Alexandre-Emile BÉGUYER de CHANCOURTOIS (1820-1886)

Fils de Louis Aimé César BÉGUYER de CHANCOURTOIS et de Amélie Louise CLERGET.


Résumé de carrière :
Ancien élève de Polytechnique (Promotion 1838) et de l'Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.
Professeur de topographie souterraine aux Mines, il supplée (1852), assiste (1856) puis remplace (1875) Beaumont en géologie. Il travaille avec Le Play à l'organisation de l'Exposition universelle (1855). Chef de cabinet du Prince Napoléon à l'éphémère ministère de l'Algérie et des colonies, il part en croisière avec Napoléon sur la "Reine Hortense" (1856) et devient ainsi très jeune officier de la Légion d'honneur (1856) puis commandeur (1867). Sous-directeur du service de la carte géologique de la France au 80 000e jusqu'en 1875, il est promu inspecteur général des mines, inspecteur de la division du Nord et de l'Ouest (1880). Il se préoccupe de l'altération des houillères, de la protection du personnel contre le grisou, réclame des observatoires sismologiques. Il collabore, pour la géologie, à la section française des expositions de Venise et Madrid (1881-83). Il s'intéressa aux relations entre caractères ethnologiques et habitats géologiques, à l'emploi des imaginaires en physique et démographie, à la création d'un alphabet vocal universel.


Biographie de Chancourtois publiée dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III

Né le 20 janvier 1820, mort Inspecteur général de première classe le 14 novembre 1886, a passé toute sa carrière à l'École des Mines de Paris; de 1848 à 1855, il y a enseigné la Topographie et professé les cours préparatoires; à partir de 1862, il commença à suppléer Élie de Beaumont, dont il devint officiellement le suppléant en 1856; nommé titulaire de la chaire de Géologie, en 1875, il l'est resté jusqu'à sa mort, suppléé par Marcel Bertrand depuis 1885. Ses occupations à l'Ecole ne l'ont pas empêché de seconder activement Le Play pour les Expositions universelles de 1855 et 1867, non plus que de remplir, en 1856 (juin-octobre), les fonctions de chef de Cabinet du Prince Napoléon, dans son Ministère de l'Algérie et des Colonies. De Chancourtois a remué plus d'idées dans des vues de spéculation systématique qu'il n'a laissé d'oeuvres : il a peu publié. Nous avons dit son oeuvre géologique, où dominait la conception du réseau pentagonal; il s'est, en outre, occupé de l'unification des Sciences géographiques et géologiques; sa Vis tellurique, qui donnait le classement systématique des substances, a été la préface des travaux de Mendeleef, aujourd'hui acceptés.

Lorsque le Service de la Carte géologique détaillée fut définitivement constitué, par décret du 1er octobre 1868, pour dresser la Carte géologique de la France au 1/80 000, le Service comprenait : Elie de Beaumont, pour directeur; de Chancourtois, pour sous-directeur, et les Ingénieurs E. Fuchs, A. Potier, A. de Lapparent, H. Douvillé et F. Clérault pour les explorations et les tracés. Bayle, Bayan, Ingénieur des Ponts et Chaussées, trop tôt enlevé à la Paléontologie qu'il cultivait avec un rare succès, et ultérieurement M. Zeiller, devaient donner leur concours aux séries paléontologiques à établir pour chaque feuille, avec des coupes, des projections et des sections verticales.

Plein de confiance dans les vues de son disciple et ami, Elie de Beaumont laissa complètement à de Chancourtois l'organisation de ce nouveau Service, et il s'en remit à lui pour l'élaboration du programme des études sur le terrain et du mode de représentation des observations. Le système de de Chancourtois, comme l'a exposé Fuchs, un de ses disciples, était de passer, à l'aide d'une série de transitions graduées, comportant une abstraction croissante, des faits matériels de la Géologie aux spéculations de la Science. La succession des terrains et des roches, qui constitue ces faits matériels, devait être représentée par une série appropriée de perspectives photographiques, qu'une construction géométrique transformait en coupes verticales; celle-ci servait de base à l'échelle géologique des terrains. Les cartes, les coupes et les sections longitudinales, auxquelles cette échelle était appliquée, comportaient tout un système de notations donnant, pour chaque terrain comme pour chaque roche, les variations de composition chimique, de texture physique et d'allure topographique que ces groupes présentent dans les diverses localités où ils affleurent. Enfin, l'emplacement des lieux d'extraction des matières utiles, elles-mêmes définies par un système complet de signes conventionnels, était minutieusement reporté sur les Cartes ; une Notice explicative et des légendes détaillées complétaient chaque Carte, comme chaque section, dont elles formaient des annexes.

A la mort d'Elie de Beaumont, en 1875, au bout de six ans, 16 feuilles avaient été livrées à l'impression, soit 3 en moyenne par année. Le travail allait trop lentement, et il avait reçu de de Chancourtois un caractère de personnalité spéculative plus marqué que ne le comportent de pareilles oeuvres.

Un décret du 21 janvier 1875 réorganisa le Service. M. Jacquot, Inspecteur général des Mines, fut nommé directeur du Service et resta à sa tête jusqu'à sa retraite, en novembre 1887.


Voir aussi : Notice biographique sur Jules JEDLINSKI par de Chancourtois