Georges Alfred Marie BOUVIER (1889-1916)


Georges Bouvier, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique

Fils de Stanislas BOUVIER, avocat à Marseile, et de Marie Elisabeth Marguerite DELANGLADE.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1908, entré major et sorti classé 3 sur 175 élèves), et de l'Ecole des Mines de Paris (entré en 1912, classé 3). Corps des mines.


Biographie par M. L. DE LAUNAY, Inspecteur général des Mines, Membre de l'Institut. Voir également l'introduction de l'article de Louis de Launay sur les ingénieurs des mines morts au cours de la guerre 1914-18.

Publié dans Annales des Mines, 1922, tome II

Georges Bouvier, ingénieur au Corps des Mines, lieutenant de réserve commandant la première batterie du 38e d'artillerie, a été frappé mortellement par un éclat d'obus pendant qu'il inspectait ses hommes.

Fils d'un avocat de Marseille, il fit, dans sa ville natale, de brillantes études couronnées en 1908 par le prix Ralli et le prix d'honneur de la ville de Marseille. Cette même année, il fut reçu premier à l'École polytechnique et à l'École normale [Selon un article publié dans le Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines, janvier 1917 sous la plume de Georges PERRIN-PELLETIER, Bouvier avait déja été admis à Polytechnique en 1907 mais avec un rang qu'il jugeait insuffisant]. Il opta pour la première et y entra en octobre 1909, après une année de service militaire. Major de sa promotion, il sut témoigner aussitôt ces qualités de chef qui sont innées chez quelques esprits d'élite, en exerçant, sur la cohésion et sur la tenue morale de sa promotion, la plus heureuse influence. En même temps, il savait se faire aimer par sa très grande modestie, son caractère élevé et sa simplicité. Sorti le troisième de l'École polytechnique, il entra à l'École des Mines, où il terminait ses études quand la guerre éclata.

Parti dès le début d'août comme lieutenant de réserve au 38e d'artillerie, Bouvier prit part à l'offensive de Lorraine, au combat de Dieuze, à la bataille de la Marne. Puis, la guerre de tranchées ayant commencé, en janvier 1916, il contribue, avec la batterie qu'il commandait alors (8e batterie du 38e d'artillerie) à repousser une attaque allemande et mérite une première citation :

« Ordre de l'artillerie du 15° corps d'armée, 8 février 1916 :

« Le 9 janvier 1916, sa batterie étant soumise à un bombardement intense et prolongé d'obus de différents calibres, a exécuté, dans d'excellentes conditions, le tir de barrage dont il était chargé » (Général Jullian).

En mai 1916, il est nommé commandant de la 1re batterie. Il allait être nommé prochainement capitaine. Le 21 juin, au cours d'une inspection de ses hommes, il reçut l'éclat d'obus qui, après de longues heures de souffrances et l'amputation de la jambe droite, amena une mort cruelle à l'hôpital militaire d'Orléans, le 29 juillet.

En le proposant pour la Légion d'honneur, son colonel écrivait dans son rapport que « le lieutenant Bouvier, Major de l'École polytechnique, faisait belle figure dans cette phalange d'élite de généreux jeunes gens de France qui ont tout mis au service du pays : intelligence, travail, dévouement, et qui ont consenti d'avance à tous les sacrifices. »

En lui communiquant ce texte, son chef lui adressait les mots suivants : « Combien ai-je été au-dessous de ce qu'il fallait dire : vous allez recevoir la croix. Vous la porterez bien fièrement et cette juste fierté sera celle de votre père, de votre mère, de toute votre famille. Vous avez déjà illustré votre nom par vos succès mérités. Combien l'illustrez-vous davantage aujourd'hui ! Quels mots pourrais-je employer pour vous dire toute la sympathie que vous m'inspirez. Sympathie. Ce n'est pas cela, ce n'est pas assez, ce n'est pas tout ce que je ressens. Votre vieux Colonel éprouve pour vous, mon cher Bouvier, une bien vive affection et il vous embrasse. Recevez son accolade. Elle vient bien du coeur. »

Cette croix, bien gagnée lui fut remise sur son lit d'hôpital trois jours avant sa mort, avec la citation suivante: « Appelé, en pleine action, à prendre le commandement d'une batterie, s'est remarquablement acquitté de sa difficile mission, en faisant rendre toute sa puissance à l'instrument de combat qui lui était confié. A été très grièvement blessé le 21 juin 1916, à son poste. Déjà cité à l'ordre. Amputé d'une jambe. »

(29 juillet 1916, Général Joffre.)

Dans l'article de PERRIN-PELLETIER (cité plus haut), on trouve d'autres informations intéressantes :

Georges BOUVIER était chrétien et généreux. Il visitait lui-même les malheureux de quartiers particulièrement pauvres. Lors de sa mobilisation il rassembla 600 francs de dons des lieutenants du régiment en faveur de soupes populaires municipales.
Il souhaitait entrer dans l'aviation, mais y renonça car son père manifestait de l'appréhension. Sa mère était douce et modeste.