Pourquoi
ce titre ?
Le
récent raz-de-marée en Asie du sud-est, devenu pour tous
le tsunami, a montré,
au-delà de l’effet de mode médiatique du terme, combien
les communications
étaient essentielles, du plus technique au plus humain :
parler un même
langage, s’entendre, déjouer les malentendus et pièges de
toutes sortes, telles
sont les conditions pour s’entraider.
L’objectif
de ce numéro sur le traitement de l’urgence consiste à
donner à voir avec l’œil
d’autrui, lesté d’autres savoirs et d’autres modes d’approche,
à placer le
lecteur dans cette situation de nouveau regard, tant sur l’action que
sur
l’échange, pour lui donner les moyens de changer et faire
changer ses manières
de (pré)voir l’urgence et d’y répondre.
Dans
l’action d’abord, qu’est-ce qui peut être organisé et
anticipé et à quel
niveau ? Paul-Henri Bourrelier tire des leçons
générales du 26 décembre
2004 en rappelant que les catastrophes sont régies à la
fois par le temps long
des récurrences et celui, bref, des réponses : nos
raisonnements doivent
en tenir compte en privilégiant partout la prévention.
Mais,
entre les États, les citoyens, les organisations et les
entreprises, les rôles
face à l’urgence sont souvent confus, en fonction des
informations détenues,
comme le montrent Jean-Louis Zentelin et Raphaël Baumler à
propos de l’effet de
serre et de la sécurité maritime. En revanche, dans les
sphères
professionnelles telle que la médecine, où les
rôles et pouvoirs sont
clairement attribués et reconnus, l’organisation, jamais
parfaite, bien sûr,
est cependant efficace, c’est ce dont témoignent les docteurs
Bargain et Deslandes.
Dans
l’échange nécessaire, ensuite, il faut compter avec le
paramètre du temps vécu,
lequel ne l’est pas partout de la même façon. De
même, les aspects relationnels
sont essentiels pour organiser la coopération, et cela encore
plus dans
l’urgence. Ces aspects prennent forme à travers le langage
(Marie Berchoud),
d’où l’importance de formations systématiques autour du
langage et des langues.
Enfin,
il y a le «retour d’expérience »
(Danièle Trauman), reformulation et
échange d’expériences après coup, qui permet une
mise à distance des
représentations habituelles et, de ce fait, une
disponibilité à l’élaboration
de nouvelles solutions. En arrière-plan se place la philosophie,
qui n’est pas
forcément un aimable divertissement à l’usage des oisifs,
mais une nécessité
quotidienne ainsi que nous l’explique Ken Helt, tandis que Philippe
Madelin
revient sur son expérience des médias en situation
d’urgence.
Au
total, ce numéro, qui veut prolonger et diversifier les acquis
du colloque
« Urgence et traitement de l’urgence » du 16 juin
2004 au Sénat, aura
rempli son office si le lecteur en sort avec quelques certitudes
ébranlées et qu’une
poignée d’idées, de faits, de propositions le mène
à s’interroger en tant que citoyen
comme en tant que professionnel, là où il est
placé.
Retour sommaire |