LES ANNALES DES MINES
RESPONSABILITE & ENVIRONNEMENT


n°61 - Janvier 2011

 

UNE CROISSANCE VERTE ?
 

EDITORIAL

par Bruno SAUVALLE
 
Ingénieur en Chef des Mines

 Avant-Propos

par Hélène Serveille
Ingénieur général des Mines
et Richard Lavergne
Ingénieur général des Mines

LES PROPOSITIONS DU RAPPORT STIGLITZ : QU’APPORTENT-ELLES
AU PILOTAGE DE LA CROISSANCE VERTE?

par Didier BLANCHET
Chef du Département des Études Économiques d’Ensemble, INSEE

Le rapport Stiglitz a passé en revue les principales approches disponibles en matière d’indicateurs de développement durable. La production d’un indice phare de durabilité globale lui a paru un objectif hors d’atteinte. En particulier, il ne suffit pas de « verdir » le PIB pour dégager des messages clairs sur le caractère soutenable de notre modèle de croissance. L’approche privilégiée par le rapport est plutôt une approche dite « par les stocks », qui s’efforce de suivre les niveaux des différents facteurs ou freins à la croissance, qu’ils soient de nature économique, sociale ou environnementale.

 

ÉTATS GENERAUX DE L’INDUSTRIE : QUELLE PLACE POUR LE « VERT »
DANS LA POLITIQUE INDUSTRIELLE FRANÇAISE ?

par Luc ROUSSEAU
Directeur général de la Direction Générale de la Compétitivité,
de l’Industrie et des Services (DGCIS) du Ministère de l’Economie,
des Finances et de l’Industrie.

La filière « verte » n’est pas encore cernée de façon précise par la statistique publique, mais certaines études estiment qu’elle représente actuellement plus de 300 000 emplois en France. Elle est en croissance forte et pourrait permettre la création d’un nombre très important d’emplois d’ici à 2020. Mais le vert est aussi – et surtout – un enjeu transversal qui concerne l’ensemble des filières industrielles. Le « verdissement » des entreprises devient, en effet, l’un des aspects essentiels de leur compétitivité. Les Etats Généraux de l’Industrie ont notamment abouti à la mise en place de prêts verts bonifiés permettant de financer les investissements industriels vertueux à la fois pour la compétitivité des entreprises et pour l’environnement.

 

L’ECONOMIE VERTE : UNE REPONSE AUX DEFIS DU XXIe SIECLE

par Michèle PAPPALARDO
Commissaire générale au développement durable, au MEDDTL,
et Déléguée interministérielle au développement durable

 

Sommes-nous dans une crise financière, ou en situation de déséquilibre structurel ? Le modèle de croissance qui a porté l’économie mondiale au cours des trente dernières années, fondé sur l’accélération exceptionnelle des échanges internationaux et l’explosion de la production et de la consommation mondiales, a connu sa plus grave crise en 2008.

 

MOBILISATION POUR UNE CROISSANCE VERTE AU MAROC

par Amina BENKHADRA
Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement,
Royaume du Maroc

 

Le Maroc s’est engagé sur la voie du développement durable en adhérant, dès 1992, à l’Agenda 21 adopté la même année par la Conférence des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement Durable, à Rio de Janeiro. Cette mobilisation de l’Etat et de toutes les composantes de la société se trouve confortée par la prise en compte de nouveaux atouts de développement dans les différentes stratégies sectorielles en cours, cela, conformément aux Hautes Directives Royales intervenues depuis le début des années 2000.

 

LA STRATEGIE DE L’OCDE POUR UNE CROISSANCE VERTE

par Nathalie GIROUARD
OCDE, Direction de l’Environnement

La croissance verte peut-elle susciter une reprise durable ? Cela dépendra beaucoup des politiques mises en œuvre. En 2011, l’OCDE présentera sa Stratégie pour une croissance verte. En voici quelques prémices.

 

LE SOUTIEN AU DEVELOPPEMENT DES NOUVELLES TECHNIQUES
DE L’ENERGIE (NTE), POUR ACCOMPAGNER LA TRANSITION ENERGETIQUE
VERS UNE ECONOMIE DECARBONEE, PLUS SURE ET COMPETITIVE

par Pierre-Franck CHEVET
Directeur général à la Direction Générale de l’Energie et du Climat
(Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement).

Depuis 2007, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, la France met en œuvre une stratégie ambitieuse de développement des nouvelles technologies de l’énergie (NTE) sur son territoire. Au cœur de la politique énergétique nationale, les objectifs de maîtrise de la consommation énergétique et de promotion des énergies renouvelables sont identifiés comme étant prioritaires eu égard aux enjeux énergétiques et climatiques des prochaines décennies.

 

 

COMMENT CARACTERISER L’EFFICACITE DES POLITIQUES
DE REDUCTION DES EMISSIONS DE GES ?

UNE METHODE D’ANALYSE EN UNIVERS INCERTAIN

par Stéphane AMANT
Consultant senior chez Carbone 4, www.carbone4.com

Pour le compte de l’Ademe, Carbone 4 a développé, puis implémenté dans plusieurs outils, une méthodologie d’évaluation de l’efficacité des politiques de réduction des émissions de GES, selon le double critère « coût complet à la tonne d’équivalent CO2 évitée » – « potentiel d’émissions évitées ».

 

LES ENERGIES RENOUVELABLES A L’HORIZON 2020 ET AU-DELA

par Alain LIÉBARD
Président d’Observ’ER

Depuis le Grenelle de l’Environnement, les énergies renouvelables sont connues de tous ou presque en France. Pourtant, leur impact sur la société et l’avenir qu’elles dessinent ne sont pas forcément compris à leur juste mesure. C’est en effet une véritable métamorphose qui se met en marche : la France saura-t-elle la guider et en profiter ?

 

LA CONTRIBUTION DES ECO-TIC A LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

 
par Jean CUEUGNIET
Ingénieur général des Mines au Conseil Général de l’Industrie,
de l’Energie et des Technologies (CGIET)

Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie
rapporteur du Groupe de réflexion sur les Eco-TIC

Les TIC (Technologies de l’information et de la communication) permettent de relier les hommes et d’effectuer, depuis son domicile ou son bureau, des tâches qui auraient nécessité des transports et de la pollution. Néanmoins, elles représentent une part notable et croissante de la consommation électrique et elles entraînent elles aussi des émissions de gaz à effet de serre (GES). L’auteur, qui a participé à plusieurs travaux sur le sujet, notamment en tant que rapporteur du groupe Detic (Développement éco-responsable et TIC) fait ici le bilan des travaux de l’administration sur l’impact des TIC. Dans une partie plus personnelle, il s’interroge sur les effets induits de la croissance verte.

 

CROISSANCE DES PME ET DEVELOPPEMENT DURABLE

par André-Jean GUERIN
Directeur Environnement et développement durable ACFCI

Depuis 2008, la crise rappelle l’impératif économique : pour les entreprises, l’optimisation de la gestion de toutes les ressources redevient un impératif de qualité totale, tandis que de nouvelles perspectives s’ouvrent pour les éco-entreprises. Le nombre des PME agissant dans le sens d’un développement durable ne cesse de croître. Le manque d’appétence des entreprises françaises pour la mise en œuvre de systèmes de management est probablement lié à la façon dont certains grands donneurs d’ordres ont imposé une accumulation excessive de référentiels et de contrôles, l’interprétation quasi administrative des exigences normatives par les certificateurs, ainsi que la taille particulièrement petite de la plupart des entreprises de notre pays.

 

KEY ELEMENTS FOR ECONOMY-WIDE SUSTAINABLE RESOURCE MANAGEMENT

By Stefan BRINGEZU
Wuppertal Institute

It is getting tighter on our globe. A growing world population is getting richer and demands more and more products which require natural resources and create various environmental impacts from mining to final waste disposal. The competition on rarer metals let some countries prohibit exports containing such raw materials. The rising demand for food and non-food biomass, such as feed-stocks for biofuels, and harvests fluctuating severely, due to more frequent weather extremes, triggered land grabbing in foreign countries, particularly in developing regions. Without mechanisms moderating resource consumption, abiotic and biotic resources will be depleted, mining and refining will devastate and pollute more and more places in remote areas, agriculture will expand into the remaining natural forests, and conflicts about land use and clean water will increase.

 

DES DEMARCHES STRATEGIQUES POUR UNE NOUVELLE ORGANISATION
 DE LA RECHERCHE FRANÇAISE ET EUROPEENNE DANS LE DOMAINE DE L’ENERGIE

Par Olivier APPERT
Président d’IFP Energies nouvelles, Président du Comité de Coordination de l’Ancre

Afin de renforcer les synergies entre les opérateurs de recherche français, l'Alliance Nationale de Coordination de la Recherche pour l'Energie (Ancre) vient de se mettre en place. L'Ancre réunit l'ensemble des organismes de recherche publics français concernés par les problématiques de l'énergie. Elle poursuit trois missions principales : favoriser et renforcer les partenariats et les synergies entre les organismes publics de recherche, les universités et les entreprises ; identifier les verrous scientifiques, technologiques, économiques et sociétaux qui limitent les développements industriels dans le domaine de l'énergie ; enfin, proposer des projets pluriannuels de R&D commune et les modalités de leur mise en œuvre coordonnée.

 

LES DEFIS TECHNOLOGIQUES ET INDUSTRIELS DES ENERGIES DECARBONEES

par Jean THERME
Directeur de la recherche technologique
Directeur délégué aux énergies renouvelables du CEA

 

Le paysage énergétique mondial, qui a profondément changé en moins de vingt ans, s’apprête à connaître une nouvelle révolution avec l’introduction massive des énergies renouvelables, des nouvelles technologies associées, ainsi que de plus en plus d’intelligence dans les réseaux d’énergie, dans la gestion de la demande et de l’offre. Dans ce contexte, la compétition industrielle et économique s’annonce rude. L’innovation est un facteur clé de réussite dans cette bataille. La France a les atouts pour la gagner, avec ses industriels de taille mondiale et ses centres de recherche de premier plan. Elle doit mettre désormais l’accent davantage sur l’amont, c’est-à-dire sur le soutien au développement de filières industrielles, ainsi qu’à la recherche et à l’innovation, en choisissant les filières d’excellence sur lesquelles elle peut devenir un des leaders mondiaux. Nous montrerons des exemples de démarches initiées en France en matière de photovoltaïque et de batteries, des secteurs qu’il faut continuer à soutenir et à développer.

 

LES POLES DE COMPETITIVITE, MOTEURS DE LA CROISSANCE VERTE

Par Alain SCHMITT
Chef du Service de la compétitivité et du développement des PME,
Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services,
Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie

Depuis son lancement en 2004, la politique des pôles de compétitivité contribue au renforcement de l’innovation et à la construction d’une véritable politique industrielle des filières. Le Grenelle de l’Environnement a confirmé que la protection de l’environnement est une opportunité d’investissements génératrice de croissance et d’emplois tant au niveau national qu’international. Le Gouvernement a mis en œuvre une politique de croissance verte dont l’objectif est de faire du défi environnemental une opportunité de croissance pour les entreprises françaises. Les investissements consentis devraient générer, d’ici à 2012, une activité de plus de 450 milliards d’euros et 600 000 emplois (1). Les pôles de compétitivité apportent une contribution majeure à cette dynamique.

 

L’INNOVATION, CLE DE LA CROISSANCE VERTE

par François DROUIN
Président-directeur général d’OSEO

 
Tous nos indicateurs sont formels : les PME françaises se sont emparées des objectifs fixés par l’Europe et par la France en matière de développement durable et les ont transformés en opportunités de marché. Les entreprises rivalisent d’idées, et les initiatives prometteuses pour répondre aux nouvelles contraintes se multiplient, notamment dans les secteurs d’activité de l’énergie, des transports, de la gestion des déchets, du bâtiment et des risques environnementaux. Le coup d’envoi de la croissance verte est donné !

 

 

DU FONDS DEMONSTRATEUR AUX INVESTISSEMENTS D’AVENIR :
PROMOUVOIR UNE OFFRE FRANÇAISE DANS LE DOMAINE
 DES TECHNOLOGIES VERTES

par François MOISAN
Directeur scientifique, Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe)

La croissance verte est-elle une croissance durable ? L’expression « croissance verte » repose, le plus souvent, sur l’idée que les nouvelles technologies et les nouveaux services de l’environnement vont générer une nouvelle croissance et créer de nouveaux emplois, qui viendront se substituer à ceux des secteurs en déclin. Partant, les nouvelles technologies « vertes » sont perçues à l’instar d’autres technologies innovantes, comme les TIC ou les biotechnologies, c’est-à-dire certes avec un potentiel d’activités nouvelles, mais aussi de risques de bulles et de cycles.

 

POLITIQUE ENERGETIQUE EUROPEENNE : QUELLES STRATEGIES TECHNOLOGIQUES,
POUR UNE CROISSANCE INTELLIGENTE ET DURABLE ?

par Raffaele LIBERALI
Directeur Energie, Direction Générale pour la Recherche
Commission Européenne

L’Europe a pris très tôt conscience des limites de son modèle de croissance. En effet, les ressources énergétiques s’épuisent, de même que les modes de production industrielle et les modes de consommation ont un impact négatif sur le développement durable. Face à la double urgence constituée par un besoin croissant en énergie et par le changement climatique, un vaste ensemble de politiques et de mesures se sont progressivement assemblées au sein de l’Union européenne (UE). Cette volonté a abouti à l’adoption du paquet énergie-climat par les dirigeants européens en 2009.

 

LES CONDITIONS DE LA « CROISSANCE VERTE »

par Alain GRANDJEAN
Co-fondateur et associé de la société Carbone 4

La « croissance verte » : un oxymore de plus ? Ce serait le cas, si elle était limitée à (ou confondue avec) la croissance du « green business », conçu comme « Le » relais de croissance suivant celui des nouvelles technologies de l’information et de la télécommunication et des énergies renouvelables. Il ne s’agirait alors que d’un nouvel avatar d’un modèle condamné, que cela nous plaise ou non. La croissance exponentielle des flux matériels, verts ou pas, bute en effet sur la finitude du monde.

 

LES VILLES « POST-CARBONE » MOTEURS DE L’ECONOMIE VERTE DE DEMAIN ?

par Jacques THEYS
Responsable de la mission « prospective »
du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement

 
La mission « prospective » du ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement et l’Ademe se sont engagées, début 2009, dans un important programme de prospective afin d’explorer des chemins réalistes – acceptables et efficaces – pour aller vers des villes « post-carbone ». Ce qui se passera dans les villes déterminera, en effet, largement et durablement l’ampleur et la structure de l’économie verte de demain.

 

 

ENERGIE ET TERRITOIRES : VERS UN CONCEPT « ENERGIE 2.0 »
AVEC LES COLLECTIVITES LOCALES

par Gérard MAGNIN
Délégué général d’Energy Cities

 

Les systèmes centralisés ont-ils un avenir au XXIe siècle ? L’effondrement du système soviétique comme la désintégration progressive de l’Eglise catholique, en passant par la transformation rapide de l’informatique originelle, sont autant d’indices qui semblent prouver le contraire. La quête de spiritualité aurait-elle disparue ?
Que non ! Il n’y a jamais eu autant de diversité spirituelle, de lieux et de chapelles de toutes sortes.
Le traitement de l’information ne serait-il plus d’actualité ? C’est naturellement tout le contraire !

 

UNE CROISSANCE URBAINE SOUTENABLE

par Pierre-Noël GIRAUD
Professeur d’économie à Mines ParisTech et à Paris Dauphine

 

Cet article présente les principaux messages d’un rapport du Conseil mondial de l’Energie (World Energy Council) intitulé « Energy and Urban Innovation ». Ce rapport étudie les défis liés à l’énergie dans les villes (en particulier les grandes villes et les « mégapoles »), les politiques qui sont et pourraient être mises en œuvre pour relever ces défis, et le rôle que les entreprises peuvent jouer dans la mise en œuvre de ces politiques.

 

 

 

HORS THEME

IN MEMORIAM : Marcel LEMOINE (1924-2009)

par Jacques DEBELMAS
Professeur honoraire à l’Université de Grenoble 1

 

Marcel Lemoine nous a quittés il y a plus d’un an, le 4 octobre 2009, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Même si une brève notice de Pierre Tricart parue dans Géochronique en mars 2010 lui a été consacrée, sa carrière mérite d’être détaillée, car il fut l’un de ces grands géologues alpins avec lesquels s’est pratiquement terminée, à la fin du XXe siècle, l’exploration géologique traditionnelle des Alpes françaises commencée il y a de cela plus de deux siècles.

 



                                                     
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