René RAOUL-DUVAL (1864-1916)


Raoul-Duval en 1886, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Fils de Fernand RAOUL-DUVAL (1833-1892 ; X 1852).

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1885) : admis aux cours préparatoires le 25/8/1884, classé 4 ; admis comme élève externe en 1885, classé 8 ex-aequo ; diplômé en 1888, classé 14. Ingénieur Civil des Mines


Publié dans Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Janvier 1917 :

Nous avons à déplorer la mort de notre camarade; René Raoul-Duval, président de la Société d'Industrie Minière d Ekaterinovka, de la Société des Mines d'Albi, etc., survenue des suites d'une maladie qu'il avait contractée au front.

René Raoul-Duval état né au Pecq (Seine-et-Oise) le 23 juin 1864. Il avait fait ses études au lycée Condorcet, puis était entré à l'Ecole des Mines en 1885.

Dès sa sortie, en 1888, il débute dans l'industrie, comme administrateur de diverses sociétés, sous les auspices de son père, M. Fernand Raoul-Duval, régent de la Banque de France. Doué d'une haute intelligence, très actif, il ne tarde pas à acquérir une profonde connaissance des affaires financières et industrielles. Ses conseils sont appréciés et recherchés.

Dès l'époque où les capitaux français sont particulièrement sollicités en Russie, René Raoul-Duval s'intéresse largement aux entreprises russes. Il est notamment l'un des fondateurs de la Société d'Industrie Minière d'Ekaterinovka, un des principaux charbonnages du Donetz, dont il demeure le président jusqu'à sa mort.

Président de la Société des Mines d'Albi depuis une dizaine d'années, il apporte dans l'accomplissement de ses fonctions le concours le plus absolu de son savoir et de sa haute expérience.

Administrateur-délégué de la Société du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre, René Raoul-Duval était persuadé que le moment approchait où le tunnel, — projeté depuis plus de 40 ans et dont l'utilité serait incalculable dans les circonstances actuelles — pourrait enfin être réalisé. La mort brutale qui vient de le frapper l'aura privé de cette grande satisfaction.

Au début des hostilités qui ensanglantent encore la plus grande partie de l'Europe, libéré par son âge de toute obligation militaire, il veut être soldat, employer son activité et son énergie à défendre la cause de la Justice et du Droit. C'est à ce noble idéal qu'il a fait délibérément le sacrifice de sa vie. Honneur à lui !

Comme officier interprète à l'état-major d'une division anglaise, il se fait hautement apprécier par son grand courage, son intelligence, son tact et sa courtoisie.

Dès le 27 février 1915, le maréchal commandant en chef les forces britanniques lui décerne un témoignage de satisfaction pour services déjà rendus à l'armée britannique.

Le 14 mars 1916, le sous-préfet de l'arrondissement de Péronne signale au Préfet de la Somme son concours dévoué pendant l'évacuation à l'arrière de réfugiés des pays envahis.

Le 15 avril 1916, il reçoit la Croix de Guerre pour le courage et le sang-froid qu'il a déployés au cours des combats de Frise.

La vie de fatigues qu'il mène aux armées pendant plus de deux ans a enfin raison de son énergie et, en septembre 1916, il doit être placé hors cadres pour cause de la maladie à laquelle il a succombé.

Homme de cœur et de devoir, foncièrement bon, René Raoul-Duval termine sa vie en l'offrant à son pays. Il emporte avec lui l'amitié ou l'estime de tous ceux qui l'ont connu et qui s'inclinent avec respect et émotion devant la douleur de sa veuve, la priant de croire que son deuil glorieux est aussi le nôtre.

André Damour.