Léon Augustin JANET (1861-1909)

Photo Ass. Nat.

Polytechnique (major de sortie de la promotion 1879), Ecole des mines de Paris (entré en 1881, sorti le 22/8/1884 classé major). Corps des mines.

Né le 6/12/1861 à PARIS ; décédé le 29/10/1909 à PARIS. Député (25) de 1902 à 1909.
Fils de Camille JANET, officier de marine, et de Clarisse Françoise TRAMU dont le frère était député du Doubs. Sa famille est d'origine franc-comtoise depuis plusieurs générations.
Frère de Louis Armand JANET (1857-1909, X 1876).
Il épouse Marie-Thérèse ROGER.
Il est le père de Edmond André JANET (1901-1984, X 1919 N, ingénieur en chef des ponts et chaussées) et le beau-père de Jacques Fernand Gabriel ROGER (1894-1982 ; X 1914).

D'abord en service ordinaire comme ingénieur des mines à Valenciennes, il est affecté en 1889 au contrôle des chemins de fer à Paris. Puis il est chargé des études géologiques en vue d'améliorer l'approvisionnement en eau de Paris. Comme ingénieur en chef, il eut le contrôle de l'exploitation technique de la Compagnie des chemins de fer du P.L.M.

Il est élu conseiller général de Saint-Vit (Doubs) dont sa famille est originaire, puis député du Doubs en 1902 et s'inscrit au groupe de la gauche radicale de la Chambre. Il fait partie des commissions du budget, des mines, des travaux publics et des chemins de fer. Il présenta de nombreux rapports sur les questions concernant les mines, les chemins de fer, les installations portuaires, la distribution d'énergie. Il sera rapporteur du budget des travaux publics. Il est réélu en 1906.

Chevalier de la Légion d'Honneur.



Léon Janet en 1984, lorsqu'il quitte l'Ecole des mines
Au premier plan en bas à gauche, son camarade de promotion Louis de Launay


DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES
DE M. LÉON JANET
INGÉNIEUR EN CHEF DES MIMES

le 3l octobre 1909.

Publié dans Annales des Mines, 10e série, tome 16, 1909.

DISCOURS DE M. MILLERAND
Ministre des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes.

Le Ministre des Travaux publics devait aux grands services à la tête desquels il a l'honneur d'être placé, il se devait à lui-même d'apporter à son collègue et ami, au rapporteur du budget des Travaux publics, au Vice-Président de la Commission des Travaux Publics, au Vice-Président de la Commission des Mines, au Président de la Commission des Travaux publics, des Chemins de fer et des Voies de communication, à Léon Janet, l'adieu suprême.

Aux applaudissements de la Chambre, M. le Président Brisson, avec sa haute autorité, a rendu à la mémoire de l'homme public si cruellement abattu en pleine force par un coup imprévu l'hommage éloquent et ému dû à un bon serviteur du pays.

Toute la vie trop courte et si bien remplie de Léon Janet aura été vouée à la chose publique. Du jour où il arrivait à l'École Polytechnique, dont il devait être un des plus brillants élèves, jusqu'à celui de sa mort, il fut au service de la France.

Sa carrière est d'une admirable unité. En entrant au Parlement pour y remplir avec tant de fidélité et de distinction le mandat que lui confiaient les républicains du Doubs, il ne déserte pas les préoccupations et les travaux qui l'ont jusque-là absorbé. Tout au contraire : ses fonctions nouvelles sont pour lui l'occasion et le moyen de rendre de plus nombreux et plus éclatants services à cette noble et vieille maison des Travaux publics, qui a reçu et abrité ses débuts et ses rêves d'adolescent.

Député, il devient comme le premier collaborateur des ministres qui se succèdent boulevard Saint-Germain. Il met à leur service, avec ses convictions démocratiques, ses connaissances et sa capacité professionnelles. Pas un projet important qui intéresse les Travaux publics ne s'est élaboré depuis son entrée au Parlement sans son active participation.

C'est surtout dans ses rapports du budget qu'il a marqué son empreinte et laissé sa trace. L'examen annuel des crédits était pour lui prétexte à la revue approfondie et consciencieuse de toutes les questions dont le Ministère des Travaux publics propose ou prépare la solution.

En sa qualité de rapporteur, il se trouvait en relations directes avec ce petit personnel dont il avait jadis été personnellement à même d'apprécier le loyalisme et l'attachement à ses devoirs. Ce fut pour Léon Janet une grande joie d'user de sa légitime influence pour améliorer le sort de ces fonctionnaires si méritants et si dignes d'intérêt.

La nouvelle imprévue de la disparition de cet homme de bien aura jeté l'émoi et la tristesse dans plus d'un modeste logis, où le nom de Léon Janet était connu et chéri comme celui d'un bienfaiteur.

Quelle louange plus rare et plus belle près d'un cercueil que la spontanéité de ces humbles regrets ! Il 'n'en est pas, j'en suis sûr, de plus capable de toucher le coeur et d'adoucir la douleur de la veuve et des enfants, devant lesquels nous inclinons l'hommage douloureux de notre respect.

Au nom du Ministère des Travaux publics, au nom du Pays, adieu, Janet!

DISCOURS DE M. A. LACROIX
Membre de l'Institut, Vice-Président de la Société géologique de France.

Messieurs,

La Société géologique de France a appris avec une profonde et très douloureuse émotion la mort de son président.

Léon Janet était des nôtres depuis vingt-sept ans; dès la première heure, il avait conquis parmi nous la sympathie générale et la plus haute estime, qui se sont traduites, à plusieurs reprises, par son élection à diverses fonctions de notre bureau.

Chargé, en qualité d'ingénieur au Corps des Mines, de la surveillance des carrières des environs de Paris, il ne devait pas tarder à se passionner pour ce merveilleux champ d'études qu'est le bassin parisien, sur lequel il a été tant écrit et sur l'histoire géologique duquel il reste tant à apprendre. Initié et entraîné par Munier-Chalmas et M. G. Dollfus, il en a parcouru les coins et recoins, glanant en cours de route nombre de faits intéressant notamment sur la géologie des environs de Château-Thierry, sur les grès de Fontainebleau, sur le Bartonien de la vallée du Loing et sur celui de Bagneux ; l'étude du gypse était pour lui un sujet de prédilection.

Si, à l'exemple de son maître et ami Munier-Chalmas, il n'aimait guère à consigner ses observations dans de volumineux mémoires, du moins se plaisait-il à en faire profiter ses confrères dans les discussions de nos séances, source de mutuel enseignement. Aussi, lorsqu'en 1900 les géologues français se proposèrent de faire les honneurs de notre territoire aux savants venus de tous les coins du monde pour assister au Congrès géologique international, le Comité d'organisation jugea qu'il ne pouvait mettre entre de meilleures mains qu'entre celles de Janet la direction des courses dans les environs de Paris.

La géologie pratique a tenu une très grande place dans les études de Léon Janet. Chargé par le Service de la Carte géologique de l'instruction des questions concernant les eaux potables dans la Seine et dans plusieurs départements voisins, il devait à sa double compétence de géologue et d'ingénieur une grande autorité en cette difficile matière, sur laquelle il avait des vues originales. Depuis quelques années, d'absorbants devoirs lui laissaient peu de temps à consacrer à des travaux spéculatifs, mais ses connaissances géologiques n'ont pas été sans utilité, lorsqu'il eut à prendre part à la discussion de certaines questions importantes débattues devant le Parlement; et, d'autre part, sur ce terrain, bien différent de celui des carrières parisiennes, il s'est montré, à l'occasion, bon serviteur de notre science.

Nous lui devons encore de la gratitude pour la façon habile dont il a géré nos finances pendant plusieurs années. Exact et ponctuel, très assidu à nos commissions et à nos séances, il y apportait, avec son aménité et sa courtoisie parfaites, les ressources de son esprit lucide et de sa merveilleuse mémoire, qui ont contribué à faire de lui un président modèle.

La géologie française, et par suite la Société géologique, réunit en un seul faisceau la presque unanimité des géologues de notre pays, ont été durement éprouvées au cours de ces dernières années. Nous avons perdu beaucoup de maîtres et d'amis qui nous étaient très chers. Plusieurs d'entre eux nous ont quittés, chargés d'années, après avoir rempli noblement et complètement leur tâche. Il en est d'autres, qui sont aussi partis, mais dont le trop court passé nous permettait encore de longs espoirs : Léon Janet était un de ceux-là.

Je lui apporte l'adieu cordial et attristé de tous ses confrères.


Léon Janet, élève de Polytechnique (on remarquera les galons de sergent chef de casert)
(C) Collections Ecole polytechnique



Edmond André Janet (1901-1984, X 1919 N), fils de Léon, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique