Yves Gaston André MARTIN (1936-2010)

Né le 4 avril 1936 à Nîmes (Gard). Décédé le 15 décembre 2010 (cérémonie religieuse le mardi 21 décembre 2010 au Temple protestant de Meudon). Fils de Pierre MARTIN, notaire, et de Gabrielle ABAUZIT. Marié à Elisabeth BERNARD (4 enfants).

Ancien élève de Polytechnique (promotion 1955 ; sorti 7ème en 1957) et de l'Ecole des Mines de Paris (entré en 1958, sorti classé 1er sur 13 élèves du corps en 1960). Corps des mines.


Yves Martin a développé sa carrière en alternant des fonctions au ministère de l'Industrie et au ministère de l'Environnement d'une part, en province et en administration centrale d'autre part. Sa carrière a été orientée vers la conception et le contrôle de règlements concernant la sécurité d'installation industrielle et la protection de l'environnement et vers la recherche incessante de méthodes plus souples et décentralisées de prise en compte des externalités relatives aux installations et produits industriels : approche économique par la fiscalité et information des acheteurs sur l'aptitude à l'emploi des produits et équipements qui leurs sont offerts.

Il a notamment :

A partir de 1986, il oeuvre au sein du Conseil Général des Mines. A ce titre, il fut Administrateur de Gaz de France (1995-2004), de Total (1989-1999), de Rhône Poulenc (1982-1993).

Yves Martin termine sa carrière administrative en avril 2002 comme haut fonctionnaire à l'échelle-lettre "E" :




 

In Memoriam : Yves Martin (X 55)
Précurseur du développement durable

par Pierre Boisson (55) et Gérard Piketty (55)

Publié dans LA JAUNE ET LA ROUGE, JUIN-JUILLET 2011

Homme de l'eau, homme des forêts, Yves Martin aurait sans doute intégré les « Eaux et Forêts» s'il n'avait senti finalement la possibilité de développer plus largement la diversité de ses talents au sein du corps des Mines. Son engagement sur le terrain lui donna l'occasion d'être un pionnier en matière de développement durable.

Yves Martin était habité d'un désir viscéral de mieux connaître la Terre qui lui venait de loin : «Je suis né pêcheur de truites avec un goût très vif pour la nature » disait-il. Saisir la complexité de la Terre c'était bien, mais trop peu si l'action ne suivait pas. Il eut à cœur de définir et de promouvoir auprès des décideurs politiques les meilleurs cadres d'actions possibles pour l'État et les agents économiques. Il disposait à cette fin d'armes solides : une rigueur intellectuelle impressionnante, la clarté de son esprit et de l'écriture. Bien difficile d'échapper à l'exposé, toujours précis des données et des faits, comme à ses raisonnements. Des notes ou rapports, écrits pour durer, jalonneront sa carrière. Yves n'élevait jamais le ton, seules, la force des faits, du raisonnement et la clarté du discours développé méthodiquement devaient emporter l'adhésion, maintenant ou plus tard. Séduit, comme bien d'autres, à l'École des mines par la pensée de Maurice Allais, il recherchera en priorité les instruments économiques les plus efficaces et les plus équitables pour soutenir l'action publique.

Je suis né pêcheur de truites avec un goût très vif pour la nature

Politique de l'eau
Un espace à défricher répondant parfaitement à ses aspirations s'ouvre rapidement devant lui. Jeune ingénieur, affecté au sous-arrondissement de Chalon-sur-Saône, il participe activement à la définition de la politique de l'eau dans l'équipe (Saglio, Lévy-Lambert, Leveau) qui entoure Ivan Chéret à la DATAR avec le soutien décisif de la direction des Mines du ministère de l'Industrie. La loi sur l'eau est adoptée en 1964. Elle prévoit la création des agences de l'eau conçues, selon ses souhaits, comme des outils de régulation économiques de la gestion de l'eau. En 1966, Yves devient le premier patron de la toute nouvelle Agence de l'eau Artois-Picardie, qu'il faut bâtir à partir de rien. Il y met au point et fait adopter un système de redevances entièrement fondé sur l'économie de fonctionnement du bassin hydrologique. Il quittera l'Agence en 1971 pour devenir l'adjoint du directeur général de la Protection de la nature et de l'environnement dans le tout nouveau ministère de l'Environnement confié à Robert Poujade par Georges Pompidou. Il y contribuera en tant que « Monsieur Silence » à établir les bases de la lutte contre le bruit.

Compétitivité
En 1973, il rejoint la direction de la Technologie, de l'Environnement industriel et des Mines, née des cendres de la direction des Mines. Deux préoccupations l'y retiennent principalement : accroître l'innovation dans les entreprises, mais surtout, après le premier choc pétrolier qui triple le prix du baril de pétrole, l'actualisation de la politique énergétique.

Économies d'énergie
Parallèlement à la forte accélération du programme de construction de centrales nucléaires, Yves Martin plaide pour le développement d'une action non moins vigoureuse de maîtrise de la demande d'énergie impulsée par la création d'un Service spécialisé du ministère de l'Industrie et d'une Agence de l'économie de l'énergie (ancêtre de l'ADEME). Il essaie en grand précurseur de convaincre EDF de la nécessité de développer des réseaux intelligents afin de mieux gérer la demande d'électricité, particulièrement en période de pointe.

Dans l'industrie nucléaire civile, il agit pour accroître les moyens du Service de contrôle des installations nucléaires créé en 1972, et son autorité et son indépendance par rapport aux grands opérateurs que sont le CEA et l'EDF. Dès cette époque il perçoit vivement le grand intérêt d'une coopération internationale pour construire une culture commune de sûreté, exigeante et rigoureuse.

Agir sur le terrain
En 1978, il a l'opportunité de prendre la direction de l'ANVAR, mais il choisit, d'une façon très caractéristique de sa personnalité, d'aller sur le terrain à la direction de la Recherche, de l'Industrie et de l'Environnement Rhône-Alpes. Deux pôles d'intérêt majeur sont présents : « Le contrôle d'une large part du nucléaire, des grands barrages et de la chimie française ; la promotion des PMI [en facilitant] leur accès aux connaissances scientifiques et techniques nécessaires à leur compétitivité.» Son expérience à la DRIRE l'instruit de façon précieuse sur la façon de concilier développement économique et protection de l'environnement. Elle le conforte dans sa démarche associant d'une part la connaissance précise de la réalité d'autre part la recherche, avec des experts d'autres disciplines, d'une vision partagée de l'évolution sur le long terme des composantes techniques et économiques des grands sujets à traiter : « En réalité, nos sociétés sont si complexes que l'on ne peut pas changer une situation mais seulement agir sur la dérivée, voire la dérivée seconde. Pour cela, il faut essayer de connaître les mécanismes internes de ce sur quoi on veut agir, puis décentraliser au maximum l'initiative. Il faut donc préférer les instruments économiques (incitatifs ou dissuasifs) aux règlements.»

Nos sociétés sont si complexes que l'on ne peut pas changer une situation mais seulement agir sur la dérivée

Effet de serre
Yves Martin est chargé en 1989 d'animer la Mission interministérielle sur l'effet de serre qui doit dégager les enjeux et les lignes de force d'une politique française en vue des futures négociations internationales : Rio en 1992, Kyoto en 1996.

C'est pour lui l'occasion d'approfondir des questions qui lui tiennent à cœur : rôle de la forêt, des pratiques agricoles, de la politique des transports et d'une fiscalité sur l'énergie. Cette dernière lui semble indispensable pour susciter un effort décentralisé efficace et non ruineux de réduction des émissions de gaz carbonique. L'énorme travail réalisé lui donne une place unique de sage et de conseiller des ministres dans ces négociations internationales. C'est donc naturellement que Michel Rocard, chargé par le président de la République d'un rapport sur l'instauration d'une telle taxe, sollicitera sa collaboration.

Moine-soldat
« Monsieur Silence » est entré dans le grand silence. Son exigeante rectitude morale, sa rigueur et son courage intellectuels, son dévouement exceptionnel au service de l'intérêt général, mais aussi son humaine simplicité, son horreur du clinquant et son amour de la nature donnent de lui l'image exemplaire de l'ingénieur des Mines telle que la voulurent les fondateurs du Corps. «Moine-soldat» aimait à dire le regretté Raymond Fischesser. Pour Yves Martin, il disait juste.

Chantier d'avenir
«Si je devais dire où se trouve le chantier d'avenir en matière de protection de l'Environnement, je dirais qu'il est double : d'une part développer la recherche sur les effets réels, surtout à long terme, des atteintes à l'environnement, d'autre part repenser la fiscalité générale pour réorienter le comportement de tous. »

Gaïa
Yves Martin percevait la Terre comme un immense être vivant, complexe, accueillant pour l'homme, mais dont les équilibres pouvaient être perturbés par les activités humaines : l'exploitation des ressources non renouvelables, les pollutions, les risques pour le climat entraînés par l'évolution de l'effet de serre. Il se sentira très proche des analyses développées plus tard sur notre Terre : Gaïa, par le scientifique britannique James Lovelock.

Témoignages
Ses capacités scientifiques et techniques sont mises à rude épreuve pour apporter de la clarté sur une question aussi complexe et dégager les raisons d'agir, sans attendre d'avoir les réponses à toutes les incertitudes.

Les jeunes ingénieurs des Mines qui étaient à ses côtés (Térésina Martinet, Gilles Taldu, Luc Oursel) évoquent son engagement sur le terrrain : «J'ai trouvé en Yves Martin un patron exigeant humainement et professionnellement, un camarade et un exemple, soucieux de perfectionner mon apprentissage de la «chose publique». Les priorités ne pouvaient porter que sur les questions importantes puisque les dossiers urgents on était bien obligé de les régler et c'était déjà du passé. Il considérait son statut de fonctionnaire comme une chance, qui lui conférait une grande liberté au service de son pays. Il était visionnaire, tenace et courageux pour défendre ses convictions en particulier cette conviction que l'État régalien peut et doit infléchir certaines tendances naturelles du marché.

Il restera pour nous un grand serviteur de l'État travaillant sans compromis ni compromission, pour la défense de l'intérêt général, pour le développement économique, pour la protection de l'environnement.»




Yves MARTIN a rassemblé un grand nombre de dossiers sur des sujets qui lui tenaient à coeur. Il souhaitait que la plupart de ces dossiers ne soient pas publiés avant sa mort. Voir : Rapport de 2005 sur la Forêt et le climat.

Voici quelques vidéos qui permettent de revoir Yves Martin, et ses contributions. L'auteur de ces vidéos est David Martin, fils d'Yves :




Un colloque "Actualité de la pensée de Yves Martin" a eu lieu à MINES ParisTech, 60 boulevard Saint-Michel à Paris, jeudi 19 mai 2011, de 14 h 30 à 18 h 30, avec des témoignages de Thierry GAUDIN, Jean-Luc LAURENT, Ivan CHERET, Dominique DRON, Benjamin DESSUS, Claire TUTENUIT, Jacqueline ALOISI de LARDEREL, Jean-Marc JANCOVICI, Paul-Henri BOURRELIER, Bettina LAVILLE, et Gilles TALDU.
Voir : les vidéos tournées à l'occasion de ce colloque, réalisées par David Martin, fils de Yves.

Nous donnons ci-dessous un programme de ce colloque :

Programme du colloque «Actualité de la pensée d’Yves Martin»

Jeudi 19 mai, de 14 h 30 à 18 h 30
MINES ParisTech, 60 boulevard Saint-Michel à Paris

14h30-14h40 Ouverture du colloque par Thierry GAUDIN (président de Prospective 2100)

14h40-15h L'eau et l'environnement : interventions de Jean-Luc LAURENT (directeur général du Laboratoire National de Métrologie et d’Essais) et Ivan CHERET (initiateur de la loi sur l’eau de 1964)

15h-15h20 L'effet de serre, la forêt et l'agriculture : Vidéo d'Yves MARTIN sur le sujet suivie d’une intervention de Dominique DRON (commissaire générale au Développement Durable)

15h20-15h40 L'énergie du point de vue de la demande : interventions de Benjamin DESSUS (président de Global Chance) et Claire TUTENUIT (déléguée générale d’Entreprises pour l’Environnement – EPE)

15h40-16h05 Les instruments économiques : Vidéo d'Yves MARTIN sur la fiscalité suivie d’interventions de Jacqueline ALOISI de LARDEREL (ancien haut fonctionnaire du Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et de Jean Marc JANCOVICI (président de l’association X-Environnement)

16h05-16h35 Discussion avec la salle sur les thèmes «Eau et environnement» et «Effet de serre, forêt et agriculture» «Energie» et «Instruments économiques»

16h35-17h Pause café

17h-17h20 La sureté : intervention d’André-Claude LACOSTE (président de l’Autorité de sûreté nucléaire)

17h20-17h30 L’esprit de service public : intervention de Paul Henri BOURRELIER (président du Conseil scientifique de l’Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles - AFPCN)

17h30-17h50 Des valeurs transmises aux plus jeunes : interventions de Bettina LAVILLE (fondatrice du Comité 21) et Gilles TALDU (directeur chez Cap Gemini)

17h50-18h30 Table ronde «Actualité de la pensée d’Yves Martin». Débat de la salle avec Jacqueline ALOISI de LARDEREL, Paul-Henri BOURRELIER, Dominique DRON André-Claude LACOSTE et Jean-Luc LAURENT

18h30 Pot amical


In memoriam : Yves Martin

par Henri Prévot. Voir aussi : http://www.hprevot.fr/#memoriam

Yves Martin est décédé le 15 décembre 2010.

Ingénieur général des mines, ce fut un grand serviteur de l'Etat, passionné par le service public, d'une honnêteté intellectuelle, d'une probité parfaites, servies par le goût du travail bien fait et par une grande intelligence.

Il défricha nombre de thèmes dont il fut un des premiers à voir l'importance tels que la question du bruit, la gestion de l'eau en quantité et en qualité, la qualité des produits industriels et des procédés de production, les économies d'énergie. Et il n'aura pas cessé de se battre sur le terrain du changement climatique depuis qu'il fut le premier président de la MIES, la mission interministérielle de l'effet de serre. C'est à lui que je dois de m'être engagé, de mon côté, sur ce chantier. Il était persuadé que rien de durablement utile ne pourra être fait sans un impôt sur l'énergie fossile. Il déplorait que la France ait refusé la création d'un impôt européen, imparfait sans doute, mais préférable à ses yeux à l'absence de tout impôt. Il fut un des principaux auteurs du "rapport Rocard", en 2009, qui proposait de créer cet impôt. J'ai souvent discuté avec lui de la façon de calculer le montant de cet impôt mais nous étions parfaitement d'accord sur le fait que notre pays, que ce soit pour lutter contre les émissions de gaz carbonique ou, ce qui revient au même, pour sa sécurité d'approvisionnement en énergie, a besoin d'un impôt qui dissuade progressivement de consommer du carburant pétrolier, du fioul, du gaz ou du charbon sans faire souffrir les personnes dont les revenus sont très modestes.

Le site http://www.hprevot.fr/doit beaucoup à l'implication d'Yves Martin et aux idées qu'il défendait.




Témoignage de R. Mahl :

Dans l'hommage que Robert Poujade rendit à Yves MARTIN en 1975, il écrivait : "Ce polytechnicien souriant avait la ténacité du bouledogue, l'art de rendre clair les problèmes les plus obscurs, beaucoup de caractère et même un caractère assez entier". Mais ce n'était pas pour autant un "tueur" car il mettait ce caractère au service de causes auxquelles il croyait réellement, comme le montre l'épisode suivant qui date de 1987.
J'ai en effet particulièrement fréquenté Yves MARTIN en 1987, dans des circonstances pénibles que je relate ici.

L'Agence de l'Informatique (ADI), établissement public de l'Etat français créé en 1980, avait été supprimé avec effet au 1er février 1987, avec un très court préavis. En effet, le ministre de l'Industrie Alain MADELIN estimait que cet organisme, dont l'objet était de promouvoir la recherche et les nouveaux usages de l'informatique en France, avait une utilité contestable, et que ses fonctions pouvaient aussi bien être dévolues au Ministère de l'Industrie. L'organisme employait alors un peu plus de 100 salariés à statut privé, ainsi que 8 fonctionnaires, et son budget annuel pour animer des projets externes était de l'ordre de 350 Millions de francs (53 M Euros).
Le ministre, d'un tempérament ultra-libéral, fit supprimer en même temps d'autres organismes comme le Centre Mondial de l'Informatique, et fit réduire de moitié le budget de l'ANVAR qui avait échappé de justesse à la suppression.
Les responsabilités de l'organisme ainsi que ses budgets d'intervention furent transférés au ministère de l'industrie. Il eut été logique de transférer également au Ministère les contractuels de l'établissement en CDI ; toutefois, le ministre n'en décida pas ainsi, et la totalité des salariés fut licenciée, y compris les dirigeants, à l'exception des 8 fonctionnaires dont je faisais partie. En ce qui me concerne, je pus sans difficulté me "recaser" dans une filiale de France Télécom, où j'ai eu des responsabilités passionnantes pendant près de 5 ans. Il n'en était toutefois pas de même pour beaucoup de mes collègues.

Très ému de cette situation et notamment de la brutalité de décision du ministre, qui refusa toujours d'écouter les arguments du président de l'ADI ou de l'un quelconque de ses collaborateurs, Yves MARTIN proposa et obtint du cabinet du Ministre de servir de liquidateur de l'ADI, avec une grand marge de manoeuvre pour utiliser les reliquats de crédits, organiser la dévolution du matériel et organiser la reprise d'activités par les salariés.
C'est ainsi qu'il décida que les 6 salariés qui créèrent une entreprise puissent bénéficier de dons en nature par attribution de matériels appartenant à l'organisme défunt. Il décida aussi que l'ADI indemnise certaines entreprises qui ont souffert du manque de continuité au niveau des projets en cours, projets lancés avec des perspectives à long terme. Certains petits projets de recherche ou d'expérimentation purent continuer à leur terme. Les projets plus importants furent interrompus avec un préavis raisonnable. Un traitement spécial fut appliqué pour les projets dont les responsables faisaient partie du personnel de l'Agence, et poursuivirent le projet dans un cadre privé.
Yves MARTIN m'avait demandé personnellement de l'aider à gérer des queues de projets, ce que j'ai accepté sans hésiter, parallèlement à mes nouvelles tâches. J'ai pu apprécier à cette occasion le caractère très humain de ses raisonnements, à l'antithèse des raisonnements administratifs formels de beaucoup d'administrateurs publics. Par exemple, un de mes collaborateurs, Jean-Pierre HUBAC, 33 ans, ancien élève de l'Ecole normale supérieure et agrégé de grammaire, chef du Projet national d'Enseignement Assisté par Ordinateur, devait recevoir une lettre de licenciement alors qu'il était en maladie de longue durée. J'ai indiqué que sa maladie était probablement fatale, et qu'il était triste de perturber les dernières semaines de ce jeune homme avec un licenciement. Avec l'accord de Yves Martin, la lettre ne fut pas envoyée. Hélas, mes prévisions les plus pessimistes se réalisèrent, et HUBAC décéda le 17 mars 1987.

Certains de mes collègues et collaborateurs purent réellement créer des activités durables grâce aux vues larges et généreuses de Yves MARTIN. Jean-Claude RAULT put créer la société EC2 avec quelques autres collaborateurs, pour organiser des colloques en informatique et éditer des publications techniques. André GRISSONNANCHE se lança dans l'audit et le conseil en informatique. Xavier DALLOZ lança aussi sa propre activité de consulting et veille technologique, qui a très bien tenu à travers le temps. Claude LAURGEAU, l'un des rares fonctionnaires de l'ADI, fut recruté par MINES ParisTech, où il fonda un Centre de recherche de robotique très créatif qui lui valut le prix Engelberger. La politique d'essaimage favorisée par Yves MARTIN a donc facilité à ces gens une transition difficile, mais qui fut incontestablement bénéfique au moins à certains d'entre eux.