons techniciens que des phraseurs capables de discours... à la Joseph PRUDHOMME (Vous savez, celui qui a écrit Le char de l'État navigue sur un volcan...). Être professeur de l'Enseignement Technique, ce n'était donc pas pour Arthur une promotion compte tenu de ses études brillantes... Mais Arthur, qui aimait beaucoup les enfants, et qui souhaitait les aider à réussir au mieux leur vie, portait toute son attention à enseigner, à ceux de ses classes, mais aussi au jeune Raymond et au petit Jean-Arthur. L'atmosphère était studieuse. Il n'y avait pas de télévision à l'époque, mais il n'aurait pas toléré qu'ils zappent, à regarder n'importe quoi et sans tirer la leçon de ce qu'ils avaient vu. Il était sévère, faisait les gros yeux, et les interrogeait, cherchant à leur faire découvrir eux-mêmes l'enseignement de ce qu'ils avaient vu... Arthur était en effet un bon professeur, on dit maintenant pédagogue - ça fait plus sérieux - car il ne se désintéressait pas des enfants, mais, sous un air sévère, était à leur écoute, les questionnait, les interrogeait, suscitait leur réflexion : il était très exigeant...

J'ai rencontré beaucoup de ses anciens élèves, pas des ingénieurs diplômés brillants, mais des techniciens solides, accrocheurs, sûrs et méticuleux, le fruit de son enseignement et qui, pour certains, étaient arrivés à des positions très enviables à la force du poignet. Tous vénéraient Arthur. Tous avaient retenu l'enseignement de la rigueur, tous avaient été impressionnés, mais aussi conscients de sa vigilance, du souci de la formation de ses élèves, de sa distance apparente mais en fait de sa proximité, de la timidité qu'il cachait sous son attitude sévère et exigeante. Tous lui étaient reconnaissants de leur avoir appris le sérieux, l'application, la méticulosité...

La petite famille a alors déménagé pour NANCY, ou rapidement Arthur pris des responsabilités, avec la Direction de l'Ecole Technique de la rue des Jardiniers. Mais il ne s'est jamais résolu à renoncer à l'enseignement... Raymond et Jean-Arthur ont fait, l'un et l'autre des études brillantes, le premier à l'Ecole Centrale, le second à l'école Polytechnique, ce qui correspond à une ascension sociale exceptionnelle... C'est grâce à lui, il s'est occupé d'eux, toujours exigeant, sévère, taciturne et tendre à la fois. Il ne prenait pas de vacances, et restait toute l'année dans son petit appartement de Nancy, rue Grand'ville , puis rue Victor Hugo. Mais il aimait beaucoup les visites du neveu de Blanche, Louis RAFFAELLI le mari de Solange, un pur intellectuel, normalien et professeur de mathématique en Taupe à Avignon. Passionné par le zéro, et les philosophies orientales...
Louis était, comme Arthur, un véritable self made man, d'une famille de toute petite condition, de la CASTAGNICCIA en Corse, et ils discutaient des heures ensemble. Ce fut la consternation quand Louis se tua, en tombant dans une escalade dans les environs d'AVIGNON avec des jeunes qu'il emmenait le dimanche...

Lorsque Arthur prit sa retraite, ce fut pour rédiger des manuels : il en fit toute une collection, tous sur l'électricité, des livres de cours très en avance sur le plan pédagogique... Pas de grande théorie, mais des expériences successives avec, derrière, une réflexion pour tirer l'enseignement de ces expériences... Ce sont les méthodes actives, le même terme qui a donné le nom de l'École Active Bilingue qu'ont fréquentée Delphine, Arthur (l'autre, le petit fils), et Franklin... Ces livres ont pour auteurs PASTURIAUX et VAROQUAUX, mais, avec beaucoup de modestie, c'est Arthur qui avait fait tout le travail. Ils furent réédités très longtemps après sa mort, alors que leur présentation n'était plus au goût du jour, tellement l'enseignement était adapté. Heureusement pour Blanche qui bénéficia des droits d'auteur d'Arthur, en complément de sa maigre pension après la disparition de son mari. C'est grâce à lui que j'ai eu, rapidement, l'estime de nombreux techniciens à EDF: ils avaient appris, à l'école professionnelle d'EDF, l'électricité sur ses ouvrages et appréciaient la rigueur du raisonnement et la qualité pédagogique des textes rédigés par Arthur.

Je me souviens également de la remise de la Légion d'Honneur à Arthur. Ça a été un événement dans la famille. Nous étions tous très fiers. Mais j'étais trop petit. C'est Éric (le fils aîné de Jean-Arthur) qui a été désigné pour participer à la cérémonie à NANCY, à l'époque nous habitions CHATOU. Il a dû recevoir de beaux et nouveaux vêtements. Et puis après, il y a eu des tas d'articles dans le Républicain Lorrain. Arthur l'avait bien méritée, cette médaille: il avait consacré toute sa vie à former des jeunes à un métier, à la vie..., et on lui en était reconnaissant.

Mais Arthur fumait beaucoup, sans doute pour noyer sa nervosité sous un calme apparent. Il fumait des cigarettes qu'il roulait lui-même, et il récupérait les mégots pour faire de nouvelles cigarettes. C'est très mauvais, nous le savons maintenant, car la nicotine s'accumule dans les mégots. Gros fumeur, il finit par avoir un cancer de la vessie...

Mais à NANCY personne ne l'oublia. Et quand il a fallu donner un nom à un nouveau lycée, construit dans la banlieue, à TOMBLAINE, le recteur d'Académie proposa le nom Arthur VAROQUAUX, et tout le monde approuva, car Arthur était un Juste et qu'il était juste d'honorer sa mémoire.




Copie du manuscrit du discours prononcé par Arthur VAROQUAUX, sans notes, sur le perron du bâtiment Lobau, en octobre 1942. Georges LAMIRAND, Secrétaire Général de la Jeunesse, était en visite officielle, accompagné du maire de Nancy. Les élèves étaient rassemblés dans la cour.
« Les événements qui ont blessé récemment » sont les rafles de juifs à Nancy, y compris de jeunes de l'établissement. Quelques jours après ce discours commence le débarquement en Afrique du Nord .
Ce document avait été conservé et a été transmis par Jean Flechon

Monsieur le Secrétaire Général,

Je vous présente l'Ecole nationale professionnelle de Nancy, le Collège moderne et technique qui lui est annexé, avec les maîtres et une partie des élèves du double établissement. Une partie, car aux 700 jeunes gens qui sont devant vous s'ajoutent 500 apprentis qui suivent à certaines heures nos cours professionnels et de perfectionnement.

Je regrette de ne pouvoir vous montrer la partie la plus importante de nos locaux, avec toutes nos salles de classe, de dessin, nos laboratoires et des ateliers. Elle est occupée depuis deux ans par des services dépendant de l'armée allemande.

Nous nous sommes repliés dans ces bâtiments qui servaient seulement à notre internat où nous sommes installés avec un matériel réduit.

Nous n'avons plus d'élèves venus du midi ou de l'ouest de la France, du Maroc ou de l'Indo-Chine, fils de Lorrains qui envoyaient leurs enfants s'instruire et se former dans leur province d'origine. Notre recrutement est régional.

Combien l'histoire de beaucoup de nos jeunes est émouvante ! La vie les a déjà meurtris douloureusement. Il en est qui ont été chassés d'Alsace avec leurs parents et qui, dans leur exode, se sont arrêtés à Nancy pour s'eloigner le moins possible de leur pays où sont restés, non seulement leurs biens, mais leurs affections et leurs espérances.

Il en est qui se sont enfuis de la Lorraine du Nord pour être sûrs de rester Français.

Beaucoup sont revenus de la zone non occupée pour retrouver l'ambiance qui leur est chère. D'autres ont leurs pères prisonniers, c'est un malheur qui n'est pas spécifiquement lorrain. Il en est de même quelques-uns qu'il vaut mieux ne pas effleurer leur plaie à vif d'une allusion trop précise. (Raffle de la police Française à Nancy, quelques jours avant) Plusieurs des maîtres ont été atteints des mêmes coups que certains de leurs élèves.

C'est dire, Monsieur le Secrétaire Général, que l'atmosphère de notre Ecole est un peu particulière.

La plupart de ces jeunes sont plus sérieux que nous ne l'étions à leur âge. Beaucoup apportent à leurs études une application grave, certainement par souci de mériter la carrière de leur choix en employant au mieux les années de leur adolescence, mais aussi parce qu'ils sentent plus ou moins qu'une oeuvre importante les attend, celle d'une France à refaire.

Un autre trait de leur caractère, c'est un esprit de camaraderie à la fois plus affectueux et plus clairvoyant que celui d'autrefois. Pas de taquineries, pas de querelles, une véritable fraternité. Mais je sais des affaires graves qu'ils ont réglées entre eux avec une mesure et une fermeté qui leur font honneur. Je salue avec un espoir ému ces promesses d'union entre les Français des jeunes génération. C'est la désunion de leurs aînés qui causa l'affaiblissement de la France et de notre chute il y a deux ans. Le rapprochement de tous les Français dans un sentiment et un devoir communs sera la condition et le signe de notre relèvement.

Je vous affirme, Monsieur le Secrétaire Général, que les jeunes générations lorraines qui vont bientôt arriver à l'âge d'homme promettent beaucoup. Elles consentent aux lourds devoirs qui les attendent. Dans notre région où le silence, la mesure, la discrétion sont de race, c'est par des actes que se manifestent les sentiments. Depuis plusieurs mois, un courant régulier entraîne nos grands élèves vers la marine de guerre, l'armée d'Afrique, l'armée métropolitaine.

La patience avec laquelle notre jeunesse lorraine supporte les épreuves n'est pas résignation. Elle procède d'un patriotisme profond, d'un espoir tenace dans les destinées prochaines de la France

Remerciements envoyés par Georges Lamirand à la suite de sa visite :

SECRETARIAT D'ETAT A L'EDUCATION NATIONALE
ET A LA JEUNESSE

SECRETARIAT GENERAL DE LA JEUNESSE
35, Rue du Faubourg Saint-Honoré
Paris 8e

TEL. : ANJOU 70-71
7 lignes groupées

LE SECRETAIRE GENERAL

4152 e

          Paris, le 27 OCT 1942

Monsieur le Directeur,

Je tiens à vous dire la joie que j'ai eue à vous rendre visite, ainsi qu'à vos Collaborateurs et à vos Jeunes. La présentation que vous m'avez faite de ces derniers m'a donné l'impression d'une Jeunesse solide, bien en main et se préparant parfaitement à la tâche qui l'attend demain.

Vous avez prononcé de fières paroles qui prouvent la qualité du grand éducateur et du grand français que vous êtes et je tiens à vous en exprimer mes plus vives félicitations.

En vous demandant de transmettre mon cordial souvenir à vos Jeunes et mes remerciements à vos Maîtres, je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de mes sentiments les meilleurs.


Signé LAMIRAND


Monsieur VAROQUAUX
Directeur de l'Ecole Nationale Professionnelle de NANCY,
29, rue des Jardiniers,
NANCY (Meurthe et Moselle)